Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, en hommage aux combattants français de la Deuxième Guerre mondiale et aux militaires français d'aujourd'hui, à Lyon le 3 septembre 2014.

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Circonstance : Commémorations de la libération de Lyon (Rhône), le 3 septembre 2014

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire d'État,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants des associations combattantes,
Monsieur le Gouverneur militaire de Lyon,
Mesdames et Messieurs les officiers, sous-officiers et soldats,
Mesdames et Messieurs, chers Lyonnais,
En ce jour de commémorations, la Place Bellecour, où nous nous sommes rassemblés, est une fenêtre sur l'Histoire. Soixante-dix ans après, elle résonne à nouveau de l'immense joie de la liberté retrouvée, celle que la 1re Division Française Libre, avec l'aide des Forces Françaises de l'Intérieur, est venue rendre aux Lyonnais le 3 septembre 1944.
Votre ville, peut-être plus qu'aucune autre, a été marquée par la guerre.
À proximité de la ligne de démarcation, Lyon accueille d'abord des réfugiés en nombre et devient rapidement un foyer de résistance. Bientôt, toutes les organisations de la zone libre y installent leurs quartiers. Et c'est ici que les premiers contacts se nouent entre les Forces Françaises de l'Intérieur et les Forces Françaises Libres.
Mais cette ville que le général de Gaulle baptisera « Capitale de la Résistance » est aussi, pour cette raison, le lieu d'une répression sinistre, qui pèse à jamais dans les cœurs des familles lyonnaises.
Aujourd'hui, nous saluons les figures de cette histoire glorieuse et terrible à la fois. Gérard Collomb les a évoquées. Je veux les saluer à mon tour : Alban Vistel, chef régional des Mouvements unis de Résistance, qui hisse parmi les premiers le drapeau tricolore sur la préfecture, le 2 septembre 1944 ; le général Brosset, Lyonnais de cœur, à qui le général de Lattre a confié la mission de libérer la ville et qui s'en acquittera avec l'audace de ces héros qui font l'Histoire ; le commandant Mary, à la tête des FFI, qui portera les derniers coups à l'Occupant en déroute.
Je pense encore à Yves Farge, désigné Commissaire de la République, à Justin Godart, maire provisoire, et à toutes ces figures surgies de l'ombre de l'occupation pour rétablir ici la liberté dans ses droits, cette liberté qui avait particulièrement souffert dans les cellules de la prison de Montluc, sous les coups de la milice et de la gestapo.
Il y a soixante-dix ans, la Libération de la France nous a rappelé que la liberté méritait notre combat. Aujourd'hui, en rendant hommage aux Lyonnais engagés dans la Résistance, à ceux qui ont été victimes de la guerre, comme à ceux qui sont venus les libérer, nous nous souvenons que la liberté se défend aussi par notre effort de mémoire.
Dans ces années noires, c'est grâce au courage hors du commun de nos combattants, mais aussi à la solidarité extraordinaire de nos alliés, que la France s'est relevée de l'abîme, et qu'elle a renoué avec son destin, celui d'une grande Nation, qui prend ses responsabilités devant les périls qui peuvent la menacer.
Si c'est à eux, combattants et alliés d'hier, que nous devons de vivre dans un espace désormais pacifié, honorer leur combat c'est aussi ouvrir les yeux, comme ils l'ont fait avant nous, sur la réalité du monde qui nous entoure.
En soixante-dix ans, le monde a considérablement changé. Notre ennemi commun, cependant, sous des visages différents, est demeuré le même : le crime, le racisme, le fanatisme, la barbarie. Hier, cet ennemi terrorisait nos familles et asservissait en Europe des pays entiers. Aujourd'hui, il sème une même terreur parmi des peuples amis, si près de l'Europe.
À l'égard de nombre de ces pays, nous avons une dette héritée des deux guerres mondiales. Comment pourrions-nous rester les bras croisés alors que la liberté de ceux qui ont contribué à nous libérer hier est aujourd'hui menacée ?
Mais ce combat pour la liberté de nos alliés, dans un monde qui a rarement été aussi interdépendant, c'est aussi plus que jamais un combat pour notre propre sécurité.
Des groupes armés terroristes, comme Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou celui qui se fait appeler « Etat islamique », ne se contentent pas de piller, violer, anéantir des populations entières, ici au Sahel, là en Irak et en Syrie. Ils prolifèrent sur la faiblesse de ces États pour chercher à atteindre l'Europe et la France.
C'est pourquoi la France prend toutes ses responsabilités. Elle le fait au Mali depuis le 11 janvier 2013 avec l'opération Serval, et maintenant dans l'ensemble du Sahel, avec l'opération Barkhane, pour lutter contre des groupes terroristes. Elle le fait en Centrafrique, pour empêcher des exactions et prévenir l'effondrement d'un pays qui déstabiliserait le cœur du continent africain. Elle le fait encore dans l'océan Indien, lorsqu'elle défend la liberté des mers contre la piraterie. Elle le fait partout où nos concitoyens, nos intérêts de sécurité et nos valeurs peuvent être menacés.
Je veux rendre hommage, devant vous, à l'engagement de nos soldats. Souvent au péril de leur vie, avec un courage qui force l'admiration, ils veillent sur la tranquillité de la Nation - sans que nous nous en rendions toujours compte.
Ministre de la Défense, ma mission est de veiller avec tous nos soldats sur la sécurité des Français. Dans un monde dangereux, c'est une mission difficile. Elle appelle un effort important de la Nation. C'est à ce prix que notre armée sera la première en Europe en 2020, et que la France restera un grand pays pour affronter les urgences du présent et relever les défis de sa sécurité.
Défense de notre liberté hier, défense de notre sécurité aujourd'hui. Mesdames et Messieurs, tel est le devoir de vigilance que les héros de la Libération nous ont laissé en partage. À nous de l'exercer, et de nous montrer ainsi à la hauteur du combat qu'ils ont mené et qui reste, soixante-dix ans après, d'une brûlante actualité.
Vive la République !
Vive la France !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 30 septembre 2014