Texte intégral
JOURNALISTE
Faites-vous confiance au gouvernement pour relancer l'économie ? C'est la question du jour sur FRANCE BLEU Bourgogne. Et pour amorcer le débat Véronique NARBOUX, vous recevez un homme qui est concerné au premier chef par cette relance, François REBSAMEN, ministre du Travail, il est votre invité ce matin.
VERONIQUE NARBOUX
Bonjour François REBSAMEN.
FRANÇOIS REBSAMEN
Bonjour.
VERONIQUE NARBOUX
Alors ça fait 6 mois que le fameux pacte de responsabilité est signé, pour l'instant avouons qu'on n'en voit pas beaucoup, beaucoup les retombées. Mercredi, vous avez réuni 50 branches professionnelles pour leur demander en somme d'accélérer la manoeuvre. Vous pensez avoir été entendu, ça y est, on est en ordre de marche ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, ça a démarré, pas partout encore, donc il faut et c'est pour cela que j'ai réuni les branches professionnelles, les branches professionnelles pour vos auditeurs, il faut préciser que ce sont toutes les entreprises d'un secteur de l'économie. Et donc pour le moment, seules 2 branches ont déjà signé des accords, ont signé des accords. Il s'agit de la chimie, des industries chimiques et de la métallurgie, de l'Union des industries métallurgiques. Ce sont des accords importants qui doivent servir d'exemple aux autres. Et donc ce que j'ai fait, c'est que j'ai comment dire, pressé, secoué, boosté, je leur ai dit « maintenant il faut y aller, avec ce que fait le gouvernement pour vous redonner des marges, il faut que vous vous engagiez, pas forcément directement pour l'emploi mais indirectement ça donnera de l'emploi pour l'apprentissage, pour la formation, pour l'investissement et derrière de l'emploi ».
VERONIQUE NARBOUX
Alors vous évoquez la chimie par exemple qui s'est engagée à créer 47.000 emplois
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui.
VERONIQUE NARBOUX
Sur la période 2015-2017, mais certains syndicats de salariés nous disent : mais attendez, les emplois crées seront faussement crées puisque finalement c'est le remplacement de certains salariés qui étaient déjà dans les tuyaux » si l'on ose dire. Votre regarde là-dessus, c'est une fausse contrepartie ?
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est juste ce que vous dites, j'ai entendu ça, c'est la CGT qui dit cela. Or il se trouve que la CFDT a signé, que les autres organisations syndicales ont signé. La CGT n'a pas signé et je le regrette parce que c'est faux. Evidemment, sur les 47.000 emplois qui vont être créés dans l'industrie chimique, il y a des remplacements c'est vrai, mais il y a 10 % de créations supplémentaires d'emploi, cela a été présenté, donc 4.700 emplois supplémentaires dans les industries chimiques, pour nous c'est très important. Un emploi est un emploi, 4.700 c'est un secteur important, et donc j'ai pris ça comme une bonne nouvelle, comme la CFDT et d'autres organisations syndicales. Les critiques de la CGT en l'occurrence me semblaient déplacées.
VERONIQUE NARBOUX
La CFDT justement qui est signataire effectivement du pacte de responsabilité dit quand même : pour l'instant, l'effet est proche de zéro, ça c'est Laurent BERGER qui le dit. Est-ce que vous avez vraiment les moyens de contraindre les entreprises à embaucher, on est en France après tout, chaque chef d'entreprise gère son entreprise comme il l'entend !
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, on ne peut pas effectivement ça nous ne faisons pas ça avec le pistolet sur la tempe, c'est clair
VERONIQUE NARBOUX
On imagine bien, c'est pour eux.
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais Laurent BERGER est dans son rôle, je le soutiens, oui il faut les secouer, il faut les booster, il faut leur dire « il faut y aller maintenant, il faut vous engager ». Vous savez depuis 2001, écoutez bien ce que je vais vous dire, depuis 2001 il n'y a pas eu de créations nettes d'emploi dans l'industrie, c'est-à-dire que depuis 13 ans très exactement, ce pays perd de l'emploi dans l'industrie. Et donc quand il y a dans les industries chimiques des créations nettes d'emploi, on va s'en féliciter, mais ce n'est pas assez. On leur dit « maintenant il faut vous engager, il faut y aller », et j'ai l'impression et j'ai même la certitude qu'on a fait un pas en avant, ce n'est pas suffisant, c'était une réunion de mobilisation. Il n'y avait que 24 branches qui étaient engagées l'autre jour, au début de la réunion, à la fin on a 33 branches qui ont commencé les négociations, donc 33 sur 50 ce n'est pas encore ça mais ça représente plus de 9 millions de salariés, donc c'est important.
VERONIQUE NARBOUX
Un constat en forme de lapalissade, un homme a dit au sortir de la réunion d'avant-hier : on ne peut pas imposer à une entreprise d'embaucher si son carnet de commandes n'est pas plein. Cet homme ça n'est pas un patron, c'est Jean-Claude MAILLY, le numéro 1 de Force Ouvrière. C'est aussi une évidence, les entreprises pour embaucher, il faut bien qu'elles aient des carnets de commandes !
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est vrai, c'est vrai bien évidemment, mais il ne faut pas non plus penser qu'il n'y a pas de commandes, qu'il n'y a pas d'activité. Je connais bien Jean-Claude MAILLY, je connais ses propos et j'indique à Jean-Claude MAILLY et il le sait très bien que par exemple la Fédération de Force Ouvrière dans le secteur des industries métallurgiques justement a signé l'accord de création d'emplois. Donc vous voyez, il y a des différences entre les fédérations qui sont au contact des entreprises et puis les grands chefs qui font les déclarations.
VERONIQUE NARBOUX
Mais sur ces fameux carnets de commandes, les chefs d'entreprise nous parlent beaucoup des exportations, c'est vrai que c'est une façon de tirer la demande. Mais en France, il y a aussi la demande des ménages qui compte pour moitié dans notre croissance, est-ce que le ministre du Travail que vous êtes ne pense pas qu'il y a aussi des problèmes de salaire, pour consommer tout simplement on a besoin d'argent !
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui mais vous savez, le salaire médian mensuel dans l'industrie, il augmente, il augmente chaque année, plus que l'inflation
VERONIQUE NARBOUX
Mais tout le monde consomme, pas que les gens employés dans l'industrie.
FRANÇOIS REBSAMEN
Non mais puisqu'on parlait de l'industrie, mais bien sûr, le salaire médian mensuel, il augmente, donc il y a une création nette de pouvoir d'achat dans le secteur des entreprises. Et moi, j'appelle plutôt les chefs d'entreprise à faire preuve de modération salariales dans les endroits qui ne sont pas en concurrence.
VERONIQUE NARBOUX
Un tout dernier mot avant le journal de 8 h 00, le crédit emploi d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, le CICE, là aussi les effets qu'on attendait paraissent un petit peu limités, les syndicats disent « mais on l'a employé parfois à des choses qui n'étaient pas faites pour être employé là-dessus ».
FRANÇOIS REBSAMEN
Il y aura au mois d'octobre un comité de suivi des aides qui va être présidé par le Premier ministre, je serai à côté du Premier ministre. Et tous les jours les exemples, vous pourrez en trouver beaucoup dans notre région, dans notre ville, beaucoup d'entreprises ont profité du CICE soit pour refaire leur marge parce qu'elles avaient perdu de la compétitivité, on ne les a pas entendues les entreprises pendant 10 ans se plaindre, mais elles perdaient de la compétitivité, elles perdaient de l'argent ; et puis pour refaire leur marge ou et c'est à ça que nous les poussons pour investir, acheter des machines-outils, relancer la consommation et créer de l'emploi.
VERONIQUE NARBOUX
On va faire une pause pour accueillir Jacky PAGE pour le journal de 8 h 00, puisque dans 30 secondes il sera 8 h 00. Mais François REBSAMEN, vous restez en notre compagnie, vous serez aussi avec nos auditeurs puisque vous êtes appelé à nous inviter à 8 h 10 autour de cette question : est-ce que vous faites confiance au gouvernement pour relancer l'économie.
FRANÇOIS REBSAMEN
A tout à l'heure.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 septembre 2014