Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur la Francophonie, à New York le 25 septembre 2014.

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Circonstance : Déplacement à New York pour la semaine ministérielle de l'assemblée générale des Nations unies, du 21 au 26 septembre 2014

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Secrétaire général, Cher Ami,
Madame la Directrice générale,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Bienvenue dans cette maison qui est la vôtre. Monsieur le Secrétaire général, Cher Ami, nous sommes chaque année impressionnés à la fois par votre maîtrise du français et par les progrès que vous accomplissez. Je suis sûr que cette année vous allez nous donner une nouvelle démonstration de ces progrès. J'ai une petite anecdote à vous raconter. L'autre jour, je recevais à Paris votre représentant spécial, Michael Bloomberg, que vous avez très judicieusement choisi pour coordonner en matière de climat les efforts de toutes les grandes villes du monde. Michael Bloomberg me disait qu'il était un très mauvais étudiant en français, jusqu'au moment où son professeur lui a expliqué que le français, c'était aussi «cabernet sauvignon», «merlot», «bordeaux»... À ce moment, il s'est dit : le français, c'est pas mal... ! Je voudrais simplement plaider pour une alliance entre la francophonie et la gastronomie et nous allons, je l'espère Monsieur le Secrétaire général, en administrer une preuve. Je pense que la gastronomie française est un des meilleurs ambassadeurs de la francophonie. J'ai d'ailleurs retenu un mot de Talleyrand, qui a été ministre mais aussi ambassadeur. Talleyrand recevait sans cesse, quand il était ambassadeur, des instructions de la part de son ministre, et il en avait assez. Et donc un jour, il lui a dit : «Monsieur le Ministre, envoyez moi moins d'instructions, et plus de casseroles». Il avait tout compris !
Monsieur le Secrétaire général, la Francophonie, vous le dites souvent, ce n'est pas simplement une réunion de pays, d'amis, mais c'est un certain nombre de valeurs. Je pense que ces valeurs sont particulièrement nécessaires aujourd'hui. Vous avez réussi un magnifique sommet sur le climat. Je veux vous en féliciter, d'autant plus que je pensais que tout ce que vous êtes arrivés à faire cette fois-ci sera du travail en moins pour nous à Paris l'année prochaine. Si l'on veut réussir sur le climat - ce qui est une nécessité -, la valeur de solidarité doit prévaloir ; il faut que tout le monde s'y mette. C'est la même chose dans toutes les crises extrêmement difficiles que nous avons à connaître : des opérations que nous avons à faire, malheureusement, contre le terrorisme ; des opérations économiques ; l'immense défi qui nous est posé par Ebola... Dans tous ces domaines, et dans beaucoup d'autres, c'est seulement la solidarité qui peut nous permettre d'avancer. Pour vous, pour moi, pour tous nos amis, francophonie et solidarité sont deux mots pour dire la même chose.
Nous allons avoir, à la fin de cette année, le grand sommet de la francophonie. Je veux, même s'il n'est pas là ce soir, avoir une pensée très amicale pour notre ami le président Diouf qui a fait un travail magnifique. Je suis sûr que toutes celles et tous ceux qui sont là se disent, au-delà de cette réunion amicale, que nous avons des liens parce que tous nous sommes attachés au français.
Je veux avoir un mot très particulier pour une de nos amies, ici présente, qui ne parle pas encore le français, mais qui va être obligée très rapidement de l'apprendre, puisque c'est la nouvelle ambassadrice des États-Unis à Paris ! Je voudrais que vous applaudissiez Mme Hartley !
Je termine ce petit discours, avant de laisser la parole au Secrétaire général, pour vous dire que lorsque les uns et les autres nous avons des soucis, dans nos tâches quotidiennes, des difficultés, eh bien beaucoup d'entre nous pensent à vous et, à ce moment-là, nous nous disons que nos difficultés sont mineures à côté de ce que doit affronter le Secrétaire général. Ces difficultés, vous les affrontez dans toutes les langues et je veux vous remercier pour l'attachement que vous portez au multilinguisme. En effet, nous pensons tous ici que le français devrait être la seule langue parlée ... Mais vous êtes d'un naturel si généreux que vous laissez quand même un peu de place à l'anglais, à l'espagnol et, le cas échéant, à d'autres.
Le français qui nous rassemble est une langue qui a un avenir extraordinaire. Nous sommes aujourd'hui, paraît-il, 250, 300 millions de locuteurs. Nous serons, avec le développement de l'Afrique, 700, 800 millions dans les années qui viennent. Grâce au travail que vous accomplissez, Monsieur le Secrétaire général, le monde entier sait que la Francophonie est une grande cause.
Je veux vous remercier, très chaleureusement, et dire à toutes celles et tous ceux qui sont là que parmi les meilleures traditions de la semaine de l'Assemblée générale des Nations unies, il y a cette réception amicale et, parmi le meilleur des meilleures traditions, il y a le discours en français du Secrétaire général.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 septembre 2014