Texte intégral
C'est un plaisir de vous accueillir aujourd'hui à Paris une fois de plus, cher Peter Maurer, pour signer la convention qui formalise et renforce la coopération entre la France et le comité international de la Croix-Rouge.
Notre relation bilatérale est ancienne et cette signature en marque à la fois la solidité et l'excellence.
Je veux rappeler que la France fait partie des douze premiers États à avoir signé la première convention de Genève en 1864 dont nous célébrons cette année les 150 ans d'existence. La France, en tant que co-fondatrice du droit international humanitaire, porte donc une responsabilité particulière pour à la fois respecter et faire respecter ce droit.
Comme nous venons de le dire dans notre conversation, 150 ans après la première convention de Genève, l'ampleur, la gravité, la complexité, la simultanéité des crises actuelles nous rappellent tous les jours que les principes d'humanité portés par le droit international humanitaire ont besoin à la fois d'être appliqués, d'être renforcés et d'être soutenus partout et en toutes circonstances. C'est aussi de notre responsabilité en tant qu'État.
Nous sommes engagés pour porter ce message dans toutes les enceintes internationales, en particulier au conseil de sécurité, à l'assemblée générale des Nations unies et aussi à titre bilatéral.
Le comité international de la Croix-Rouge est connu pour ses actions de secours et d'assistance en faveur des victimes civils des conflits armés, mais il est aussi le gardien du droit international humanitaire dont il a vocation à renforcer l'application en sa qualité d'organisation neutre, impartiale et indépendante.
Son rôle est donc de rappeler aux parties en conflit les obligations auxquelles elles sont soumises. Nous entendons continuer de contribuer à l'exercice du mandat du comité international de la Croix-Rouge en réaffirmant notre engagement à faire respecter ce droit, et à travailler conjointement avec vous pour répondre aux questions humanitaires posées par les situations de conflits armés.
À l'occasion de cette signature, je veux aussi rendre hommage aux travailleurs humanitaires qui, partout, portent assistance aux victimes au péril de leur vie et qui sont aujourd'hui devenus des cibles, au mépris précisément des principes d'humanité et d'impartialité qui gouvernent pourtant leur action.
Je rappelle qu'un délégué du comité a été tué à Donetsk, il y a quelques semaines, que le chef de délégation du CICR en Libye a été assassiné il y a quelques mois, qu'il y a beaucoup d'incidents - nous en parlions - et je crois qu'il est d'autant plus nécessaire, en votre présence, Monsieur le président, de leur rendre hommage et de saluer le courage et le dévouement de l'ensemble des collaborateurs du CICR.
Comme vous le savez fort bien, la France a agi pour l'adoption récente d'une résolution au conseil de sécurité sur la protection du personnel humanitaire.
Je veux aussi réaffirmer le soutien de la France aux résolutions adoptées lors des conférences de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. La prochaine conférence internationale, fin 2015, sera l'occasion de faire un bilan des engagements qui ont été pris pour renforcer le respect du droit international humanitaire.
La France participe, comme plus de 90 États, à l'initiative portée par la Suisse et par le comité sur ce sujet, et à celle prise par le comité sur la protection des personnes privées de liberté dans le cadre des conflits armés.
La France soutient aussi particulièrement l'initiative sur les personnels soignants en danger présentés récemment à New York à l'occasion de la semaine ministérielle de l'assemblée des Nations unies. Cette initiative, qui a une place prépondérante dans la nouvelle stratégie de l'organisation pour 2015-2016, est au cœur du mandat du comité international.
L'action du comité est tout à fait essentielle sur beaucoup de théâtres de crises qui demandent une réponse urgente.
Nous avons parlé de l'Irak où les avancées de Daech représentent une menace pour la région et pour la sécurité internationale.
Nous avons parlé de la Syrie où la population est prise dans l'étau de ce que nous appelons, nous, «la barbarie» : celle de Daech bien sûr, mais aussi celle du régime.
Et le CICR tente de porter assistance aux victimes partout où elles se trouvent.
Votre organisation, Monsieur le président, intervient sur de nombreux théâtres : République centrafricaine, Mali, Soudan, Soudan du sud, mais aussi - nous en parlions également - en Ukraine.
Et, alors qu'il y a toute une série de formes de chantages à l'aide humanitaire qui sont totalement inacceptables, la continuité de l'action du CICR mérite notre soutien et notre reconnaissance.
Pour conclure, je voudrais souligner que la formule «neutralité - impartialité - indépendance» qui est vôtre est l'essence même de votre mission, mais aussi la garantie de sa mise en œuvre et de sa réussite.
Mais - c'est la seule notation que je me permettrai, un peu plus contestable mais qui ne l'est pas sur le fond - ce n'est pas parce que vous êtes indépendants que les États ne doivent pas vous soutenir dans votre action. Nous aimerions faire encore davantage et nous avons parlé des moyens directs et indirects de le faire.
En tout cas, vous savez - parce que c'est notre tradition et notre engagement -, en soulignant à nouveau l'excellence et l'importance de votre mission, que vous pouvez compter sur le soutien total de la France.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 octobre 2014