Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invité François REBSAMEN, ministre du Travail, de l'Emploi bonjour.
FRANÇOIS REBSAMEN
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Membre éminent du gouvernement. Est-ce que vous considérez qu'il y a eu une exploitation politicienne de la mort de Rémi FRAISSE ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, il y a des propos qui ont été tenus qui n'auraient pas dû l'être devant un tel drame, parce qu'il s'agit d'un drame, la mort d'un jeune de 20 ans c'est un drame. Je crois qu'il faut d'abord être respectueux des proches, de la famille, il faut s'incliner il faut faire preuve de la compassion nécessaire et garder la mesure, garder la mesure dans les propos en attendant bien évidemment
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il y a eu démesure, si je comprends bien, dans les propos de certains : Cécile DUFLOT ou José BOVE mais avant tout Cécile DUFLOT !
FRANÇOIS REBSAMEN
Il faut garder la mesure, des enquêtes sont ouvertes
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est quoi, c'est la revanche politicienne, c'est quoi, c'est une volonté de chasser Manuel VALLS, c'est quoi François REBSAMEN ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Ce sont vos propos Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mes propos mais qu'en pensez-vous ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je pense que les propos étaient exagérés, on ne peut pas dans ces circonstances tout de suite employer des expressions comme celles qui ont été employées. Il faut savoir ce que va dire l'enquête administrative, et puis il faut aussi mesurer la violence qui s'exerce sur le terrain maintenant, très souvent sur des projets qui sont validés par des élus après des périodes très longues
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il faut suspendre ce projet ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Moi je le pense, je pense qu'aujourd'hui mais je pense que c'est de la responsabilité bien sûr du Conseil général en l'occurrence
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous pensez qu'il faut le suspendre ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais je pense que pour ramener le calme dans l'immédiat, le mieux c'est de suspendre le projet. Mais c'est un avis personnel, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un avis personnel mais il compte puisque je le rappelle, vous êtes un membre éminent du gouvernement. Deux choses encore enfin une question encore puis nous passons à l'emploi François REBSAMEN, qui est quand même le sujet majeur qui concerne les Français en premier lieu. François REBSAMEN, le ministre de l'Intérieur a parlé de bavure non, il a dit « il n'y a pas eu de bavure », il a employé le mot bavure, est-ce qu'il n'est pas allé trop vite en disant « il n'y a pas eu de bavure » ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Il est soumis à une forte pression parce que je le disais des propos ont été tenus qui n'étaient pas acceptables. Il y a une violence qui s'exerce de plus en plus maintenant dans ce genre de confrontation, il y a des jeunes qui viennent de toute l'Europe, il faut savoir cela, qui viennent pour se battre, disons les choses clairement, pour agresser aussi les forces de l'ordre qui (elles) appliquent la loi, défendent la loi quand les règles ont été respectées, ce qui était le cas en l'occurrence. Donc moi je pense qu'il faut attendre dans ces circonstances, attendre les résultats. Il y a une enquête
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'attend pas les résultats quand il dit « il n'y a pas eu de bavure » !
FRANÇOIS REBSAMEN
Il y a une enquête judiciaire, il y a une enquête administrative
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, et il suspend l'utilisation des grenades offensives en même temps.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, ça c'est une mesure (je pense) d'apaisement qu'il a prise immédiatement dans l'attente des résultats de l'enquête administrative qui a été lancée..
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sauf que s'il y a des affrontements avec des éléments très
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est aussi une
JEAN-JACQUES BOURDIN
Durs, les gendarmes ne pourront plus utiliser les grenades offensives.
FRANÇOIS REBSAMEN
Je pense, j'espère et c'est aussi un appel au calme que je lance, à la reprise du dialogue, un tel événement doit faire réfléchir tout le monde. Et donc il est temps que ceux qui étaient des opposants résolus et violents se calment et arrêtent d'agresser en permanence les forces de l'ordre, c'est quand même le cas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Les socialistes ne vivent plus comme les gens, les élus ne connaissent pas le terrain, ils ne savent pas comment la vie se déroule dans une HLM, dans le quartier de la Fontaine d'Ouche qui rassemble toutes les nationalités dans sa diversité », c'est vous qui avez tenu ces propos.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, j'ai dit que des élus, des élus disons les choses clairement, j'ai dit que des élus du Parti socialiste mais de tous les partis d'ailleurs
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais enfin vous avez parlé des élus du Parti socialiste
FRANÇOIS REBSAMEN
Je parlais aux miens, je parlais aux miens, je voulais dire aux miens qu'il fallait rester qu'est-ce qu'il y avait derrière ce message, la volonté de rester en contact permanent avec la population, c'est l'expérience du maire que j'ai été et peut-être que je redeviendrai qui disait ça
JEAN-JACQUES BOURDIN
A Dijon.
FRANÇOIS REBSAMEN
A Dijon bien sûr. Le seul moyen de savoir vraiment comment les gens réagissent, pensent, c'est d'aller les voir, c'est de leur parler, de les rencontrer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ces élus socialistes qui ne vivent pas comme les gens, vous pensez à qui, à tous ces élus qui quoi, qui restent je ne sais pas moi, qui sont
FRANÇOIS REBSAMEN
Vous savez, une carrière d'élu c'est aussi c'est fait de d'abord il faut avoir un métier, ensuite il faut se dire qu'il y aura des échecs et des victoires dans une vie électorale, mais toujours il faut rester près du peuple et il faut toujours se renseigner pour savoir comment les gens vivaient. Donc il y a des gens ça se passe à droite, ça se passe à gauche qui ont fait des carrières uniquement dans des cabinets
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors François REBSAMEN, si je vous parle de ces phrases-là, c'est parce qu'elles ont été prononcées dans le cadre d'une interview à un magazine qui s'appelle « MIROIR MAG », qui est un magazine bourguignon que vous connaissez bien
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui mais qui n'a pas respecté le minimum des règles puisque
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas ce que dit le journaliste.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui oui mais
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il dit « j'ai enregistré toute la conversation »
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, mais elle devait être publiée vous savez comment ça se passe, vous êtes un journaliste émérite et connu, elle devait être publiée sur papier et l'interview devait être relue. Et donc il a mis en vrac en changeant en changeant des membres de phrases, changeant des membres de phrases, en coupant des phrases de mon interview, ce qui n'était pas acceptable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais par exemple lorsque vous dites dans cette interview « je me bats depuis longtemps pour une vision libérale de l'économie »
FRANÇOIS REBSAMEN
Eh bien il manque
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous assumez ou pas ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Il manque la moitié de la phrase, j'ai dit « vous savez, il y a deux types d'économie, ça a toujours été comme ça, il y a les économies administrées de type communiste, ce qu'on a connu, je ne m'y suis jamais reconnu ; et puis il y a l'économie libérale et forcément c'est dans celle-là
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous vous reconnaissez dans l'économie libérale !
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est dans celle-là que nous vivons, c'est dans celle-là que nous vivons. Et vous voyez quand on enlève la moitié d'une phrase, ça dénature les propos.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien ! Vous dites aussi « il faut adapter notre système social », ça vous êtes d'accord ?
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est vrai oui, c'est vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites « ce système social est très protecteur », il est très protecteur ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Trop protecteur ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je n'ai pas dit trop protecteur.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non mais je vous pose la question moi.
FRANÇOIS REBSAMEN
Il est très protecteur, est-ce que je peux donner un exemple ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
FRANÇOIS REBSAMEN
En Allemagne il est beaucoup moins protecteur, eh bien ! En Allemagne le taux de pauvreté des chômeurs, il est passé de 36 %... on en parle en ce moment justement de la pauvreté, il est passé de 36 % à plus de 60 %. Nous il est élevé, il est à 38 % mais n'a pas bougé, et donc il est protecteur. Et pour qu'il reste protecteur, il faut qu'il soit parfait
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et juste !
FRANÇOIS REBSAMEN
Et juste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc juste, ça veut dire renforcer les contrôles, ça veut dire
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, j'ai d'ailleurs
JEAN-JACQUES BOURDIN
Assouplir les seuils, assouplir
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, ce qui n'a
JEAN-JACQUES BOURDIN
De 35 h 00 et autoriser le travail le dimanche ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Pas du tout
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que vous dites dans cette interview !
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, je ne dis pas ça
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon !
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, non, non, je ne dis pas ça. Alors là non, non, vous ne pouvez pas transformer mes propos là
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord non, non, vous ne dites pas ça
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, je ne dis pas ça. Je dis « si on interroge les personnes
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moi je ne transforme rien, je lis ce que dit ce journaliste.
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais je n'ai pas dit ça, je n'ai pas dit ça, donc
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! D'accord.
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, j'ai dit que les gens aujourd'hui, si on les interroge, ils sont favorables au contrôle, oui bien sûr, mais contrôle ne veut pas dire poursuites comment imaginer les choses
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous êtes favorable au contrôle vous ?
FRANÇOIS REBSAMEN
J'ai dit que j'étais pour des contrôles, c'est quoi les contrôles à POLE EMPLOI ? C'est la nécessité d'appeler les gens pour voir pourquoi ils décrochent, pourquoi ils
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça a fait du bruit vos déclarations.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est incroyable que ça fasse du bruit, comment il est du devoir des agents de POLE EMPLOI de savoir pourquoi les gens ne cherchent plus d'emploi. Et donc c'est même comment dire, c'est un accompagnement renforcé, attendu parce qu'il y a des tas de raisons pour lesquelles les gens peuvent décrocher
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez d'ailleurs demandé à POLE EMPLOI d'être plus efficace
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais bien sûr
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai lu ça.
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais bien sûr, mais il y a des tas de raisons pour lesquelles les gens peuvent décrocher, ils peuvent décrocher parce qu'ils sont découragés, ils peuvent décrocher parce qu'ils ne trouvent pas de travail, ils peuvent décrocher etc. Et ce qu'il y a et ce contrôle ce qu'il a permis, c'est de redynamiser les gens dans la recherche d'emploi, c'est le travail de POLE EMPLOI.
JEAN-JACQUES BOURDIN
François REBSAMEN, malgré l'amitié que je porte à Michel SAPIN, il s'est totalement trompé, on ne juge pas le chômage mois par mois mais sur des périodes
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus longues, un trimestre ou un semestre.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, mais
JEAN-JACQUES BOURDIN
Là, vous assumez ce que vous avez dit !
FRANÇOIS REBSAMEN
Il en convient, c'est vrai, je crois qu'il faut du temps je vais donner quelques exemples. Vous savez ce pays a doublé sa richesse en 40 ans, le produit intérieur brut a été multiplié par deux, le chômage a été multiplié par quatre, donc il y a quand même un problème de fond dans notre pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a un échec quoi !
FRANÇOIS REBSAMEN
Global, collectif, je n'ai jamais dit le contraire, et on agit justement on agit pour remédier à cela. Le taux de chômage aujourd'hui, le taux de chômage en France, il est de France métropolitaine, il est de 9,7 %. Est-ce que vous savez quel a été le record du taux de chômage dans notre pays ces 40 dernières années ? C'était sous Alain JUPPE, c'était 10,7 %. Et donc vous voyez, on peut se redresser, et donc on va se redresser avec les mesures qui ont été prises. Mais le taux de chômage de la France n'est pas aujourd'hui, on croirait que la France est
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais lorsque vous dites « on va se redresser »
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le public ne vous croit plus, ne vous écoute plus
FRANÇOIS REBSAMEN
Si, il m'écoute parce que je fais
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils ne vous croient plus François REBSAMEN.
FRANÇOIS REBSAMEN
Si, ils vont me croire parce que j'ai fait le constat, j'ai fait le constat que jusqu'à présent ça n'a pas suffit. Et donc il faut amplifier
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez dit « c'est un échec »
FRANÇOIS REBSAMEN
Collectif, je viens de vous le dire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Collectif, vous l'avez dit
FRANÇOIS REBSAMEN
J'ai dit « nous sommes en échec collectif ».
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes en échec, donc le président de la République, le Premier ministre, les gouvernements qui ont précédé, les présidents qui ont précédé
FRANÇOIS REBSAMEN
Notre pays
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un échec
FRANÇOIS REBSAMEN
Ne peut pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est en échec !
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, il ne peut pas sur ce point-là, il ne peut pas accepter de vivre avec un taux de chômage aussi élevé, donc nous devons agir, nous agissons
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez tout essayé ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, non, non, justement, non, tout n'est pas essayé. Là, nous mettons encore en oeuvre des mesures, nous agissons et ça va porter ses fruits. Et je pourrai d'autant plus dire
JEAN-JACQUES BOURDIN
En juin, c'est ce que vous dites !
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, j'espère dans l'année prochaine, j'espère un retournement à la mi-2015. C'est vrai qu'on est dépendant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous espérez mais ça fait des mois
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais pourquoi, parce que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'on entend des ministres nous dire « on espère, ça va se retourner »
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais non, mais non
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais si, le président de la République, tout le monde François REBSAMEN.
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais forcément quand on met en place des mesures, on attend de voir ce qu'elles vont produire, elles vont produire leurs effets.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lesquelles mesures ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais le CICE par exemple
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dites-moi, le CICE il a été imaginé en janvier il a été imaginé en 2013, janvier 2014 il est présenté, nous sommes au mois d'octobre
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Fin octobre 2014 et vous me dites « ça n'en portera pas ses fruits avant la mi-2015 » et encore
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, oui parce qu'il faut du temps pour que les mesures portent leurs fruits. Il y a encore des entreprises qui ne connaissaient pas le CICE, on est responsables de ne pas avoir fait assez de comment dire, de pédagogie autour de ces mesures. Elles porteront pleinement leurs fruits à partir du 1er janvier, avec en plus la baisse des cotisations, on a redonné des marges aux entreprises mais d'une manière incroyable, ce gouvernement a redistribué, va redistribuer 2 points de PIB, c'est-à-dire 40 milliards d'euros pour que les entreprises recréent aujourd'hui de l'emploi, qu'elles reprennent confiance en elles. Mais tout n'est pas là encore, ça va venir au 1er janvier, le CICE il est de 4 % aujourd'hui, il sera de 6 % l'année prochaine, c'est un encouragement aux entreprises qu'on donne. Et moi, je secoue les branches pour qu'elles se mettent au travail, c'est le cas de le dire, je secoue les branches. On avait réuni les 50 plus grandes branches, vous voyez que petit à petit
JEAN-JACQUES BOURDIN
On en est où d'ailleurs
FRANÇOIS REBSAMEN
Pas assez
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de branches, combien de branches ?
FRANÇOIS REBSAMEN
3 ont déjà signé
JEAN-JACQUES BOURDIN
3 ont signé
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais elles couvrent beaucoup de salariés quand même. Quand je dis les industries chimiques, les industries de métallurgie, hier les banques, demain les assurances, c'est des emplois qui sont annoncés pour les prochaines années, c'est de l'apprentissage qui est annoncé, c'est de l'investissement et ça, ça va porter ses fruits. Mais ce qui est vrai c'est qu'aujourd'hui, ça n'a pas assez porté ses fruits, et puis il y a l'environnement international, vous en conviendrez, c'est-à-dire européen, européen, donc on est aussi tenants quand on a des politiques d'emploi comme moi, parce que je porte les politiques d'emploi au nom du gouvernement et pas n'importe lesquelles. Et elles sont fructueuses, par exemple les 150.000 emplois d'avenir, quand on porte ces politiques d'emploi, permettez-moi de le dire, on est quand même dépendant de la croissance et tout le monde le sait bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dépendant de la croissance, évidemment.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors comment par exemple faciliter l'embauche dans les petites entreprises, je sais que vous y réfléchissez, c'est vrai ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, je cherche toutes les solutions que nous pouvons mettre en place, on expérimente
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors il y a une idée
FRANÇOIS REBSAMEN
Il y a par exemple un problème moi que je ressens dans les petites entreprises. Les chefs d'entreprise des entreprises de moins de 10 pour parler clair, là où il y a potentiellement de l'emploi, c'est ces PME TPE, ils ont peur d'avoir à gérer ils ne savent pas gérer un contrat de travail, ils ne savent pas bien embaucher, ils se disaient « comment ça va se passer si demain je suis obligé de licencier, de me séparer si je n'ai plus les commandes pour répondre », c'est ça qu'il faut qu'on regarde avec eux. Et je
JEAN-JACQUES BOURDIN
Par exemple il y a une idée qui circule, des salariés employés en CDI par des sociétés de travail temporaire et détachés dans des entreprises artisanales ou industrielles en fonction de leurs besoins.
FRANÇOIS REBSAMEN
Ça pourrait
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une bonne idée ça ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Les groupements d'employeurs un groupement d'employeur qui porterait le contrat de travail pour l'entreprise, pour le petit entrepreneur qui ne sait pas bien gérer ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Contrat de travail unique, vous y êtes favorable ou pas, comme en Italie, puisque les Italiens réfléchissent à la question, et je sais que vous regardez beaucoup ce qui se passe en Italie, enfin du moins chez Manuel VALLS on regarde beaucoup.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, mais je ne sais pas bien ce que ça veut dire le contrat de travail unique
JEAN-JACQUES BOURDIN
On supprime CDI et CDD
FRANÇOIS REBSAMEN
Si c'est
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et on remplace
FRANÇOIS REBSAMEN
Et on fait quoi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne sais pas
FRANÇOIS REBSAMEN
Moi non plus, moi non plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un CDI plus flexible dans les premiers mois
FRANÇOIS REBSAMEN
D'accord, d'accord.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un CDI plus flexible dans les premiers mois
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais on l'a déjà on a fait des avancées en la matière, les partenaires sociaux ont fait des
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il faut plus de flexibilité, c'est ce que demandent aussi les chefs d'entreprise !
FRANÇOIS REBSAMEN
Si plus de flexibilité c'est plus de facilité à licencier non, voilà, je ne sais plus qui disait cette chose assez simple : il faudrait que le CDI soit un tout petit peu plus flexible et le CDD beaucoup moins. Donc une fois qu'on a dit ça, voilà
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors on supprime le CDI et le CDD, on le remplace par un contrat de travail unique
FRANÇOIS REBSAMEN
Et qui porte atteinte
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous réfléchissez ou pas ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, non
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non !
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, moi personnellement non
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites non au travail
FRANÇOIS REBSAMEN
Non mais vous savez mon prédécesseur, il a Parce que c'était une grande idée dans les années 2007-2008, je crois que je ne sais pas si c'est Xavier BERTRAND, en tous les cas peu importe. Un de mes prédécesseurs en 2007-2008, il a soumis ça aux partenaires sociaux et les partenaires sociaux ont dit « non, il n'en est pas question ». Donc moi je dis aujourd'hui « avançons sur le dialogue social, mais ne lançons pas ne reprenons pas des idées qu'on n'a pas pu mettre en oeuvre ».
JEAN-JACQUES BOURDIN
Réformer le droit du travail, c'est important, c'est nécessaire ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, ça passe par les partenaires sociaux
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et c'est nécessaire !
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, alléger, simplifier, améliorer, rendre plus efficace, plus fluide, oui sur des choses sur lesquelles
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et concrètement ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Concrètement, on va voir ce qui va se passer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais concrètement
( ) Brouhaha
FRANÇOIS REBSAMEN
Moi je ne veux pas préjuger de la
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je sais demain
FRANÇOIS REBSAMEN
Négociation, je ne veux pas préjuger de la négociation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez vu la dernière proposition du MEDEF, est-ce que vous avez vu la dernière proposition du MEDEF qui est une proposition qui commence à faire un peu de bruit, puisqu'il s'agit oui, je vois tout de suite
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, moi je suis un peu désespéré de voir des propositions comme celle-là, je vais vous dire pourquoi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça serait la création d'un conseil d'entreprise au sein des entreprises qui regrouperait toutes les instances représentatives des salariés.
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, c'est bizarre le patronat français dans les postures qu'il prend, je parle des postures, dans les postures qu'il prend, parce que quand on compare il cite tout le temps l'Allemagne en exemple, j'ai rencontré l'autre jour le patronat allemand, il est venu au ministère, j'ai discuté avec eux. En Allemagne, il y a des délégués du personnel dans les entreprises à partir de 5, nous c'est une obligation à partir de 10, eux c'est une possibilité à partir de 5. Il y en a beaucoup en Allemagne, nous alors que c'est une obligation, on n'en a pas beaucoup entre 10 et 20. Et donc je ne vois pas pourquoi on ferait avancer comment on ferait avancer le dialogue social dans l'entreprise qui est nécessaire, je le disais encore hier auprès d'un syndicaliste que j'honorais, de la CFDT, un grand syndicaliste, je disais « je ne vois pas comment on ferait avancer le dialogue social en supprimant parce que c'est ça quand même le but poursuivi
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une provocation ?
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est une grande maladresse oui, c'est une grande maladresse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une grande maladresse.
FRANÇOIS REBSAMEN
Une grande maladresse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes opposé ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Ah oui, franchement enfin je pense oui, ça fait un peu provocation au moment où il faut avancer, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut avancer ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, il faut avancer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors avancer comment, si on vous me dites « il faut un peu réformer le droit du travail »
FRANÇOIS REBSAMEN
Non mais
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce qu'il faut réformer je ne sais pas, quelles sont les grandes réformes administratives ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Les organisations syndicales par exemple, quand je discute avec elles et là elles discutent avec le patronat, elles se rendent bien compte parce qu'elles le vivent aussi qu'il y a des lourdeurs dans les obligations qui existent crées par les seuils
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, oui les seuils !
FRANÇOIS REBSAMEN
Par exemple le nombre de réunions, les doublons de réunions, quand je leur dis « rendez plus efficace, supprimez un certain nombre de réunions inutiles » qui pèsent y compris sur les syndicalistes, ils me le disent, donc ça ils le savent. Donc ils peuvent faire cela, ils peuvent avancer ensemble. Moi par exemple, j'ai fait une proposition, je ne sais pas quel impact elle aura, mais à l'extérieur de notre pays (je le dis) c'est une image négative. Imaginez qu'on puisse envisager qu'un chef d'entreprise soit condamné à 1 an de prison pour une tentative de délit d'entrave, c'est-à-dire justement parce qu'il y a par exemple X réunions et qu'il n'y a pas les X réunions, c'est quelque chose qu'on devrait changer. Par contre, il devrait y avoir des vraies amendes
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc revoir les seuils sociaux, vous n'êtes pas contre, déroger à certaines règles sur le temps de travail, vous n'êtes pas complètement contre
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est-à-dire, c'est-à-dire que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah !
FRANÇOIS REBSAMEN
Qu'est-ce que vous voulez me faire dire là ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne sais pas, non, non, non
FRANÇOIS REBSAMEN
Non, non, moi j'attends de
JEAN-JACQUES BOURDIN
De ne pas laisser un peu plus de souplesse dans l'entreprise à la discussion
FRANÇOIS REBSAMEN
Si, si, plus de souplesse dans les éviter les réunions, les doublons
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour le temps de travail, pour le temps de travail ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais le temps de travail, ça existe déjà vous savez par l'accord qui a été passé, l'accord interprofessionnel, il y a possibilité aujourd'hui de moduler le temps de travail. Et donc il y a
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut encourager cette modulation du temps de travail ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Ça dépend des circonstances économiques
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais est-ce qu'il faut oui, non mais d'accord.
FRANÇOIS REBSAMEN
Je veux dire vous savez quand il y a une forte demande, quand il y a de la tension
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut travailler plus de 35 h 00 quand il y a une forte demande !
FRANÇOIS REBSAMEN
Il y a les heures sup il y a les heures sup parce que c'est nécessaire, parce qu'on manque de personnel, parce qu'on n'a pas assez formé. Et dans les mesures que nous avons prises, parce que moi j'ai quand même un problème, je sais que ça toujours tout le monde me dit « mais où c'est que vous avez été chercher ces chiffres », j'ai été les chercher au Conseil d'orientation de l'emploi. Il y a actuellement par exemple on dit, alors les chiffres sont contestables mais à peu près 300.000 emplois qui ne sont pas pourvus dans notre pays. Moi mon souci, c'est comment peut-il y avait 300.000 emplois non pourvus et 3.400.000 chômeurs catégorie A ? Et donc je dis améliorons la formation. On a mis en place le président de la République et le Premier ministre avaient décidé ça 100.000 emplois prioritaires. Et donc l'idée c'est on forme les gens pour qu'ils puissent répondre à la demande au niveau local. Donc ça va porter ses fruits
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'argent de la formation, la formation professionnelle, la réforme parce qu'on parle beaucoup de réformes, ça fait des mois et des mois, des années
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est une belle réforme, franchement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, alors quand ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Au 1er janvier, beaucoup de choses au 1er janvier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. La réforme du fonctionnement des Prud'hommes
FRANÇOIS REBSAMEN
Invitez-moi après le 1er janvier
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous inviterai, il n'y a pas de problème. Réformer le fonctionnement des Prud'hommes, c'est important, nécessaire ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, bien sûr parce que c'est quelque chose
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est nécessaire ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, bien sûr, bien sûr
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que les chefs d'entreprise se plaignent
FRANÇOIS REBSAMEN
Mais les salariés aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les salariés aussi ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, parce qu'il y a une insécurisation juridique, quand vous attendez 4 ans, 3 ans une réponse à un conflit entre un chef d'entreprise et un salarié. Et donc il faut accélérer le temps de médiation, de conciliation et il faut que ça aille beaucoup plus vite. C'est une sécurisation pour les chefs d'entreprise aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dernière chose, ce vote à l'Assemblée nationale lundi soir, dans le cadre du budget de la Sécurité sociale, les dividendes touchés par les chefs d'entreprise qui seraient taxés, taxe sociale, vous en pensez quoi ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Je crois savoir je crois savoir qu'il s'agit des dividendes qui remplacent des salaires en réalité
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
FRANÇOIS REBSAMEN
C'est-à-dire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le petit chef d'entreprise par exemple, je vais prendre cet exemple
FRANÇOIS REBSAMEN
Qui ne se prend pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui ne se prend pas de salaire mais qui touche des dividendes, il va devoir payer
FRANÇOIS REBSAMEN
Des cotisations sociales sur ses
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est normal ou pas ?
FRANÇOIS REBSAMEN
Oui, c'est normal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien ! Merci François REBSAMEN.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 30 octobre 2014