Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, en général, on juge les criminels de guerre après les guerres. La décision du Tribunal de La Haye ne risque-t-elle pas d'obliger M. Milosevic à une fuite en avant puisque c'est un homme qui n'aurait plus rien à perdre ?
R - Les ministres des Affaires étrangères ne peuvent pas commenter les décisions du Tribunal pénal international compétent pour l'ex-Yougoslavie dans la mesure où c'est un tribunal complètement indépendant. Il a été créé par le Conseil de sécurité il y a quelques années au titre du Chapitre VII. Son indépendance est complètement garantie et notre premier devoir, c'est de respecter cette indépendance. Nous prenons acte de cette décision et le Tribunal n'est influençable, ni dans un sens ni dans un autre, ni pour inculper, ni pour ne pas inculper.
Il a pris cette décision dans le cadre de ses responsabilités, à partir des informations dont il dispose et nous avons à en prendre acte en ce qui concerne notre responsabilité. Tous les pays concernés auront la même réaction. Rappellerons que nous continuerons à coopérer avec le Tribunal comme nous le faisions avant, comme on le fait maintenant, chaque fois que le Tribunal le souhaitera et nous le demandera. Mais en même temps, il faut bien faire remarquer que cela ne nous dispense pas de poursuivre notre propre travail pour atteindre la solution concernant le Kosovo, autonome, libre, où les réfugiés kosovars pourront rentrer, coexister avec les autres minorités dans la sécurité assurée par une force internationale. C'est tout cela que nous voulons mettre dans une résolution du Conseil de sécurité. Ce travail-là, ce sont les diplomaties occidentales et russe qui peuvent le faire et personne d'autre. Cela ne nous dispense donc pas de la poursuite de cet effort, quel que soit le contexte nouveau créé par cette décision judiciaire.
Q - Ne craignez-vous pas que, dorénavant, le président Milosevic soit un homme qui n'ait plus rien à perdre ?
R - Je crois que nous avons eu affaire à Belgrade à un président et à des responsables qui, de toute façon, écartaient méthodiquement, depuis des mois malheureusement, toute solution de compromis et toute hypothèse qui auraient permis d'éviter tout cela. C'est ce qui se passe depuis quelques semaines. C'était déjà le cas à Rambouillet, cette volonté de blocage tristement évidente. Je crois donc que ce serait un peu vain de se lancer dans des spéculations pour savoir ce qui peut durcir ou de ne pas durcir une position qui, déjà, s'est fait remarquer par une sorte d'inflexibilité aveugle. Ce qui est attendu des autorités de Belgrade quelles qu'elles soient, est de souscrire aux cinq conditions posées par la communauté internationale, élaborées par les Alliés, reprises par le Secrétaire général des Nations unies et qui sont des conditions évidentes.
Q - La mise en accusation de M. Milosevic pose aussi le problème de l'après-guerre. Que sera ce pays, cette Yougoslavie dirigée par un président mis au ban des nations ?
R - La question de l'après-guerre se posait de toute façon. Nous travaillons à la fois à la solution pour le Kosovo, puisque la décision des Alliés était de mettre un terme à ces pratiques devenues absolument intolérables, mais en même temps, nous avons toujours réfléchi à l'avenir, à l'avenir de la Yougoslavie dans l'Europe. Le peuple serbe a des droits, il a une légitimité historique, il a été mal défendu, la politique qui a été menée en son nom a abouti à une faillite et à une impasse complète. Nous avions donc déjà pensé à cela, nous nous sommes déjà posés la question, mais il ne peut s'agir que de la réinsertion d'une Yougoslavie démocratique dans l'Europe de demain. C'est ce qui apparaît chaque fois que l'on réfléchit à l'avenir des Balkans dans leur ensemble. La France a fait beaucoup de propositions ces dernières années. L'Allemagne en tant que présidente a proposé un Pacte de stabilité et une conférence sur les Balkans dans le cadre desquels nous allons travailler. Tout cela a déjà été pris en compte et de toute façon, il est clair que la Yougoslavie avec le même régime verra étroitement limitée ses possibilités de réinsertion, si elles existent déjà.
Q - Si vous parlez d'une Yougoslavie démocratique, c'est sans M. Milosevic ?
R - Ce sera aux Yougoslaves et aux Serbes à trancher ce point dans l'avenir. Ils le feront peut-être en meilleure connaissance de cause après une épreuve terrible qui aurait pu leur être évité. Sils avaient eu des dirigeants plus en mesure d'accepter un compromis intelligent, moderne comme on en passe partout ailleurs en Europe lorsqu'il s'agit d'autonomie. Mais, il faut respecter ce peuple qui a été mal dirigé, conduit dans une situation intenable, une impasse complète et qui aura à retrouver la maîtrise de son destin et à déterminer ses propres choix, en effet, dans la démocratie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mai 1999)
R - Les ministres des Affaires étrangères ne peuvent pas commenter les décisions du Tribunal pénal international compétent pour l'ex-Yougoslavie dans la mesure où c'est un tribunal complètement indépendant. Il a été créé par le Conseil de sécurité il y a quelques années au titre du Chapitre VII. Son indépendance est complètement garantie et notre premier devoir, c'est de respecter cette indépendance. Nous prenons acte de cette décision et le Tribunal n'est influençable, ni dans un sens ni dans un autre, ni pour inculper, ni pour ne pas inculper.
Il a pris cette décision dans le cadre de ses responsabilités, à partir des informations dont il dispose et nous avons à en prendre acte en ce qui concerne notre responsabilité. Tous les pays concernés auront la même réaction. Rappellerons que nous continuerons à coopérer avec le Tribunal comme nous le faisions avant, comme on le fait maintenant, chaque fois que le Tribunal le souhaitera et nous le demandera. Mais en même temps, il faut bien faire remarquer que cela ne nous dispense pas de poursuivre notre propre travail pour atteindre la solution concernant le Kosovo, autonome, libre, où les réfugiés kosovars pourront rentrer, coexister avec les autres minorités dans la sécurité assurée par une force internationale. C'est tout cela que nous voulons mettre dans une résolution du Conseil de sécurité. Ce travail-là, ce sont les diplomaties occidentales et russe qui peuvent le faire et personne d'autre. Cela ne nous dispense donc pas de la poursuite de cet effort, quel que soit le contexte nouveau créé par cette décision judiciaire.
Q - Ne craignez-vous pas que, dorénavant, le président Milosevic soit un homme qui n'ait plus rien à perdre ?
R - Je crois que nous avons eu affaire à Belgrade à un président et à des responsables qui, de toute façon, écartaient méthodiquement, depuis des mois malheureusement, toute solution de compromis et toute hypothèse qui auraient permis d'éviter tout cela. C'est ce qui se passe depuis quelques semaines. C'était déjà le cas à Rambouillet, cette volonté de blocage tristement évidente. Je crois donc que ce serait un peu vain de se lancer dans des spéculations pour savoir ce qui peut durcir ou de ne pas durcir une position qui, déjà, s'est fait remarquer par une sorte d'inflexibilité aveugle. Ce qui est attendu des autorités de Belgrade quelles qu'elles soient, est de souscrire aux cinq conditions posées par la communauté internationale, élaborées par les Alliés, reprises par le Secrétaire général des Nations unies et qui sont des conditions évidentes.
Q - La mise en accusation de M. Milosevic pose aussi le problème de l'après-guerre. Que sera ce pays, cette Yougoslavie dirigée par un président mis au ban des nations ?
R - La question de l'après-guerre se posait de toute façon. Nous travaillons à la fois à la solution pour le Kosovo, puisque la décision des Alliés était de mettre un terme à ces pratiques devenues absolument intolérables, mais en même temps, nous avons toujours réfléchi à l'avenir, à l'avenir de la Yougoslavie dans l'Europe. Le peuple serbe a des droits, il a une légitimité historique, il a été mal défendu, la politique qui a été menée en son nom a abouti à une faillite et à une impasse complète. Nous avions donc déjà pensé à cela, nous nous sommes déjà posés la question, mais il ne peut s'agir que de la réinsertion d'une Yougoslavie démocratique dans l'Europe de demain. C'est ce qui apparaît chaque fois que l'on réfléchit à l'avenir des Balkans dans leur ensemble. La France a fait beaucoup de propositions ces dernières années. L'Allemagne en tant que présidente a proposé un Pacte de stabilité et une conférence sur les Balkans dans le cadre desquels nous allons travailler. Tout cela a déjà été pris en compte et de toute façon, il est clair que la Yougoslavie avec le même régime verra étroitement limitée ses possibilités de réinsertion, si elles existent déjà.
Q - Si vous parlez d'une Yougoslavie démocratique, c'est sans M. Milosevic ?
R - Ce sera aux Yougoslaves et aux Serbes à trancher ce point dans l'avenir. Ils le feront peut-être en meilleure connaissance de cause après une épreuve terrible qui aurait pu leur être évité. Sils avaient eu des dirigeants plus en mesure d'accepter un compromis intelligent, moderne comme on en passe partout ailleurs en Europe lorsqu'il s'agit d'autonomie. Mais, il faut respecter ce peuple qui a été mal dirigé, conduit dans une situation intenable, une impasse complète et qui aura à retrouver la maîtrise de son destin et à déterminer ses propres choix, en effet, dans la démocratie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mai 1999)