Texte intégral
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis heureuse d'être parmi vous pour le lancement de l'Agence Expertise France, cet opérateur dont nous n'osions imaginer, il y a à peine un an, qu'il aurait si vite vu le jour. C'est un travail titanesque que vous avez réussi à réaliser tous ensemble au service d'une réussite collective.
Je ne peux donc que me réjouir de ce succès et m'associer aux félicitations adressées à tous les artisans de cet exploit, tout particulièrement l'ensemble des équipes issues des opérateurs qui ont fusionné et dire que grâce à leur legs Expertise France est d'ores et déjà connu et reconnu.
Expertise France constitue un apport important de la loi de juillet 2014 que j'ai défendue devant les assemblées à mon arrivée. Sa création illustre, comme l'ont souhaitée les parlementaires, la rationalisation en marche de notre dispositif public d'expertise technique indispensable à un moment où il faut répondre à tant d'enjeux sur le terrain du développement, et où l'appel à la solidarité qui s'est massivement exprimé dans les rues, dans les journaux sur les réseaux sociaux, dans l'espace public ces derniers jours, renforce cette exigence.
Depuis bientôt dix mois que je suis à la tête de ce secrétariat d'État, j'ai parcouru le monde à la rencontre de nos partenaires des pays en développement. Je les ai écoutés, j'ai pu mesurer l'étendue des possibles, mais aussi les grandes difficultés auxquelles ils doivent faire face, partout, tous les jours.
Ces difficultés ne seront pas résolues uniquement par des transferts financiers. Les financements sont indispensables, bien sûr, bien évidemment, mais pour être dépensés utilement ils doivent s'inscrire dans un cadre d'action publique cohérent. Ils doivent accompagner des politiques et des projets de développement appropriés et choisis par les partenaires, pensés par eux, mis en œuvre par eux, avec notre aide.
Les financements internationaux ne sont utiles que s'ils rencontrent des compétences locales pour les mettre en œuvre, où s'ils contribuent à constituer des compétences locales et à les renforcer. C'est le rôle d'Expertise France. C'est prioritairement par le renforcement des capacités que se mettent en place les conditions d'un développement durable, nous en sommes tous ici persuadés. Nous aurons donc l'occasion de le démontrer en cette année importante, cette année cruciale.
Nous avons trois grands rendez-vous internationaux : Addis-Abeba en juillet, où l'on devra montrer que nous construisons tous ensemble les financements du développement ; New York, en septembre, où nous allons adopter les objectifs de développement durable ; et puis, bien sûr, Paris Climat 2015 en décembre.
Je crois que ce sont aussi trois grands rendez-vous pour l'expertise. Addis-Abeba et le financement du développement par exemple, où il va de soi que l'enjeu de soutien à la croissance des financements privés est décisif. En matière d'accroissement des ressources propres, notre accompagnement, votre accompagnement de la gouvernance financière peut faire la différence. Le savoir-faire de la France en matière de gouvernance financière est reconnu, il nous faut donc renforcer nos actions.
Il y a également les objectifs de développement durable de demain. Je prendrai seulement deux exemples et deux priorités. La santé tout d'abord, Laurent Fabius l'a dit, la crise Ebola, nous a rappelé l'importance du renforcement des systèmes sanitaires locaux. Sans un système de santé opérationnel et solide, on l'a vu, l'information, la prévention et la prise en charge sont totalement insuffisantes et la pandémie fait rapidement des ravages ; malheureusement, nous devons aujourd'hui le regretter.
Expertise France, avec les opérateurs du monde de la santé qui l'ont aujourd'hui rejoint, saura j'en suis sûre, relever l'ensemble de ces futurs défis.
Un mot de la jeunesse, ensuite, les jeunes de 15 à 24 ans sont aujourd'hui 1,2 milliard sur cette planète, dont 90 % dans les pays en développement. On mesure là tout de suite l'énormité des enjeux. Ils seront 1,5 milliard en 2035. Cette jeunesse est bien sûr une force, cette forte croissance apportera une forte croissance économique ; elle sera une formidable opportunité pour le Sud. Mais il faut aussi oser se le dire, il y a un risque majeur que cette jeunesse soit aussi une grande difficulté si on ne lui donne pas demain les moyens de s'insérer dignement dans la société. Des jeunes en butte à la frustration, à l'exclusion, sans perspective d'avenir, sans espoir d'être écoutés, respectés, considérés, sont effectivement des jeunes poussés vers la violence ou, dans certaines circonstances, vers le terrorisme.
En matière de jeunesse l'expertise va de l'appui à la formation professionnelle au renforcement des capacités de la société civile en passant, bien sûr, par la formation scientifique et l'accès à l'emploi et à l'auto emploi, puisque c'est là aussi que nous devons apporter notre soutien.
Le Climat, je n'en dirai pas plus. Laurent Fabius a dit combien ce rendez-vous était important pour la planète, un rendez-vous pour lequel la France a pris une grande responsabilité. Je sais que vous serez au rendez-vous.
Pour la première fois dans l'histoire de l'aide au développement, nous disposons donc d'une agence qui rassemblera de nombreuses compétences, sur ces sujets essentiels, et qui combinera ces compétences au service du renforcement des capacités au Sud.
Je compte sur vous pour être à la hauteur de ces enjeux. Je compte sur vous pour travailler en bonne intelligence, avec l'Agence française de développement, pour partager ce savoir-faire, que nous avons en commun, et je suis persuadée que nous arriverons à relever tous ces grands défis.
Je compte enfin sur chacun d'entre vous pour se mettre au service de cette nouvelle agence, mettre au service de cette nouvelle agence votre expertise, et surtout votre enthousiasme. Je conclurai en souhaitant également tous mes vœux pour cette année 2015, et dire bon vent à Expertise France.
Merci beaucoup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 janvier 2015