Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement, à "France 2" le 11 septembre 2014, sur la possible intervention armée de la France en Syrie et en Irak, sur le déficit budgétaire.

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Média : France 2

Texte intégral

ROLAND SICARD
Bonjour à tous. Bonjour Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
ROLAND SICARD
Avant de parler de la situation économique de la France, on va revenir sur le discours de Barack OBAMA, le président américain a annoncé cette nuit qu'il allait frapper en Syrie et en Irak contre l'Etat islamique. Est-ce que la France, elle aussi, va frapper ?
STEPHANE LE FOLL
Le ministre des Affaires étrangères, hier, je crois, a dit que c'était une hypothèse qui était, bien sûr, sur la table, moi, je ne prendrai pas aujourd'hui de position, le président de la République aura l'occasion de s'exprimer, puisque, il ira lui-même en Irak, et qu'il y aura une conférence lundi, à Paris, coprésidée par les Irakiens, pour faire le point à la fois sur l'action humanitaire et de reconstruction, sur le combat à conduire…
ROLAND SICARD
Mais cette intervention française, elle est de plus en plus probable, pour être clair ?
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez, le président des Etats-Unis s'est exprimé cette nuit, il a indiqué qu'il y aurait une coalition, qui se créerait…
ROLAND SICARD
La France en fera partie…
STEPHANE LE FOLL
La France avait déjà pris des positions assez nettes et assez claires, il y a déjà quelque temps d'ailleurs, même sur la Syrie, vous vous en souvenez. Donc le président de la République…
ROLAND SICARD
La France était prête à frapper à ce moment-là.
STEPHANE LE FOLL
A ce moment-là, la France était prête à frapper…
ROLAND SICARD
Elle l'est encore.
STEPHANE LE FOLL
Donc le président de la République s'exprimera, je vous dis, dans les heures qui vont venir. Donc je ne le ferai pas avant lui.
ROLAND SICARD
Mais quel est votre sentiment ?
STEPHANE LE FOLL
Mon sentiment, c'est que…
ROLAND SICARD
Il faut frapper ?
STEPHANE LE FOLL
Il y a dans toute cette région un groupe, une mouvance, terroriste qui s'est installé en Syrie et en Irak, que cette mouvance a des – il faut se le rappeler quand même – des pratiques qui sont parfaitement horribles, ce qui s'est passé avec les journalistes américains est une horreur, et il n'y a pas que les journalistes qui sont assassinés, torturés, je pense qu'on ne peut pas accepter de laisser cette mouvance terroriste s'étendre et basculer ou faire basculer des Etats, en particulier que ça soit la Syrie ou l'Irak, donc il va falloir la combattre. Le message du président américain, c'est le même que celui du président de la République, c'est le même pour la France, c'est : combattre, réduire et détruire cette mouvance terroriste.
ROLAND SICARD
Alors, on en vient à la France, il y a eu le livre de Valérie TRIERWEILER, il y a eu l'affaire Thomas THEVENOUD, il y a maintenant la croissance qui est en berne, il y a les déficits qui se creusent. Est-ce que vous avez déjà connu une rentrée catastrophe pareille ?
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez, j'aurais préféré avoir une rentrée plus facile, je ne vais pas non plus cacher le fait que l'accumulation de difficultés, même si sur la question économique, on savait, et c'est pourquoi on avait pris aussi les devants sur cette question, mais pour le reste, vous l'avez rappelé, il y a une actualité qui a accumulé des choses auxquelles on n'avait pas pensé, par définition, et puis, qui sont des problèmes, des déceptions, pour un certain nombre, humaines, pour ce qui me concerne en tout cas quand je regarde tout ça, et puis, une volonté maintenant de dépasser tout ça, et puis de s'adresser…ce n'est pas la déception du ministre qui est importante, c'est de savoir que dans une rentrée comme celle-là, on vient d'évoquer la question internationale, et puis, je pense aussi aux Français, c'est surtout à eux, il y en a qui sont dans la difficulté, mais réelle, donc l'humeur ou les sentiments d'un ministre, eh bien, il doit d'abord penser à ce que pensent et ce que vivent les Français.
ROLAND SICARD
Ce matin, c'est l'ancien conseiller de François HOLLANDE, Aquilino MORELLE, qui se déchaîne contre le président. Qu'est-ce que vous en pensez ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, j'ai vu ça, on m'a lu quelques extraits de cette interview, qu'est-ce que j'en pense ? Mais absolument rien, quand je vois les mots qui sont utilisés : buter, ethnie, Tutsis, tout ça, mais on est où ? Est-ce que ces gens-là, de temps en temps, peuvent être un peu responsables ?
ROLAND SICARD
C'est une trahison ou pas ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne veux même pas utiliser ces mots-là, est-ce qu'ils peuvent être un peu chacun responsables ? S'exprimer comme ça pour dire, avec les mots que j'ai vus, je n'ai pas lu encore, mais on me l'a indiqué, c'est irresponsable, ça n'a aucun sens. Donc il faudrait que, un peu, chacun revienne un peu les pieds sur terre, et quand je dis ça, je le dis avec une gravité et une fermeté, je pense qu'il y a des choses qui se sont passées qui laissent penser que certains ont tous les droits, toutes les possibilités, à la fois d'utiliser des mots, de s'exprimer, de dire des choses, de ne pas en dire, d'en rajouter, d'utiliser des termes comme ceux que j'ai entendus, non, mais, attendez, on va revenir un peu au sérieux, à la responsabilité. Enfin, je veux dire, on est où ?
ROLAND SICARD
Il faut un bon tour de vis de François HOLLANDE ?
STEPHANE LE FOLL
Il faut un tour de vis, Manuel VALLS, le Premier ministre, l'a dit, le président de la République l'a dit, mais c'est un appel…
ROLAND SICARD
Il faut le faire maintenant.
STEPHANE LE FOLL
Il faut le faire, mais le tour de vis, c'est aussi une question de responsabilité de chacun, enfin, je ne sais pas, si on regarde dans toute l'histoire politique française, chacun a des moments difficiles, je ne sais pas si dans ces moments difficiles, on a trouvé des gens qui puissent s'exprimer comme ça sur tout et dire des choses comme celles qui ont été dites ce matin, donc je le dis ce matin, nous, on doit avoir une seule question qui nous taraude, c'est sortir la France de la difficulté dans laquelle elle est, parce que sortir la France de la difficulté dans laquelle elle est, c'est donner aux Français du mieux pour mieux vivre et mieux se préparer pour l'avenir.
ROLAND SICARD
Ce matin, on parle aussi de Kader ARIF, le ministre des Anciens combattants. Il est soupçonné d'avoir passé des marchés un peu douteux.
STEPHANE LE FOLL
Oui, alors là, écoutez, je vais être d'une prudence extrême, parce que c'est un problème dans la région Midi-Pyrénées, ce n'est pas Kader ARIF, c'est son frère, je crois…
ROLAND SICARD
Il ne va pas démissionner ?
STEPHANE LE FOLL
C'est son frère, il y a une enquête préliminaire qui est ouverte. Donc on va laisser la justice, enfin, l'enquête se faire pour déterminer ce qui s'est passé, et s'il y a quelque chose de répréhensible. Mais à l'heure où je parle, vu ce que je sais, ce n'est pas Kader ARIF, c'est son frère, je crois, et c'est une contestation sur un marché, il y a une enquête préliminaire qui a été ouverte, donc je souhaite que sur ce sujet-là, en particulier, on attende que la justice, enfin, que l'enquête nous donne les éléments précis.
ROLAND SICARD
On revient au déficit, il y a deux milliards à trouver.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
ROLAND SICARD
Où est-ce qu'ils vont être trouvés ?
STEPHANE LE FOLL
Je voudrais juste rappeler aux Français, parce que c'est deux milliards, pourquoi vous me parlez de deux milliards à trouver, on a 21 milliards de réduction de dépenses publiques à faire, on le fait avec sérieux, mais on n'ira pas au-delà, parce que la croissance n'étant pas là, et l'inflation étant très basse, les recettes qu'on attendait ne sont pas à la hauteur de ce qu'on attendait. Donc on a un déficit qui est un peu plus grand que ce qu'on avait prévu, et il faut…
ROLAND SICARD
Et il y a donc deux milliards à trouver.
STEPHANE LE FOLL
Et dans les dépenses, parce que ça, c'est l'objectif, 21 milliards en 2015, comme il y a moins d'inflation, eh bien, il y a moins de TVA, et donc on a deux milliards à trouver. Comment on trouve deux milliards ? Eh bien, on fera un effort collectif à l'échelle du gouvernement, pour faire en sorte que dans tous les postes qui sont des postes de dépenses, on puisse trouver les deux milliards d'économies, pour faire 21 milliards d'économies de dépenses publiques en 2015, et au bout de trois ans, avoir fait 50 milliards, c'est l'objectif, et c'est l'engagement de la France. 50 milliards…
ROLAND SICARD
Pas de changement politique ?
STEPHANE LE FOLL
Mais pas au-delà.
ROLAND SICARD
Pas de changement de politique ?
STEPHANE LE FOLL
Eh bien, pas de changement de politique, parce que ceux qui voudraient, parce qu'on a un léger accroissement du déficit budgétaire, voir les recettes monter, c'est-à-dire les impôts, hors de question, ou voir la dépenses filer, hors de question. Mais c'est l'objectif du gouvernement, rester fidèle à ses engagements, et jouer et faire le pari du soutien à la croissance.
ROLAND SICARD
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 septembre 2014