Texte intégral
POINT DE PRESSE :
Quelques informations pour vous dire que nous avons eu un déjeuner de travail long et fort intéressant sur la défense européenne pour préparer les thèmes de Cologne. Les choses progressent sérieusement, méthodiquement et je pense que nous arriverons à Cologne à un bon texte, à une bonne déclaration, à un bon rapport de la présidence. J'espère que ce sera une étape de plus dans la continuité des démarches de Saint-Malo et de Toulouse plus récemment, sur le plan franco-allemand. Nous avançons de façon concrète et opérationnelle, de façon pragmatique, sans faire trop d'institutionnel prématuré mais en insistant surtout sur les capacités militaires, sur les filières et les mécanismes de décisions.
Nous ne voulons pas nous fixer un calendrier artificiel. Nous voulons avancer et maximiser à chaque fois, d'une étape sur l'autre, d'un rendez-vous sur l'autre, d'une présidence sur l'autre, tout ce que nous pouvons faire sur ce plan. C'est le point principal de ce déjeuner qui s'est fort bien passé. Il y a eu une fin de déjeuner avec M. Thaci que j'avais reçu à Paris longuement il y a quelques jours, le jour où je l'ai reçu, lui et M. Rugova.
Q - Le calendrier contraignant dans lequel vous ne voulez pas vous enfermer, cela veut-il dire qu'il n'y aura pas le terme de l'an 2000 ?
R - Peut-être à propos de la perspective et encore. C'est très contesté par trois ou quatre pays dont l'Irlande, qui juge qu'il est prématuré de fixer un calendrier parce qu'après tout, on l'a déjà admis comme perspective. On pourrait accepter un calendrier à propos de l'UEO mais pas un calendrier artificiel pour un objectif aussi considérable, qui se heurte à des obstacles aussi connus et aussi nombreux que la défense européenne. C'est comme si on fixait un calendrier pour la suppression radicale du chômage ou la suppression de l'ensemble des pollutions, on verrait bien que ce n'est pas vrai d'une certaine façon.
Ce qui est vrai en revanche, c'est notre désir, notre volonté méthodique comme je le disais de progresser, étape après étape. Il y aura peut-être un calendrier de perspectives pour l'intégration de l'UEO dans l'Union européenne, mais on ne peut pas, artificiellement, donner une date pour régler un problème aussi considérable que celui que vous connaissez. Ce n'est pas une façon d'avancer moins vite, c'est une façon d'avancer plus sûrement.
Q - En ce qui concerne la capacité militaire, comment les partenaires ont-ils réagi à cette idée de transformer l'Eurocorps ?
R - Il n'y a pas eu de débat sur ce sujet aujourd'hui.
Q - Alors qu'est-ce qui a progressé ?
R - C'est la préparation des textes de Cologne. Simplement, je note que dans la discussion, il y a une synthèse qui se fait entre ceux qui veulent perfectionner les textes et les mécanismes de décision, et ceux qui considèrent que cela n'a de sens et cela n'aura d'utilité que si cela repose sur de véritables capacités et de véritables chaînes de décisions. Nous travaillons à une sorte de synthèse des mentalités sur la façon de progresser sur la défense européenne. Nous sommes sortis du déclaratoire, nous sommes sortis du pur affichage. La démarche Saint-Malo est appelé à s'élargir et à grandir mais il faut qu'elle s'inscrive dans une disponibilité accrue des Quinze. Il faut donc obtenir les différents fils de cette approche.
J'ai trouvé que c'était un bon entretien mais nous n'avons pas eu de discussion militaire.
Q - Au sujet du Kosovo ?
R - Concernant le Kosovo, il y a une déclaration que vous avez lu dans laquelle le sujet du jour est de rappeler que le chancelier Schröder va avoir demain des entretiens tout à fait importants avec M. Tchernomyrdine et M. Ahtisaari et je crois M. Talbot. Il s'exprimera en temps que président de l'Union européenne et nous savons bien sur quelle base nous travaillons. Nous avons tenu à rappeler que le président Ahtisaari était aussi notre représentant, notre envoyé dans cette affaire - ce qui a une grande importance -, peut-être après-demain si le déplacement annoncé à Belgrade de M. Tchernomyrdine et du président Ahtisaari se confirme.
Q - Ce n'est pas sûr ?
R - Si je le crois mais comme c'est à la présidence de l'annoncer, je ne veux pas le faire à sa place. Il est important de rappeler la cohésion des Européens, ce qu'ils attendent de ces réunions et de ces déplacements : l'objectif reste le même, plus que jamais. Il y aura beaucoup de réunions dans les jours qui viennent, elles sont toutes placées sous ce signe qui est l'obtention, le plus vite possible, d'une solution conforme à nos exigences légitimes pour aboutir le plus vite possible à la résolution au sein du Conseil de sécurité. Tous les contacts, tous les entretiens, tous les déplacements visent cet objectif.
Dans quelle mesure les annonces d'avant le week-end sont-elles fondées ?
C'est ce qui doit être maintenant vérifié, précisé, concrétisé. Nous les prenons avec circonspection. Mais en même temps, nous ne voulons pas passer à côté de quelque chose qui pourrait devenir la vraie réponse que nous attendons et nous continuons à soutenir le travail important par les Russes. Voilà l'état des choses aujourd'hui.
Q - (A propos de la suspension des frappes)
R - Non, ce n'est pas programmé. La chronologie, c'est :
- aujourd'hui la cohésion européenne et le rappel des bases à partir desquelles le chancelier Schröder et le président Ahtisaari travaillent ;
- sans doute mercredi ce déplacement à Belgrade ;
- évaluation ensuite par les directeurs politiques du G8 - il y a une réunion qui est programmée dans peu de temps - ;
- une réunion des ministres du G8 pour faire le point de la situation et aller, si les obstacles que vous connaissez tous bien sont levés, vers la résolution.
C'est à ce moment-là que se noueront tous les éléments, la confirmation expresse de l'acceptation par Belgrade, si on y parvient et si, notamment M. Tchernomyrdine et le président Ahtisaari y parviennent, le vote et la suspension des actions militaires.
Q - Rien d'autre n'est prévu ?
R - Non, ce qui est prévu à ce stade c'est le déplacement de M. Tchernomyrdine et M. Ahtisaari.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 juin 1999)
ENTRETIEN AVEC FRANCE INTER ET RTL :
Q - Comment est-ce que vous réagissez aux dernières ouvertures, ou éventuelles ouvertures de la part de Belgrade ?
R - Il faut réagir avec, naturellement, circonspection et exigence mais, en même temps, ne pas passer à côté de quelque chose qui serait l'amorce du véritable changement que nous attendons depuis des semaines. C'est ce qui a été fait d'ailleurs depuis Toulouse par les Français et les Allemands, et pendant la nuit du vendredi au samedi en concertation avec les autres ministres des Affaires étrangères occidentaux. J'ai eu M. Ivanov pendant le week-end. Je reste dans cet état d'esprit.
Nous nous approcherons le moment décisif et il faut que la réunion aujourd'hui à Bruxelles des Quinze nous permette de préciser la base à partir de laquelle le président en exercice, c'est-à-dire M. Schroeder, pourra travailler demain avec M. Tchernomyrdine, avec le président Ahtisaari, et sans doute avec M. Talbott pour les Américains, avant un éventuel déplacement à Belgrade de M. Tchernomyrdine et du président Ahtisaari - déplacement qui reste à confirmer mais qui pourrait se produire dans la foulée.
Nous avons également à redéfinir aujourd'hui, à préciser et à confirmer à quinze la base à partir de laquelle le président Ahtisaari qui est également mandaté par les Quinze, va travailler. Vous voyez, il y a trois journées très importantes, lundi, mardi, mercredi, si ce voyage a lieu. A partir de là, j'estime que les directeurs politiques du G8 et très vite les ministres des Affaires étrangères du G8 doivent prendre le relais. Il faut atteindre l'objectif qui est le nôtre au plus tôt, c'est-à-dire maintenant la résolution du Conseil de sécurité. Voilà comment je vois les prochains jours.
Q - D'accord, mais tout de même, il semblerait qu'il y ait encore un fossé entre les positions des occidentaux et ceux de Belgrade sur la question de savoir comment serait composée la force d'interposition ?
R - Naturellement, cela reste un des points durs, de même que n'est pas réglée la question de l'enchaînement des événements entre l'acceptation par Belgrade dont on voit poindre une acceptation de principe à partir du G8. C'est précisément cela qui doit être confirmé et précisé et il faut en voir les conditions de mise en oeuvre concrètes.
D'autre part, le vote de la résolution et d'autre part la suspension. Sur l'enchaînement, le "timing" entre ces différents éléments, la discussion se poursuit avec Moscou, puisque je rappelle que nous ne négocions pas avec Belgrade. M. Tchernomyrdine a des conversations avec Belgrade qui lui permette d'enregistrer les avancées, les évolutions, parce que, évidemment, le régime de Belgrade est bien obligé, au bout du compte, quand même, de commencer à tirer les conséquences de la situation dans lequel il s'est mis, qui est concrétisé par ses actions militaires depuis des semaines. Nous devons précisément ne pas relâcher cette pression, ne pas relâcher ce travail pour que les différents points qui restent à trancher, la force, et l'enchaînement des évènements, le soient au plus tôt.
Q - Est-ce que vous avez le sentiment que cette semaine est une fenêtre d'opportunités qui pourraient ne pas se reproduire de si tôt ?
R - Non, parce que tant que l'on n'a pas atteint l'objectif, l'effort ne se relâche jamais. On ne peut donc pas se dire qu'on a un moment X pour trancher et après on ne peut plus. Tant qu'on n'aura pas tout réglé, on continuera inlassablement. Il y a des moments spectaculaires et visibles dans le travail diplomatique, il y a des moments qui le sont moins mais la ténacité est le fil conducteur qui relie ces deux types de moment. J'ai rappelé qu'il y avait plusieurs échéances dans les jours qui viennent, de maintenant jusqu'à la réunion des Ministres du G8 qui est prévue pour les 9 et 10 juin prochain.
Après il va y avoir le Sommet du G8, nous n'allons pas relâcher notre effort dans les jours qui viennent pour atteindre l'objectif et pour que la résolution soit finalement votée dans les conditions que nous voulons. Les Russes ont obtenu l'acceptation par Belgrade des conditions qui seront mises dedans, ce qui permettra la suspension. Voilà l'objectif. Nous n'allons pas cesser ce travail une seule minute.
Q - Alors, du côté de l'OTAN, on dit la force supporte la politique, la politique supporte la diplomatie, à la diplomatie supporte la force, on voit que des bavures se sont multipliées. Vous ne croyez pas que ces bavures, justement, jouent un élément négatif sur l'opinion publique.
R - Toutes les bavures sont regrettables mais, à chaque fois ce sont des accidents. Ce n'est pas du tout comparable aux exactions qui sont commises délibérement et auxquelles l'action d'ensemble a pour objet de mettre un terme. Certaines opinions, pas toutes, montrent certains signes de lassitude mais avec malgré tout, un degré qui demeure très élevé de compréhension par rapport à cette action qu'il a bien fallu mener puisque Belgrade s'était opposé de façon indéfendable à toutes les possibilités de solution auparavant. Mais notre objectif est bien de trouver et d'imposer la bonne solution. Nous voulons un Kosovo qui puisse vivre dans la paix, dans la liberté, dans la sécurité. C'est l'objectif auquel nous travaillons, nous voulons l'atteindre le plus vite possible. Il ne faut pas opposer les différents éléments politiques, diplomatiques, militaires. Ils ont un seul objectif.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 juin 1999)
Quelques informations pour vous dire que nous avons eu un déjeuner de travail long et fort intéressant sur la défense européenne pour préparer les thèmes de Cologne. Les choses progressent sérieusement, méthodiquement et je pense que nous arriverons à Cologne à un bon texte, à une bonne déclaration, à un bon rapport de la présidence. J'espère que ce sera une étape de plus dans la continuité des démarches de Saint-Malo et de Toulouse plus récemment, sur le plan franco-allemand. Nous avançons de façon concrète et opérationnelle, de façon pragmatique, sans faire trop d'institutionnel prématuré mais en insistant surtout sur les capacités militaires, sur les filières et les mécanismes de décisions.
Nous ne voulons pas nous fixer un calendrier artificiel. Nous voulons avancer et maximiser à chaque fois, d'une étape sur l'autre, d'un rendez-vous sur l'autre, d'une présidence sur l'autre, tout ce que nous pouvons faire sur ce plan. C'est le point principal de ce déjeuner qui s'est fort bien passé. Il y a eu une fin de déjeuner avec M. Thaci que j'avais reçu à Paris longuement il y a quelques jours, le jour où je l'ai reçu, lui et M. Rugova.
Q - Le calendrier contraignant dans lequel vous ne voulez pas vous enfermer, cela veut-il dire qu'il n'y aura pas le terme de l'an 2000 ?
R - Peut-être à propos de la perspective et encore. C'est très contesté par trois ou quatre pays dont l'Irlande, qui juge qu'il est prématuré de fixer un calendrier parce qu'après tout, on l'a déjà admis comme perspective. On pourrait accepter un calendrier à propos de l'UEO mais pas un calendrier artificiel pour un objectif aussi considérable, qui se heurte à des obstacles aussi connus et aussi nombreux que la défense européenne. C'est comme si on fixait un calendrier pour la suppression radicale du chômage ou la suppression de l'ensemble des pollutions, on verrait bien que ce n'est pas vrai d'une certaine façon.
Ce qui est vrai en revanche, c'est notre désir, notre volonté méthodique comme je le disais de progresser, étape après étape. Il y aura peut-être un calendrier de perspectives pour l'intégration de l'UEO dans l'Union européenne, mais on ne peut pas, artificiellement, donner une date pour régler un problème aussi considérable que celui que vous connaissez. Ce n'est pas une façon d'avancer moins vite, c'est une façon d'avancer plus sûrement.
Q - En ce qui concerne la capacité militaire, comment les partenaires ont-ils réagi à cette idée de transformer l'Eurocorps ?
R - Il n'y a pas eu de débat sur ce sujet aujourd'hui.
Q - Alors qu'est-ce qui a progressé ?
R - C'est la préparation des textes de Cologne. Simplement, je note que dans la discussion, il y a une synthèse qui se fait entre ceux qui veulent perfectionner les textes et les mécanismes de décision, et ceux qui considèrent que cela n'a de sens et cela n'aura d'utilité que si cela repose sur de véritables capacités et de véritables chaînes de décisions. Nous travaillons à une sorte de synthèse des mentalités sur la façon de progresser sur la défense européenne. Nous sommes sortis du déclaratoire, nous sommes sortis du pur affichage. La démarche Saint-Malo est appelé à s'élargir et à grandir mais il faut qu'elle s'inscrive dans une disponibilité accrue des Quinze. Il faut donc obtenir les différents fils de cette approche.
J'ai trouvé que c'était un bon entretien mais nous n'avons pas eu de discussion militaire.
Q - Au sujet du Kosovo ?
R - Concernant le Kosovo, il y a une déclaration que vous avez lu dans laquelle le sujet du jour est de rappeler que le chancelier Schröder va avoir demain des entretiens tout à fait importants avec M. Tchernomyrdine et M. Ahtisaari et je crois M. Talbot. Il s'exprimera en temps que président de l'Union européenne et nous savons bien sur quelle base nous travaillons. Nous avons tenu à rappeler que le président Ahtisaari était aussi notre représentant, notre envoyé dans cette affaire - ce qui a une grande importance -, peut-être après-demain si le déplacement annoncé à Belgrade de M. Tchernomyrdine et du président Ahtisaari se confirme.
Q - Ce n'est pas sûr ?
R - Si je le crois mais comme c'est à la présidence de l'annoncer, je ne veux pas le faire à sa place. Il est important de rappeler la cohésion des Européens, ce qu'ils attendent de ces réunions et de ces déplacements : l'objectif reste le même, plus que jamais. Il y aura beaucoup de réunions dans les jours qui viennent, elles sont toutes placées sous ce signe qui est l'obtention, le plus vite possible, d'une solution conforme à nos exigences légitimes pour aboutir le plus vite possible à la résolution au sein du Conseil de sécurité. Tous les contacts, tous les entretiens, tous les déplacements visent cet objectif.
Dans quelle mesure les annonces d'avant le week-end sont-elles fondées ?
C'est ce qui doit être maintenant vérifié, précisé, concrétisé. Nous les prenons avec circonspection. Mais en même temps, nous ne voulons pas passer à côté de quelque chose qui pourrait devenir la vraie réponse que nous attendons et nous continuons à soutenir le travail important par les Russes. Voilà l'état des choses aujourd'hui.
Q - (A propos de la suspension des frappes)
R - Non, ce n'est pas programmé. La chronologie, c'est :
- aujourd'hui la cohésion européenne et le rappel des bases à partir desquelles le chancelier Schröder et le président Ahtisaari travaillent ;
- sans doute mercredi ce déplacement à Belgrade ;
- évaluation ensuite par les directeurs politiques du G8 - il y a une réunion qui est programmée dans peu de temps - ;
- une réunion des ministres du G8 pour faire le point de la situation et aller, si les obstacles que vous connaissez tous bien sont levés, vers la résolution.
C'est à ce moment-là que se noueront tous les éléments, la confirmation expresse de l'acceptation par Belgrade, si on y parvient et si, notamment M. Tchernomyrdine et le président Ahtisaari y parviennent, le vote et la suspension des actions militaires.
Q - Rien d'autre n'est prévu ?
R - Non, ce qui est prévu à ce stade c'est le déplacement de M. Tchernomyrdine et M. Ahtisaari.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 juin 1999)
ENTRETIEN AVEC FRANCE INTER ET RTL :
Q - Comment est-ce que vous réagissez aux dernières ouvertures, ou éventuelles ouvertures de la part de Belgrade ?
R - Il faut réagir avec, naturellement, circonspection et exigence mais, en même temps, ne pas passer à côté de quelque chose qui serait l'amorce du véritable changement que nous attendons depuis des semaines. C'est ce qui a été fait d'ailleurs depuis Toulouse par les Français et les Allemands, et pendant la nuit du vendredi au samedi en concertation avec les autres ministres des Affaires étrangères occidentaux. J'ai eu M. Ivanov pendant le week-end. Je reste dans cet état d'esprit.
Nous nous approcherons le moment décisif et il faut que la réunion aujourd'hui à Bruxelles des Quinze nous permette de préciser la base à partir de laquelle le président en exercice, c'est-à-dire M. Schroeder, pourra travailler demain avec M. Tchernomyrdine, avec le président Ahtisaari, et sans doute avec M. Talbott pour les Américains, avant un éventuel déplacement à Belgrade de M. Tchernomyrdine et du président Ahtisaari - déplacement qui reste à confirmer mais qui pourrait se produire dans la foulée.
Nous avons également à redéfinir aujourd'hui, à préciser et à confirmer à quinze la base à partir de laquelle le président Ahtisaari qui est également mandaté par les Quinze, va travailler. Vous voyez, il y a trois journées très importantes, lundi, mardi, mercredi, si ce voyage a lieu. A partir de là, j'estime que les directeurs politiques du G8 et très vite les ministres des Affaires étrangères du G8 doivent prendre le relais. Il faut atteindre l'objectif qui est le nôtre au plus tôt, c'est-à-dire maintenant la résolution du Conseil de sécurité. Voilà comment je vois les prochains jours.
Q - D'accord, mais tout de même, il semblerait qu'il y ait encore un fossé entre les positions des occidentaux et ceux de Belgrade sur la question de savoir comment serait composée la force d'interposition ?
R - Naturellement, cela reste un des points durs, de même que n'est pas réglée la question de l'enchaînement des événements entre l'acceptation par Belgrade dont on voit poindre une acceptation de principe à partir du G8. C'est précisément cela qui doit être confirmé et précisé et il faut en voir les conditions de mise en oeuvre concrètes.
D'autre part, le vote de la résolution et d'autre part la suspension. Sur l'enchaînement, le "timing" entre ces différents éléments, la discussion se poursuit avec Moscou, puisque je rappelle que nous ne négocions pas avec Belgrade. M. Tchernomyrdine a des conversations avec Belgrade qui lui permette d'enregistrer les avancées, les évolutions, parce que, évidemment, le régime de Belgrade est bien obligé, au bout du compte, quand même, de commencer à tirer les conséquences de la situation dans lequel il s'est mis, qui est concrétisé par ses actions militaires depuis des semaines. Nous devons précisément ne pas relâcher cette pression, ne pas relâcher ce travail pour que les différents points qui restent à trancher, la force, et l'enchaînement des évènements, le soient au plus tôt.
Q - Est-ce que vous avez le sentiment que cette semaine est une fenêtre d'opportunités qui pourraient ne pas se reproduire de si tôt ?
R - Non, parce que tant que l'on n'a pas atteint l'objectif, l'effort ne se relâche jamais. On ne peut donc pas se dire qu'on a un moment X pour trancher et après on ne peut plus. Tant qu'on n'aura pas tout réglé, on continuera inlassablement. Il y a des moments spectaculaires et visibles dans le travail diplomatique, il y a des moments qui le sont moins mais la ténacité est le fil conducteur qui relie ces deux types de moment. J'ai rappelé qu'il y avait plusieurs échéances dans les jours qui viennent, de maintenant jusqu'à la réunion des Ministres du G8 qui est prévue pour les 9 et 10 juin prochain.
Après il va y avoir le Sommet du G8, nous n'allons pas relâcher notre effort dans les jours qui viennent pour atteindre l'objectif et pour que la résolution soit finalement votée dans les conditions que nous voulons. Les Russes ont obtenu l'acceptation par Belgrade des conditions qui seront mises dedans, ce qui permettra la suspension. Voilà l'objectif. Nous n'allons pas cesser ce travail une seule minute.
Q - Alors, du côté de l'OTAN, on dit la force supporte la politique, la politique supporte la diplomatie, à la diplomatie supporte la force, on voit que des bavures se sont multipliées. Vous ne croyez pas que ces bavures, justement, jouent un élément négatif sur l'opinion publique.
R - Toutes les bavures sont regrettables mais, à chaque fois ce sont des accidents. Ce n'est pas du tout comparable aux exactions qui sont commises délibérement et auxquelles l'action d'ensemble a pour objet de mettre un terme. Certaines opinions, pas toutes, montrent certains signes de lassitude mais avec malgré tout, un degré qui demeure très élevé de compréhension par rapport à cette action qu'il a bien fallu mener puisque Belgrade s'était opposé de façon indéfendable à toutes les possibilités de solution auparavant. Mais notre objectif est bien de trouver et d'imposer la bonne solution. Nous voulons un Kosovo qui puisse vivre dans la paix, dans la liberté, dans la sécurité. C'est l'objectif auquel nous travaillons, nous voulons l'atteindre le plus vite possible. Il ne faut pas opposer les différents éléments politiques, diplomatiques, militaires. Ils ont un seul objectif.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 juin 1999)