Texte intégral
Monsieur le Ministre et cher ami,
Mesdames, Messieurs,
Vous m'avez convié à participer aujourd'hui au forum " Science, économie et société ", dont l'intitulé est " Science et économie : les grands défis ". Les débats de cette seconde session portent sur les relations entre science et industrie. Si l'économie est une science, l'industrie, elle, est un objet de l'économie. On parle d'" économie industrielle ", notamment à propos des théories de la firme... Quand on étudie les interactions entre science et industrie, on confronte donc deux champs différents : celui, théorique, de la connaissance à celui, pratique, de la production. Cette opposition bien classique, trop présente encore dans les esprits et dans les comportements, tant des milieux scientifiques que des cercles industriels, je souhaite résolument la dépasser, comme l'a fait mon collègue, le Ministre de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie, qui s'est exprimé hier devant vous. Le développement industriel passe par l'innovation, en effet, qui est - en quelque sorte - la science faite industrie et, à tout le moins, le produit de leur rapprochement à l'une et à l'autre.
1. L'innovation, la science faite industrie, est au cur de la croissance.
L'innovation se distingue de l'invention : quand la seconde n'est que création - si je puis dire -, la première est création intégrée dans un processus de production. L'innovation suppose le travail du chercheur, mais elle requiert en outre l'art de l'ingénieur. Pour reprendre les termes de cette session, l'innovation est ainsi, à proprement parler, la science faite industrie.
L'innovation est au coeur de la croissance dans les économies modernes. Elle consiste d'une part dans une innovation de produits, qui stimule la demande en faisant apparaître des produits nouveaux, et d'autre part dans une innovation de procédés, qui améliore les processus de production existants.
L'innovation de produits retrouve aujourd'hui sa prééminence. Les entreprises industrielles se sont engagées, davantage que par le passé, dans l'innovation technologique en faveur de produits nouveaux : 35 % innovent en produits, alors qu'elles étaient 29 % en 1990-1992.
L'innovation est aussi de moins en moins solitaire : 42 % des entreprises qui ont innové en produits ont collaboré avec d'autres entreprises ou organismes.
L'Etat est donc fondé à intervenir en matière d'innovation. Il l'est, au surplus, dans la mesure où l'innovation engrendre des externalités positives, c'est-à-dire dans la mesure où son rendement social est supérieur au rendement interne enregistré par l'entreprise qui en supporte la charge. Les Assises de l'innovation ont permis, au cours de l'année 1998, de définir les axes de la politique du gouvernement de Lionel JOSPIN en faveur de l'innovation.
2. Le gouvernement cherche à stimuler l'innovation, en rapprochant la science et l'industrie.
Cette politique vise d'abord à promouvoir un environnement plus favorable aux entreprises, pour permettre une prise de risque plus assumée, favoriser l'éclosion d'initiatives en plus grand nombre et permettre une croissance plus riche en emplois plus qualifiés. Eveiller les futurs ingénieurs - pendant leur formation - à l'esprit d'entreprise, favoriser fiscalement l'émergence d'un réseau de " business angels ", donner les moyens aux entreprises de récompenser la prise de risque par leurs salariés, rendre plus efficace et plus proche des P.M.I. l'action de l'Etat en matière d'aide aux entreprises : ce sont là autant de pistes suivies, autant d'illustrations de cette volonté !
Le gouvernement cherche aussi à développer le capital-risque, en mettant en place des contrats d'assurance-vie investis en actions ou capital-risque, et en créant un fonds public doté de 600 millions de francs. Ce fonds va contribuer à augmenter significativement l'offre de capital-risque, et à générer de l'ordre de 5 à 6 milliards de francs d'interventions en fonds
propres au bénéfice des P.M.E. innovantes.
Le gouvernement renforce - encore plus directement - les liens entre la science et l'économie. En cours de discussion, la loi sur l'innovation et la recherche va favoriser la création d'entreprises innovantes par les chercheurs. Ce projet doit remédier aux obstacles, qui entravent trop souvent l'établissement de rapports étroits et féconds entre la recherche publique et le monde de l'entreprise. Il va favoriser la mobilité, la création d'entreprises par les chercheurs, en leur permettant de s'impliquer dans la valorisation économique des travaux issus de leurs recherches ou de celles de leurs laboratoires. Ce projet doit aussi faciliter les collaborations entre le monde de la recherche et celui de l'entreprise, notamment en généralisant à l'ensemble des organismes de recherche certaines règles applicables aux E.P.S.T. et au C.E.A. Il doit enfin encourager la création d'organismes de valorisation spécifiques, en autorisant les organismes de recherche et d'enseignement supérieur à créer des structures d'incubation destinées à apporter une aide aux créateurs d'entreprises de haute technologie. Anticipant sur ce projet, en étroite concertation avec mon collègue Claude ALLEGRE, nous avons d'ores et déjà lancé deux appels à proposition, dotés chacun de 100 millions de francs, l'un pour favoriser le développement d'incubateurs, l'autre pour soutenir la création de fonds d'amorçage destinés à participer au premier " tour de table " des créations
d'entreprises.
Le gouvernement vise, en outre, à mieux adapter l'offre des organismes publics de recherche en matière de technologie à la demande des entreprises, par l'organisation de réseaux thématiques de recherche technologique associant laboratoires publics et entreprises.
Notre action a également pour ambition de promouvoir l'innovation technologique dans les P.M.I. C'est naturellement le rôle de l'ANVAR, dont les moyens d'intervention sont maintenus à un haut niveau. C'est aussi la ligne stratégique nouvelle, que nous avons retenue pour une utilisation efficace de nos crédits de recherche industrielle. C'est le sens de notre action pour une diffusion large des technologies-clefs et pour l'intégration rapide des acquis de la recherche dans les processus industriels. Tel est notamment l'objectif poursuivi au travers des actions engagées en faveur du développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Cette politique cherche enfin à améliorer les instruments de propriété industrielle, afin d'en faciliter l'accès aux P.M.E. et pour en réduire les coûts. A l'initiative de la France, une conférence intergouvernementale sera organisée, à cet effet, en juin prochain. La réforme du brevet européen est nécessaire : elle est, du reste, réclamée par les entreprises. Il importe de réduire le coût du brevet européen et d'améliorer sa sécurité juridique en harmonisant le contentieux.
Mesdames et Messieurs,
La création d'emplois passe par l'innovation. L'innovation est le produit du rapprochement entre la science et l'industrie. Ce rapprochement, le Gouvernement de Lionel JOSPIN essaie de le faciliter. Dans sa programmation budgétaire pour 1999, mon département ministériel a ainsi pour priorités : le maintien de l'effort de recherche-développement industriel relatif à la société de l'information : le renouvellement des cibles d'entreprises, notamment en direction des P.M.E.-P.M.I. et des entreprises médianes ; et enfin la participation à la relance du programme EUREKA. Parce qu'elle permet la création d'emploi, l'innovation, la science faite industrie, est - soyez-en convaincus ! - une priorité, un dessein, un grand défi pour le gouvernement et son Ministère en charge de l'Industrie.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 10 mai 1999)
Mesdames, Messieurs,
Vous m'avez convié à participer aujourd'hui au forum " Science, économie et société ", dont l'intitulé est " Science et économie : les grands défis ". Les débats de cette seconde session portent sur les relations entre science et industrie. Si l'économie est une science, l'industrie, elle, est un objet de l'économie. On parle d'" économie industrielle ", notamment à propos des théories de la firme... Quand on étudie les interactions entre science et industrie, on confronte donc deux champs différents : celui, théorique, de la connaissance à celui, pratique, de la production. Cette opposition bien classique, trop présente encore dans les esprits et dans les comportements, tant des milieux scientifiques que des cercles industriels, je souhaite résolument la dépasser, comme l'a fait mon collègue, le Ministre de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie, qui s'est exprimé hier devant vous. Le développement industriel passe par l'innovation, en effet, qui est - en quelque sorte - la science faite industrie et, à tout le moins, le produit de leur rapprochement à l'une et à l'autre.
1. L'innovation, la science faite industrie, est au cur de la croissance.
L'innovation se distingue de l'invention : quand la seconde n'est que création - si je puis dire -, la première est création intégrée dans un processus de production. L'innovation suppose le travail du chercheur, mais elle requiert en outre l'art de l'ingénieur. Pour reprendre les termes de cette session, l'innovation est ainsi, à proprement parler, la science faite industrie.
L'innovation est au coeur de la croissance dans les économies modernes. Elle consiste d'une part dans une innovation de produits, qui stimule la demande en faisant apparaître des produits nouveaux, et d'autre part dans une innovation de procédés, qui améliore les processus de production existants.
L'innovation de produits retrouve aujourd'hui sa prééminence. Les entreprises industrielles se sont engagées, davantage que par le passé, dans l'innovation technologique en faveur de produits nouveaux : 35 % innovent en produits, alors qu'elles étaient 29 % en 1990-1992.
L'innovation est aussi de moins en moins solitaire : 42 % des entreprises qui ont innové en produits ont collaboré avec d'autres entreprises ou organismes.
L'Etat est donc fondé à intervenir en matière d'innovation. Il l'est, au surplus, dans la mesure où l'innovation engrendre des externalités positives, c'est-à-dire dans la mesure où son rendement social est supérieur au rendement interne enregistré par l'entreprise qui en supporte la charge. Les Assises de l'innovation ont permis, au cours de l'année 1998, de définir les axes de la politique du gouvernement de Lionel JOSPIN en faveur de l'innovation.
2. Le gouvernement cherche à stimuler l'innovation, en rapprochant la science et l'industrie.
Cette politique vise d'abord à promouvoir un environnement plus favorable aux entreprises, pour permettre une prise de risque plus assumée, favoriser l'éclosion d'initiatives en plus grand nombre et permettre une croissance plus riche en emplois plus qualifiés. Eveiller les futurs ingénieurs - pendant leur formation - à l'esprit d'entreprise, favoriser fiscalement l'émergence d'un réseau de " business angels ", donner les moyens aux entreprises de récompenser la prise de risque par leurs salariés, rendre plus efficace et plus proche des P.M.I. l'action de l'Etat en matière d'aide aux entreprises : ce sont là autant de pistes suivies, autant d'illustrations de cette volonté !
Le gouvernement cherche aussi à développer le capital-risque, en mettant en place des contrats d'assurance-vie investis en actions ou capital-risque, et en créant un fonds public doté de 600 millions de francs. Ce fonds va contribuer à augmenter significativement l'offre de capital-risque, et à générer de l'ordre de 5 à 6 milliards de francs d'interventions en fonds
propres au bénéfice des P.M.E. innovantes.
Le gouvernement renforce - encore plus directement - les liens entre la science et l'économie. En cours de discussion, la loi sur l'innovation et la recherche va favoriser la création d'entreprises innovantes par les chercheurs. Ce projet doit remédier aux obstacles, qui entravent trop souvent l'établissement de rapports étroits et féconds entre la recherche publique et le monde de l'entreprise. Il va favoriser la mobilité, la création d'entreprises par les chercheurs, en leur permettant de s'impliquer dans la valorisation économique des travaux issus de leurs recherches ou de celles de leurs laboratoires. Ce projet doit aussi faciliter les collaborations entre le monde de la recherche et celui de l'entreprise, notamment en généralisant à l'ensemble des organismes de recherche certaines règles applicables aux E.P.S.T. et au C.E.A. Il doit enfin encourager la création d'organismes de valorisation spécifiques, en autorisant les organismes de recherche et d'enseignement supérieur à créer des structures d'incubation destinées à apporter une aide aux créateurs d'entreprises de haute technologie. Anticipant sur ce projet, en étroite concertation avec mon collègue Claude ALLEGRE, nous avons d'ores et déjà lancé deux appels à proposition, dotés chacun de 100 millions de francs, l'un pour favoriser le développement d'incubateurs, l'autre pour soutenir la création de fonds d'amorçage destinés à participer au premier " tour de table " des créations
d'entreprises.
Le gouvernement vise, en outre, à mieux adapter l'offre des organismes publics de recherche en matière de technologie à la demande des entreprises, par l'organisation de réseaux thématiques de recherche technologique associant laboratoires publics et entreprises.
Notre action a également pour ambition de promouvoir l'innovation technologique dans les P.M.I. C'est naturellement le rôle de l'ANVAR, dont les moyens d'intervention sont maintenus à un haut niveau. C'est aussi la ligne stratégique nouvelle, que nous avons retenue pour une utilisation efficace de nos crédits de recherche industrielle. C'est le sens de notre action pour une diffusion large des technologies-clefs et pour l'intégration rapide des acquis de la recherche dans les processus industriels. Tel est notamment l'objectif poursuivi au travers des actions engagées en faveur du développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Cette politique cherche enfin à améliorer les instruments de propriété industrielle, afin d'en faciliter l'accès aux P.M.E. et pour en réduire les coûts. A l'initiative de la France, une conférence intergouvernementale sera organisée, à cet effet, en juin prochain. La réforme du brevet européen est nécessaire : elle est, du reste, réclamée par les entreprises. Il importe de réduire le coût du brevet européen et d'améliorer sa sécurité juridique en harmonisant le contentieux.
Mesdames et Messieurs,
La création d'emplois passe par l'innovation. L'innovation est le produit du rapprochement entre la science et l'industrie. Ce rapprochement, le Gouvernement de Lionel JOSPIN essaie de le faciliter. Dans sa programmation budgétaire pour 1999, mon département ministériel a ainsi pour priorités : le maintien de l'effort de recherche-développement industriel relatif à la société de l'information : le renouvellement des cibles d'entreprises, notamment en direction des P.M.E.-P.M.I. et des entreprises médianes ; et enfin la participation à la relance du programme EUREKA. Parce qu'elle permet la création d'emploi, l'innovation, la science faite industrie, est - soyez-en convaincus ! - une priorité, un dessein, un grand défi pour le gouvernement et son Ministère en charge de l'Industrie.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 10 mai 1999)