Texte intégral
STEPHANE SOUMIER
Emmanuel MACRON est donc avec nous. Bonjour monsieur MACRON.
MONSIEUR LE MINISTRE EMMANUEL MACRON
Bonjour.
STEPHANE SOUMIER
Pourquoi il n'y a pas de loi Macron II finalement ?
EMMANUEL MACRON
Il y aura beaucoup de mesures qui continuent, c'est ce qui compte. Il y a une loi Macron I comme vous dites, loi Croissance et activité, qui est en train d'être discutée. On commence au Sénat la semaine prochaine. Elle va être enrichie, elle revient ensuite à l'Assemblée nationale avec pour objectif d'être votée puis promulguée, c'est-à-dire rentrée dans les faits, pour le 1er juillet prochain. C'est à peu près l'objectif qu'on peut se fixer parce que ce qui compte, c'est que ce soient des vraies décisions, des vraies mesures pour les Françaises et les Français. On va donc enrichir dans les prochaines semaines et les prochains mois toutes les lois qui peuvent exister. Il ne faut pas rentrer dans cette technique, mais le gouvernement à travers cette loi puis d'autres textes continue à réformer l'économie. C'est cette volonté de réforme que je pousse. Et donc la réforme de l'économie, elle passe par quoi ? Aller plus loin pour l'entrepreneuriat, aller plus loin pour les TPE-PME, aller plus loin pour le numérique.
STEPHANE SOUMIER
On reprend ces trois points dans un instant, sauf que ce n'est pas anecdotique. Lundi, vous êtes chez ATOL et vous dites : « Il y aura une loi Macron II », puis mercredi on vous dit : « Non, il n'y aura pas de loi Macron II. Nous, on n'a rien inscrit au calendrier législatif. » Ce n'est pas anecdotique cette séquence. Ça veut dire quoi ? Vous preniez trop de place à un moment ?
EMMANUEL MACRON
Non !
STEPHANE SOUMIER
Macron I, Macron II, Macron III, Macron IV. Attendez !
EMMANUEL MACRON
Ce sont des débats qui ne m'intéressent pas et qui n'intéressent pas.
STEPHANE SOUMIER
Mais si, ils sont intéressants.
EMMANUEL MACRON
Non, parce que qu'est-ce que je dis lundi quand, en effet, le lendemain de cette journée électorale je vais sur le terrain ? Je dis la même chose que le Premier ministre la veille et la même chose que ce que le président de la République a pu dire il y a quelques semaines : on continue, on réforme le pays, on continue à avancer. Et je dis on annoncera et on prendra des mesures en matière de simplification pour les PME-TPE tous les sujets vont être ouverts on continue et on simplifie pour les entrepreneurs ; on continue et on simplifie pour investir davantage et plus vite et on continue et on simplifie pour le numérique. C'est ça qui compte, c'est ça ce qui compte. Après, il y a un débat je dirais politico-parisien qui s'est installé à ce moment-là.
STEPHANE SOUMIER
Non, non ! Justement, il n'est pas politico-parisien parce que tout le monde a vu avec quelle détermination vous avez fait avancer l'ensemble des points que vous vouliez faire avancer dans la loi Macron I. Est-ce que les autres ministres qui porteront des textes que donc vous ne porterez plus feront preuve de la même détermination ? C'est là où c'est intéressant quand même pour l'ensemble de ceux qui s'intéressent à la réforme en France aujourd'hui.
EMMANUEL MACRON
Mais je viens d'évoquer différents sujets.
STEPHANE SOUMIER
Oui, mais sauf qu'il faut être dispersés partout donc après, qu'est-ce qu'il reste ?
EMMANUEL MACRON
Non. D'abord, moi j'ai toujours travaillé avec mes collègues y compris sur la loi Croissance Activité qu'on a portée ensemble. Je les défends parce que c'est fondamental pour la croissance mais les sujets que je viens de vous évoquer, ils sont de la compétence d'un Ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, donc bien évidemment que je les porterai. Vous avez le sentiment que ma détermination aujourd'hui devant vous a changé par rapport à celle de lundi ?
STEPHANE SOUMIER
Je n'en sais rien. La question que je me pose
EMMANUEL MACRON
Je vous laisse planer le moindre doute ? Je l'évacue immédiatement.
STEPHANE SOUMIER
Oui, sauf que vous lirez partout que vous avez été recadré. Que votre détermination soit pleine et entière, personne n'en doute et effectivement, on peut le voir dans vos yeux pour ceux qui vous écoutent à la radio, sauf que peut-être que cette détermination fait de l'ombre à d'autres qui trouvent que : « Mon Dieu, il prend trop de place, donc allez hop ! » Et c'est le jeu politique ça, et c'est le jeu politique qui, à un moment, freine justement l'esprit des réformes que vous voulez mettre en place.
EMMANUEL MACRON
Je ne crois pas à ce jeu politique ou, en tout cas, à sa puissance. La France vit un moment de son histoire politique et économique qui impose à chacune et chacun de prendre ses responsabilités. Je les prends auprès d'un Premier ministre et d'un président de la République qui les prennent et donc oui, on continue à avancer au même rythme, avec la même ambition.
STEPHANE SOUMIER
Concrètement, investissements. J'ai reçu, et je vais vous en faire part, beaucoup de messages et c'est là qu'on comprend que vous suscitez beaucoup d'attente beaucoup de messages et notamment sur l'investissement. On est sur BFM Business, on va faire un tout petit peu de technique et on va parler un tout petit peu d'entreprise. Qu'est-ce qui se passe là ? Les effets d'annonce sur l'investissement, mais mon Dieu !, à quoi êtes-vous en train de jouer, monsieur MACRON ou même ça retombe sur nous vous les journalistes ? Est-ce que oui ou non il y a quelque chose sur l'investissement, et s'il y a quelque chose, dites-le vite. Tant qu'on ne sait pas, l'idée c'est qu'on va mettre le frein justement sur l'investissement en attendant les mesures gouvernementales.
EMMANUEL MACRON
Vous avez tout à fait raison. Première chose, pour l'investissement c'est la stabilité et la confiance. Vous savez pour notre économie, moi je crois aux trois temps fondamentaux : rétablir la confiance, accélérer l'investissement, déclencher l'emploi. C'est comme ça que ça marche, l'économie, c'est ça ce qu'on doit faire. La confiance, on la consolide avec quoi ? La stabilité d'une politique économique. C'est la stabilité qui depuis janvier 2014 a été annoncée par le président de la République, présentée dans le détail en avril 2014 par le Premier ministre, c'est qu'on appelle Pacte de responsabilité et de solidarité. C'est un Pacte qui définit année après année les baisses d'impôts et de charges pour nos entreprises et les économies qu'on met en face. Ça, c'est la stabilité. Ensuite, le volontarisme dans les réformes. On modernise l'économie, ce qu'on a fait avec la loi Croissance activité et ce qu'on va continuer de faire sur les chantiers que j'évoquais. Et aujourd'hui, on est dans une reprise de cycle, on le voit bien, parce qu'on fait ces réformes. La confiance est en train de s'installer et on a des voyants qui se mettent au vert. Le prix du pétrole est bas, l'eurodollar est plus favorable, on a des taux d'intérêt qui sont faibles. Simplement quand je regarde l'année 2014, l'investissement privé est à zéro et donc pour que ça reparte et qu'on embauche, il faut investir. Cet investissement, on veut le déclencher en continuant les réformes et en montrant le volontarisme parce que les acteurs économiques qui nous regardent se disent à ce moment-là : « On peut avoir confiance en eux pour moderniser le pays » et il faut quelques mesures conjoncturelles pour accompagner cela. Et donc les mesures conjoncturelles, elles seront annoncées mercredi prochain. Nous y travaillons auprès du président de la République et du Premier ministre ; mercredi prochain il y a un séminaire gouvernemental qui se réunira autour du président et des annonces seront faites. Tout ça sera clarifié.
STEPHANE SOUMIER
Amortissement accéléré. Si je vous dis « amortissement accéléré », c'est technique mais l'ensemble de ceux qui nous écoutent savent de quoi on parle. C'est dans les tuyaux ?
EMMANUEL MACRON
La décision n'est pas prise, elle le sera mercredi prochain. Mon avis personnel, c'est que ça fait partie des bonnes mesures parce que la trésorerie n'est pas très chère pour les grands groupes, mais pour les TPE et les PME le taux d'escompte de l'argent puisque vous rentrez dans la technique n'est pas le même.
STEPHANE SOUMIER
Tout à fait, tout à fait, parce qu'eux passent par les banques.
EMMANUEL MACRON
Eux passent par les banques, vous avez tout à fait raison. Et donc, c'est vrai que si on leur permet d'amortir plus vite ou davantage, ça fait partie des techniques qui peuvent être bonnes pour relancer l'investissement au moment de ce cycle.
STEPHANE SOUMIER
Mais alors, c'est clair qu'il faut aller très, très vite là-dessus.
EMMANUEL MACRON
On va aller très vite, c'est mercredi prochain, le Premier ministre l'a dit hier. On va non seulement aller très vite mais surtout, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ces mesures en faveur de l'investissement privé, on va les prendre en accompagnement de ce qu'on est en train de faire puisqu'on a des programmes d'investissement d'avenir sur notre politique industrielle. On met de l'argent public pour déclencher de l'investissement privé ; on a un milliard et demi qui a été mis sur ces solutions industrielles pour la France de demain qui ont permis de déclencher deux milliards d'investissement privé. On voit qu'on arrive à déclencher quelque chose. On a tous nos instruments mais ça, c'est de la relance conjoncturelle quand on accélère ça. A côté de ça, il y a tout le travail structurel comme on dit, c'est-à-dire comment on modernise notre économie, comment on déverrouille certains aspects et comment aussi on rétablit la confiance avec des éléments de simplification pour les entrepreneurs et celles et ceux qui embauchent.
STEPHANE SOUMIER
Sur le travail et sur l'emploi et ça va nous amener à l'industrie et notamment à l'ensemble des cycles industriels. Tenez, en passant ! puisque vous avez parlé de votre investissement public, Arnaud MONTEBOURG ce matin vous accuse de tailler à la serpe. La phrase exacte, alors c'est du Montebourg : « Je préfère la ruche industrieuse et protubérante aux haies taillées au cordeau des jardins à la française ». C'est vous, les haies taillées au cordeau des jardins à la française. Ça veut dire que vous avez taillé à la serpe dans ses plans industriels et dans sa politique industrielle.
EMMANUEL MACRON
Vous savez, deux choses. La première : quand on est un responsable politique, il y a une élégance et un principe républicain qui est qu'on ne commente pas ce que fait son successeur et moi, je considère qu'on n'a pas à commenter ce que dit son prédécesseur, donc je m'en tiendrai à cette élégance et à cette politesse républicaine. Maintenant, sur le fond
STEPHANE SOUMIER
[rires] Mais
EMMANUEL MACRON
Non, mais dans la vie avec quelques règles de comportement, ça aide toujours à mieux vivre.
STEPHANE SOUMIER
Oui, mais à partir du moment où en face il les brise, ces règles de comportement ! Ça fait un petit peu « je me défausse ».
EMMANUEL MACRON
Non, je ne me défausse pas parce que je vais répondre sur le fond mais je ne veux pas polémiquer sur la forme. Ça ne m'intéresse pas et je pense que l'économie française mérite mieux. Moi, je ne suis pas dans le ressentiment, je m'occupe d'économie. Maintenant sur le fond, qu'est-ce que je fais ? Je dis simplement trente-quatre priorités, ça veut dire qu'il n'y a plus de priorités. N'importe quel chef d'entreprise qui nous écoute aujourd'hui sait qu'il n'a pas trente-quatre priorités et même quand on est un très grand pays, on n'a pas trente-quatre priorités. C'était donc très important pour faire bouger des projets qui sont remontés à la surface. Il y en a qui marchent, il y en a qui ne marchent pas. Et puis dans ceux qui fonctionnent, qui sont tous portés par des entrepreneurs et des entrepreneuses, on se dit quand on regarde la logique de client, la logique industrielle, la capacité à se développer, il y a énormément de synergies donc on les regroupe en quelques solutions industrielles parce que je préfère ce terme à celui de plan. Et quand on veut préparer la France de dix ans, moi mon objectif c'est une stratégie économique pour la France 2025. C'est ça mon quotidien. Et donc, quand on veut regarder quelle doit être notre France industrielle parce que nous avons un destin industriel, on voit bien qu'on a des solutions industrielles qui se dessinent, donc on a regroupé ces actions pour qu'elles aient à la fois plus de synergies entre elles en termes de R&D, en termes d'accès à des marchés, et cætera. Ensuite, donner plus de place aux PME, aux TPE, aux ETI parce qu'il ne faut pas que ce soit capturé par des grands groupes et c'est ce que j'ai demandé qu'on rouvre et, 3°) qu'on ait une stratégie à l'international. Parce que créer les plans de demain dans un an, dans deux ans, dans trois ans en franco-français, ça n'a plus de sens dans le monde où on vit, et ces solutions industrielles ont donc une vocation à l'international. C'est ça que nous faisons. Il n'y a pas un centime d'argent public en moins dans cette organisation : elle est plus pragmatique, elle pourra ainsi être mieux suivie, elle est plus efficace pour les entreprises qui les portent.
STEPHANE SOUMIER
Plus d'efficacité, moins de bruit ?
EMMANUEL MACRON
C'est vous qui le dites. Ça me va comme formule.
STEPHANE SOUMIER
Mais c'est quoi une politique industrielle, Emmanuel MACRON ? Est-ce que ce n'est pas une illusion ?
EMMANUEL MACRON
Je ne crois pas.
STEPHANE SOUMIER
Est-ce que c'est à l'Etat de définir comme ça des lignes industrielles et des secteurs ?
EMMANUEL MACRON
Non, mais pas du tout. Vous savez, moi je pense qu'il y a un espace entre en effet une économie administrée qui à mes yeux n'a plus cours aujourd'hui, et le libre fonctionnement du marché qui est une vision théorique pour ne pas dire irénique de l'économie. Vous savez, les grandes économies mondiales d'aujourd'hui, qu'il s'agisse des Etats-Unis ou de la Chine, ce ne sont pas des économies où l'Etat n'a aucune place. Vous savez, moi j'étais encore conseiller du président de la République à l'Elysée quand il y a eu l'affaire BNP Paribas. Je me souviens de ce que c'est, de la brutalité d'un Etat fédéral contre une entreprise étrangère ; je l'ai vécu. Il ne faut pas non plus qu'on soit naïf. Et qu'est-ce que ça veut dire avoir une politique industrielle ? Ça veut dire, en ce qui me concerne, croire dans le marché, vouloir aider nos entreprises par des choix macroéconomiques pour qu'elles réussissent précisément dans la compétition internationale et, ensuite, accompagner la montée en gamme et la spécialisation sur ce qui fera l'économie de demain.
STEPHANE SOUMIER
Mais ça, ce n'est pas à l'Etat de le définir.
EMMANUEL MACRON
Ces priorités industrielles, elles ne sont pas définies par l'Etat. Ces priorités industrielles, elles ont été définies en mettant les entreprises autour de la table, en faisant réfléchir nombre d'acteurs privés et publics qui ont proposé ces projets et chacun de ces projets, chacune de ces actions viennent du secteur privé. Le véhicule deux litres au cent, ce n'est pas l'Etat qui a dit : « Il va falloir faire un véhicule deux litres au cent », c'est PSA et RENAULT qui ont dit : « Nous, on travaille sur ce projet. Il est important, il est disruptif mais si on reste tout seul, c'est des choses sur lesquelles on ne va pas vraiment avancer ». Et donc, à quoi sert l'Etat en France qui est un pays un peu particulier ? On n'a pas le mittlestand allemand ou la Silicon Valley. Il y a une forme d'organisation autour de l'Etat et de ses grands groupes. C'est comme ça, mais donc il faut jouer sur nos forces. C'est d'abord de mettre les facteurs autour de la table. Ça a énormément de puissance parce que vous les faites travailler ensemble. Véhicule deux litres au cent, pour continuer cet exemple : on a mis autour de la table les deux constructeurs français les deux ensemble, ils bossent ensemble au quotidien, ils ont chacun leur chef de projet.
STEPHANE SOUMIER
Ce n'est pas bon, ça. C'est bon, ça ?
EMMANUEL MACRON
C'est très bon.
STEPHANE SOUMIER
Vous connaissez la phrase : « Qu'est-ce qu'un chameau ? C'est un cheval dessiné par un comité ». Vous arrivez avec une espèce de moteur
EMMANUEL MACRON
Non, non, non. Ce n'est pas un comité Théodule, ce sont des hommes et des femmes de business, d'affaires, qui se mettent autour de la table, qui définissent le projet, qui travaillent ensemble et nous, qu'est-ce qu'on fait ? On dit si vous allez dans ce sens-là, on met un euro d'argent public là quand vous en mettez au moins un en face. Bilan des courses, je vous le dis, on a investi un milliard et demi sur ces priorités industrielles depuis septembre 2013, date à laquelle le président a lancé ce projet, et on a déclenché au total trois milliards et demi d'investissement. Oui c'est efficace, oui c'est comme ça qu'on monte en charge. Vous savez, la France a à un moment oublié qu'on pouvait avoir en effet une politique industrielle en se remettant aux lois du marché. Ça a existé pendant plusieurs décennies.
STEPHANE SOUMIER
Sauf qu'on ne l'a jamais oubliée, oui. Il y a toujours eu l'illusion.
EMMANUEL MACRON
Non. A la fin des années quatre-vingts, les années quatre-vingt-dix et une bonne partie des années deux mille, on l'a oublié. On n'avait plus vraiment de politique industrielle. Le résultat : on s'est désindustrialisé.
STEPHANE SOUMIER
Mais vos commissaires à la réindustrialisation, vos commissaires je ne sais même plus comment ils s'appellent aujourd'hui est-ce qu'ils ne maintiennent pas justement l'illusion qu'on peut essayer de résister alors qu'il faut se transformer ?
EMMANUEL MACRON
Non. On a dans chaque région ce qu'on appelle un commissaire du redressement productif dont j'ai réformé les méthodes de fonctionnement en les inscrivant dans les services de l'Etat auprès du préfet et des directeurs régionaux. Ils servent à quoi ? Ce sont des chevaux légers qui vont aux côtés des entreprises qui sont en difficulté pour organiser précisément l'ensemble des moyens publics pour les aider. Vous savez, on a tous les jours. C'est très efficace parce qu'on sauve des entreprises. En fin d'année dernière, j'étais chez ARC INTERNATIONAL, cas formidable. On s'est battu jour et nuit
STEPHANE SOUMIER
L'un des premiers sites industriels de France, ARC INTERNATIONAL.
EMMANUEL MACRON
Exactement, l'un des premiers sites industriels, un fleuron de notre industrie. Ils allaient fermer ; pourquoi ? Parce que difficultés conjoncturelles ; les actionnaires actuels n'arrivaient pas à se mettre d'accord ; on a trouvé un fonds ; on a réussi à mettre d'accord les créanciers, à stopper le travail des banques mais ce n'est pas forcément un processus naturel.
STEPHANE SOUMIER
Mais vous faites du Montebourg là, Monsieur le Ministre ! Je suis désolé.
EMMANUEL MACRON
Non !
STEPHANE SOUMIER
Mais si, parce que derrière ARC INTERNATIONAL, il a la concurrence mondiale face à lui. Il se trouve qu'effectivement ce dossier, on le connaît bien. Il a aujourd'hui des verriers turcs qui sont encore plus efficaces.
EMMANUEL MACRON
Mais non, pas du tout, parce qu'il a des produits de meilleure qualité. Quel était le problème ? C'était un problème financier, ce n'était pas un problème industriel.
STEPHANE SOUMIER
Vous ne croyez pas qu'on va se retrouver dans deux ans avec ARC INTERNATIONAL qui, de la même façon, à un moment au bout d'une logique qui est une logique politique, va arriver
EMMANUEL MACRON
Pardon d'être en désaccord avec vous mais je pense véritablement qu'il ne faut pas sombrer dans ce défaitisme. Vous avez des industries qui, en effet parfois, n'ont plus de perspectives. Il faut le constater. On a un cas qui est très difficile à vivre en ce moment, qui est éminemment douloureux : MORY DUCROS. MORY DUCROS, on l'a regardé dans tous les sens, on s'est battu. En effet, il y a un actionnaire qui a fait défaut mais là, vous avez une surcapacité dans le fret routier. On ne va pas faire croire ce qui est irresponsable, c'est de faire croire aux salariés qu'ils ont une perspective d'avenir quand il n'y en a plus dans ce secteur, et donc il ne faut pas protéger inutilement des emplois, il faut protéger les salariés. C'est ça le changement économique. A l'inverse, vous avez des entreprises qui ont des difficultés passagères mais qui ont un avenir économique. Sur le cas d'ARC INTERNATIONAL, on l'a bien regardé, il y a un avenir économique au modèle mais il y avait des difficultés d'ordre financier. Parce que quand vous avez des difficultés à un moment, vous ne pouvez plus monter en gamme ; vous ne pouvez plus vous battre à l'international et, oui, quand vous trouvez des nouveaux investisseurs, que vous vous battez, ce n'est pas être ringard. C'est aussi se battre pour notre économie parce que, vous savez, on a un tissu industriel. Il y a des pans de cette industrie qui parfois n'ont plus de perspectives, ça ne sert à rien de faire croire aux gens qu'on va leur en donner. Il y en a qui sont en difficulté conjoncturelle, il faut se battre pour les recapitaliser, pour investir pour qu'elles montent en charge. Si on accepte la défaite sur cette partie de l'industrie classique, on fait une erreur magistrale parce qu'on détruit le capital qui a été investi dans ces entreprises et parce qu'on désespère nombre de Françaises et de Français. J'ai un très bon exemple outre ARC INTERNATIONAL. J'ai été rouvrir la ligne de production chez TRIMET.
STEPHANE SOUMIER
Je ne sais pas ce que c'est ça, TRIMET.
EMMANUEL MACRON
TRIMET, tout le monde pensait que c'est foutu. Ça produit de l'aluminium dans les Alpes. Ça produit de l'aluminium, c'est dans la région Rhône-Alpes. On disait : « C'est fichu ». Non ! On s'est battu avec précisément les énergéticiens. On a réussi à trouver des investisseurs.
STEPHANE SOUMIER
Je vous ramène là-dessus et j'en suis désolé, mais quand MONTEBOURG faisait ça pour MORY DUCROS, c'était une illusion ; quand vous, vous faites ça pour ARC INTERNATIONAL, ce n'est pas une illusion.
EMMANUEL MACRON
D'abord, moi je ne rentre pas dans ce débat.
STEPHANE SOUMIER
C'est vous qui l'avez cité. Je ne voulais pas vous amener là-dessus. C'est vous qui l'avez citée en l'occurrence cette entreprise qui est en train de calencher.
EMMANUEL MACRON
Je ne dis pas que c'est une illusion. Je dis simplement qu'il faut regarder au cas par cas quand il y a un avenir industriel ou quand il n'y en a pas et c'est ça notre responsabilité.
STEPHANE SOUMIER
Monsieur le Ministre, vous m'avez dit tout à l'heure on est en toute transparence et ils en ont l'habitude, les auditeurs de BFM Business est-ce qu'on peut « high jacker » l'antenne et donc on peut rester ensemble peut-être un peu plus longtemps que ce qu'on avait prévu ?
EMMANUEL MACRON
Tout à fait.
STEPHANE SOUMIER
C'est parfait. A ce moment-là, je vous poserai après huit heures des questions sur DAILYMOTION parce que je ne comprends pas du tout cette séquence autour de DAILYMOTION.
EMMANUEL MACRON
Très bien, alors je vais vous l'expliquer.
STEPHANE SOUMIER
D'abord l'industrie, c'est l'emploi enfin, c'est l'emploi. Les cycles industriels et les cycles de travail, qu'est-ce qu'il y a vraiment sur la table là-dessus ? Qu'est-ce que vous voulez faire ? Comment est-ce que vous voulez faire évoluer l'ensemble du - alors je ne sais même pas si c'est droit du travail, contrat de travail pour donner plus de souplesse à l'industrie ?
EMMANUEL MACRON
Je reviens quand même sur votre formule de cycle industriel. On a un cycle industriel qui repart aujourd'hui, qui est la réindustrialisation possible de notre pays.
STEPHANE SOUMIER
Elle est à nouveau compétitive là l'industrie française à votre avis ?
EMMANUEL MACRON
Il y a deux éléments dans la compétitivité. Il y a la compétitivité prix, ce qu'on a fait avec la baisse des charges et des impôts va dans ce sens. Quarante milliards entre 2015 et 2017 d'allègements de charges et de fiscalité pour les entreprises, c'est autant remis sur les marges. On a stabilisé la baisse des marges des entreprises qui, depuis des années, avait cours. Stabilisation. On repasse en termes de coûts du travail sous le coût du travail horaire allemand depuis septembre dernier. Donc on a les premiers résultats et ça, c'est bon pour les marges. Ensuite, l'avenir industriel, le vrai, on le définit en remontant en gamme, en se spécialisant sur les bons secteurs. C'est ce qu'on appelle la compétitivité hors coûts. Si on n'a pas de marges, on ne peut pas réinvestir et donc là-dessus, c'est précisément aider en matière de R&D, pousser les entreprises à se spécialiser et là, on a une nouvelle industrie mondiale qui se dessine. D'abord parce que les cycles de production ne sont plus les mêmes ; ensuite la chaîne de valeur ajoutée qui était devenue mondiale c'est pour ça que moi, je n'ai jamais cru à la démondialisation ou au repli sur soi, c'est tout le débat qu'on doit avoir avec le Front national c'est une illusion. Une partie parfois de la gauche vit sur cette illusion, c'est une erreur. La chaîne de production, elle est mondiale et on a subi pendant vingt ans une délocalisation progressive de notre tissu industriel pour des pays à moindres coûts. On se bat là-dessus, on s'est défendu et en même temps on voit bien qu'on relocalise des productions, elles se re-régionalisent. Et donc notre bataille aujourd'hui, c'est au moment où il y a ces relocalisations qui existent, ou le développement d'une nouvelle industrie, d'être les meilleurs en innovation, en formation, en coûts. On peut le faire, on a tous les instruments pour ça. Ensuite, c'est de considérer que cette nouvelle forme d'innovation elle est beaucoup plus disruptive, ça va plus vite. Ça bouge chaque jour et c'est ce qu'on appelle l'industrie 4.0 côté allemand, c'est l'industrie du futur.
STEPHANE SOUMIER
Comment est-ce qu'on adapte le contrat de travail à ce que vous venez de décrire ? Attendez, vous savez quoi ? Vous répondez dans trois minutes.
EMMANUEL MACRON
Très bien.
STEPHANE SOUMIER
Oui, quand même on est une entreprise nous aussi, vous savez.
EMMANUEL MACRON
Vous devez vivre.
STEPHANE SOUMIER
On marque une pause et on se retrouve dans trois minutes avec Emmanuel MACRON. [ ] On reste avec Emmanuel MACRON, merci beaucoup d'être resté encore un petit peu avec nous. Donc, deux choses, parce que le temps tourne et vous avez un rendez-vous, je ne veux pas non plus mettre la République en panne. Deux choses. D'abord, donc, sur le travail, sur l'organisation du travail, qu'est-ce qu'il y a dans les tuyaux pour se marier justement à ce cycle industriel qui va toujours plus vite et que vous avez décrit ? Un nouveau CDI, un contrat de projet ? Juste améliorer ce que les entreprises aujourd'hui peuvent faire en cas d'accord majoritaire dans l'entreprise ? Quelles sont exactement les intentions du gouvernement, Emmanuel MACRON ?
EMMANUEL MACRON
Alors, vous savez, il faut voir ce que l'on est en train de faire et ce que l'on va faire. Mais, juste donner le chapeau, c'est-à-dire la philosophie. Qu'est-ce qui est clef ? C'est que l'on reconnaisse que pour les entreprises et les entreprises et les entrepreneurs il y ait un droit à l'erreur. Il y ait un droit à l'erreur. C'est-à-dire que l'on peut se tromper quand on embauche quelqu'un et surtout on peut se tromper quand on réembauche et que ce cycle qui repart, eh bien d'un seul coup s'effondre, et ça c'est vrai de la TPE aux grands groupes, c'est vrai de la TPE aux grands groupes. Parce que quand vous prenez un nouveau chantier, un deuxième, et puis que vous dites « j'aurais peut-être besoin de quelqu'un pour m'aider », que vous l'embauchez et puis que six mois plus tard, vous perdez un chantier, vous voulez pouvoir en effet vous séparer de ce salarié, vous le faites à contrecoeur, mais parce que vous n'avez plus d'activité. Et donc, si on reste dans une espèce
STEPHANE SOUMIER
Ça aujourd'hui ce n'est pas possible, il n'y a pas assez de souplesse à travers les CDD et l'ensemble des types de contrats ?
EMMANUEL MACRON
Non, on est Voilà. Donc, qu'est-ce que l'on a fait, déjà ? On a, sur les restructurations, sur les plans sociaux, les licenciements collectifs, pour les grands groupes, beaucoup simplifié les choses. C'est la loi de 2013, on les a encadrés dans le temps et limités en montants. Et la loi Croissance et activité, que je suis en train de porter, elle sécurise ce dispositif, en achevant de préciser les points qui sont très techniques, mais importants, pour pas qu'il y ait d'incertitudes, parce que sinon, une entreprise qui investit, un investisseur qui s'installe en France, eh bien il regarde qu'est-ce qui va se passer, si tout allait mal, et il décide souvent de ne pas investir, parce que c'est trop compliqué. Donc, ça, on l'a sécurisé, pour plus de visibilité. Si ça devait aller mal sur le plan individuel, on a le licenciement individuel, et là, on a sécurisé les choses par la réforme des Prud'hommes qui est en cours
STEPHANE SOUMIER
Absolument.
EMMANUEL MACRON
qui va plus vite et qui donne de la visibilité à travers un référentiel. Ensuite
STEPHANE SOUMIER
Référentiel et pas barème, vous dites beaucoup « on ne peut pas barémiser la justice », c'est ça l'idée, hein.
EMMANUEL MACRON
Non, c'est un sujet technique, juridique
STEPHANE SOUMIER
Oui oui oui.
EMMANUEL MACRON
On ne peut pas imposer aux juges un barème, on peut donner un référentiel aux parties, pour qu'elles trouvent un compromis en lui disant : si on regarde les années précédentes, les juges ont donné ces peines, mettez-vous d'accord là-dessus.
STEPHANE SOUMIER
D'accord. Bon
EMMANUEL MACRON
Ensuite, qu'est-ce qu'on a fait ? On a dit
STEPHANE SOUMIER
Oui, mais c'est qu'est-ce que vous allez faire, qui m'intéresse
EMMANUEL MACRON
Non, non, on n'est pas en train de faire, parce que ce n'est pas encore totalement dans la vraie vie. On a dit : il faut que quand il y ait un accord majoritaire au niveau de l'entreprise, on puisse organiser différemment le temps de travail et les capacités à produire, organisation dans le temps, les salaires, le rythme de travail, etc., c'est ce que l'on a appelé « les accords de maintien dans l'emploi défensifs ». Quand une entreprise a des difficultés, si elle arrive à passer un tel accord majoritaire, alors elle doit pouvoir s'organiser. Cet esprit-là a permis de conclure beaucoup d'accords de compétitivité, c'est ce qu'ont fait par exemple les industries automobiles.
STEPHANE SOUMIER
Absolument.
EMMANUEL MACRON
Elles ont du coup rouvert des lignes, rouvert des lignes. Moi j'ai été rouvrir la ligne de Sandouville il y a quelques mots, qui, en 2011, était considérée comme perdue. On a remis, le trafic va être produit là, la Scudo. Donc ça sert, c'est vachement utile. Alors, qu'est-ce qu'on fait avec François REBSAMEN en fin de semaine ? On va regarder exactement comment fonctionnent ces accords de maintien dans l'emploi défensif, parce qu'il n'y en a pas assez qui sont signés, parce qu'il y a sans doute un peu trop de contraintes, donc on va, avec les partenaires sociaux, faire un bilan, et essayer dans les prochaines semaines, les prochains mois, de voir comment on peut mieux faire, pour que, quand il y a un accord majoritaire, eh bien qu'on puisse avoir des aménagements. Et puis ensuite, c'est le chantier que le Premier ministre a commencé à ouvrir, et il a appelé à une conférence économique et sociale pour le mois de juin, c'est sur les TPE PME et là il faut qu'on puisse trouver des méthodes pour simplifier les choses, pour précisément qu'on reconnaisse ce droit à l'erreur pour les entrepreneurs. Donc, les choses ne sont pas encore finalisées
STEPHANE SOUMIER
Il n'y a pas de détail.
EMMANUEL MACRON
Il n'y a pas de détail, mais c'est dans cet esprit-là.
STEPHANE SOUMIER
C'est un contrat particulier TPE-PME.
EMMANUEL MACRON
Ecoutez, ça, je ne veux pas purger les choses et
STEPHANE SOUMIER
D'accord.
EMMANUEL MACRON
mais vous dire, aujourd'hui, il n'y a pas de plan caché, mais je vous donne l'esprit, cette philosophie elle est importante, je vous dis tout ce que l'on a fait. On va continuer dans ce sens, mais pour avec quel objectif ? De dire, si on reconnait le droit à l'erreur, les entrepreneurs, on leur donne la capacité d'embaucher et on crée un droit pour de nouvelles opportunités, aux salariés et aux chômeurs, c'est ça, c'est comme ça que l'équipe de France gagnera.
STEPHANE SOUMIER
Vous dites, avec les partenaires sociaux, l'idée qu'on a, c'est qu'ils ne veulent plus bouger les partenaires sociaux, c'est qu'ils en peuvent plus du mouvement que vous leur imposez, les partenaires sociaux. Si ? Ils sont encore disponibles aujourd'hui pour avancer avec vous, vous croyez ?
EMMANUEL MACRON
Moi j'ai confiance dans le dialogue social, c'est notre marque de fabrique.
STEPHANE SOUMIER
Oui
EMMANUEL MACRON
Non mais c'est vrai, écoutez, regardez
STEPHANE SOUMIER
Concrètement, on a beaucoup de mal à avancer.
EMMANUEL MACRON
mais non, mais concrètement, mais parfois il y a certains partenaires sociaux qui font de la politique, en disant : « il faudrait aller beaucoup plus loin », quand ils arrivent pas à faire les accords d'aujourd'hui, je pense au document que le MEDEF a mis sur la table il y a huit jours. Il y en a d'autres qui ne veulent plus avancer, mais il y a des réformistes, il y a une partie du patronat qui a été réformiste, il y a une partie des forces syndicales qui sont réformistes, qui veulent avancer avec nous, qui ont fait beaucoup, mais quand je regarde la vie des entreprises, je vous parlais de ces exemples dans l'automobile, les salariés, en France, ils sont responsables, ils sont réformistes. J'étais avec le président de la République à Trémery, en Lorraine, on a décidé que le prochain moteur il se ferait là, plutôt qu'à Vigo. On dit toujours : l'Espagne va devenir
STEPHANE SOUMIER
C'est PEUGEOT qui a décidé.
EMMANUEL MACRON
PEUGEOT, vous avez tout à fait raison, PSA a décidé ça. On dit toujours : « Les Espagnols sont plus productifs etc. ». Non. Pourquoi ? Parce que les salariés ils se sont mis autour de la table, et leurs représentants, et ils ont trouvé un accord, ils ont réussi à prendre leurs responsabilités à moderniser les choses. Donc il y a une capacité à aller de l'avant dans notre pays, qui est formidable, c'est ça qu'il faut valoriser.
STEPHANE SOUMIER
DAILYMOTION, pourquoi, alors juste un mot ceux qui ne connaissent pas, LI KA-SHING, donc DAILYMOTION, filiale d'ORANGE. ORANGE était en négociation avec sans doute aujourd'hui l'homme d'affaires le plus considérable de la planète, le deal de rêve, LI KA-SHING, la première fortune de Chine, son fils cadet citoyen de Hong-Kong en plus, enfin en toute transparence il a des investissements dans le monde entier, on ne peut pas rêver mieux et le ministre a dit non. On veut une solution européenne.
EMMANUEL MACRON
On vous a mal informé alors, moi j'ai deux casquettes dans cette affaire. La première, c'est du business, vous vous appelez BFM Business, on fait du business. On est Etat actionnaire d'ORANGE. Je n'ai pas dit non, je n'ai pas ouvert ma porte et dit à quelqu'un vous n'avez pas de droit de citer ici, j'ai vu Richard LI, le fils de LI KA-SHING, je l'ai vu il y a plusieurs mois. On a eu une discussion très bonne, son projet est formidable, c'est un très bon projet.
STEPHANE SOUMIER
Mais ce sont des types incroyables, on est d'accord.
EMMANUEL MACRON
Ce sont des gens formidables, ils ont un projet industriel formidable qui est de faire le concurrent de YOUTUBE en Asie. Ce projet avance, mais est-ce que, quand vous êtes actionnaire au conseil d'administration d'ORANGE, qu'ORANGE vous dit, je vais rentrer en négociation exclusive avec eux. Qu'est-ce que j'ai dit ? Non, ne rentrez pas en négociation exclusive, on doit regarder toutes les offres, il y en a une c'est magnifique et franchement je la considère, donc à aucun moment
STEPHANE SOUMIER
Ca fait deux ans qu'ils cherchent.
EMMANUEL MACRON
Pas du tout.
STEPHANE SOUMIER
S'il y en avait des offres, on le saurait.
EMMANUEL MACRON
On ne reviendra pas sur ces péripéties, mais il y a eu justement il y a deux ans
STEPHANE SOUMIER
Alors il y a eu l'histoire YAHOO, on les laisse de côté, il y a eu MICROSOFT
EMMANUEL MACRON
Après il n'y avait plus de processus public, mais non, et donc quand d'ailleurs la nouvelle a fuité, il y a eu énormément de réactions de plusieurs acteurs industriels ou d'investisseurs européens, américains etc. Donc
STEPHANE SOUMIER
votre intérêt d'actionnaire de dire
EMMANUEL MACRON
La règle dans la vie des affaires, c'est qu'on donne la capacité à avoir des négociations exclusives avec celui qui a fait une offre qu'on ne peut pas refuser ou à l'issue d'un processus un peu compétitif est largement en tête. Il n'y avait pas eu de processus compétitif, donc là ce qu'on demande et c'est ORANGE qui gère, on est actionnaire.
STEPHANE SOUMIER
Non mais vous voulez une solution européenne.
EMMANUEL MACRON
Je ne me substitue pas à ORANGE, mais en tant qu'actionnaire, ma responsabilité c'est de dire, il faut regarder toutes les options pour être sûr que c'est la meilleure, premier point. Et ça franchement toutes celles et ceux qui nous écoutent, qui sont actionnaires d'un business auraient fait pareil. La deuxième chose
STEPHANE SOUMIER
Non mais attendez, ils ont tellement fait pareil qu'on a du mal à croire qu'ORANGE ne l'ai pas fait pour tout vous dire.
EMMANUEL MACRON
La deuxième chose, c'est que c'est à ça que ça sert d'avoir un actionnaire quand on est aux manettes, c'est tout. La deuxième chose, c'est que oui, nous sommes aussi un Etat et nous avons une politique européenne en matière de numérique. J'étais, il y a deux jours en Allemagne avec le président de la République et beaucoup de mes collègues pour un conseil des ministres franco-allemand, on se bat chaque jour, chaque semaine avec mon collègue Sigmar GABRIEL pour pousser une politique européenne du numérique, parce que figurez-vous qu'il y a une politique américaine du numérique et qui nous taille des croupières, donc on se bat pour lutter contre la concurrence déloyale de certaines grandes plateformes américaines qui utilisent la donnée, la valorise aux Etats-Unis et tordent le coup à beaucoup de start-ups françaises et on fait tout pour que nos start-ups puissent se développer, c'est de l'entreprenariat pur pour combler les failles de financement, les aider à mieux se financer sur ce marché, unifier le marché européen, créer des standards européens, avoir une vraie politique. On dit DAILYMOTION, c'est un bel actif et vous voulez me faire croire qu'il n'y a pas d'actif en Europe pour DAILYMOTION. Mais vous pensez une seule seconde que les start-ups chinoises ou que les start-ups américaines quand elles se développent, les gouvernements là bas ne se posent pas la question de savoir s'il y a une option chez eux ?
STEPHANE SOUMIER
Mais ce n'est pas un avenir européen, mais LI KA-SHING, il ne lui donne pas un avenir européen, il lui donne un avenir mondial.
EMMANUEL MACRON
Mais non, il lui donne avant tout un avenir asiatique. Et donc
STEPHANE SOUMIER
Oui un avenir asiatique, c'est un avenir mondial.
EMMANUEL MACRON
Ca peut être une bonne option, mais moi je dis juste en tant qu'actionnaire, je veux être sûr qu'il n'y en a pas d'autres qui seraient mieux-disant et en tant que ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, je veux être sûr qu'on n'a pas un champion européen qu'on peut construire sur cette plateforme, parce que c'est formidable pour nous tous. Et qu'elle est la cohérence Non mais si vous voulez, je ne me substitue pas à l'entreprise
STEPHANE SOUMIER
Non mais monsieur MACRON, le problème c'est que nous on est un petit peu
EMMANUEL MACRON
Qu'elle est la cohérence
STEPHANE SOUMIER
Quand on regarde le capitalisme français, on est un petit peu polytraumatisé, vous savez, et la grande peur que j'ai moi en vous écoutant, c'est de dire, vous avez été victime du lobbying de tel ou tel et qui veut essayer absolument de racheter DAILYMOTION à bon compte et boum j'ai le ministre dans ma poche et boum je vais faire exploser ce qui aurait été un deal mondial invraisemblable pour DAILYMOTION avec cette fortune hongkongaise.
EMMANUEL MACRON
Mais le deal mondial, il est s'ils le transforment, et il est pour les Hongkongais, si on dit les choses entre nous, ce ne sera pas pour vous et moi pour nos concitoyens.
STEPHANE SOUMIER
Si il sera aussi pour nous, il sera pour tout le monde, c'est bien ça une vision mondiale de l'économie numérique aujourd'hui ?
EMMANUEL MACRON
Non, parce que soit vous avez un opérateur qui est plutôt européen, soit vous avez la localisation en Europe, et je veux dire, il ne faut pas être naïf, ça veut dire que demain ça devient une plateforme chinoise. Je ne suis pas en train de dire que c'est une mauvaise opération
STEPHANE SOUMIER
Il a des actifs considérables en Europe aujourd'hui LI KA-SHING, ça doit être le deuxième ou le troisième opérateur mobile en Grande Bretagne.
EMMANUEL MACRON
On parle de son fils qui en a en Europe, le père en a en Europe non continentale, on parle d'un beau projet, mais je vous dis juste, est-ce que ce n'est pas de ma responsabilité de dire, il faut regarder si on ne peut pas en tirer plus, parce que c'est quand même ça et deux est-ce qu'on a, bon sang de bonsoir, pas un projet européen pour cette plateforme ? Parce qu'on ne peut pas après qu'elle est ma crédibilité au quotidien, si je dis, on a une stratégie numérique européenne, on a une volonté d'avancer de l'avant, on a des champions et dès qu'on a quelqu'un qui est bon, ce qui est tout notre problème aujourd'hui dans le numérique, il est racheté ou par un Chinois ou par un Américain, ça n'a aucun sens.
STEPHANE SOUMIER
Moi, j'ai vu le président de la République partir en Californie dire aux entrepreneurs, allez en Californie, si c'est là qu'est- votre avenir, je l'ai vu, BPI France et on a salué ça, c'est extraordinaire.
EMMANUEL MACRON
Très bien, j'étais avec lui. Simplement on a des start-ups, on veut les faire croitre, elles vont là-bas. On les accompagne même là-bas. Mais on veut que nos start-ups grossissent, réussissent, deviennent des championnes, mais qu'elles deviennent des championnes en Europe, qu'elles réussissent sur le marché américain, mais qu'elles deviennent des championnes en Europe, parce qu'à la fin une entreprise, il ne faut jamais l'oublier, je veux dire, on peut réussir dans la mondialisation, c'est mon but, mais une entreprise, c'est comme vous et moi, elle vient de quelque part et elle habite quelque part à la fin.
STEPHANE SOUMIER
Toute dernière question, parce que quand même il y a une autre entreprise, alors celle là de la vieille économie, non je n'espère pas, c'est tout ce qui se joue en ce moment autour d'AREVA, est-ce que vous avez un tout petit peu plus de pistes aujourd'hui sur la façon dont AREVA et EDF doivent travailler ensemble et pourraient travailler ensemble Emmanuel MACRON ?
EMMANUEL MACRON
Je ne comprends pas votre question Stéphane SOUMIER, ce n'est pas l'Etat qui va définir
STEPHANE SOUMIER
Vous êtes actionnaire à combien, pour EDF ? 90 %. J'ai même un doute, c'est 90, 95, je vous provoque pour vous prendre à contrepied
EMMANUEL MACRON
Mais non ça ne marche pas.
STEPHANE SOUMIER
Mais si ça marche. Vous êtes actionnaire massif alors là pour le coup vous êtes légitime
EMMANUEL MACRON
Non parce qu'on a demandé aux entreprises de nous faire des propositions parce que ce sont les entreprises qui portent la stratégie.
STEPHANE SOUMIER
Ce n'est pas encore fait ça aujourd'hui ?
EMMANUEL MACRON
Donc on a demandé avec Ségolène ROYAL et Michel SAPIN, à ce que les entreprises AREVA et EDF nous fassent des propositions. L'Etat était défaillant durant les années 2000, on a laissé faire les entreprises et mener des politiques qui étaient en quelque sorte hostiles l'une à l'autre, c'était ridicule. Et donc quand EDF décide de s'approvisionner massivement auprès de concurrents russes et qu'au même moment AREVA investit pour pouvoir fournir EDF, on casse de la valeur. On s'est mal organisé à l'international pendant plusieurs années par hostilité entre les deux entreprises et il y a une fragilité qui s'est installée. On a demandé à AREVA et EDF de mieux travailler sur le plan commercial ensembles, sur la partie réacteur, de mieux travailler à l'international, et donc d'avoir des projets communs de se rapprocher, et de regarder comment consolider tout le métier du réacteur et de ses métiers attachés ensembles. Et donc il y a des schémas industriels, il y a des schémas plus capitalistiques donc avec des rapprochements. Ils sont en train de le regarder, ça ne concerne pas tout AREVA, vous l'avez compris, ça ne concerne que la partie réacteurs et dans les toutes prochaines semaines, on aura des propositions concrètes qui font partie du redressement d'AREVA.
STEPHANE SOUMIER
Une coentreprise par exemple, ce serait intéressant ?
EMMANUEL MACRON
Je ne veux pas préempter ce sujet.
STEPHANE SOUMIER
D'accord.
EMMANUEL MACRON
Je pense qu'il faut à la fin un résultat qui soit simple, opérationnel et qui permette aux dirigeants de réussir et de se concentrer sur leurs entreprises. Le nucléaire français, c'est un des secteurs d'excellence, ça embauche beaucoup de nos concitoyens, c'est un secteur où historiquement on a véritablement une excellence en terme de recherche de compétences, et c'est un secteur d'avenir en France et à l'international.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 avril 2015
Emmanuel MACRON est donc avec nous. Bonjour monsieur MACRON.
MONSIEUR LE MINISTRE EMMANUEL MACRON
Bonjour.
STEPHANE SOUMIER
Pourquoi il n'y a pas de loi Macron II finalement ?
EMMANUEL MACRON
Il y aura beaucoup de mesures qui continuent, c'est ce qui compte. Il y a une loi Macron I comme vous dites, loi Croissance et activité, qui est en train d'être discutée. On commence au Sénat la semaine prochaine. Elle va être enrichie, elle revient ensuite à l'Assemblée nationale avec pour objectif d'être votée puis promulguée, c'est-à-dire rentrée dans les faits, pour le 1er juillet prochain. C'est à peu près l'objectif qu'on peut se fixer parce que ce qui compte, c'est que ce soient des vraies décisions, des vraies mesures pour les Françaises et les Français. On va donc enrichir dans les prochaines semaines et les prochains mois toutes les lois qui peuvent exister. Il ne faut pas rentrer dans cette technique, mais le gouvernement à travers cette loi puis d'autres textes continue à réformer l'économie. C'est cette volonté de réforme que je pousse. Et donc la réforme de l'économie, elle passe par quoi ? Aller plus loin pour l'entrepreneuriat, aller plus loin pour les TPE-PME, aller plus loin pour le numérique.
STEPHANE SOUMIER
On reprend ces trois points dans un instant, sauf que ce n'est pas anecdotique. Lundi, vous êtes chez ATOL et vous dites : « Il y aura une loi Macron II », puis mercredi on vous dit : « Non, il n'y aura pas de loi Macron II. Nous, on n'a rien inscrit au calendrier législatif. » Ce n'est pas anecdotique cette séquence. Ça veut dire quoi ? Vous preniez trop de place à un moment ?
EMMANUEL MACRON
Non !
STEPHANE SOUMIER
Macron I, Macron II, Macron III, Macron IV. Attendez !
EMMANUEL MACRON
Ce sont des débats qui ne m'intéressent pas et qui n'intéressent pas.
STEPHANE SOUMIER
Mais si, ils sont intéressants.
EMMANUEL MACRON
Non, parce que qu'est-ce que je dis lundi quand, en effet, le lendemain de cette journée électorale je vais sur le terrain ? Je dis la même chose que le Premier ministre la veille et la même chose que ce que le président de la République a pu dire il y a quelques semaines : on continue, on réforme le pays, on continue à avancer. Et je dis on annoncera et on prendra des mesures en matière de simplification pour les PME-TPE tous les sujets vont être ouverts on continue et on simplifie pour les entrepreneurs ; on continue et on simplifie pour investir davantage et plus vite et on continue et on simplifie pour le numérique. C'est ça qui compte, c'est ça ce qui compte. Après, il y a un débat je dirais politico-parisien qui s'est installé à ce moment-là.
STEPHANE SOUMIER
Non, non ! Justement, il n'est pas politico-parisien parce que tout le monde a vu avec quelle détermination vous avez fait avancer l'ensemble des points que vous vouliez faire avancer dans la loi Macron I. Est-ce que les autres ministres qui porteront des textes que donc vous ne porterez plus feront preuve de la même détermination ? C'est là où c'est intéressant quand même pour l'ensemble de ceux qui s'intéressent à la réforme en France aujourd'hui.
EMMANUEL MACRON
Mais je viens d'évoquer différents sujets.
STEPHANE SOUMIER
Oui, mais sauf qu'il faut être dispersés partout donc après, qu'est-ce qu'il reste ?
EMMANUEL MACRON
Non. D'abord, moi j'ai toujours travaillé avec mes collègues y compris sur la loi Croissance Activité qu'on a portée ensemble. Je les défends parce que c'est fondamental pour la croissance mais les sujets que je viens de vous évoquer, ils sont de la compétence d'un Ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, donc bien évidemment que je les porterai. Vous avez le sentiment que ma détermination aujourd'hui devant vous a changé par rapport à celle de lundi ?
STEPHANE SOUMIER
Je n'en sais rien. La question que je me pose
EMMANUEL MACRON
Je vous laisse planer le moindre doute ? Je l'évacue immédiatement.
STEPHANE SOUMIER
Oui, sauf que vous lirez partout que vous avez été recadré. Que votre détermination soit pleine et entière, personne n'en doute et effectivement, on peut le voir dans vos yeux pour ceux qui vous écoutent à la radio, sauf que peut-être que cette détermination fait de l'ombre à d'autres qui trouvent que : « Mon Dieu, il prend trop de place, donc allez hop ! » Et c'est le jeu politique ça, et c'est le jeu politique qui, à un moment, freine justement l'esprit des réformes que vous voulez mettre en place.
EMMANUEL MACRON
Je ne crois pas à ce jeu politique ou, en tout cas, à sa puissance. La France vit un moment de son histoire politique et économique qui impose à chacune et chacun de prendre ses responsabilités. Je les prends auprès d'un Premier ministre et d'un président de la République qui les prennent et donc oui, on continue à avancer au même rythme, avec la même ambition.
STEPHANE SOUMIER
Concrètement, investissements. J'ai reçu, et je vais vous en faire part, beaucoup de messages et c'est là qu'on comprend que vous suscitez beaucoup d'attente beaucoup de messages et notamment sur l'investissement. On est sur BFM Business, on va faire un tout petit peu de technique et on va parler un tout petit peu d'entreprise. Qu'est-ce qui se passe là ? Les effets d'annonce sur l'investissement, mais mon Dieu !, à quoi êtes-vous en train de jouer, monsieur MACRON ou même ça retombe sur nous vous les journalistes ? Est-ce que oui ou non il y a quelque chose sur l'investissement, et s'il y a quelque chose, dites-le vite. Tant qu'on ne sait pas, l'idée c'est qu'on va mettre le frein justement sur l'investissement en attendant les mesures gouvernementales.
EMMANUEL MACRON
Vous avez tout à fait raison. Première chose, pour l'investissement c'est la stabilité et la confiance. Vous savez pour notre économie, moi je crois aux trois temps fondamentaux : rétablir la confiance, accélérer l'investissement, déclencher l'emploi. C'est comme ça que ça marche, l'économie, c'est ça ce qu'on doit faire. La confiance, on la consolide avec quoi ? La stabilité d'une politique économique. C'est la stabilité qui depuis janvier 2014 a été annoncée par le président de la République, présentée dans le détail en avril 2014 par le Premier ministre, c'est qu'on appelle Pacte de responsabilité et de solidarité. C'est un Pacte qui définit année après année les baisses d'impôts et de charges pour nos entreprises et les économies qu'on met en face. Ça, c'est la stabilité. Ensuite, le volontarisme dans les réformes. On modernise l'économie, ce qu'on a fait avec la loi Croissance activité et ce qu'on va continuer de faire sur les chantiers que j'évoquais. Et aujourd'hui, on est dans une reprise de cycle, on le voit bien, parce qu'on fait ces réformes. La confiance est en train de s'installer et on a des voyants qui se mettent au vert. Le prix du pétrole est bas, l'eurodollar est plus favorable, on a des taux d'intérêt qui sont faibles. Simplement quand je regarde l'année 2014, l'investissement privé est à zéro et donc pour que ça reparte et qu'on embauche, il faut investir. Cet investissement, on veut le déclencher en continuant les réformes et en montrant le volontarisme parce que les acteurs économiques qui nous regardent se disent à ce moment-là : « On peut avoir confiance en eux pour moderniser le pays » et il faut quelques mesures conjoncturelles pour accompagner cela. Et donc les mesures conjoncturelles, elles seront annoncées mercredi prochain. Nous y travaillons auprès du président de la République et du Premier ministre ; mercredi prochain il y a un séminaire gouvernemental qui se réunira autour du président et des annonces seront faites. Tout ça sera clarifié.
STEPHANE SOUMIER
Amortissement accéléré. Si je vous dis « amortissement accéléré », c'est technique mais l'ensemble de ceux qui nous écoutent savent de quoi on parle. C'est dans les tuyaux ?
EMMANUEL MACRON
La décision n'est pas prise, elle le sera mercredi prochain. Mon avis personnel, c'est que ça fait partie des bonnes mesures parce que la trésorerie n'est pas très chère pour les grands groupes, mais pour les TPE et les PME le taux d'escompte de l'argent puisque vous rentrez dans la technique n'est pas le même.
STEPHANE SOUMIER
Tout à fait, tout à fait, parce qu'eux passent par les banques.
EMMANUEL MACRON
Eux passent par les banques, vous avez tout à fait raison. Et donc, c'est vrai que si on leur permet d'amortir plus vite ou davantage, ça fait partie des techniques qui peuvent être bonnes pour relancer l'investissement au moment de ce cycle.
STEPHANE SOUMIER
Mais alors, c'est clair qu'il faut aller très, très vite là-dessus.
EMMANUEL MACRON
On va aller très vite, c'est mercredi prochain, le Premier ministre l'a dit hier. On va non seulement aller très vite mais surtout, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ces mesures en faveur de l'investissement privé, on va les prendre en accompagnement de ce qu'on est en train de faire puisqu'on a des programmes d'investissement d'avenir sur notre politique industrielle. On met de l'argent public pour déclencher de l'investissement privé ; on a un milliard et demi qui a été mis sur ces solutions industrielles pour la France de demain qui ont permis de déclencher deux milliards d'investissement privé. On voit qu'on arrive à déclencher quelque chose. On a tous nos instruments mais ça, c'est de la relance conjoncturelle quand on accélère ça. A côté de ça, il y a tout le travail structurel comme on dit, c'est-à-dire comment on modernise notre économie, comment on déverrouille certains aspects et comment aussi on rétablit la confiance avec des éléments de simplification pour les entrepreneurs et celles et ceux qui embauchent.
STEPHANE SOUMIER
Sur le travail et sur l'emploi et ça va nous amener à l'industrie et notamment à l'ensemble des cycles industriels. Tenez, en passant ! puisque vous avez parlé de votre investissement public, Arnaud MONTEBOURG ce matin vous accuse de tailler à la serpe. La phrase exacte, alors c'est du Montebourg : « Je préfère la ruche industrieuse et protubérante aux haies taillées au cordeau des jardins à la française ». C'est vous, les haies taillées au cordeau des jardins à la française. Ça veut dire que vous avez taillé à la serpe dans ses plans industriels et dans sa politique industrielle.
EMMANUEL MACRON
Vous savez, deux choses. La première : quand on est un responsable politique, il y a une élégance et un principe républicain qui est qu'on ne commente pas ce que fait son successeur et moi, je considère qu'on n'a pas à commenter ce que dit son prédécesseur, donc je m'en tiendrai à cette élégance et à cette politesse républicaine. Maintenant, sur le fond
STEPHANE SOUMIER
[rires] Mais
EMMANUEL MACRON
Non, mais dans la vie avec quelques règles de comportement, ça aide toujours à mieux vivre.
STEPHANE SOUMIER
Oui, mais à partir du moment où en face il les brise, ces règles de comportement ! Ça fait un petit peu « je me défausse ».
EMMANUEL MACRON
Non, je ne me défausse pas parce que je vais répondre sur le fond mais je ne veux pas polémiquer sur la forme. Ça ne m'intéresse pas et je pense que l'économie française mérite mieux. Moi, je ne suis pas dans le ressentiment, je m'occupe d'économie. Maintenant sur le fond, qu'est-ce que je fais ? Je dis simplement trente-quatre priorités, ça veut dire qu'il n'y a plus de priorités. N'importe quel chef d'entreprise qui nous écoute aujourd'hui sait qu'il n'a pas trente-quatre priorités et même quand on est un très grand pays, on n'a pas trente-quatre priorités. C'était donc très important pour faire bouger des projets qui sont remontés à la surface. Il y en a qui marchent, il y en a qui ne marchent pas. Et puis dans ceux qui fonctionnent, qui sont tous portés par des entrepreneurs et des entrepreneuses, on se dit quand on regarde la logique de client, la logique industrielle, la capacité à se développer, il y a énormément de synergies donc on les regroupe en quelques solutions industrielles parce que je préfère ce terme à celui de plan. Et quand on veut préparer la France de dix ans, moi mon objectif c'est une stratégie économique pour la France 2025. C'est ça mon quotidien. Et donc, quand on veut regarder quelle doit être notre France industrielle parce que nous avons un destin industriel, on voit bien qu'on a des solutions industrielles qui se dessinent, donc on a regroupé ces actions pour qu'elles aient à la fois plus de synergies entre elles en termes de R&D, en termes d'accès à des marchés, et cætera. Ensuite, donner plus de place aux PME, aux TPE, aux ETI parce qu'il ne faut pas que ce soit capturé par des grands groupes et c'est ce que j'ai demandé qu'on rouvre et, 3°) qu'on ait une stratégie à l'international. Parce que créer les plans de demain dans un an, dans deux ans, dans trois ans en franco-français, ça n'a plus de sens dans le monde où on vit, et ces solutions industrielles ont donc une vocation à l'international. C'est ça que nous faisons. Il n'y a pas un centime d'argent public en moins dans cette organisation : elle est plus pragmatique, elle pourra ainsi être mieux suivie, elle est plus efficace pour les entreprises qui les portent.
STEPHANE SOUMIER
Plus d'efficacité, moins de bruit ?
EMMANUEL MACRON
C'est vous qui le dites. Ça me va comme formule.
STEPHANE SOUMIER
Mais c'est quoi une politique industrielle, Emmanuel MACRON ? Est-ce que ce n'est pas une illusion ?
EMMANUEL MACRON
Je ne crois pas.
STEPHANE SOUMIER
Est-ce que c'est à l'Etat de définir comme ça des lignes industrielles et des secteurs ?
EMMANUEL MACRON
Non, mais pas du tout. Vous savez, moi je pense qu'il y a un espace entre en effet une économie administrée qui à mes yeux n'a plus cours aujourd'hui, et le libre fonctionnement du marché qui est une vision théorique pour ne pas dire irénique de l'économie. Vous savez, les grandes économies mondiales d'aujourd'hui, qu'il s'agisse des Etats-Unis ou de la Chine, ce ne sont pas des économies où l'Etat n'a aucune place. Vous savez, moi j'étais encore conseiller du président de la République à l'Elysée quand il y a eu l'affaire BNP Paribas. Je me souviens de ce que c'est, de la brutalité d'un Etat fédéral contre une entreprise étrangère ; je l'ai vécu. Il ne faut pas non plus qu'on soit naïf. Et qu'est-ce que ça veut dire avoir une politique industrielle ? Ça veut dire, en ce qui me concerne, croire dans le marché, vouloir aider nos entreprises par des choix macroéconomiques pour qu'elles réussissent précisément dans la compétition internationale et, ensuite, accompagner la montée en gamme et la spécialisation sur ce qui fera l'économie de demain.
STEPHANE SOUMIER
Mais ça, ce n'est pas à l'Etat de le définir.
EMMANUEL MACRON
Ces priorités industrielles, elles ne sont pas définies par l'Etat. Ces priorités industrielles, elles ont été définies en mettant les entreprises autour de la table, en faisant réfléchir nombre d'acteurs privés et publics qui ont proposé ces projets et chacun de ces projets, chacune de ces actions viennent du secteur privé. Le véhicule deux litres au cent, ce n'est pas l'Etat qui a dit : « Il va falloir faire un véhicule deux litres au cent », c'est PSA et RENAULT qui ont dit : « Nous, on travaille sur ce projet. Il est important, il est disruptif mais si on reste tout seul, c'est des choses sur lesquelles on ne va pas vraiment avancer ». Et donc, à quoi sert l'Etat en France qui est un pays un peu particulier ? On n'a pas le mittlestand allemand ou la Silicon Valley. Il y a une forme d'organisation autour de l'Etat et de ses grands groupes. C'est comme ça, mais donc il faut jouer sur nos forces. C'est d'abord de mettre les facteurs autour de la table. Ça a énormément de puissance parce que vous les faites travailler ensemble. Véhicule deux litres au cent, pour continuer cet exemple : on a mis autour de la table les deux constructeurs français les deux ensemble, ils bossent ensemble au quotidien, ils ont chacun leur chef de projet.
STEPHANE SOUMIER
Ce n'est pas bon, ça. C'est bon, ça ?
EMMANUEL MACRON
C'est très bon.
STEPHANE SOUMIER
Vous connaissez la phrase : « Qu'est-ce qu'un chameau ? C'est un cheval dessiné par un comité ». Vous arrivez avec une espèce de moteur
EMMANUEL MACRON
Non, non, non. Ce n'est pas un comité Théodule, ce sont des hommes et des femmes de business, d'affaires, qui se mettent autour de la table, qui définissent le projet, qui travaillent ensemble et nous, qu'est-ce qu'on fait ? On dit si vous allez dans ce sens-là, on met un euro d'argent public là quand vous en mettez au moins un en face. Bilan des courses, je vous le dis, on a investi un milliard et demi sur ces priorités industrielles depuis septembre 2013, date à laquelle le président a lancé ce projet, et on a déclenché au total trois milliards et demi d'investissement. Oui c'est efficace, oui c'est comme ça qu'on monte en charge. Vous savez, la France a à un moment oublié qu'on pouvait avoir en effet une politique industrielle en se remettant aux lois du marché. Ça a existé pendant plusieurs décennies.
STEPHANE SOUMIER
Sauf qu'on ne l'a jamais oubliée, oui. Il y a toujours eu l'illusion.
EMMANUEL MACRON
Non. A la fin des années quatre-vingts, les années quatre-vingt-dix et une bonne partie des années deux mille, on l'a oublié. On n'avait plus vraiment de politique industrielle. Le résultat : on s'est désindustrialisé.
STEPHANE SOUMIER
Mais vos commissaires à la réindustrialisation, vos commissaires je ne sais même plus comment ils s'appellent aujourd'hui est-ce qu'ils ne maintiennent pas justement l'illusion qu'on peut essayer de résister alors qu'il faut se transformer ?
EMMANUEL MACRON
Non. On a dans chaque région ce qu'on appelle un commissaire du redressement productif dont j'ai réformé les méthodes de fonctionnement en les inscrivant dans les services de l'Etat auprès du préfet et des directeurs régionaux. Ils servent à quoi ? Ce sont des chevaux légers qui vont aux côtés des entreprises qui sont en difficulté pour organiser précisément l'ensemble des moyens publics pour les aider. Vous savez, on a tous les jours. C'est très efficace parce qu'on sauve des entreprises. En fin d'année dernière, j'étais chez ARC INTERNATIONAL, cas formidable. On s'est battu jour et nuit
STEPHANE SOUMIER
L'un des premiers sites industriels de France, ARC INTERNATIONAL.
EMMANUEL MACRON
Exactement, l'un des premiers sites industriels, un fleuron de notre industrie. Ils allaient fermer ; pourquoi ? Parce que difficultés conjoncturelles ; les actionnaires actuels n'arrivaient pas à se mettre d'accord ; on a trouvé un fonds ; on a réussi à mettre d'accord les créanciers, à stopper le travail des banques mais ce n'est pas forcément un processus naturel.
STEPHANE SOUMIER
Mais vous faites du Montebourg là, Monsieur le Ministre ! Je suis désolé.
EMMANUEL MACRON
Non !
STEPHANE SOUMIER
Mais si, parce que derrière ARC INTERNATIONAL, il a la concurrence mondiale face à lui. Il se trouve qu'effectivement ce dossier, on le connaît bien. Il a aujourd'hui des verriers turcs qui sont encore plus efficaces.
EMMANUEL MACRON
Mais non, pas du tout, parce qu'il a des produits de meilleure qualité. Quel était le problème ? C'était un problème financier, ce n'était pas un problème industriel.
STEPHANE SOUMIER
Vous ne croyez pas qu'on va se retrouver dans deux ans avec ARC INTERNATIONAL qui, de la même façon, à un moment au bout d'une logique qui est une logique politique, va arriver
EMMANUEL MACRON
Pardon d'être en désaccord avec vous mais je pense véritablement qu'il ne faut pas sombrer dans ce défaitisme. Vous avez des industries qui, en effet parfois, n'ont plus de perspectives. Il faut le constater. On a un cas qui est très difficile à vivre en ce moment, qui est éminemment douloureux : MORY DUCROS. MORY DUCROS, on l'a regardé dans tous les sens, on s'est battu. En effet, il y a un actionnaire qui a fait défaut mais là, vous avez une surcapacité dans le fret routier. On ne va pas faire croire ce qui est irresponsable, c'est de faire croire aux salariés qu'ils ont une perspective d'avenir quand il n'y en a plus dans ce secteur, et donc il ne faut pas protéger inutilement des emplois, il faut protéger les salariés. C'est ça le changement économique. A l'inverse, vous avez des entreprises qui ont des difficultés passagères mais qui ont un avenir économique. Sur le cas d'ARC INTERNATIONAL, on l'a bien regardé, il y a un avenir économique au modèle mais il y avait des difficultés d'ordre financier. Parce que quand vous avez des difficultés à un moment, vous ne pouvez plus monter en gamme ; vous ne pouvez plus vous battre à l'international et, oui, quand vous trouvez des nouveaux investisseurs, que vous vous battez, ce n'est pas être ringard. C'est aussi se battre pour notre économie parce que, vous savez, on a un tissu industriel. Il y a des pans de cette industrie qui parfois n'ont plus de perspectives, ça ne sert à rien de faire croire aux gens qu'on va leur en donner. Il y en a qui sont en difficulté conjoncturelle, il faut se battre pour les recapitaliser, pour investir pour qu'elles montent en charge. Si on accepte la défaite sur cette partie de l'industrie classique, on fait une erreur magistrale parce qu'on détruit le capital qui a été investi dans ces entreprises et parce qu'on désespère nombre de Françaises et de Français. J'ai un très bon exemple outre ARC INTERNATIONAL. J'ai été rouvrir la ligne de production chez TRIMET.
STEPHANE SOUMIER
Je ne sais pas ce que c'est ça, TRIMET.
EMMANUEL MACRON
TRIMET, tout le monde pensait que c'est foutu. Ça produit de l'aluminium dans les Alpes. Ça produit de l'aluminium, c'est dans la région Rhône-Alpes. On disait : « C'est fichu ». Non ! On s'est battu avec précisément les énergéticiens. On a réussi à trouver des investisseurs.
STEPHANE SOUMIER
Je vous ramène là-dessus et j'en suis désolé, mais quand MONTEBOURG faisait ça pour MORY DUCROS, c'était une illusion ; quand vous, vous faites ça pour ARC INTERNATIONAL, ce n'est pas une illusion.
EMMANUEL MACRON
D'abord, moi je ne rentre pas dans ce débat.
STEPHANE SOUMIER
C'est vous qui l'avez cité. Je ne voulais pas vous amener là-dessus. C'est vous qui l'avez citée en l'occurrence cette entreprise qui est en train de calencher.
EMMANUEL MACRON
Je ne dis pas que c'est une illusion. Je dis simplement qu'il faut regarder au cas par cas quand il y a un avenir industriel ou quand il n'y en a pas et c'est ça notre responsabilité.
STEPHANE SOUMIER
Monsieur le Ministre, vous m'avez dit tout à l'heure on est en toute transparence et ils en ont l'habitude, les auditeurs de BFM Business est-ce qu'on peut « high jacker » l'antenne et donc on peut rester ensemble peut-être un peu plus longtemps que ce qu'on avait prévu ?
EMMANUEL MACRON
Tout à fait.
STEPHANE SOUMIER
C'est parfait. A ce moment-là, je vous poserai après huit heures des questions sur DAILYMOTION parce que je ne comprends pas du tout cette séquence autour de DAILYMOTION.
EMMANUEL MACRON
Très bien, alors je vais vous l'expliquer.
STEPHANE SOUMIER
D'abord l'industrie, c'est l'emploi enfin, c'est l'emploi. Les cycles industriels et les cycles de travail, qu'est-ce qu'il y a vraiment sur la table là-dessus ? Qu'est-ce que vous voulez faire ? Comment est-ce que vous voulez faire évoluer l'ensemble du - alors je ne sais même pas si c'est droit du travail, contrat de travail pour donner plus de souplesse à l'industrie ?
EMMANUEL MACRON
Je reviens quand même sur votre formule de cycle industriel. On a un cycle industriel qui repart aujourd'hui, qui est la réindustrialisation possible de notre pays.
STEPHANE SOUMIER
Elle est à nouveau compétitive là l'industrie française à votre avis ?
EMMANUEL MACRON
Il y a deux éléments dans la compétitivité. Il y a la compétitivité prix, ce qu'on a fait avec la baisse des charges et des impôts va dans ce sens. Quarante milliards entre 2015 et 2017 d'allègements de charges et de fiscalité pour les entreprises, c'est autant remis sur les marges. On a stabilisé la baisse des marges des entreprises qui, depuis des années, avait cours. Stabilisation. On repasse en termes de coûts du travail sous le coût du travail horaire allemand depuis septembre dernier. Donc on a les premiers résultats et ça, c'est bon pour les marges. Ensuite, l'avenir industriel, le vrai, on le définit en remontant en gamme, en se spécialisant sur les bons secteurs. C'est ce qu'on appelle la compétitivité hors coûts. Si on n'a pas de marges, on ne peut pas réinvestir et donc là-dessus, c'est précisément aider en matière de R&D, pousser les entreprises à se spécialiser et là, on a une nouvelle industrie mondiale qui se dessine. D'abord parce que les cycles de production ne sont plus les mêmes ; ensuite la chaîne de valeur ajoutée qui était devenue mondiale c'est pour ça que moi, je n'ai jamais cru à la démondialisation ou au repli sur soi, c'est tout le débat qu'on doit avoir avec le Front national c'est une illusion. Une partie parfois de la gauche vit sur cette illusion, c'est une erreur. La chaîne de production, elle est mondiale et on a subi pendant vingt ans une délocalisation progressive de notre tissu industriel pour des pays à moindres coûts. On se bat là-dessus, on s'est défendu et en même temps on voit bien qu'on relocalise des productions, elles se re-régionalisent. Et donc notre bataille aujourd'hui, c'est au moment où il y a ces relocalisations qui existent, ou le développement d'une nouvelle industrie, d'être les meilleurs en innovation, en formation, en coûts. On peut le faire, on a tous les instruments pour ça. Ensuite, c'est de considérer que cette nouvelle forme d'innovation elle est beaucoup plus disruptive, ça va plus vite. Ça bouge chaque jour et c'est ce qu'on appelle l'industrie 4.0 côté allemand, c'est l'industrie du futur.
STEPHANE SOUMIER
Comment est-ce qu'on adapte le contrat de travail à ce que vous venez de décrire ? Attendez, vous savez quoi ? Vous répondez dans trois minutes.
EMMANUEL MACRON
Très bien.
STEPHANE SOUMIER
Oui, quand même on est une entreprise nous aussi, vous savez.
EMMANUEL MACRON
Vous devez vivre.
STEPHANE SOUMIER
On marque une pause et on se retrouve dans trois minutes avec Emmanuel MACRON. [ ] On reste avec Emmanuel MACRON, merci beaucoup d'être resté encore un petit peu avec nous. Donc, deux choses, parce que le temps tourne et vous avez un rendez-vous, je ne veux pas non plus mettre la République en panne. Deux choses. D'abord, donc, sur le travail, sur l'organisation du travail, qu'est-ce qu'il y a dans les tuyaux pour se marier justement à ce cycle industriel qui va toujours plus vite et que vous avez décrit ? Un nouveau CDI, un contrat de projet ? Juste améliorer ce que les entreprises aujourd'hui peuvent faire en cas d'accord majoritaire dans l'entreprise ? Quelles sont exactement les intentions du gouvernement, Emmanuel MACRON ?
EMMANUEL MACRON
Alors, vous savez, il faut voir ce que l'on est en train de faire et ce que l'on va faire. Mais, juste donner le chapeau, c'est-à-dire la philosophie. Qu'est-ce qui est clef ? C'est que l'on reconnaisse que pour les entreprises et les entreprises et les entrepreneurs il y ait un droit à l'erreur. Il y ait un droit à l'erreur. C'est-à-dire que l'on peut se tromper quand on embauche quelqu'un et surtout on peut se tromper quand on réembauche et que ce cycle qui repart, eh bien d'un seul coup s'effondre, et ça c'est vrai de la TPE aux grands groupes, c'est vrai de la TPE aux grands groupes. Parce que quand vous prenez un nouveau chantier, un deuxième, et puis que vous dites « j'aurais peut-être besoin de quelqu'un pour m'aider », que vous l'embauchez et puis que six mois plus tard, vous perdez un chantier, vous voulez pouvoir en effet vous séparer de ce salarié, vous le faites à contrecoeur, mais parce que vous n'avez plus d'activité. Et donc, si on reste dans une espèce
STEPHANE SOUMIER
Ça aujourd'hui ce n'est pas possible, il n'y a pas assez de souplesse à travers les CDD et l'ensemble des types de contrats ?
EMMANUEL MACRON
Non, on est Voilà. Donc, qu'est-ce que l'on a fait, déjà ? On a, sur les restructurations, sur les plans sociaux, les licenciements collectifs, pour les grands groupes, beaucoup simplifié les choses. C'est la loi de 2013, on les a encadrés dans le temps et limités en montants. Et la loi Croissance et activité, que je suis en train de porter, elle sécurise ce dispositif, en achevant de préciser les points qui sont très techniques, mais importants, pour pas qu'il y ait d'incertitudes, parce que sinon, une entreprise qui investit, un investisseur qui s'installe en France, eh bien il regarde qu'est-ce qui va se passer, si tout allait mal, et il décide souvent de ne pas investir, parce que c'est trop compliqué. Donc, ça, on l'a sécurisé, pour plus de visibilité. Si ça devait aller mal sur le plan individuel, on a le licenciement individuel, et là, on a sécurisé les choses par la réforme des Prud'hommes qui est en cours
STEPHANE SOUMIER
Absolument.
EMMANUEL MACRON
qui va plus vite et qui donne de la visibilité à travers un référentiel. Ensuite
STEPHANE SOUMIER
Référentiel et pas barème, vous dites beaucoup « on ne peut pas barémiser la justice », c'est ça l'idée, hein.
EMMANUEL MACRON
Non, c'est un sujet technique, juridique
STEPHANE SOUMIER
Oui oui oui.
EMMANUEL MACRON
On ne peut pas imposer aux juges un barème, on peut donner un référentiel aux parties, pour qu'elles trouvent un compromis en lui disant : si on regarde les années précédentes, les juges ont donné ces peines, mettez-vous d'accord là-dessus.
STEPHANE SOUMIER
D'accord. Bon
EMMANUEL MACRON
Ensuite, qu'est-ce qu'on a fait ? On a dit
STEPHANE SOUMIER
Oui, mais c'est qu'est-ce que vous allez faire, qui m'intéresse
EMMANUEL MACRON
Non, non, on n'est pas en train de faire, parce que ce n'est pas encore totalement dans la vraie vie. On a dit : il faut que quand il y ait un accord majoritaire au niveau de l'entreprise, on puisse organiser différemment le temps de travail et les capacités à produire, organisation dans le temps, les salaires, le rythme de travail, etc., c'est ce que l'on a appelé « les accords de maintien dans l'emploi défensifs ». Quand une entreprise a des difficultés, si elle arrive à passer un tel accord majoritaire, alors elle doit pouvoir s'organiser. Cet esprit-là a permis de conclure beaucoup d'accords de compétitivité, c'est ce qu'ont fait par exemple les industries automobiles.
STEPHANE SOUMIER
Absolument.
EMMANUEL MACRON
Elles ont du coup rouvert des lignes, rouvert des lignes. Moi j'ai été rouvrir la ligne de Sandouville il y a quelques mots, qui, en 2011, était considérée comme perdue. On a remis, le trafic va être produit là, la Scudo. Donc ça sert, c'est vachement utile. Alors, qu'est-ce qu'on fait avec François REBSAMEN en fin de semaine ? On va regarder exactement comment fonctionnent ces accords de maintien dans l'emploi défensif, parce qu'il n'y en a pas assez qui sont signés, parce qu'il y a sans doute un peu trop de contraintes, donc on va, avec les partenaires sociaux, faire un bilan, et essayer dans les prochaines semaines, les prochains mois, de voir comment on peut mieux faire, pour que, quand il y a un accord majoritaire, eh bien qu'on puisse avoir des aménagements. Et puis ensuite, c'est le chantier que le Premier ministre a commencé à ouvrir, et il a appelé à une conférence économique et sociale pour le mois de juin, c'est sur les TPE PME et là il faut qu'on puisse trouver des méthodes pour simplifier les choses, pour précisément qu'on reconnaisse ce droit à l'erreur pour les entrepreneurs. Donc, les choses ne sont pas encore finalisées
STEPHANE SOUMIER
Il n'y a pas de détail.
EMMANUEL MACRON
Il n'y a pas de détail, mais c'est dans cet esprit-là.
STEPHANE SOUMIER
C'est un contrat particulier TPE-PME.
EMMANUEL MACRON
Ecoutez, ça, je ne veux pas purger les choses et
STEPHANE SOUMIER
D'accord.
EMMANUEL MACRON
mais vous dire, aujourd'hui, il n'y a pas de plan caché, mais je vous donne l'esprit, cette philosophie elle est importante, je vous dis tout ce que l'on a fait. On va continuer dans ce sens, mais pour avec quel objectif ? De dire, si on reconnait le droit à l'erreur, les entrepreneurs, on leur donne la capacité d'embaucher et on crée un droit pour de nouvelles opportunités, aux salariés et aux chômeurs, c'est ça, c'est comme ça que l'équipe de France gagnera.
STEPHANE SOUMIER
Vous dites, avec les partenaires sociaux, l'idée qu'on a, c'est qu'ils ne veulent plus bouger les partenaires sociaux, c'est qu'ils en peuvent plus du mouvement que vous leur imposez, les partenaires sociaux. Si ? Ils sont encore disponibles aujourd'hui pour avancer avec vous, vous croyez ?
EMMANUEL MACRON
Moi j'ai confiance dans le dialogue social, c'est notre marque de fabrique.
STEPHANE SOUMIER
Oui
EMMANUEL MACRON
Non mais c'est vrai, écoutez, regardez
STEPHANE SOUMIER
Concrètement, on a beaucoup de mal à avancer.
EMMANUEL MACRON
mais non, mais concrètement, mais parfois il y a certains partenaires sociaux qui font de la politique, en disant : « il faudrait aller beaucoup plus loin », quand ils arrivent pas à faire les accords d'aujourd'hui, je pense au document que le MEDEF a mis sur la table il y a huit jours. Il y en a d'autres qui ne veulent plus avancer, mais il y a des réformistes, il y a une partie du patronat qui a été réformiste, il y a une partie des forces syndicales qui sont réformistes, qui veulent avancer avec nous, qui ont fait beaucoup, mais quand je regarde la vie des entreprises, je vous parlais de ces exemples dans l'automobile, les salariés, en France, ils sont responsables, ils sont réformistes. J'étais avec le président de la République à Trémery, en Lorraine, on a décidé que le prochain moteur il se ferait là, plutôt qu'à Vigo. On dit toujours : l'Espagne va devenir
STEPHANE SOUMIER
C'est PEUGEOT qui a décidé.
EMMANUEL MACRON
PEUGEOT, vous avez tout à fait raison, PSA a décidé ça. On dit toujours : « Les Espagnols sont plus productifs etc. ». Non. Pourquoi ? Parce que les salariés ils se sont mis autour de la table, et leurs représentants, et ils ont trouvé un accord, ils ont réussi à prendre leurs responsabilités à moderniser les choses. Donc il y a une capacité à aller de l'avant dans notre pays, qui est formidable, c'est ça qu'il faut valoriser.
STEPHANE SOUMIER
DAILYMOTION, pourquoi, alors juste un mot ceux qui ne connaissent pas, LI KA-SHING, donc DAILYMOTION, filiale d'ORANGE. ORANGE était en négociation avec sans doute aujourd'hui l'homme d'affaires le plus considérable de la planète, le deal de rêve, LI KA-SHING, la première fortune de Chine, son fils cadet citoyen de Hong-Kong en plus, enfin en toute transparence il a des investissements dans le monde entier, on ne peut pas rêver mieux et le ministre a dit non. On veut une solution européenne.
EMMANUEL MACRON
On vous a mal informé alors, moi j'ai deux casquettes dans cette affaire. La première, c'est du business, vous vous appelez BFM Business, on fait du business. On est Etat actionnaire d'ORANGE. Je n'ai pas dit non, je n'ai pas ouvert ma porte et dit à quelqu'un vous n'avez pas de droit de citer ici, j'ai vu Richard LI, le fils de LI KA-SHING, je l'ai vu il y a plusieurs mois. On a eu une discussion très bonne, son projet est formidable, c'est un très bon projet.
STEPHANE SOUMIER
Mais ce sont des types incroyables, on est d'accord.
EMMANUEL MACRON
Ce sont des gens formidables, ils ont un projet industriel formidable qui est de faire le concurrent de YOUTUBE en Asie. Ce projet avance, mais est-ce que, quand vous êtes actionnaire au conseil d'administration d'ORANGE, qu'ORANGE vous dit, je vais rentrer en négociation exclusive avec eux. Qu'est-ce que j'ai dit ? Non, ne rentrez pas en négociation exclusive, on doit regarder toutes les offres, il y en a une c'est magnifique et franchement je la considère, donc à aucun moment
STEPHANE SOUMIER
Ca fait deux ans qu'ils cherchent.
EMMANUEL MACRON
Pas du tout.
STEPHANE SOUMIER
S'il y en avait des offres, on le saurait.
EMMANUEL MACRON
On ne reviendra pas sur ces péripéties, mais il y a eu justement il y a deux ans
STEPHANE SOUMIER
Alors il y a eu l'histoire YAHOO, on les laisse de côté, il y a eu MICROSOFT
EMMANUEL MACRON
Après il n'y avait plus de processus public, mais non, et donc quand d'ailleurs la nouvelle a fuité, il y a eu énormément de réactions de plusieurs acteurs industriels ou d'investisseurs européens, américains etc. Donc
STEPHANE SOUMIER
votre intérêt d'actionnaire de dire
EMMANUEL MACRON
La règle dans la vie des affaires, c'est qu'on donne la capacité à avoir des négociations exclusives avec celui qui a fait une offre qu'on ne peut pas refuser ou à l'issue d'un processus un peu compétitif est largement en tête. Il n'y avait pas eu de processus compétitif, donc là ce qu'on demande et c'est ORANGE qui gère, on est actionnaire.
STEPHANE SOUMIER
Non mais vous voulez une solution européenne.
EMMANUEL MACRON
Je ne me substitue pas à ORANGE, mais en tant qu'actionnaire, ma responsabilité c'est de dire, il faut regarder toutes les options pour être sûr que c'est la meilleure, premier point. Et ça franchement toutes celles et ceux qui nous écoutent, qui sont actionnaires d'un business auraient fait pareil. La deuxième chose
STEPHANE SOUMIER
Non mais attendez, ils ont tellement fait pareil qu'on a du mal à croire qu'ORANGE ne l'ai pas fait pour tout vous dire.
EMMANUEL MACRON
La deuxième chose, c'est que c'est à ça que ça sert d'avoir un actionnaire quand on est aux manettes, c'est tout. La deuxième chose, c'est que oui, nous sommes aussi un Etat et nous avons une politique européenne en matière de numérique. J'étais, il y a deux jours en Allemagne avec le président de la République et beaucoup de mes collègues pour un conseil des ministres franco-allemand, on se bat chaque jour, chaque semaine avec mon collègue Sigmar GABRIEL pour pousser une politique européenne du numérique, parce que figurez-vous qu'il y a une politique américaine du numérique et qui nous taille des croupières, donc on se bat pour lutter contre la concurrence déloyale de certaines grandes plateformes américaines qui utilisent la donnée, la valorise aux Etats-Unis et tordent le coup à beaucoup de start-ups françaises et on fait tout pour que nos start-ups puissent se développer, c'est de l'entreprenariat pur pour combler les failles de financement, les aider à mieux se financer sur ce marché, unifier le marché européen, créer des standards européens, avoir une vraie politique. On dit DAILYMOTION, c'est un bel actif et vous voulez me faire croire qu'il n'y a pas d'actif en Europe pour DAILYMOTION. Mais vous pensez une seule seconde que les start-ups chinoises ou que les start-ups américaines quand elles se développent, les gouvernements là bas ne se posent pas la question de savoir s'il y a une option chez eux ?
STEPHANE SOUMIER
Mais ce n'est pas un avenir européen, mais LI KA-SHING, il ne lui donne pas un avenir européen, il lui donne un avenir mondial.
EMMANUEL MACRON
Mais non, il lui donne avant tout un avenir asiatique. Et donc
STEPHANE SOUMIER
Oui un avenir asiatique, c'est un avenir mondial.
EMMANUEL MACRON
Ca peut être une bonne option, mais moi je dis juste en tant qu'actionnaire, je veux être sûr qu'il n'y en a pas d'autres qui seraient mieux-disant et en tant que ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, je veux être sûr qu'on n'a pas un champion européen qu'on peut construire sur cette plateforme, parce que c'est formidable pour nous tous. Et qu'elle est la cohérence Non mais si vous voulez, je ne me substitue pas à l'entreprise
STEPHANE SOUMIER
Non mais monsieur MACRON, le problème c'est que nous on est un petit peu
EMMANUEL MACRON
Qu'elle est la cohérence
STEPHANE SOUMIER
Quand on regarde le capitalisme français, on est un petit peu polytraumatisé, vous savez, et la grande peur que j'ai moi en vous écoutant, c'est de dire, vous avez été victime du lobbying de tel ou tel et qui veut essayer absolument de racheter DAILYMOTION à bon compte et boum j'ai le ministre dans ma poche et boum je vais faire exploser ce qui aurait été un deal mondial invraisemblable pour DAILYMOTION avec cette fortune hongkongaise.
EMMANUEL MACRON
Mais le deal mondial, il est s'ils le transforment, et il est pour les Hongkongais, si on dit les choses entre nous, ce ne sera pas pour vous et moi pour nos concitoyens.
STEPHANE SOUMIER
Si il sera aussi pour nous, il sera pour tout le monde, c'est bien ça une vision mondiale de l'économie numérique aujourd'hui ?
EMMANUEL MACRON
Non, parce que soit vous avez un opérateur qui est plutôt européen, soit vous avez la localisation en Europe, et je veux dire, il ne faut pas être naïf, ça veut dire que demain ça devient une plateforme chinoise. Je ne suis pas en train de dire que c'est une mauvaise opération
STEPHANE SOUMIER
Il a des actifs considérables en Europe aujourd'hui LI KA-SHING, ça doit être le deuxième ou le troisième opérateur mobile en Grande Bretagne.
EMMANUEL MACRON
On parle de son fils qui en a en Europe, le père en a en Europe non continentale, on parle d'un beau projet, mais je vous dis juste, est-ce que ce n'est pas de ma responsabilité de dire, il faut regarder si on ne peut pas en tirer plus, parce que c'est quand même ça et deux est-ce qu'on a, bon sang de bonsoir, pas un projet européen pour cette plateforme ? Parce qu'on ne peut pas après qu'elle est ma crédibilité au quotidien, si je dis, on a une stratégie numérique européenne, on a une volonté d'avancer de l'avant, on a des champions et dès qu'on a quelqu'un qui est bon, ce qui est tout notre problème aujourd'hui dans le numérique, il est racheté ou par un Chinois ou par un Américain, ça n'a aucun sens.
STEPHANE SOUMIER
Moi, j'ai vu le président de la République partir en Californie dire aux entrepreneurs, allez en Californie, si c'est là qu'est- votre avenir, je l'ai vu, BPI France et on a salué ça, c'est extraordinaire.
EMMANUEL MACRON
Très bien, j'étais avec lui. Simplement on a des start-ups, on veut les faire croitre, elles vont là-bas. On les accompagne même là-bas. Mais on veut que nos start-ups grossissent, réussissent, deviennent des championnes, mais qu'elles deviennent des championnes en Europe, qu'elles réussissent sur le marché américain, mais qu'elles deviennent des championnes en Europe, parce qu'à la fin une entreprise, il ne faut jamais l'oublier, je veux dire, on peut réussir dans la mondialisation, c'est mon but, mais une entreprise, c'est comme vous et moi, elle vient de quelque part et elle habite quelque part à la fin.
STEPHANE SOUMIER
Toute dernière question, parce que quand même il y a une autre entreprise, alors celle là de la vieille économie, non je n'espère pas, c'est tout ce qui se joue en ce moment autour d'AREVA, est-ce que vous avez un tout petit peu plus de pistes aujourd'hui sur la façon dont AREVA et EDF doivent travailler ensemble et pourraient travailler ensemble Emmanuel MACRON ?
EMMANUEL MACRON
Je ne comprends pas votre question Stéphane SOUMIER, ce n'est pas l'Etat qui va définir
STEPHANE SOUMIER
Vous êtes actionnaire à combien, pour EDF ? 90 %. J'ai même un doute, c'est 90, 95, je vous provoque pour vous prendre à contrepied
EMMANUEL MACRON
Mais non ça ne marche pas.
STEPHANE SOUMIER
Mais si ça marche. Vous êtes actionnaire massif alors là pour le coup vous êtes légitime
EMMANUEL MACRON
Non parce qu'on a demandé aux entreprises de nous faire des propositions parce que ce sont les entreprises qui portent la stratégie.
STEPHANE SOUMIER
Ce n'est pas encore fait ça aujourd'hui ?
EMMANUEL MACRON
Donc on a demandé avec Ségolène ROYAL et Michel SAPIN, à ce que les entreprises AREVA et EDF nous fassent des propositions. L'Etat était défaillant durant les années 2000, on a laissé faire les entreprises et mener des politiques qui étaient en quelque sorte hostiles l'une à l'autre, c'était ridicule. Et donc quand EDF décide de s'approvisionner massivement auprès de concurrents russes et qu'au même moment AREVA investit pour pouvoir fournir EDF, on casse de la valeur. On s'est mal organisé à l'international pendant plusieurs années par hostilité entre les deux entreprises et il y a une fragilité qui s'est installée. On a demandé à AREVA et EDF de mieux travailler sur le plan commercial ensembles, sur la partie réacteur, de mieux travailler à l'international, et donc d'avoir des projets communs de se rapprocher, et de regarder comment consolider tout le métier du réacteur et de ses métiers attachés ensembles. Et donc il y a des schémas industriels, il y a des schémas plus capitalistiques donc avec des rapprochements. Ils sont en train de le regarder, ça ne concerne pas tout AREVA, vous l'avez compris, ça ne concerne que la partie réacteurs et dans les toutes prochaines semaines, on aura des propositions concrètes qui font partie du redressement d'AREVA.
STEPHANE SOUMIER
Une coentreprise par exemple, ce serait intéressant ?
EMMANUEL MACRON
Je ne veux pas préempter ce sujet.
STEPHANE SOUMIER
D'accord.
EMMANUEL MACRON
Je pense qu'il faut à la fin un résultat qui soit simple, opérationnel et qui permette aux dirigeants de réussir et de se concentrer sur leurs entreprises. Le nucléaire français, c'est un des secteurs d'excellence, ça embauche beaucoup de nos concitoyens, c'est un secteur où historiquement on a véritablement une excellence en terme de recherche de compétences, et c'est un secteur d'avenir en France et à l'international.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 avril 2015