Interview de Mme Najat Vallaud Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche à Europe 1 le 5 mai 2015, sur l'identification des enseignants pédophiles et le projet de réforme des programmes scolaires.

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Média : Europe 1

Texte intégral


JEAN-PIERRE ELKABBACH
(Propos en allemand) - Bienvenue Najat VALLAUD-BELKACEM, bonjour.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Merci. Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il peut y avoir encore, actuellement dans les écoles, des pédophiles cachés non identifiés ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Le risque zéro n'existant pas, oui, cela peut exister. En revanche, ce dont je peux aujourd'hui… ce que je peux vous assurer, pardon, c'est que nous adoptons les procédures nécessaires pour que, dès lors qu'un prédateur sexuel est avéré, reconnu comme tel par la justice, il soit écarté de l'enceinte scolaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais en attendant, est-ce que vous leur demandez d'avoir l'ultime courage de se signaler à leur administration, éventuellement de se dénoncer, pour se protéger, pour protéger les enfants ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il y a un travail en effet de gestion des ressources humaines à faire, et je l'ai dit hier, c'est aussi la responsabilité de l'Education nationale que de mieux suivre ses personnels, y compris avec une médecine du travail pour cela, pour faire en sorte que ceux qui se sentent, en effet, de parler, d'être aidé à temps, puissent le faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous leur demandez de se déclarer.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais, il ne faut pas non plus être naïf sur ces sujets, vous ne croyez pas que du jour au lendemain tous ceux qui ont de telles tendances vont se mettre à se dénoncer d'eux-mêmes. La réalité c'est que c'est à nos institutions d'être….
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'autant plus que, vous l'avez dit hier à Grenoble…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Le plus vigilantes possibles, pour éviter que ne se reproduise ce qui s'est passé à Villefontaine, c'est-à-dire qu'un homme qui a été condamné pour des faits de prédation sexuelle, ne soit pas connu comme tel par l'Education nationale, qui l'a laissé exercer pendant des années durant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous dites c'est insoutenable. Donc, ces dysfonctionnements existent et sont nombreux, qui doit faire son mea culpa ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Moi je crois que l'Etat, dans son entièreté, a sa part de responsabilité dans ce qui s'est passé à Villefontaine, parce que, d'une certaine façon, nous avons…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est qui l'Etat ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est en l'occurrence la justice qui n'a pas transmis la condamnation de cet individu à l'Education nationale…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc les magistrats qui ont fauté de cette façon auront peut-être des sanctions ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais c'est aussi l'Education nationale, car je ne cherche pas à éluder notre part de responsabilité, qui doit faire en sorte de mieux connaître ses personnels pour repérer les signaux faibles et éviter ce genre de situation. C'est la raison pour laquelle, avec Christiane TAUBIRA, nous avons décidé de réagir très vite, une loi sera adoptée, très vite, puisqu'elle sera discutée dès le 1er juin prochain, adoptée avant l'été, qui obligera désormais les magistrats à transmettre à l'Education nationale les condamnations pour pédophilie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous dites que la loi sera prête et applicable à la prochaine rentrée de septembre.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dès la prochaine rentrée de septembre, en effet, et non seulement elle sera adoptée et entrera en vigueur, mais en plus, d'ici là, nous aurons travaillé sur toutes les procédures en finesse, pour faire en sorte que les procédures d'alerte et de signalement soient connues de tous, au sein de nos administrations respectives, qu'on sache qui est le référent, à qui doivent s'adresser les signalements, que tout cela fasse l'objet d'un suivi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire tout ce qui ne fonctionne pas jusqu'ici, tout ce qui n'a pas fonctionné.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que vous prévoyez des sanctions pour ceux qui se sont tus, pour tous les muets et leurs complices ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bonne question. Ce qui apparaît dans l'enquête qu'ont mené nos deux inspections - puisque Christiane TAUBIRA et moi-même avons chargé l'Inspection de l'Education nationale et celle des services judiciaires de regarder en détail ce qui s'est passé dans l'affaire de Villefontaine et dans celle de Rennes - ce qui apparaît c'est que, au sein de l'Education nationale, contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là, il n'y a ni culture du secret, ni culture de la tolérance, que personne n'a cherché à couvrir quoi que ce soit. Qu'en l'occurrence, dans l'affaire de Villefontaine, l'Education nationale n'était informée de rien, et qu'elle n'avait aucun moyen de savoir que ce monsieur était un pédophile.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Désormais ça ne sera plus possible.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Désormais ça ne sera plus possible, parce qu'il y aura cette obligation légale faite aux magistrats de transmettre à l'Education nationale les condamnations, mais aussi parce que nous enrichirons notre partenariat, par exemple en installant des référents justice dans l'Education nationale, c'est-à-dire des Monsieur ou Madame Justice, qui au sein de l'Education nationale, seront parfaitement informés de ce qui se passe.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Najat VALLAUD-BELKACEM, la grande préoccupation aujourd'hui c'est la réforme du collège, plus d'autonomie pour les chefs d'établissement, 4000 emplois créés, on ne va pas faire de confusion, et il y a le deuxième aspect, c'est la refonte complète des programmes, il y a beaucoup d'hostilité. Est-ce qu'à cette refonte des programmes vous adhérez, vous, personnellement, totalement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Alors oui, il faut qu'il y ait refonte des programmes, et d'ailleurs, pour être plus précise…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais est-ce que vous adhérez au texte que nous lu, attentivement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'une phrase, pour bien contextualiser. Pour être plus précis, ce sont les programmes de l'école primaire, comme ceux du collège, qui sont en effet révisés. Ils sont révisés, à la demande principale d'ailleurs, des enseignants eux-mêmes, qui estimaient que les programmes actuels souffrent d'un manque de cohérence, sont parfois trop lourds…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils n'en n'ont pas davantage.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Alors, ce qui est préparé aujourd'hui, ce sont de nouveaux programmes…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, mais vous ne m'avez pas répondu, est-ce que cette refonte, c'est la vôtre ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ce qui est préparé aujourd'hui ce sont de nouveaux programmes sous l'égide du Conseil Supérieur des Programmes, ça répond à votre question, qui est une instance indépendante, d'ailleurs prévue par la loi, qui est une instance composée à la fois d'experts, d'enseignants et de parlementaires, pour représenter la société civile.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui, j'ai vu, des retraités, des anciens instituteurs, des anciens profs de sciences nat'.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Des parlementaires, d'ailleurs de gauche comme de droite. Les programmes actuels, qui sont présentés dans la presse, sont des projets, ces projets vont faire l'objet d'une consultation de tous les enseignants de France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La consultation va commencer le 11 mai jusqu'au 12 juin, donc ça veut dire que beaucoup de choses pourraient changer ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, les choses peuvent évoluer, absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce que vous changeriez, vous, dans le texte que nous avons là sous les yeux ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Alors, par exemple, pour reprendre quelque chose qui a été beaucoup commenté, moi je suis contre le jargon, j'estime que les programmes c'est fait pour être lisible par tous et compréhensible notamment par les parents.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On peut dire quelques exemples. Apprendre à nager dans une piscine ça devient traverser l'eau en équilibre horizontal par immersion de la tête dans un milieu aquatique standardisé. Le ballon devient le référentiel bondissant. Faire des progrès en sport c'est construire une continuité spatiotemporelle d'actions. Je suis sûr que vous ne l'avez pas relu, que vous ne l'avez pas laissé passer ça !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, mais je viens de vous répondre. Comprenez… mais c'est important, merci de me donner l'occasion de préciser ce point, ce n'est pas la ministre de l'Education nationale qui écrit ces projets de programmes, on est bien d'accord, c'est donc une instance indépendante…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais vous pouvez y souscrire ou prendre des distances.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est un projet qui est proposé, et donc je prends des distances avec l'aspect jargonnant en effet…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin vous prenez des distances.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Pour une raison très simple, c'est que je pense que les parents, notamment, doivent comprendre ce qu'il est attendu de leurs enfants, voilà.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous changeriez déjà…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et d'ailleurs, lorsque les nouveaux programmes seront prêts…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'absence de lisibilité.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et d'ailleurs, Jean-Pierre ELKABBACH, lorsque les nouveaux programmes seront prêts, je m'engage, en particulier, à les vulgariser et à faire en sorte qu'on puisse avoir une publication qui soit accessible, notamment aux parents, pour qu'ils comprennent, encore une fois, quelles sont les connaissances et les savoirs que l'école est censée transmettre à leurs enfants et suivre leur progression.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Là, il vaut mieux ne pas le faire tout de suite. Entre nous, il ne faut pas le faire tout de suite. Alors, on va prendre deux exemples dans la refonte des programmes qui ont déclenché de multiples pétitions, d'éminentes signatures. D'ailleurs, pourquoi vous appelez un certain nombre de gens éminents des « pseudo-intellectuels » ? Parce que, quand je lis, Nora FINKIELKRAUT, tous vos prédécesseurs, jusqu'à François BAYROU, les Marcel GAUCHET, FINKIELKRAUT, GUENIFFEY, Régis DEBRE, Marc FUMAROLI, le Nobel Jules HOFFMANN, qu'est-ce qu'un intellectuel à part entière pour vous ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Là, vous mettez dans un même sac des gens qui ne se sont pas exprimés sur les mêmes sujets, c'est déjà très important. De quoi parlais-je lorsque j'évoquais, en effet, des pseudo-intellectuels…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous le maintenez ou vous le regrettez un peu ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, je ne regrette jamais ce que je dis ; j'ai parlé de ceux qui se sont exprimés au sujet, non pas des programmes, c'est deux choses différentes, mais de la réforme du collège, en prétendant qu'elle s'apprêtait à supprimer le latin et l'allemand, ce qui est parfaitement faux, je le redis ici. Et donc, je disais que ceux qui s'expriment sur ce sujet, et qui cautionnent l'idée qu'on est en train de supprimer le latin et l'allemand, ne font pas leur travail puisqu'ils ne sont pas allés vérifier la véracité de…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien. Moi je vais prendre l'exemple du latin et de l'histoire, c'était deux disciplines, le latin et le grec, ça devient deux thématiques des enseignements pratiques interdisciplinaires. Le latin et le grec perdent leur singularité d'enseignement. Et puis vous dites…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est faux. Pardonnez-moi Jean-Pierre ELKABBACH, c'est faux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, mais vous dites il y a des heures facultatives interdisciplinaires. C'est ça ? Ça veut dire des profs, d'anglais, de maths, etc., pourraient attribuer, ou accorder, 1 heure de latin, 1 heure de grec, selon leur volonté, à des profs qui le demanderaient. Cette réforme elle devient une sorte de troc ou de marché des humanités.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, pas du tout. Prenons le latin et le grec. D'abord, le latin et le grec, aujourd'hui, beaucoup de ceux qui écrivent des tribunes à longueur de temps, font comme si ça faisait partie des enseignements obligatoires auxquels ont accès tous les élèves. Savez-vous seulement…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc 520.000.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà ; savez-vous seulement qu'à peine 20 % des collégiens font du latin, du grec, aujourd'hui, et d'ailleurs, avec quel succès, à la fin collège, quand ils arrivent au lycée, ils ne sont plus que 5 %.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dommage pour eux.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais savez-vous seulement qu'ils sont si peu nombreux ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça représente combien d'heures, aujourd'hui, par semaine ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ça représente 3 heures, en moyenne, à partir de la 5ème…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, 8 heures.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais non, ça représente 3 heures…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
8 heures, au total, de la 5ème à la 3ème. J'ai lu, j'ai lu, j'ai lu…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bon ! donc, la question c'est : est-ce qu'on laisse cette situation perdurer, où seul 20 % d'élèves ont accès à ce latin et ce grec, qu'on trouve si formidable, ou est-ce qu'on fait comme ce que prévoit la réforme du collège, c'est-à-dire qu'on élargit à tous les collégiens la possibilité de faire du latin et du grec ? C'est ce qu'on fait. C'est ce qu'on fait, puisqu'on intègre dans la scolarité obligatoire, et non pas dans les options, le latin et le grec, sous forme de ce qu'on appelle « enseignement pratique interdisciplinaire. » Qu'est-ce qu'un enseignement pratique interdisciplinaire ? C'est un enseignement qui a vocation, en effet, à faire découvrir une matière aux élèves en permettant à plusieurs disciplines de venir y apporter leur contribution. S'agissant du latin et du grec, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que, au lieu de ne faire que des déclinaisons, du latin a proprement parlé, on va faire de l'histoire, de la civilisation antique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On ne peut pas entrer dans le détail, parce que…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais si, c'est important le détail, sinon on ne parle pas du fond…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eh bien venez un dimanche, on a 1 heure, et à ce moment-là on en parlera.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Donc, je réaffirme ici – pardonnez-moi – je réaffirme ici, que dans le collège 2016 tous les collégiens pourront avoir accès à la culture antique, à la civilisation antique, et à la langue latine et grecque, parce que nous avons prévu les heures qu'il faut, qui sont exactement de la même quantité qu'aujourd'hui, mais pour tous les collégiens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, on aurait pu parler de l'histoire. François FILLON vient de vous demander de suspendre, non pas la réforme du collège, mais la refonte des programmes. Qu'est-ce que vous lui dites ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Alors je redis…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'ils seront refondus ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non. Je redis ici que les programmes, aujourd'hui, sont au stade de projet, c'est pour ça qu'il faut bien distinguer la réforme du collège, des structures du collège, des pratiques pédagogiques, et les programmes. Les programmes c'est un projet d'instance indépendante qui s'appelle le Conseil Supérieur des Programmes…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui peut donc bouger.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Qui vont forcément bouger puisqu'ils vont être soumis à la consultation des enseignants…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Deux remarques, il y aurait beaucoup d'autres questions…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Que j'imagine que tous les enseignants ne vont pas être d'accord entre eux, donc que tout cela va nous remonter et que je validerai à la fin.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourvu que quand ils sortiront de leur scolarité ils soient capables, les jeunes, d'affronter le monde tel qu'il va être. Mais deux choses. Hier dans l'émission « Mots croisés » de France 2, Robert MENARD, le maire de Béziers, dit qu'il a 64,5 % d'enfants de confession musulmane à Béziers, il dit « en tant que maire j'ai les noms, classe par classe, des enfants, je sais que je n'ai pas le droit, mais je le fais. » Est-ce que c'est normal, et est-ce qu'on le laisse faire ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, ce n'est pas normal, mais c'est, d'une certaine façon, le vrai visage du Front national qui remonte à la surface. Est-ce que c'est bien étonnant ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Lui il dit qu'il n'est pas Front national.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
De l'extrême droite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On n'a pas, dans l'hexagone, le droit de collecter les données démographiques fondées sur la forme, l'origine ethnique, vous le laissez faire ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il faut regarder en effet si on peut l'empêcher de le faire, moi je découvre cette information, mais ce que je peux vous dire c'est que, au fond, entre la violence manifestée par le Front national, j'en reviens à lui, en ce 1er mai on a vu la violence physique, même, pas simplement les mots utilisés, et puis cette affaire, je crois que, une fois de plus, il ne faut pas se leurrer. Le Front national, l'extrême droite en France, n'a pas changé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dernière remarque. Vous avez vu la page de Libération sur les journalistes femmes, est-ce qu'on drague aussi les ministres, femmes, encore, ou est-ce qu'on les fait souffrir comme à l'époque de Simone VEIL ou d'Edith CRESSON ? Quand vous êtes à l'Assemblée.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ecoutez, oui j'ai vu cette page, le sexisme aujourd'hui existe dans tous les secteurs de la vie publique comme de la vie privée, les caissières souffrent de sexisme, les journalistes femmes souffrent de sexisme et les femmes politiques, oui, ça leur arrive aussi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous aussi, là où vous êtes ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On le condamne.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Eh bien je vous remercie, c'est déjà ça.
THOMAS SOTTO
Merci Najat VALLAUD-BELKACEM d'être venue en direct sur Europe 1 ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 mai 2015