Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur un partenariat public-privé en faveur des programmes de vaccinations et des systèmes de santé au Sahel, à Paris le 25 juin 2015.

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Circonstance : Signature entre l'Agence française de développement, la Fondation Gates et l'alliance GAVI, d'un partenariat en faveur des pays du Sahel, à Paris le 25 juin 2015

Texte intégral

Merci à tous d'être là. Je saluerai d'abord M. le Premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou.
Cher Bill Gates,
Madame la Ministre, Chère Annick Girardin,
Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je voudrais saluer chaleureusement le Premier ministre du Bénin et saluer chaleureusement aussi Bill Gates qui nous font le plaisir d'être parmi nous.
Cher Bill Gates, tout le monde connaît votre engagement sur les questions de développement et la Fondation que vous présidez s'est imposée comme un acteur tout à fait majeur dans ce domaine.
La santé qui est une condition essentielle du développement occupe une place importante au sein de l'action internationale de la France et récemment encore, notre implication dans la lutte contre l'épidémie d'Ébola - c'est Mme Girardin qui avait en charge ce dossier - l'a confirmé.
C'est pourquoi je suis extrêmement heureux que nous soyons réunis pour signer un partenariat qui a pour but de renforcer les programmes de vaccinations et les systèmes de santé au Sahel.
Ce partenariat public-privé d'un montant de cent millions d'euros est signé entre l'Agence française de développement, GAVI, et la Fondation Gates et c'est avec un esprit innovant, avec des acteurs publics et privés au service du financement de la sécurité sanitaire et du développement.
Ce partenariat concerne six pays qui se trouvent être francophones, le Burkina, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad et je veux saluer la présence parmi nous des ambassadeurs de ces pays amis.
Incontestablement, la vaccination est un des meilleurs investissements pour lutter contre la pauvreté et prévenir les coûts de long terme dans les pays en développement. C'est la raison pour laquelle mon pays soutient GAVI, l'alliance du vaccin, depuis sa création en l'an 2000. Nous faisons partie des premiers donateurs de l'alliance. Nous sommes - Cher Bill Gates vous en avez discuté ce matin avec le président de la République - le quatrième bailleur souverain et le deuxième donateur à la facilité internationale pour le financement de la vaccination. Ce qui fait que nous consacrons à la santé mondiale - et je pense que cela est mal connu de la population française - plus de 700 millions d'euros par an.
Outre le soutien au système de santé qui est apporté par l'AFD, décidé il y a déjà plusieurs années, nous continuons de contribuer fortement aux trois grands fonds de l'action internationale en matière de santé : le Fonds mondial pour le Sida, la tuberculose et le paludisme, UNITED et GAVI qui sont trois fonds auxquels la Fondation Gates apporte une contribution majeure.
Ces fonds ont été, je le crois, utiles. Ils ont permis de démultiplier les financements qui sont consacrés à l'amélioration de la santé et de généraliser l'accès aux traitements et aux vaccins au sein de pays très pauvres. Ils renforcent l'action de l'OMS qui est un acteur central au sein de la gouvernance mondiale de la santé.
Au cours des trois prochaines années, la France siégera au conseil de l'OMS et nous allons travailler à renforcer cette organisation dans ses missions essentielles : la prévention, la gestion des crises sanitaires internationales et la mise en place d'une couverture santé universelle.
La communauté internationale a fait du bon travail pour faire face aux grands défis sanitaires mais, comme tout est lié, ces progrès risquent d'être très largement compromis si nous n'agissons pas face à un autre défi global qui est celui du dérèglement climatique.
Lutter pour le climat, c'est en fait protéger notre santé. Par exemple, on sait que les émissions de gaz à effet de serre augmentent les maladies respiratoires et que la déforestation liée à ces gaz conduit à la multiplication de certaines épidémies comme le paludisme ou la dengue. On sait aussi que la recrudescence des sécheresses conduirait à un développement de la malnutrition, et il y a beaucoup d'autres exemples que l'on pourrait citer.
Nous avons eu l'occasion de nous entretenir de ces sujets encore ce matin avec M. Gates, je connais son engagement et le vôtre en faveur de la santé, du développement et du climat, je sais aussi votre souci à tous que la COP21 de Paris soit un succès. Dans cette perspective, il y a différents domaines que nous avons identifiés où votre implication et, s'il le souhaite, l'implication de M. Gates peut être très utile. D'abord, et il y reviendra s'il le souhaite, le domaine de l'innovation. Si l'on veut que les nouvelles technologies permettent aux pays pauvres de lutter efficacement contre les gaz à effet de serre, il faut que ces technologies soient accessibles, pratiquement et financièrement, et elles ne le seront que s'il y a des ruptures technologiques. Il faut donc, comme nous l'avons fait pour les grandes pandémies, accélérer la recherche et l'innovation verte pour mettre au point de nouvelles technologies qui permettront que les énergies renouvelables soient vraiment à disposition.
Un autre domaine, et c'est aussi mon travail en tant que président de la COP21, c'est d'essayer de convaincre les gouvernements. Vous savez que l'ensemble des pays doivent présenter, avant-même la COP21, leur contribution nationale, ce que l'on appelle en anglais INDC. A ce stade, il y a une quarantaine de pays qui l'ont fait, il faut que tous puissent le faire et sur ce point, je pense, Cher Bill Gates, que votre voix sera écoutée dans beaucoup de pays et notamment dans de nombreux pays africains, en raison de l'action que votre Fondation y mène.
Il y a toute une action menée pour convaincre les entreprises à la fois de ne pas investir dans les énergies fossiles - c'est en train de se faire - mais aussi d'investir davantage dans les énergies renouvelables. Ce réflexe climat doit se généraliser.
Je pense là aussi que l'action de tous ceux qui sont là peut vraiment convaincre et nous aider directement. Sur ces points comme sur d'autres, votre influence, cher Bill Gates est un atout extrêmement fort au service des causes qui nous rassemblent.
Je veux dire un dernier mot à notre ami le Premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou, il avait rendez-vous ici avant-même qu'il ne lui arrive une légère modification de trajectoire. C'est un homme qui tient ses engagements et de la même façon qu'il a tenu ses engagements en étant ici et je l'en remercie, je sais qu'il tiendra ses engagements au service de son pays.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 juin 2015