Texte intégral
JULIE LECLERC
Alors que le thermomètre devrait encore grimper bien haut aujourd'hui, l'association des directeurs au service des personnes âgées s'inquiète et l'a fait savoir hier via un communiqué. Le gouvernement se montre-t-il trop rassurant sur les conséquences et la gestion de cette vague de chaleur, c'est la question qui fâche de 7h15 sur Europe 1.
THOMAS SOTTO
Et pour y répondre nous sommes en direct avec la secrétaire d'Etat chargée de la Famille, des Personnes âgées et de l'Autonomie, bonjour Laurence ROSSIGNOL.
LAURENCE ROSSIGNOL
Bonjour.
THOMAS SOTTO
Ces professionnels de l'AD-PA qui regroupent les directeurs de services à domicile et d'établissements s'inquiètent franchement, ils disent que le pays a pris du retard depuis de nombreuses années dans l'aide aux personnes âgées. Risque-t-on, Laurence ROSSIGNOL, à la fin de cette épisode caniculaire d'avoir une mauvaise surprise ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Ecoutez, le gouvernement n'est pas excessivement rassurant, le gouvernement est mobilisé, comme le sont d'ailleurs tous les professionnels qui aujourd'hui sont auprès des personnes âgées, que ce soit dans les établissements ou à domicile et comme le sont d'ailleurs aussi les collectivités locales et tous ceux qui sont au contact des personnes âgées. Pour le moment cette mobilisation à laquelle d'ailleurs, vous les médias, vous participez puisque vous relayez depuis trois jours les consignes de précaution, les invitations à aller prendre soin de son voisin, de s'intéresser à lui et pour le moment ces consignes, elles permettent, que le plus grand nombre sache quels sont les bons gestes. Dans les établissements, le personnel est mobilisé, fait attention à ce que chaque personne boive bien toute la journée, s'hydrate. Il y a dans tous les établissements des endroits rafraichis pour faire face à des pointes de chaleur très très élevées, donc nous pouvons considérer aujourd'hui que la mobilisation est maximum pour tous ceux qui sont en situation.
THOMAS SOTTO
Mais Laurence ROSSIGNOL, personne ne conteste la mobilisation et la bonne volonté de tous ces personnels, mais ce que disent les responsables, c'est qu'en fait ils manquent de moyen humain auprès de nos anciens et ça depuis 2003 d'ailleurs.
LAURENCE ROSSIGNOL
Oui, mais pas depuis 2003, ce que disent les responsables, c'est qu'on peut toujours faire mieux pour les plus vulnérables. Là, il s'agit des personnes âgées, mais on peut dire la même chose quand il s'agit des enfants. Ce que j'observe moi avec les éléments de progression depuis les dernières années, c'est qu'aujourd'hui nous avons 61 agents pour 100 résidents dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. En 2007, c'était 56 agents pour 100 résidents. Donc nous progressons. De même nous progressons dans la médicalisation des établissements, nous aurons prochainement achevé la médicalisation de tous les établissements pour personnes âgées. Il y a 15 000 places supplémentaires qui vont ouvrir dans les EHPAD pour accueillir les personnes qui vieillissent et qui sont de plus en plus nombreuses dans les trois à venir. Nous avons en France 7 000 EHPAD, 400 000 salariés qui y travaillent, des services d'aide à domicile mobilisés, des moyens supplémentaires qui ont été ajoutés cette année comme les deux années précédentes pour le domicile, donc bien entendu les conditions de travail, nous le savons, des personnes qui travaillent dans les établissements, sont des conditions difficiles parce que c'est un travail physiquement déjà prenant, psychologiquement intense et ce sont des conditions de travail qui nécessitent des personnes qui soient mobilisées et qui soient solides. Et bien sûr davantage de personnels, permettrait de faire des choses nouvelles. Mais aujourd'hui dans les EHPAD, on est dans une progression du taux d'encadrement.
THOMAS SOTTO
Pascal CHAMPVERT, le président de l'AD-PA a interpellé Marisol TOURAINE hier et il demande si le gouvernement accepterait de mettre en place un fonds d'aide pour les personnes âgées. On en a besoin, dit-il, est-ce que c'est un sujet de discussion, qu'est-ce que vous lui répondez ?
LAURENCE ROSSIGNOL
Je lui réponds qu'en France on consacre chaque année entre 21 et 23 milliards à la prise en charge de la dépendance, qu'avec la loi d'adaptation de la société au vieillissement qui est actuellement en discussion au Parlement nous dépenserons chaque année, 375 millions d'euros supplémentaires pour l'aide à domicile, que d'un point de vue ce fonds global existe déjà, qu'au cours des dernières années nous avons abondé un fonds d'urgence pour l'aide à domicile. Et donc que nous ne cessons chaque jour de mobiliser des moyens supplémentaires dans les établissements et pour le domicile. Mais peut-être qu'il y aura une discussion à avoir avec les Français, qui est une discussion pour les 10, 20, 30 prochaines années qui est celle de savoir comment collectivement, on prend en charge le vieillissement de la population, avec quel moyen public, qu'elle est la part des moyens privés qui y sont mis aussi, quel est le reste à charge pour les personnes qui vieillissent, qu'elle est la part que les familles prennent ? C'est un des grands sujets qui nous attend pour les années à venir, c'est comment on prend en charge le vieillissement ? Comment on finance les dépenses supplémentaires que ça engage ? Mais aujourd'hui le niveau de dépense en France est déjà un niveau de dépense très substantiel avec, je le disais, entre 21 et 23 milliards d'euros chaque année consacrés à la prise en charge des personnes âgées dépendantes.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 juillet 2015