Texte intégral
La lutte contre le chômage est une cause qui nous rassemble. Comme ministre de lemploi, je suis pleinement engagé dans cette bataille contre le chômage. Je sais que vous lêtes aussi et que toute la société se mobilise. Je viens de traverser les stands de ce beau forum pour lemploi, pertinemment intitulé « des métiers pour votre avenir ». Je suis admiratif de la détermination des acteurs que je viens de croiser. Que ceux qui doutent de notre capacité collective à faire reculer le chômage viennent ici. Ils comprendront quà force de volonté nous réussirons. Mon premier message est donc un message de remerciement, en mon nom, au nom du gouvernement mais aussi au nom de tous ces jeunes et demandeurs demploi qui trouvent ici une opportunité de partir de partir opu repartir dans la vie. Ce nest pas rien.
Vous lavez compris et cest bien le sujet de ce matin lorsquon est au chômage, découvrir de nouveaux métiers, qui recrutent, et pouvoir se former pour y accéder chaque fois quon en fait le choix est décisif.
Cest là un défi des plus complexes que la politique de lemploi doit relever : connaître le marché du travail dans toutes ses dimensions et déployer tous les services qui permettent den assurer la fluidité. En dautres termes, savoir sorienter et se former pour trouver un premier emploi quand on est jeune, pouvoir changer demploi quand on veut construire sa carrière, ou retrouver un emploi quand on nen a plus. Je sais que vous êtes sensibles à ces sujets et que le Conseil régional a engagé un important travail sur lorientation. Tout cela va dans le bon sens.
Mais on constate encore trop déchecs de recrutement. Les chiffres varient mais arrêtons-nous sur 300 000 échecs chaque année. Les raisons sont multiples :
- manque de visibilité de loffre demploi,
- manque dattractivité du poste (valorisation du métier, condition de travail, de salaire),
- entreprise inexpérimentée au recrutement,
-manque de mobilité des actifs ou encore manque de candidats suffisamment formés / expérimentés, Sur chacun de ces points, nous pouvons agir utilement.
1 - Dabord faciliter les transitions dun emploi à un autre en développant la connaissance du marché du travail, cest-à-dire des opportunités qui peuvent exister. Chercher un emploi qui corresponde vraiment à ce que lon souhaite nest pas évident, a fortiori quand il sagit du premier emploi. Cette recherche est dautant plus ardue quil existe tout un marché dit « caché » cest-à-dire qui ne formalise pas ou ne diffuse pas ses offres demploi. Il nous faut lappréhender et cela passe par
* appuyer et accompagner les recruteurs, qui peuvent être démunis pour définir un poste, les compétences associées ou organiser une procédure de recrutement, particulièrement dans les plus petites entreprises.
* anticiper les besoins de compétences recherchées par les entreprises pour adapter les programmes de formation.
* conseiller et former les demandeurs demploi pour les aider à acquérir les compétences utiles aux métiers qui recrutent (au-delà de ceux dits en tension). Cest au prix de ces actions que la qualité des recrutements saméliorera. Cest un effort qualitatif, dont lefficacité est sans commune mesure avec les constructions dites adéquationnistes qui imaginent pouvoir forcer la volonté et la motivation des gens, et qui ne sont que des constructions théoriques.
Lessentiel étant ensuite une question de dialogue et de dynamique collective : cest là que le plan daction pour la mise en uvre des formations prioritaires pour lemploi, le plan « 30 000 », que les acteurs de la grande conférence sociale de juin dernier ont appelé de leurs vux, prend tout son sens. Cet été Etat, région et partenaires sociaux ont échangé leur analyse des besoins en compétences recherchées par les entreprises, pour mettre en uvre dès cette rentrée des formations encore ajustées aux besoins identifiés mais non disponibles, territoire par territoire. A la clé, il y a des emplois immédiats et des possibilités de développement pour les entreprises. Et ça commence maintenant, ici même pour Limoges et pour tout le Limousin, dans ce forum qui est une des traductions concrètes de ce plan jen remercie les organisateurs.
Cet exercice quadripartite permet dinstaller ou de renforcer sur les territoires des pratiques de travail et déchange entre Etat, région et partenaires sociaux qui me semblent stratégiques ; les exercices de diagnostics, de gestion prévisionnelle des compétences, de développement économique requièrent lexpertise croisée et la coordination des actions est efficace. Nous allons avoir beaucoup dautres occasions de réaliser ce travail collectif. Je pense au défi que constitue la mise en uvre du service public régional de lorientation que la région Limousin va préfigurer dès les prochaines semaines.
Cest pourquoi nous en discuterons cet hiver dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle et de la décentralisation jappelle de mes vux le renforcement de la gouvernance régionale Etat/Région/partenaires sociaux.
2. Ainsi, dans cette approche qualitative de la formation se pose la question de lorientation.
Si lon veut être cohérent, toute politique de formation doit être couplée à une politique dorientation. Cela suppose, par exemple, de faire le lien entre le monde universitaire et celui de lentreprise. De multiples initiatives existent pour favoriser les contacts mais elles sont encore loin dêtre systématiques. Trop de jeunes restent encore livrés à eux-mêmes au lendemain de leur diplôme, sans savoir comment organiser leur recherche demploi. Le risque existe de les voir renoncer à leurs ambitions ou entrer dans la spirale du chômage de longue durée. 32 % des jeunes totalisent plus de 6 mois de chômage au cours de leurs trois premières années de vie active.
Pour y remédier, nous avons initié un important travail à faire avec mes collègues ministre de lEducation nationale et de lEnseignement supérieur, Vincent Peillon et Geneviève Fioraso, pour faire en sorte,
* En premier lieu, que les jeunes soient encouragés à anticiper leur recherche demploi plusieurs mois avant leur sortie et quils disposent, dans leur université ou dans leur établissement, de ressources qui leur permettent de les aiguiller, de cibler leurs recherches, de préparer leurs candidatures et davoir des premiers contacts avec les employeurs potentiels, ou bien de développer un projet de création dentreprise ;
* En deuxième lieu, que les jeunes ne restent pas sans accompagnement pendant des mois à la sortie du système universitaire. Le service public de lemploi doit se rapprocher des établissements et pouvoir, dès que nécessaire, proposer un suivi adapté aux jeunes qui en ont besoin.
* En troisième lieu, que les jeunes qui décroche du système scolaire sans avoir acquis de qualification soient systématiquement pris en charge de façon adaptée pour les aider à forger un projet professionnel et chaque fois que possible, trouver une formation.
Au-delà des seuls jeunes et des seuls diplômés, le conseil en évolution professionnelle voulu par les partenaires sociaux et créé par la loi de sécurisation de lemploi pourrait peut être, dans les années qui viennent, répondre à ce besoin universel dorientation, tant pour les jeunes qui cherchent un premier emploi, que pour les salariés qui veulent se réorienter et les demandeurs demploi qui cherchent comment revenir dans lemploi. La concertation quadripartite qui souvre nous le dira.
Le conseil en orientation doit accompagner chaque situation et éclairer par des données objectives et actualisées le choix des personnes sans jamais se substituer à elles. Cest le grand défi du nouveau service public de lorientation que jai souhaité placer sous la responsabilité danimation et de coordination des régions. A cet égard je remercie la région Limousin et son président davoir accepté de préfigurer cette nouvelle organisation dès maintenant et de nous aider à identifier les conditions de la réussite de cette réforme.
Plus largement, lactualité est bien celle-ci : une grande réforme de la formation professionnelle pour tous et tout au long de la vie se profile. Nous entrons dans le vif du sujet dès ce mois de septembre.
Je rappelle ici les enjeux
* Rendre chacun acteur de son parcours et donner aux individus lenvie de se former. Au centre de cette nécessaire ambition, le compte personnel de formation.
* Faire de la formation professionnelle latout de compétitivité et de performance de notre pays. Une réflexion est donc nécessaire sur les modes de financement et dinvestissement.
* Mais dans le même temps, la formation professionnelle doit renforcer sa capacité à sécuriser les transitions dun emploi à un autre ou dun métier à un autre pour devenir un élément dune « sécurité sociale professionnelle » que nous avons commencée à construire. Cest pourquoi elle doit souvrir particulièrement aux demandeurs demplois, aux salariés vulnérables, comme aux petites et très petites entreprises.
Je ne saurai dire limportance du moment.
Jai insisté sur la formation. Le lien est tout trouvé avec ce que nous allons faire maintenant : signer une convention qui témoigne de limplication collective des élus pour linsertion professionnelle des jeunes peu ou pas qualifiés : le Conseil régional, les Conseils généraux de la Corrèze, de la Creuse et de la Haute Vienne, et les villes de Brive, Guéret, Limoges et Tulle sengagent ensemble à assurer la promotion des emplois davenir, et à en soutenir techniquement et financièrement les différentes étapes, notamment auprès des organismes quils cofinancent et au sein des collectivités quils président.
Outre la formation des tuteurs, laccès des jeunes à une formation, et louverture par le Conseil régional de tous ses dispositifs de formation professionnelle aux jeunes en emplois davenir en partenariat avec les OPCA et les financeurs du secteur public, les engagements portent sur le recrutement en emploi davenir.
Cette mobilisation remarquable se traduit de fait dans les chiffres : la région Limousin est parmi les régions qui recrutent plus rapidement que la moyenne nationale au regard de leur objectif. Continuez et ne vous freinez pas si vous approchez vos objectifs prévus pour la fin de lannée, nous vous permettrons de recruter tant quil y aura des jeunes et des employeurs pour leur proposer un travail, un tutorat et une formation !
Une formation, jinsiste. En effet, le sens des emplois aidés, ce nest pas doccuper les gens pour les sortir des statistiques du chômage, je le dis de manière très crue mais très convaincue. Justement, cest le sens des emplois davenir : des emplois aidés de qualité car ils comprennent de la formation pour être un tremplin, pour apprendre un métier et donc de pouvoir capitaliser et voler de ses propres ailes par la suite.
Je vous remercie.
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 16 septembre 2013