Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
Najat VALLAUD-BELKACEM est l'invitée de I TELE ce matin, bonjour.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Et merci d'être avec nous. Comment ne pas commencer par cette image qui bouleverse, la France, l'Europe, le monde entier, on va la regarder ensemble, c'est vrai qu'elle est un peu difficile, et je m'en excuse une fois encore auprès de tous ceux qui nous regardent, mais c'est aussi notre responsabilité de vous montrer cette image qui est à la Une de la presse européenne et mondiale ce matin. C'est quoi ? C'est un enfant, de 3 ans, qui est échoué sur cette plage de Turquie. C'est très dur, Najat VALLAUD-BELKACEM, là j'imagine que c'est à la fois la responsable politique, la femme, la mère, qui a envie de réagir.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est insoutenable, et en même temps il ne faut pas qu'on se trompe de débat, comme on le fait souvent, plus insoutenable encore que cette image, qu'il faut à mon avis montrer, parce qu'on ne doit pas détourner le regard, et la situation de ces migrants. Et donc, oui, nous avons une responsabilité, tous, collectivement, et l'Europe, pour ce qui nous concerne, a une responsabilité, c'est pour ça que sur cette question des migrants il faut toujours se garder des discours définitifs. Quand je vois, y compris dans notre propre pays, parfois, Marine LE PEN par exemple, et ses sbires sur les réseaux sociaux, appeler à refouler tous ceux qui demandent l'asile, quand je vois ceux qui demandent aujourd'hui à ce qu'on renégocie Schengen parce que ça ne va pas, parce qu'on ne peut pas accueillir, etc., moi je crois qu'il faut au contraire un discours comme celui que porte le gouvernement, c'est-à-dire d'humanité, de responsabilité, pour faire en sorte que l'on trouve une solution à cette crise.
BRUCE TOUSSAINT
Justement, honnêtement Najat VALLAUD-BELKACEM, aujourd'hui, il n'y a pas encore de réponse vraiment adaptée à l'ampleur de ce drame. On voit bien qu'il y a une certaine prise de conscience, il ne s'agit pas de faire de polémique forcément ce matin, mais est-ce que, honnêtement, il y a une réponse à la hauteur du drame ? Je parle d'une réponse politique européenne, pour l'instant elle n'existe pas.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Elle est en construction, je ne vais pas vous dire que tout est parfait, mais elle est en construction. On voit bien que, à la fois François HOLLANDE, Angela MERKEL, dont l'attitude a souvent été positivement soulignée ces derniers temps, sont en train de construire, en Europe, une responsabilité sur ce champ. On l'a vu par exemple lundi lorsque le Premier ministre s'est rendu à Calais, et que la Commission européenne a annoncé qu'elle viendrait financer l'extension d'un campement pour accueillir les demandeurs d'asile à Calais. On le voit quand dans notre propre pays Bernard CAZENEUVE, ministre de l'Intérieur, fait adopter un droit d'asile qui permet de traiter beaucoup plus rapidement la demande d'asile et donc d'accueillir de façon beaucoup plus humaine ceux qui en font la démarche. Donc, il faut continuer cela. On le voit quand on sécurise les alentours de l'EUROTUNNEL parce qu'on voit les migrants prendre un certain nombre de dangers dans le train, donc il faut agir sur tous les fronts, en ayant une politique qui soit à la fois nationale et qui soit concertée avec nos partenaires européens.
BRUCE TOUSSAINT
Vous évoquiez Marine LE PEN il y a quelques instants, ses propos, parfois, vous choquent ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Parfois ?
BRUCE TOUSSAINT
Sur ce sujet-là ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, ses propos sont intolérables sur beaucoup de sujets, sur celui-là en particulier. Je crois que
BRUCE TOUSSAINT
Sans vouloir la défendre, ce n'est pas mon rôle, mais beaucoup de gens pensent comme elle, vous le savez bien, sur ce sujet-là, le fameux « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. » C'est quelque chose qu'on peut entendre pas forcément chez les militants de Marine LE PEN.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est pour ça qu'on me montrant cette photo tout à l'heure vous me demandiez ce que ça m'inspirait, et je sais que certains se demandent si c'est pertinent de montrer ce genre de photo, je vous dis, moi, je trouve que c'est pertinent, qu'il faut le faire, bien sûr, parce que nous devons ouvrir les yeux, nous devons être éclairés sur les réalités de ces migrations, de cette misère, de ces situations terribles qui poussent les migrants sur les routes avec leurs enfants au risque de leur vie. Nous devons être éclairés sur le fait que depuis le début de l'année ce sont plus de 2500 migrants qui sont morts noyés en Méditerranée. Nous devons avoir ces chiffres et ces visages à l'esprit pour comprendre que nous avons des politiques à adapter et faire en sorte que nous apportions des réponses plutôt que simplement nous calfeutrer dans notre confort, en l'occurrence en France ou en Europe. Et c'est vrai que, Laurent FABIUS a eu l'occasion de le dire, mais la réaction hongroise en particulier, qui consiste à ériger des barrières, ne peut pas être une réaction conforme aux valeurs européennes.
BRUCE TOUSSAINT
Alors on va parler avec vous dans quelques instants de la rentrée scolaire, évidemment, c'est votre grand dossier, c'est votre première grande rentrée, vraie rentrée scolaire, mais juste avant j'aimerais qu'on parle de, j'allais dire votre nouvelle collègue, mais non, elle était déjà votre collègue, même si tout le monde ne le savait pas forcément, Myriam EL KHOMRI, elle a été nommée hier ministre du Travail. Comment expliquer d'ailleurs ce choix qui a surpris tout le monde ? Vous, ça vous a surpris aussi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, ça m'a surprise parce que je crois que personne n'avait été mis dans la confidence, honnêtement, mais j'ai trouvé que c'était une excellente idée de François HOLLANDE et de Manuel VALLS, que de promouvoir ainsi, d'abord une jeune femme, parce qu'elle est jeune, mais qui a fait ses preuves. Déjà moi je la trouve brillante, j'ai eu l'occasion de le dire
BRUCE TOUSSAINT
Elle était plutôt discrète dans son secrétariat d'Etat à la Ville.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Efficace.
BRUCE TOUSSAINT
Ah oui ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, oui, efficace. Elle m'a succédée à la politique de la ville, donc j'ai pu suivre d'assez près ce qu'elle faisait, notamment pour mener à bien les contrats de ville, se déplaçait beaucoup sur le terrain, travaillait en lien avec les élus locaux, voilà, et sur des questions comme la recherche d'égalité territoriale, de justice, de perspectives d'emploi pour notamment les habitants des quartiers, elle a été très efficace, et donc je ne doute pas que dans ses nouvelles missions elle le sera.
BRUCE TOUSSAINT
Christophe BARBIER, à la fin de son édito tout à l'heure sur I TELE, vous posait la question suivante, il relevait, comme vous venez de le faire à l'instant, que Myriam EL KHOMRI est une femme, jeune, issue de la diversité, et Christophe vous posait la question suivante : est-ce que c'est une stratégie de François HOLLANDE pour séduire la France de l'intégration ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je crois que c'est une façon d'analyser les choses qui ne correspond pas à ce qu'est la France d'aujourd'hui. Je ne pense pas qu'on puisse découper, scinder, la France d'aujourd'hui, entre les Français issus de l'immigration, les Français dits de souche, etc. Aujourd'hui la France elle est multiple, diverse, et fort heureusement elle se mélange, parce qu'il n'y a pas que les partisans de Marine LE PEN, il y a une réalité du pays qui est beaucoup plus ouverte et beaucoup plus mixte que ça. Et donc je pense qu'une personne comme Myriam EL KHOMRI est susceptible en effet de toucher très largement, j'allais dire la jeunesse, parce que c'est vrai qu'elle l'est elle-même, et les habitants, enfin les Français dans leur ensemble, et pas simplement les communautés issues de l'immigration, non. Donc cela n'est pas un signal envers une communauté, c'est en revanche un signe de renouveau de la vie politique, incontestablement. C'est vrai que vous voyez finalement
BRUCE TOUSSAINT
Que vous incarnez vous aussi avec, on le dit, avec Emmanuel MACRON, enfin cette génération de à peine quadras
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, honnêtement c'est vrai que François HOLLANDE, quand on fera le bilan en 2017, on se rendra compte qu'il a réussi à faire monter à des responsabilités, quand même très élevées, un certain nombre de quadras, c'est vrai, qui forment un peu une génération HOLLANDE, en tout cas moi je me reconnais dans cette définition.
BRUCE TOUSSAINT
Voilà, il y aura au moins un point positif dans le bilan, parce que sinon, pour le reste on ne va pas le faire maintenant.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, il y en a beaucoup d'autres, mais c'est un point très positif, me semble-t-il, parce que le personnel politique doit être renouvelé si on veut aussi recréer un peu d'appétence dans la population pour la vie politique.
BRUCE TOUSSAINT
Honnêtement, ce ministre, enfin c'est un job impossible, pour Myriam EL KHOMRI !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous parlez du Travail ?
BRUCE TOUSSAINT
Oui, oui, ministre du Travail, François REBSAMEN l'a dit lui-même dans son discours de passation de pouvoir, c'est qu'est-ce qu'elle va pouvoir faire ? Pourquoi est-ce qu'elle réussirait là où tous les autres ont échoué ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'abord, pardon, mais c'est faux de dire que les autres ont échoué, que ce soit Michel SAPIN, ou que ce soit François REBSAMEN, lequel d'ailleurs vient de faire
BRUCE TOUSSAINT
Vous êtes sûre, là, de pouvoir défendre ça ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, mais François REBSAMEN vient juste de faire adopter une loi sur le dialogue social qui est quand même unanimement reconnue comme une bonne loi permettant de fluidifier les relations sociales. Michel SAPIN, de son côté, avait créé les Emplois d'Avenir, qui ont permis, notamment au chômage des jeunes, aujourd'hui, d'avoir des niveaux quand même très intéressants, très bas je veux dire. Et donc, Myriam EL KHOMRI elle va devoir, par exemple dans ses prochains rendez-vous, préparer la prochaine grande conférence sociale, un rendez-vous incontournable avec les partenaires sociaux. Je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire pour continuer à, oui, fluidifier et à permettre que les entreprises embauchent davantage, c'est ça qui est attendu d'un ministre du Travail.
BRUCE TOUSSAINT
Vous êtes toujours d'accord avec l'idée, émise par François HOLLANDE lui-même, selon laquelle si le chômage ne baisse pas, il ne doit pas se représenter en 2017 ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je n'ai pas le moindre doute sur le fait que le chômage baissera, d'ailleurs l'INSEE
BRUCE TOUSSAINT
Ce n'était pas tout à fait ma question
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, mais je vous réponds avec ma réponse.
BRUCE TOUSSAINT
Si ça ne baisse pas
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Avez-vous que l'INSEE vient de sortir, donc ses derniers chiffres, nous sommes sur une stabilisation du nombre de chômeurs, donc nous allons bien l'inverser cette courbe du chômage, je n'ai pas de doute.
BRUCE TOUSSAINT
Parlons de la rentrée scolaire. Est-ce que vous êtes, comme on dit dans les cours de récrés, une menteuse, Najat VALLAUD-BELKACEM ? C'est le mot qu'a utilisé Jean-Luc MELENCHON à votre sujet
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ah c'est ça que vous parlez !
BRUCE TOUSSAINT
Il a aussi dit, à propos de François HOLLANDE, « menteur. » « Vous n'avez pas créé », dit-il, « 60.000 postes dans l'Education nationale », comme promis pendant la campagne de 2012. Alors, qu'est-ce que vous lui répondez ? Honnêtement, c'est un peu flou cette histoire, est-ce que vous pouvez essayer de simplifier, parce que vous allez vous allez remplir votre engagement, mais est-ce que vous pouvez rendre ça clair pour tous ceux qui nous regardent ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr, avec plaisir. Lorsque François HOLLANDE a accédé aux responsabilités en 2012, en matière d'éducation il s'est engagé à deux choses. Un, créer 60.000 postes. Quand on dit éducation, en l'occurrence c'est Education nationale, Enseignement supérieur, et Enseignement agricole. Donc, créer 60.000 postes dans ces trois secteurs. Deux, remettre en route une formation initiale pour les enseignants, c'est-à-dire que, désormais, quand on embauche de nouveaux enseignants, on ne les met pas directement dans des classes sans savoir enseigner, on les forme pendant une année après qu'ils aient obtenu leur concours de l'enseignement. C'est très important de comprendre cela, parce que ce que, visiblement, ne comprends pas monsieur MELENCHON, c'est que, en effet, lorsque nous disons avoir recruté, depuis 2012, 35.200 personnes, sur ces 35.200 personnes il en est un certain nombre qui étaient déjà enseignants, et que nous recrutons, donc ils sont déjà enseignants, ils vont aller à temps plein dans les salles de classe. Mais il en est un certain nombre qui sont de nouveaux enseignants, qui viennent d'obtenir leur concours, or dans le cadre de la formation initiale
BRUCE TOUSSAINT
Donc qui vont faire une année de
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ecoutez-moi bien ; dans le cadre de la formation initiale, que nous avons voulu remettre en place, ils ont une année, où ils sont payés à temps plein, ils sont payés comme des enseignants, ils ont une année qui, pour eux, est une année en alternance, ils passent la moitié du temps en formation, et la moitié du temps à enseigner dans leurs salles de classe. Ce qui est une formidable façon de préparer les enseignants à devenir enseignants. Donc, pour répondre à votre question, entre les titulaires à temps plein, dans les salles de classe, et les jeunes professeurs, à moitié en formation et à moitié dans les salles de classe, nous avons bien, en tout, 35.200 postes. Par ailleurs, une dernière chose que monsieur MELENCHON semble ignorer, c'est que quand on parle de ces postes on ne parle pas simplement de postes d'enseignants, on parle aussi de personnels non-enseignants, qui sont tout aussi utiles dans les établissements, c'est-à-dire des CPE, des assistants sociaux, des infirmiers, des médecins. Or, monsieur MELENCHON, pour faire son calcul de « seulement 4000 embauchés », en fait il oublie, il fait exprès de zapper tous les personnels non-enseignants, il zappe tous les professeurs en alternance, parce qu'ils sont en formation pour partie, et voilà, donc le mensonge se situe du côté de monsieur MELENCHON.
BRUCE TOUSSAINT
Voilà, donc quand il vous dit « menteuse », vous lui répondez « toi-même. »
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, mais en plus, bon là j'en souris, parce que je suis de bonne humeur, mais honnêtement je ne suis pas tout le temps de bonne humeur, je trouve ça assez insupportable parce que c'est déjà suffisamment compliqué à faire comprendre dans l'absolu, parce que tous ces sujets sont relativement techniques, c'est vrai, et donc, introduire comme ça un doute, une suspicion permanente, c'est assez intolérable. Les Français doivent être persuadés d'une chose, c'est que l'Education nationale, ça se vérifie simplement, quand même, est redevenue depuis 2012 le premier budget de la Nation, le premier budget de la Nation. L'année dernière notre budget était en augmentation de 1,5 milliard, cette année il va être en augmentation encore de 500 millions d'euros, croyez-vous que cet argent il serve à autre chose qu'à financer des postes précisément ? Donc, vous pouvez nous croire quand on vous dit cela.
BRUCE TOUSSAINT
Sur les rythmes scolaires, vous pouvez nous confirmer qu'il y a quand même près d'une commune sur cinq, 18 %, qui n'a pas encore signé de projet éducatif territorial ? C'est ce qui permet d'avoir droit à des fonds de l'Etat pour financer les fameuses activités périscolaires. C'est beaucoup quand même, non ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Pour que vous compreniez bien. Quand je suis arrivée il y a 1 an dans ce ministère, il n'y en avait quasiment pas des communes qui avaient signé des projets éducatifs territoriaux. On leur versait, en gros, depuis la réforme des rythmes scolaires, l'Etat versait de l'argent aux communes, pour les aider à financer la mise en place des activités périscolaires, mais sans vérifier derrière que ces activités étaient bien mises en place, ce qui aboutissait, par exemple à Marseille, à avoir une ville qui recevait de l'argent, mais qui n'avait pas d'activité périscolaire, mettant en difficulté bien des familles. Donc, la décision que j'ai prise ça a été, avec l'accord du Premier ministre à ce moment-là, ça a été d'une part de dire le fonds de soutien de l'Etat aux communes, il va être reconduit d'année en année, donc chaque année nous leur versons 400 millions d'euros, donc celles qui prétendent que ça ne revient qu'à elles de financer le périscolaire, là, pour le coup, mentent, parce que l'Etat les aide bien
BRUCE TOUSSAINT
Décidément.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Décidément. Et puis par ailleurs en contrepartie de cet argent qui est versé par l'Etat, eh bien la commune doit mettre en place ces activités périscolaires et ce sera bien, comment dire, inscrit dans un contrat, un projet éducatif territorial entre l'Education nationale et la commune et donc qu'on ait aujourd'hui 82 % de communes signataires, c'est très bien. C'est très bien, c'est-à-dire qu'en un an
BRUCE TOUSSAINT
Il y aura 100 %.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
On en aura 100 %, non mais pour une raison très simple c'est qu'aucune commune n'a intérêt à ne plus percevoir le soutien financier de l'Etat, donc elles le feront.
BRUCE TOUSSAINT
Il y aura une grève le 17 septembre prochain contre la réforme du collège, alors si j'ai bien compris votre message, c'est « ma porte est ouverte, on peut discuter » mais, on discute de quoi au fond ? Il y a quelque chose à négocier ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ma porte est ouverte pour faire en sorte que ça se passe le mieux possible à la rentrée 2016, c'est-à-dire ma porte est ouverte pour aménager la façon dont les enseignants, les équipes dans les collèges sont accompagnés pour préparer dans les meilleures conditions possibles la rentrée 2016. Mais la réforme
BRUCE TOUSSAINT
Vous êtes prête à discuter ou à négocier, ce n'est pas la même chose ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais la réforme en tant que telle pour répondre à votre question, elle a été adoptée.
BRUCE TOUSSAINT
Donc
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Elle a été adoptée
BRUCE TOUSSAINT
Donc c'est fini
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais vraiment que les choses soient claires parce que je sais que le printemps dernier il y a eu beaucoup de polémiques qui ont pu brouiller les esprits, mais la réforme du collège, c'est la résultante d'une loi de refondation de l'école qui date de 2013, ce qui signifie que depuis 2013 nous travaillons à cette réforme du collège, que nous l'avons
BRUCE TOUSSAINT
D'accord, mais enfin il y a quand même encore une grève le 17 septembre et peut-être encore une autre en octobre, en novembre.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bruce TOUSSAINT, dans l'Education nationale les choses se passent quand même régulièrement comme cela, lorsqu'on adopte une réforme, quelle qu'elle soit, vous avez des organisations syndicales qui sont pour, d'autres qui sont contre, en l'occurrence vous avez des organisations syndicales nombreuses d'ailleurs, je pense à la CFDT ou à l'UNSA qui ont dit leur accord, vous avez des organisations syndicales qui y sont opposées et qui appellent à nouveau à la mobilisation. Elles sont dans leur droit et on verra bien. Mais simplement pour finir sur cette réforme du collège parce qu'on ne peut pas en parler que sous cet angle de la mobilisation, je redis à quel point les collégiens de France ont besoin d'avoir un nouveau collège. Je veux dire, c'est pour cela que nous conduisons cette réforme, c'est pour faire en sorte qu'ils apprennent mieux qu'ils ne font aujourd'hui, les fondamentaux. Quand vous avez un élève sur cinq qui sort du collège sans maitriser les fondamentaux de Français ou de Math, on ne peut pas s'en satisfaire. C'est pour faire en sorte qu'ils apprennent mieux les compétences nouvelles dont ils auront besoin à l'avenir, les langues vivantes, le numérique, la maitrise de l'oral, la capacité à travailler ensemble. Tout le monde sait très bien dans les entreprises d'aujourd'hui que c'est ce qu'on demande aux gens et donc ce collège 2016, il doit voir le jour et il le verra.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, on va regarder ensemble trois images, et pour conclure cette interview, un commentaire assez rapide, c'est vraiment juste pour avoir un petit mot de votre part, tout d'abord, Manuel VALLS, c'était ce week-end à La Rochelle, et alors c'est un geste qui fait un peu polémique, un peu de bruit, voilà, il est avec des militants du MJS, et vous allez voir, il va se lever, et puis, il va mettre une petite tape ou une petite claque, voilà, on l'a vu, à ce militant. Qu'est-ce que ça vous inspire ? Parce qu'il venait de se faire siffler en arrivant à cette réunion, voilà, j'explique que pour tout soit clair.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, enfin, moi, je trouve qu'on en a fait beaucoup autour de cette affaire, j'y étais, et donc, des excès de fin de soirée de la part de jeunes, je ne sais pas, il devait 2 ou 3 en l'occurrence, vraiment
BRUCE TOUSSAINT
Oui, non, mais moi, je vous parle de la petite tape
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ça ne méritait pas plus de commentaires que ça. Eh bien, je ne sais pas, ça ne ressemble pas à une claque en tout cas.
BRUCE TOUSSAINT
Je n'ai pas dit claque, j'ai dit tape !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, mais, en fait, on voit Manuel VALLS s'assoir à côté de ce jeune, discuter, ouvrir le dialogue, comme on dit. Et puis, une tape, oui, enfin, c'est plutôt amical qu'autre chose.
BRUCE TOUSSAINT
Ah, c'est amical ! D'accord !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Eh bien, il faudra lui demander
BRUCE TOUSSAINT
Non, mais je le saurai ! Si jamais il me fait ça un jour, je saurai que c'est amical donc. Autre image, ils se forment, ils se reforment, Jean-Vincent PLACE et François de RUGY, ça y est, ils vont faire un nouveau parti avec Jean-Luc BENNAHMIAS aussi, là. C'est une bonne nouvelle ça ou pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Eh bien, c'est une recomposition du paysage politique, moi, j'ai trouvé que ce qui s'était passé le week-end dernier avec les défections les unes après les autres d'Europe Ecologie-Les Verts était triste, donc c'est bien qu'il y ait cette recomposition rapide, parce que, voilà, ça ne pouvait pas nous réjouir.
BRUCE TOUSSAINT
Troisième image, alors ça, je ne sais pas si ça va vous inspirer, mais il doit y avoir un concert de Téléphone le 11 septembre, alors, c'est trois des anciens membres qui se reforment pour un concert. C'est une bonne nouvelle ou pas ? Il n'y aura pas Corinne, mais il y aura les trois garçons, Richard KOLINKA, Jean-Louis AUBERT et Louis BERTIGNAC. Ça fait des années et des années qu'on se demande s'ils vont se reformer, là, on a peut-être une piste.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Eh bien, moi, je suis ravie s'ils se reforment, c'est ça la question ?
BRUCE TOUSSAINT
Eh bien, oui, oui, oui, je ne sais pas, vous êtes fan, vous aimez bien, je ne sais pas
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Qu'est-ce que j'en pense ? Ah, j'adore, oui, oui, bien sûr, ça serait top.
BRUCE TOUSSAINT
Toute dernière question, Najat VALLAUD-BELKACEM, est-ce que vous serez bien candidate aux législatives de 2017 dans le Rhône ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, enfin, je suis surprise que ça crée autant d'attention, parce que ce n'était pas un mystère, voilà, oui, bien sûr, je suis installée de longue date, comme vous le savez, dans cette agglomération lyonnaise
BRUCE TOUSSAINT
Oui, ce sera à Villeurbanne précisément, la circonscription ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, enfin, je le souhaite, évidemment, après, il y a une procédure, des militants qui doivent désigner un candidat, mais c'est là que je suis installée, et je trouve important de retourner devant le suffrage universel, sachant que, jusqu'à il n'y a pas très longtemps, j'étais encore élue locale, conseillère générale en l'occurrence, et que je voudrais repasser devant ce suffrage universel.
BRUCE TOUSSAINT
Voilà donc pour la confirmation ! Merci beaucoup
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Merci à vous.
BRUCE TOUSSAINT
Bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 septembre 2015