Interview de Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche à BFM TV le 30 septembre 2015, sur l'évaluation des élèves, notamment par la mise en place de livrets scolaires en ligne.

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Média : BFM TV

Texte intégral


JEAN-JACQUES BOURDIN
Najat VALLAUD-BELKACEM, ministre de l'Éducation nationale, est notre invitée ce matin. Bonjour.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'évaluation de nos enfants, nous allons être précis parce que tous les parents écoutent, les enseignants aussi évidemment. Najat VALLAUD-BELKACEM, on va être concret. A la fin de chaque trimestre, chaque élève et donc chaque parent d'élève recevra un bulletin détaillant le niveau de l'élève par matière d'un côté, et de l'autre côté les appréciations générales et les projets menés. C'est bien cela ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, c'est du CP à la troisième. On est bien d'accord ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Absolument. Insistons quand même sur le fait que c'est la première fois que sur l'ensemble du territoire, ce livret scolaire est unique, uniforme. Par exemple, imaginons que votre enfant déménage au cours de sa scolarité, vous aurez le même type de bulletin, le même type de livret scolaire quelle que soit la ville où vous vous installez, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent puisque d'une ville à une autre, on pouvait avoir des livrets très différents, qui parfois d'ailleurs étaient très volumineux – dans certaines villes, ça faisait cinquante pages, dans d'autres très courts. Là, c'est uniformisé pour tout le monde, très aisément compréhensible pour les parents avec, en effet, les évaluations par matière et puis des évaluations sur la discipline, l'absentéisme, les projets menés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais entrer dans le détail et regarder avec vous ce qu'indique ce bulletin, bulletin consultable en ligne par tous les parents, accessible en ligne sur Internet.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, c'est important. Je sais que c'est déplaisant pour les élèves qui pouvaient avoir tendance à attendre l'arrivée du courrier pour cacher le bulletin, mais c'est important que les parents soient associés à la scolarité de leur enfant et donc à son évaluation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va prendre la classe de CP. Je vois : « le suivi des acquis scolaires de l'élève engagera lecture, compréhension de l'écrit, écriture, étude de la langue, vocabulaire, orthographe, grammaire, nombres et calcul, grandeur et mesure, espace et géométrie, éducation physique et sportive, enseignement artistique, questionner le monde ». Ça veut dire quoi, ça, « questionner le monde » ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous êtes en classe de CP dans l'exemple que vous venez de prendre, donc questionner le monde c'est commencer à avoir des repères. Par exemple en classe de CP, on mène des activités autour de la nature, donc comprendre les saisons c'est questionner le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enseignement moral et civique, c'est quoi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
L'enseignement moral et civique, c'est la grande nouveauté de cette année puisque nous avons voulu que de la classe de CP jusqu'à la classe de Terminale tous les élèves français puissent avoir accès à cette nouvelle matière qui leur permet d'entendre parler de sujets d'actualité, de les débattre en classe, d'entendre parler de morale. Finalement, c'est qu'est-ce qui va dans le sens de l'intérêt commun, qu'est-ce qui va à son encontre, c'est très important que dès le plus jeune âge on ait cela.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de note en primaire.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui. Franchement, c'est la pratique aujourd'hui de 80 % des écoles primaires. 80 % des écoles primaires entre le CP et le CE2 ne notent pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais là, c'est terminé les notes en primaire. Il n'y en a plus dans votre bulletin, dans votre livret.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Celles qui souhaitent, puisque si je dis que 80 % pratiquent ainsi, ça veut dire que 20 % restent, celles qui souhaitent continuer à mettre des notes pourront continuer à les mettre. C'est prévu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas sur le livret scolaire.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Si, si, absolument. Elles peuvent les mettre ici, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, les ajouter.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
En fait, on a choisi la liberté pédagogique. C'est une vraie question que vous posez puisqu'on s'est beaucoup cette question de notation, de suppression de notation, et cætera. Quelle est la situation actuelle ? En général à l'école primaire, les équipes pédagogiques ont globalement arrêté de noter pour préférer évaluer par compétences acquises ou non-acquises. Les parents qui ont des enfants à l'école primaire le savent parfaitement. Il reste cependant les écoles primaires où on met des notes. Au collège, on est plutôt sur de la notation mais il existe aussi des collèges qui ont décidé d'être sans note. Notre choix a été de laisser la liberté pédagogique aux équipes, donc elles pourront soit choisir la notation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
En primaire comme au collège.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà, exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et particulièrement au collège.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Au collège, on sera plus souvent sur de la notation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est le conseil d'administration de l'établissement, les équipes pédagogiques donc qui choisiront, soit appréciation, soit notation. On est bien d'accord ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Absolument. Et c'est important que les équipes pédagogiques aient cette liberté-là, oui. Il faut leur faire confiance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tiens, j'ai un tweet tout de suite.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Déjà ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça réagit évidemment de Jérôme qui est l'un de nos auditeurs et qui nous dit : « Suppression des notes, fin de l'émulation, nivellement par le bas, sacrifice de nos enfants. C'est inacceptable ».
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
En fait, je ne sais pas si c'est une plaisanterie ou pas. C'est tellement caricatural !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, c'est sérieux.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est sérieux ? C'est un vrai tweetos ? Écoutez, d'abord je le redis, dans notre réforme nous n'imposons aucune façon de noter ou de ne pas noter aux enseignants. Nous estimons que c'est aux équipes pédagogiques de faire ce choix. Depuis des années, il y a des équipes pédagogiques qui ont fait un choix ou l'autre, compte tenu aussi du public qui est le leur, de la façon de faire progresser au mieux les élèves. Vous savez, parfois la notation sur les compétences, l'évaluation par compétences plus exactement - c'est-à-dire comme en primaire où on va dire maîtrise de la lecture acquis, en cours d'acquisition, non acquis - c'est plus fin que de se contenter de mettre une note chiffrée. Il faut faire confiance aux équipes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au collège, c'est clair. Ceux qui voudront garder les notes pourront les garder.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Au collège, une immense majorité a gardé les notes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais les appréciations seront obligatoires, pas les notes.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, non, tout est obligatoire. De toute façon, il faut évaluer et il faut apprécier bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les notes resteront obligatoires ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Encore une fois, les collèges sans note tels qu'ils existent aujourd'hui pourront continuer à fonctionner ainsi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils continueront s'ils le veulent. A la fin du CE2, de la Sixième et de la Troisième, une fiche dressant un bilan global sera distribuée aux enfants et aux parents, bilan sur les huit apprentissages du socle commun. C'est bien cela ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui. De quoi s'agit-il ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un deuxième livret scolaire en quelque sorte. C'est une évaluation à la fin d'un cycle.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
De quoi s'agit-il donc ? On vient de le dire, à chaque trimestre les enfants auront des bulletins que vous connaissez aujourd'hui et qui sont relativement clairs. Tous les trois ans, puisque désormais la scolarité fonctionne par cycle, je le rappelle, c'est la nouveauté que nous introduisons - c'est-à-dire qu'on ne regarde pas seulement année par année la progression de l'élève mais on regarde tous les trois ans -, tous les trois ans, en plus de ces bulletins trimestriels qu'ils ont eus, ils auront en effet une évaluation de fin de cycle. Qu'est-ce que cette évaluation de fin de cycle ? C'est une évaluation qui va permettre de positionner l'élève pas simplement sur des disciplines et par rapport au niveau de sa classe, mais aussi sur la progression qui doit être la sienne pour obtenir à l'âge de seize ans ce qu'on appelle le socle commun de connaissance, compétences et culture. C'est-à-dire qu'on considère que tous les élèves doivent, à la fin de leur scolarité obligatoire, atteindre un niveau qui est un niveau minimal, qui est un niveau ambitieux, exigeant, qui est un niveau qui leur permettra de se projeter dans leur vie future. Donc pour atteindre ce socle à la fin de leur scolarité obligatoire, il faut qu'ils progressent tout au long de la scolarité, donc tous les trois ans d'une certaine façon, on va faire un check-up si vous voulez. En plus des bulletins trimestriels et annuels par discipline, on va faire un check-up sur les compétences que l'élève a réussi à obtenir ou pas et qui l'amène vers l'obtention de ce socle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et s'il n'a pas obtenu ces compétences, que fait-on ? Il redouble ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
L'idée, c'est que précisément la scolarité est tout entière tournée autour de ce socle. C'est-à-dire que désormais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. C'est-à-dire que s'il n'a pas atteint ce qu'il doit atteindre la première année, on estime qu'il pourra atteindre ce qu'il doit atteindre la deuxième année ou la troisième année.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
S'il n'a pas atteint ce qu'il devait atteindre par exemple à la fin du premier cycle, ça veut dire que la pédagogie qui lui sera appliquée pendant le cycle suivant doit être individualisée, différenciée pour lui permettre de rattraper son retard.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que vous supprimez le redoublement.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais le redoublement, ça fait longtemps qu'on a fait nos annonces sur le sujet. Nous considérons qu'il est inefficace en effet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc c'est fini ? C'est un système qui efface le redoublement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Le fait de raisonner en trois ans, en effet, rend beaucoup moins pertinent le redoublement puisqu'on se donne trois ans pour que l'élève atteigne le niveau qui doit être le sien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pendant trois ans, l'élève ne redouble pas.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Pendant trois ans, l'élève a la possibilité de progresser et on lui donne la possibilité de progresser en adaptant notre pédagogie. Je vais vous en donner un exemple parce que tout ça peut paraître un peu théorique, j'imagine. Par exemple cette année, en cette rentrée scolaire sans attendre cette réforme, on a introduit une évaluation à l'entrée de la classe de CE2, évaluation systématique du niveau de français et de mathématiques des élèves. Pourquoi est-ce qu'on a introduit cette évaluation ? Parce qu'on se dit : ces élèves qui ont appris à lire et à compter depuis la classe de CP, normalement c'était en classe de CP qu'ils l'ont appris, mais on arrive en classe de CE2 à la fin du cycle de trois ans, il faut qu'on vérifie s'ils le maîtrisent ou pas. Si, en début de classe de CE2, sur la base de ces évaluations on se rend compte qu'en fait, ils ne maîtrisent pas ce qu'ils auraient dû maîtriser depuis la classe de CP, alors toute la classe de CE2 sera consacrée à leur faire rattraper leur retard, pour qu'ils ne rentrent pas en classe de CM1 en le traînant comme un boulet. C'est ça la nouvelle école que nous construisons. C'est une école qui individualise l'accompagnement des élèves pour leur permettre de ne pas aggraver leur retard, mais de le rattraper au fur et à mesure, donc pas besoin de redoublement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Najat, Najat, donc plus besoin de redoublement. On oublie le redoublement, j'ai bien compris.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, sauf – pardon, parce qu'on trouvera toujours des auditeurs qui ont ce cas dans leur famille – sauf pour des enfants qui ont dû s'absenter sur de très longues durées pour cause de maladie, et cætera. C'est évident que dans ce cas-là, il faut mieux recommencer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sinon, terminé le redoublement à cause du résultat scolaire. Bien, le brevet ; passons au brevet à la fin de la Troisième. Je regarde, je l'ai sous les yeux le brevet des collèges. Alors, contrôle continu sur plusieurs matières – une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit ; on est bien d'accord. Ensuite contrôle final, une épreuve écrite, français, histoire, géographie. Une deuxième épreuve écrite, mathématiques-sciences. Une troisième épreuve, de l'oral. Ensuite, les enseignements de complément seront pris en compte et on fera un total de points. C'est bien cela ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Puisque vous évoquez les enseignements de complément, je vous laisse les lire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enseignements de complément : latin, grec, langue et culture régionale.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Latin et grec sont donc bien là. Ils sont bien évalués et comptent bien pour le brevet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord. Et donc, ça va donner quelques points supplémentaires mais c'est un peu compliqué, pardonnez-moi.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
En fait, vous trouvez ça compliqué si vous partez de rien. Si vous comparez avec l'existant, déjà vous allez trouver ça beaucoup moins compliqué. Les auditeurs qui ont des enfants en classe de Troisième savent comment ça fonctionne aujourd'hui. Aujourd'hui, sur quoi sont évalués les enfants pour obtenir le brevet ? Ils sont évalués sur leur contrôle continu, donc les notes obtenues tout au long de l'année. Sur leur contrôle final, donc les notes obtenues aux épreuves de fin d'année. Et sur ce qu'on appelle un livret personnel de compétences car cette notion de compétences existe déjà dans la loi depuis 2005, qui est fort ce livret personnel de compétences, de 90 items, 90 cases que les enseignants doivent remplir pour chacune d'entre elles en indiquant pour l'élève est-ce qu'il les a acquises ou non-acquises. Voilà comment on obtient le brevet aujourd'hui, c'est extraordinairement compliqué. Demain, ce que vous venez de présenter, qu'est-ce que c'est, comment on obtiendra le brevet : sur la base donc du contrôle continu, sur la base du contrôle final et on reviendra sur la nature des épreuves parce qu'on les a un petit peu modifiées, et puis sur la base en effet de compétences qu'on a regroupées sous huit items au lieu de 90. Ces huit items servent à dire – c'est en quelque sorte les fondamentaux que l'élève doit avoir obtenus à la fin de sa scolarité obligatoire. Oui, à la fin de sa scolarité obligatoire, en plus de savoir s'il connaît par coeur les dates de telle période de l'histoire, ça c'est disciplinaire, c'est important de savoir si un élève sait s'exprimer à l'écrit et à l'oral, si un élève sait se repérer dans le monde, si un élève est à l'aise avec la pratique des arts, la pratique du sport. C'est ça en fait, et il y en a huit comme ça. Ce n'est pas si compliqué.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec la remise d'un diplôme, la remise officielle, une cérémonie l'année suivante, en Seconde.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, c'est important. C'est important, cette cérémonie républicaine de remise du brevet. Pourquoi c'est important ? En fait, dites-vous bien que le collège et l'école primaire sont les seuls moments de la scolarité des élèves où toute une classe d'âge se côtoie. Parce qu'ensuite, après le brevet, chacun va prendre des chemins différents. Certains iront en lycée pro, d'autres en lycée général, d'autres arrêteront leurs études. Jusqu'à la fin du collège, tous les enfants étaient ensemble, et donc l'obtention du brevet ça doit être un moment très solennel de remise de ce diplôme. Jusqu'à présent, ça n'existait pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A l'américaine un peu.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, si vous voulez. Alors comment on organise cela ? On aurait pu le faire à la fin de l'année scolaire, c'est-à-dire au courant du mois de juillet, une fois les épreuves du brevet corrigées mais ça semblait un peu compliqué de faire revenir tout le monde. On a préféré le faire donc à la rentrée scolaire qui suit. Le premier mercredi de la rentrée scolaire, on va demander à tous les collégiens, ceux qui ont obtenu leur brevet l'année passée, de revenir dans leur collège d'origine et de se faire acclamer, applaudir, par des élus de la République qui seront présents, des collectivités locales, par les parents bien sûr, puis par les autres élèves du collège qui sont plus jeunes et qui verront des modèles de réussite. Je pense que c'est un bon moment à célébrer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Najat VALLAUD-BELKACEM, la dictée, une dictée par jour, avez-vous dit, dès la rentrée 2016, exercices de calcul mental et de lecture tous les jours, mais j'ai regardé, ce n'est pas prévu dans la nouvelle version des programmes scolaires que vous avez rendus publics, pourquoi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Si, c'est bien prévu, bien sûr, ce qui est prévu dans la nouvelle version des programmes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon, elle sera corrigée et notée cette dictée ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà, alors, on en vient au sujet, ce qui est prévu dans la nouvelle version des programmes, c'est ce qu'on appelle la pédagogie de la répétition, de l'entraînement quotidien pour fixer les apprentissages, et donc en matière d'écriture, l'entraînement quotidien pour fixer les apprentissages, c'est écrire sous énoncé, et donc en français simple, ça s'appelle de la dictée. En revanche, pour répondre à votre question, quand on dit dictée, arrêtons d'entendre dictée à la Bernard PIVOT de 45 minutes, avec notation à la fin. Une dictée, c'est écrire sous énoncé de l'enseignant, ça peut être écrire des phrases éparses, ça peut être…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, l'énoncé d'un problème…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà, l'énoncé d'un problème, et puisqu'on parle de dictée, vous aurez remarqué que dans les épreuves du brevet donc nouvelle version, il y a aussi une épreuve de dictée qui sera là, parce que nous avons voulu renforcer la culture et littéraire et scientifique des élèves…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ferait bien même de mettre une épreuve de dictée au bac, Najat VALLAUD-BELKACEM.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Eh bien, pourquoi pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, mais le bac, vous savez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais le nombre de lycéens de terminale qui font des fautes, vous le savez, des fautes d'orthographe…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est clair, c'est clair, oui, oui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et je ne parle pas de la fac. Le lycée, vous avez vu la Cour des comptes, vous avez lu, un lycéen français qui coûte 10.100 euros par an, 7.347 euros en moyenne dans les autres pays européens de l'OCDE.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, oui, c'est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec des résultats très moyens, notamment à l'université ensuite, ça fonctionne mal. Il y aura une réforme du lycée avant 2017 ou pas ? Vous allez engager une réforme du lycée ou pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
On va engager en tout cas une discussion avec les organisations syndicales, qui est prévue dès cet automne, donc ce n'est pas dans longtemps, pour tirer le bilan de la réforme du lycée de 2010…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, enfin, qui n'est pas encore en application totalement.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Absolument, donc elle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est en 2015…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, elle date de très peu de temps, donc il fallait aussi se laisser le temps, certains auraient voulu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça fait cinq ans, quoi…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, mais certains auraient voulu que dès 2012, on revienne sur ce qui avait été fait, enfin, non, il faut laisser le temps aux choses de fonctionner avant de les évaluer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais il ne s'agit pas de… mais je vous pose la question : est-ce que vous allez réformer le lycée ou pas avant 2017 ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Indéniablement, il y a beaucoup de difficultés qui ressortent de cette réforme, on le voit, donc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez réformer ou pas avant 2017 ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je ne sais pas si ce sera avant 2017, procédons dans l'ordre, tirons d'abord un bilan, et puis ensuite, voyons ce qu'on peut améliorer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais le bilan, la Cour des comptes, vous l'avez, le bilan…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais ce que dit la Cour des comptes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
58 langues en option au bac, record du monde, 20 ont été choisies au dernier bac par moins de 50 élèves.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ce que dit la Cour des comptes est assez intéressant, d'abord, c'est vrai que, un lycéen dans notre système scolaire coûte beaucoup plus cher qu'un collégien ou qu'un élève d'école primaire, on le savait. Il y a quand même eu un certain nombre d'efforts de rationalisation ces dernières années, je pense que cela vous a été dit, donc on va dans le bon sens, notamment pour, avec les régions, rationaliser la carte des formations, c'est-à-dire savoir combien de lycées pro on ouvre, sur quels domaines, etc., dont on a besoin…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais Najat VALLAUD-BELKACEM, la Cour des comptes est implacable, elle dit qu'il y a trop de lycées…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, la Cour des comptes est souvent implacable…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais elle est implacable, et elle a raison, ça coûte cher pour des résultats très moyens ! Franchement !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et puis, il y a un sujet qui est celui du nombre d'épreuves du baccalauréat, voilà…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez réduire ce nombre d'épreuves ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il peut faire clairement l'objet d'une simplification, j'en suis d'accord. Donc ça fait partie des sujets dont nous nous saisissons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous allez réduire le nombre d'épreuves, nombre d'options ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Donc on va tirer le bilan, et puis, on prendra des décisions, et je vous en tiendrai informé en temps utile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc là, vous allez travailler sur ce…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais vraiment, c'est un sujet important, bien sûr…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, eh bien, évidemment que c'est un sujet important, évidemment…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Si je peux me permettre, juste d'un mot, vous savez que dans le cadre de la réforme territoriale qui a conduit à avoir 13 régions, eh bien, nos Académies aussi ont évolué, et désormais, nous avons 13 rectorats régionaux d'Académies, donc finalement, des territoires plus vastes pour mener un certain nombre de politiques éducatives, et notamment celle de la carte des formations, donc ça, ça va permettre aussi de rationaliser la carte des formations lycées, et donc d'aller vers plus d'économies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, accord sur la rémunération des fonctionnaires, annonce Manuel VALLS, pour vous, ça va vous permettre d'augmenter les enseignants ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, enfin, pour moi, c'est vraiment…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les salaires des enseignants ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Pour moi, c'est vraiment une très bonne nouvelle que le Premier ministre et la ministre de la Fonction publique aient décidé donc de faire valoir cet accord, même si on a compris qu'on n'était qu'à 49 %, pourquoi c'est une bonne nouvelle ? Parce que dans l'Education nationale, les syndicats ont été très allants avec cet accord, on a obtenu 70 % des syndicats de l'Education nationale en faveur de cet accord…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez ouvrir des négociations ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Donc ça signifie qu'on va pouvoir en effet ouvrir des négociations, qui ont vocation à améliorer les rémunérations des enseignants, disons les choses simplement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et donc vous allez améliorer la rémunération des enseignants ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr, c'est l'objectif de cet accord, qui a été négocié, que de revoir les échelons indiciaires et pour les enseignants, ça a un impact considérable, on sait qu'ils étaient assez mal rémunérés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, j'ai deux questions politiques, la première, est-ce que, Emmanuel MACRON doit quitter le gouvernement ? Je vous pose la question, Arnaud MONTEBOURG est parti, d'autres sont partis, Benoît HAMON, votre prédécesseur, est-ce que, Emmanuel MACRON doit quitter le gouvernement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Écoutez, franchement, enfin, j'aimerais bien m'abstenir de commenter, mais je vais vous dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi ? Ce n'est pas commenter, c'est votre opinion !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, mais je vais vous dire d'une phrase, moi, je pense que les propos d'Emmanuel MACRON ne méritent ni excès d'honneur ni excès d'indignité, je suis un peu surprise par la tournure prise par les événements…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes surprise par le ras-le-bol de Martine AUBRY ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, parce que, honnêtement qu'un ministre s'exprime dans des cadres qui ne soient pas forcément formels, dans lesquels il réfléchit à haute voix…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous partagez ce qu'il dit, franchement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, je ne partage pas forcément ce qu'il dit, soyons clairs, mais enfin, je pense qu'il ne partage pas non plus toujours ce que je dis, et il m'arrive aussi de m'exprimer dans des cadres informels et de réfléchir à haute voix, voilà. Je pense qu'il faut arrêter avec cela, que les Français veulent nous voir au travail et que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais enfin, c'est la gauche qui débat avec Emmanuel MACRON…
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je ne sais pas qui alimente cette polémique en permanence, mais enfin, c'est très désagréable, je peux vous dire, parce que, je pense qu'on a des choses plus sérieuses à faire, là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, et dernière question, à propos de Martine AUBRY, est-ce qu'elle doit s'engager à être candidate dans la région Nord-Pas-de-Calais Picardie, franchement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il n'appartient qu'à elle de prendre cette décision…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non, mais ça, alors là, oui, non, mais, vous avez quand même un avis, non ? Vous n'avez pas d'avis sur la question ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Eh bien écoutez, moi, en tout cas, si je peux vous dire une chose au sujet de Martine AUBRY, c'est que, elle a cent fois par le passé fait preuve de son engagement, et donc je ne lui ferai jamais de procès d'intention sur sa capacité à s'engager…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors pourquoi ? Alors pourquoi ne s'engage-t-elle pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais parce que, elle estime…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'elle sait qu'elle a déjà perdu ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, pas du tout. Je crois que, elle s'estime plus utile là où elle est, à la tête de… voilà, enfin, dans ses responsabilités actuelles. Donc je pense qu'il faut lui faire confiance, et que, vous savez, il y a mille façons d'être utile dans ces élections régionales, ce n'est pas forcément en allant briguer une place sur une liste qu'on est le plus utile. Regardez, moi, par exemple, en région Rhône-Alpes Auvergne, j'ai proposé à Jean-Jack QUEYRANNE, qui est la tête de liste, de présider son comité de soutien, parce que j'estime que c'est une façon de mobiliser aussi et les militants de la gauche et les électeurs, et de mener cette campagne qui est forcément une campagne difficile, on le sait, dans laquelle on a besoin de toutes nos forces, et chacun apporte à sa mesure, et il faut être solidaire, il faut être responsable, et il faut faire gagner la gauche.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Najat VALLAUD-BELKACEM.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 octobre 2015