Texte intégral
Mesdames et Messieurs les membres du jury,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je suis très heureux de vous accueillir ce soir à l'Hôtel de Brienne.
Je dois dire que c'est presque une maison d'écrivains. Avec Georges Clemenceau et le Général de Gaulle, ces lieux ont vu passer deux immenses hommes d'État qui furent aussi de brillants hommes de lettres. Tous deux ont affronté l'Histoire en ces lieux. Tous deux y ont laissé une empreinte qui ne s'efface pas.
Il était donc naturel que la rentrée littéraire passe aussi par le ministère de la Défense.
D'abord parce qu'elle y retrouve une tradition ancienne, que je viens d'évoquer, celle de la plume et de l'épée. Mais aussi parce qu'elle y rencontre une préoccupation quotidienne, celle de déchiffrer le monde contemporain, et notamment les bouleversements géopolitiques qui reconfigurent sans cesse l'environnement stratégique de la France.
Aujourd'hui, c'est plus que jamais nécessaire.
Ces derniers mois en particulier, des actualités dramatiques sont venues rappeler l'ampleur des menaces qui pèsent sur notre pays. Aller au-devant de ces menaces, où qu'elles se trouvent, au plus loin de nos frontières comme au plus près de nos foyers, toujours pour garantir notre sécurité, voilà la mission du ministère de la Défense.
C'est une mission qui s'éprouve au quotidien, dans ce qu'il a de complexe, d'incertain, parfois d'inacceptable. Mais c'est aussi une mission qui se prépare dans le temps long, celui du recul, de l'analyse, de la réflexion. Et c'est tout le sens du Prix Brienne qui nous rassemble ce soir, pour sa troisième édition.
Je voudrais d'abord m'adresser à Andreï Gratchev, puisque le jury a souhaité lui décerner un prix spécial pour son ouvrage Le Passé de la Russie est imprévisible.
Cher Andreï Gratchev, c'est un honneur de vous recevoir ici ce soir.
Vous n'êtes pas seulement l'auteur d'un brillant essai sur l'histoire de la Russie contemporaine, vous êtes aussi et surtout le témoin et l'acteur privilégié des incessants bouleversements qui ont marqué ce pays.
Comme vous le dites si bien, vous êtes un « enfant du dégel » : vous et votre génération avez connu la déstalinisation lancée par Nikita Khrouchtchev. Vous avez aussi connu le « printemps de Prague ». Vous avez, enfin, participé de près à la réforme du système soviétique dans les années 1980, d'abord comme membre du département international du comité central du Parti puis au Kremlin, comme conseiller et porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev.
Voilà qui vous donne toute autorité pour publier ce livre, qui est déjà un ouvrage de référence, à la fois remarquablement écrit et éclairant sur cette histoire de la Russie qui été aussi la nôtre, et qui par d'autres voies se prolonge aujourd'hui. En particulier, vous décrivez admirablement bien ce traumatisme que fut l'échec de la volonté de créer une convergence entre l'État protecteur, garant de la justice sociale, et l'efficacité du système économique. Votre analyse montre ainsi qu'au lieu du monde idéal imaginé de l'autre côté du « rideau de fer », c'est un système capitaliste aussi brutal que le soviétisme que les Russes ont alors découvert.
Vous posez au fond une question essentielle, celle de la sauvegarde de notre modèle démocratique face aux bouleversements du monde, face aux défis que sont la mondialisation, la pauvreté, les migrations : sommes-nous réellement capables de bâtir une « maison commune » ? Sommes-nous capables d'offrir aux sociétés un horizon politique stable et apaisé ?
En apportant un éclairage nouveau sur cette période essentielle de notre histoire récente, vous signez un livre important. C'est pourquoi je suis très heureux, cher Andreï Gratchev, au nom de l'ensemble du jury, de vous remettre ce prix spécial.
Il me revient donc, au nom de l'ensemble du jury, le plaisir et l'honneur d'annoncer le lauréat du Prix Brienne édition 2015.
Auparavant, je voudrais simplement, à la suite de Frédéric Encel, saluer nos quatre finalistes : Myriam Benraad, Jean-Pierre Filiu, Ahmet Insel et Pierre-Jean Luizard. Leurs livres m'ont accompagné partout ces derniers mois, et je voudrais dire que ma perception des choses n'a fait que confirmer, à mes yeux, la grande valeur de leurs réflexions. C'est pourquoi, au-delà du lauréat que je vais distinguer dans un instant, j'invite tous ceux que la géopolitique intéresse à lire les ouvrages que nous avons mis en lumière.
Mesdames et Messieurs, cher amis,
Au nom de l'ensemble du jury, je suis très heureux de remettre le Prix Brienne 2015 à Pierre-Jean Luizard pour son ouvrage Le piège Daech l'État islamique ou le retour de l'histoire.
Avec Le Piège Daech, vous signez un essai brillant, qui construit un dialogue qui nous a convaincu entre actualité immédiate et grande Histoire, pour répondre à cette question essentielle : comment sommes-nous tombés dans ce que vous appelez le « piège Daech » ?
En quelques mois, le groupe autoproclamé « État islamique » a fait une entrée fracassante et sanguinaire sur la scène internationale. Mais votre approche vise précisément à replacer ce mouvement, effectivement jeune, dans sa trajectoire historique. Cela vous permet de démontrer, avec une grande clarté, le fonctionnement de Daech ; de décrypter sa stratégie cynique, faite de pièges et de provocations.
Les clés que vous nous offrez pour entrer dans le « piège Daech » sont précieuses, pour toutes celles et tous ceux qui s'interrogent sur la menace qui nous fait désormais face. En mobilisant votre remarquable connaissance de l'histoire du Moyen-Orient contemporain, pour décrire l'émergence de cette organisation, vous parvenez à faire comprendre l'étendue majeure du bouleversement politique que l'actualité nous laisse seulement entrevoir.
Bravo à vous.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 6 octobre 2015
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je suis très heureux de vous accueillir ce soir à l'Hôtel de Brienne.
Je dois dire que c'est presque une maison d'écrivains. Avec Georges Clemenceau et le Général de Gaulle, ces lieux ont vu passer deux immenses hommes d'État qui furent aussi de brillants hommes de lettres. Tous deux ont affronté l'Histoire en ces lieux. Tous deux y ont laissé une empreinte qui ne s'efface pas.
Il était donc naturel que la rentrée littéraire passe aussi par le ministère de la Défense.
D'abord parce qu'elle y retrouve une tradition ancienne, que je viens d'évoquer, celle de la plume et de l'épée. Mais aussi parce qu'elle y rencontre une préoccupation quotidienne, celle de déchiffrer le monde contemporain, et notamment les bouleversements géopolitiques qui reconfigurent sans cesse l'environnement stratégique de la France.
Aujourd'hui, c'est plus que jamais nécessaire.
Ces derniers mois en particulier, des actualités dramatiques sont venues rappeler l'ampleur des menaces qui pèsent sur notre pays. Aller au-devant de ces menaces, où qu'elles se trouvent, au plus loin de nos frontières comme au plus près de nos foyers, toujours pour garantir notre sécurité, voilà la mission du ministère de la Défense.
C'est une mission qui s'éprouve au quotidien, dans ce qu'il a de complexe, d'incertain, parfois d'inacceptable. Mais c'est aussi une mission qui se prépare dans le temps long, celui du recul, de l'analyse, de la réflexion. Et c'est tout le sens du Prix Brienne qui nous rassemble ce soir, pour sa troisième édition.
Je voudrais d'abord m'adresser à Andreï Gratchev, puisque le jury a souhaité lui décerner un prix spécial pour son ouvrage Le Passé de la Russie est imprévisible.
Cher Andreï Gratchev, c'est un honneur de vous recevoir ici ce soir.
Vous n'êtes pas seulement l'auteur d'un brillant essai sur l'histoire de la Russie contemporaine, vous êtes aussi et surtout le témoin et l'acteur privilégié des incessants bouleversements qui ont marqué ce pays.
Comme vous le dites si bien, vous êtes un « enfant du dégel » : vous et votre génération avez connu la déstalinisation lancée par Nikita Khrouchtchev. Vous avez aussi connu le « printemps de Prague ». Vous avez, enfin, participé de près à la réforme du système soviétique dans les années 1980, d'abord comme membre du département international du comité central du Parti puis au Kremlin, comme conseiller et porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev.
Voilà qui vous donne toute autorité pour publier ce livre, qui est déjà un ouvrage de référence, à la fois remarquablement écrit et éclairant sur cette histoire de la Russie qui été aussi la nôtre, et qui par d'autres voies se prolonge aujourd'hui. En particulier, vous décrivez admirablement bien ce traumatisme que fut l'échec de la volonté de créer une convergence entre l'État protecteur, garant de la justice sociale, et l'efficacité du système économique. Votre analyse montre ainsi qu'au lieu du monde idéal imaginé de l'autre côté du « rideau de fer », c'est un système capitaliste aussi brutal que le soviétisme que les Russes ont alors découvert.
Vous posez au fond une question essentielle, celle de la sauvegarde de notre modèle démocratique face aux bouleversements du monde, face aux défis que sont la mondialisation, la pauvreté, les migrations : sommes-nous réellement capables de bâtir une « maison commune » ? Sommes-nous capables d'offrir aux sociétés un horizon politique stable et apaisé ?
En apportant un éclairage nouveau sur cette période essentielle de notre histoire récente, vous signez un livre important. C'est pourquoi je suis très heureux, cher Andreï Gratchev, au nom de l'ensemble du jury, de vous remettre ce prix spécial.
Il me revient donc, au nom de l'ensemble du jury, le plaisir et l'honneur d'annoncer le lauréat du Prix Brienne édition 2015.
Auparavant, je voudrais simplement, à la suite de Frédéric Encel, saluer nos quatre finalistes : Myriam Benraad, Jean-Pierre Filiu, Ahmet Insel et Pierre-Jean Luizard. Leurs livres m'ont accompagné partout ces derniers mois, et je voudrais dire que ma perception des choses n'a fait que confirmer, à mes yeux, la grande valeur de leurs réflexions. C'est pourquoi, au-delà du lauréat que je vais distinguer dans un instant, j'invite tous ceux que la géopolitique intéresse à lire les ouvrages que nous avons mis en lumière.
Mesdames et Messieurs, cher amis,
Au nom de l'ensemble du jury, je suis très heureux de remettre le Prix Brienne 2015 à Pierre-Jean Luizard pour son ouvrage Le piège Daech l'État islamique ou le retour de l'histoire.
Avec Le Piège Daech, vous signez un essai brillant, qui construit un dialogue qui nous a convaincu entre actualité immédiate et grande Histoire, pour répondre à cette question essentielle : comment sommes-nous tombés dans ce que vous appelez le « piège Daech » ?
En quelques mois, le groupe autoproclamé « État islamique » a fait une entrée fracassante et sanguinaire sur la scène internationale. Mais votre approche vise précisément à replacer ce mouvement, effectivement jeune, dans sa trajectoire historique. Cela vous permet de démontrer, avec une grande clarté, le fonctionnement de Daech ; de décrypter sa stratégie cynique, faite de pièges et de provocations.
Les clés que vous nous offrez pour entrer dans le « piège Daech » sont précieuses, pour toutes celles et tous ceux qui s'interrogent sur la menace qui nous fait désormais face. En mobilisant votre remarquable connaissance de l'histoire du Moyen-Orient contemporain, pour décrire l'émergence de cette organisation, vous parvenez à faire comprendre l'étendue majeure du bouleversement politique que l'actualité nous laisse seulement entrevoir.
Bravo à vous.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 6 octobre 2015