Déclaration de Mme Annick Girardin, secrétaire d'Etat au développement et à la francophonie, sur les efforts en faveur du développement des énergies renouvelables en Afrique, à New York le 27 septembre 2015.

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Circonstance : 70e Assemblée générale des Nations unies-Événement parallèle organisé par SE4All sur le rôle des partenariats dans la mise en oeuvre de l'ODD7 sur l'énergie-à New York (Etats-Unis) le 27 septembre 2015

Texte intégral


Mesdames Messieurs, Chers Amis
Je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui autour de l'initiative Énergie durable pour tous. Cette initiative du secrétaire général des Nations unies a un temps d'avance sur les ODD que nous allons adopter.
Depuis 2012, elle contribue à matérialiser une ambition : donner accès à tous à une énergie moderne, durable et abordable. Cette ambition va franchir une nouvelle étape cet année, avec bien sur l'ODD7, mais aussi, et c'est le souhait des pays du G7, grâce à la mobilisation suscitée par la COP21.
Notre maison commune va en effet s'enrichir d'une nouvelle mobilisation, au service de l'Afrique et des pays les plus pauvres pour le développement en masse des énergies renouvelables.
Commençons par un constat simple : L'Afrique disposait d'une capacité de 34GW d'énergies renouvelables en 2014, selon l'Agence internationale sur les énergies renouvelables. Dans un scénario au fil de l'eau, cette capacité sera de 59GW en 2020. Elle devrait atteindre 128GW en 2030.
Ce rythme, s'il est impressionnant et nous rapproche des objectifs d'énergie durable pour tous, il peut encore être accéléré, pour faire profiter les pays pauvres, et en particulier l'Afrique, des opportunités offertes par le développement durable et la lutte contre le dérèglement climatique.
L'Afrique a bien compris le sens de cette opportunité et le G7 a affirmé sa volonté d'y répondre. Nous avons désormais le potentiel de changer de rythme. Nous pourrions, par exemple en 2020 ajouter au moins 10GW au scénario tendanciel, et ainsi répondre au défi d'un monde sans carbone et sans pauvreté.
Cette initiative a obtenu l'aval de 54 chefs d'État et de gouvernement africains au dernier sommet de l'Union africaine, en juin. C'est une initiative innovante par sa gouvernance, par ses partenariats, par son ambition.
C'est une initiative qui porte dans ses gènes le travail mené par Kandeh Yumekella et les partenaires qu'il a su mobiliser autour de SE4All.
Cette priorité, le G7 l'a entendu, et nous nous félicitons de l'excellente coopération entre les différents partenaires de l'initiative sur les énergies renouvelables en Afrique sur laquelle vous allez certainement revenir lors de cette réunion.
Cette initiative l'une des propositions concrètes, de l'Afrique, pour relever l'ambition d'ici 2020, dans le cadre des négociations climat.
L'Afrique, qui n'a pratiquement pas contribué aux émissions de gaz à effet de serre jusqu'à maintenant compte pourtant parmi les premières victimes des impacts du dérèglement climatique. Elle est cependant au rendez-vous de la responsabilité, nous le voyons notamment à travers le nombre et la qualité des contributions déposées en vue de la COP.
L'Afrique prend déjà le chemin de la lutte contre le dérèglement climatique. Je l'ai vu à chacun de mes nombreux déplacements sur votre continent. Je l'ai vu au Kenya et en Éthiopie, avec des projets d'envergure dans la géothermie ou l'éolien. Je l'ai vu au Burkina Faso qui sera bientôt équipé d'une des plus grandes centrales solaires d'Afrique de l'ouest. Les exemples sont nombreux.
Nous oeuvrons pour que le G20 soutienne également cette initiative, qui répond au défi économique, social et écologique de votre continent.
Nous nous sommes également engagés à présenter l'initiative aux bailleurs en marge des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, le 9 octobre.
Pour que cette initiative fonctionne, elle a besoin de tous. Les bailleurs devront être au rendez-vous, le secteur privé aussi.
La récente réunion du président de la Banque africaine de développement sur le New Deal sur l'énergie pour l'Afrique montre que la dynamique est enclenchée.
Mais en Afrique, et je fais le lien avec nos discussions précédentes, il n'est pas possible de se limiter au développement des énergies renouvelables.
Il faut que ces énergies atteignent les populations, urbaines et rurales, connectées au réseau ou non, et les usines, commerces, hôpitaux, écoles... L'accès à l'énergie, c'est également un impératif africain lorsque l'on considère que plus de 600 millions de personnes sur le continent n'ont pas accès à une énergie moderne.
Cette initiative a le potentiel de concrétiser les ODD 7, 8 et 9 (accès à l'énergie, à l'emploi, à l'industrialisation). Elle est fondamentale pour accélérer l'industrialisation de l'Afrique.
La majeure partie des équipements et infrastructures pour le solaire et l'éolien peut être produite par des filières locales africaines. Cela devrait permettre aussi de former des générations de techniciens, d'ingénieurs africains, et à terme de créer des centaines de milliers d'emplois, y compris en zone rurale, où le manque d'énergie est un frein total à l'industrialisation. Et permettez-moi de vous dire que je suis émue et fière d'avoir croisée cette jeune fille, en Éthiopie, d'une vingtaine d'année, qui finissait sa formation d'ingénieur sur la ferme éolienne d'Ashegoda. Cette jeune fille qui monte en haut des mâts des éoliennes pour l'entretien des machines c'est une histoire parmi tant d'autres, mais elle m'a touchée. Ce n'est encore, aujourd'hui qu'une exception, mais qui a le pouvoir de devenir, dans quelques années, la règle.
C'est pourtant une condition incontournable pour atteindre le zéro carbone, zéro pauvreté.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 octobre 2015