Déclaration de Mme Pascale Boistard, secrétaire d'Etat aux droits des femmes, sur les inégalités professionnelles et sociales des femmes salariées, Paris le 8 octobre 2015.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral


Les femmes salariées consacrent deux fois plus de temps aux tâches domestiques que les hommes.
Trop souvent encore elles doivent assumer seules le ménage, la garde des enfants, le soutien apporté à un parent malade ou âgé.
Ce déséquilibre crée de profondes inégalités dans la sphère professionnelle.
Une meilleure conciliation des temps de vie professionnelle et personnelle est ainsi une condition centrale de l'égalité réelle entre les femmes et les hommes.
1/ Un système qui exclut les femmes
Nous devons mieux concilier les temps de vie : cette phrase peut sembler relever du bon sens, mais vous le savez c'est un défi qui se pose à nous collectivement. Pas seulement aux femmes, mais aussi aux hommes. Et c'est une demande forte des salariés, qu'ils soient jeunes ou plus expérimentés.
Mais, il faut le dire, la plupart des entreprises – comme des administrations – sont friandes de réunions tardives, de mails envoyés le week-end, comme le montre le récent rapport sur la transformation numérique du travail. La conséquence est une difficulté de plus en plus grande de déconnexion.
La culture française du présentéisme est très marquée. Souvent quitter tard son emploi est synonyme de sérieux et d'investissement quand, dans d'autres pays cette même attitude est synonyme de désorganisation, voire d'incompétence. Les femmes sont les premières victimes de ce système puisqu'elles effectuent une grande partie des tâches domestiques. Résultat : soit elles ne peuvent assumer les contraintes exigées par l'entreprise, soit elles cumulent ces contraintes avec les tâches domestiques.
S'ajoutent ainsi aux préjugés sexistes ou aux contraintes liées à la maternité, des inégalités de disponibilité. Autant d'obstacles injustes que les femmes doivent franchir dans leur carrière professionnelle.
Ces inégalités nous devons les combattre. C'est ce que nous faisons par la loi, comme avec l'obligation de parité dans les conseils d'administration des grandes entreprises.
C'est ce que nous faisons à travers la lutte contre les stéréotypes que nous engageons, notamment en direction des plus jeunes.
C'est ce que nous faisons en encourageant le développement de réseaux favorisant l'égalité professionnelle.
C'est ce que nous faisons, enfin, en créant ou en rénovant des outils mis à disposition des entreprises pour favoriser un engagement dans l'égalité réelle.
L'entreprise Casino s'est saisie de deux d'entre eux, je pense aux labels diversité et égalité. Ces deux labels sont d'ailleurs désormais rapprochés.
Un seul dossier et un seul audit seront nécessaires pour les entreprises qui souhaitent se lancer dans une double labellisation. 51 organismes sont aujourd'hui labellisés, représentant 493 000 salariés. Ce rapprochement, nous l'avons voulu pour aller vers la simplification des démarches afin d'inciter les entreprises à s'engager à nos côtés.
2/ Le CET CESU s'inscrit dans cette dynamique
Ce dispositif illustre lui aussi la simplification au service des salariés et des entreprises, en bonne intelligence.
Il permet aux femmes d'être moins contraintes par les tâches domestiques. Car, en simplifiant le recours aux services à la personne, on facilite l'organisation de la vie privée et familiale.
Bien sur ce dispositif est aussi destiné aux hommes qui, eux aussi, souhaitent mieux concilier les temps de vie
J'ai rencontré le réseau Happy Men. Ils symbolisent cette évolution de notre société.
Les hommes, et surtout les plus jeunes, rejettent aujourd'hui majoritairement la répartition traditionnelle des rôles sociaux, avec des femmes et des hommes spécialisés, les unes sur les tâches parentales et domestiques, les autres sur l'investissement voire le sur-investissement professionnel.
Aujourd'hui, hommes et femmes souhaitent une vie équilibrée, autour de la réussite dans la vie professionnelle comme dans la vie personnelle.
3/ C'est donc le système qui doit changer
Les chiffres parlent d'eux-mêmes !
89% des salariés considèrent que l'équilibre des temps de vie est un sujet de préoccupation important, voire « très important ».
Un pourcentage identique estime d'autre part que les aider à mieux équilibrer leur temps de vie pourrait avoir un impact réel sur la performance économique de l'entreprise.
Enfin, 72% des salariés disent « manquer de temps » au quotidien.
En adaptant notre système,
En modifiant les habitudes,
En répondant aux aspirations de nos concitoyens et de nos concitoyennes, désireux d'un meilleur équilibre entre vie privée et professionnelle,
Nous facilitons à la fois l'égalité professionnelle, l'épanouissement de toutes et tous et de meilleures performances économiques.
Le combat pour l'égalité femmes hommes fait ainsi progresser la société dans son ensemble. Et bénéficie aux femmes, mais aussi aux hommes.
C'est la vision que je défends, celle d'un chemin, pris ensemble vers un progrès commun.
Je vous remercie.
Source http://femmes.gouv.fr, le 15 octobre 2015