Texte intégral
Madame la Secrétaire générale,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Cette journée d'échanges fut très dense. Surtout, elle fut riche d'enseignements sur la mise en oeuvre de la stratégie économique de la Francophonie. Je remercie chaleureusement les organisateurs de ce Forum : Richard Attias et Associés et Le Point, tous les participants, et en particulier les nombreuses entreprises qui ont répondu présent.
Ces enseignements doivent rapidement être traduits en actions concrètes. En particulier d'ici au sommet de Tananarive en novembre 2016. Ces enseignements, source d'actions, quels sont-ils ?
Tout d'abord, la Francophonie économique est, par nature, transversale. Cela a été bien illustré par la diversité des thèmes traités tout au long de cette journée. La nouvelle frontière économique que nous appelons de nos voeux en Francophonie doit se fixer des objectifs ambitieux et multiplier les points d'entrée : industries culturelles, tourisme, numérique, recherche, agriculture... au service du développement et de la croissance.
Ensuite, la Francophonie doit converger en un espace francophone des affaires. Elle doit participer à la création de secteurs privés productifs, socialement innovants, générateur d'emplois et de richesse. En effet, la Francophonie offre une vision partagée des grands défis économiques mondiaux, comme des enjeux culturels et politiques. Elle est synonyme de puissance économique par les marchés qu'elle ouvre, mais aussi par la fluidité linguistique, culturelle et juridique qu'elle incarne. L'appropriation de cette notion de francophonie économique doit cependant encore être renforcée, notamment pour que les entreprises de l'espace francophone fassent de la langue française un atout et un étendard dans leur développement à l'international.
Autre enseignement de cette journée : la Francophonie des «solutions économiques» doit s'inscrire dans la continuité des grands rendez-vous multilatéraux de l'année 2015 : conférence d'Addis-Abeba sur le financement du développement, agenda 2030 du développement durable et conférence Paris climat. Vous connaissez l'enjeu crucial de la négociation qui se tiendra dans un peu plus d'un mois à Paris, Laurent Fabius en a parlé ce matin. Il ne s'agit pas seulement de trouver un accord universel contraignant, mais il faut arriver à enclencher un changement puissant dans le mode de fonctionnement, le mode de développement de nos sociétés.
Je dis souvent que la Francophonie ne continuera de vivre et de progresser que si elle est ressentie comme un atout pour ceux qui la vivent. Elle doit être un «plus». Et je pense que s'il est un domaine où cet apport peut être décisif, c'est celui de l'économie. Mais à condition de prendre soin de notre langue. Comment l'espace francophone pourrait être reconnaissable, identifiable, s'il mutile la langue française par du «franglais» ou s'il renie sa langue au sein même de cet espace ? La langue française n'est pas un boulet dont l'on devrait se débarrasser pour faire plus moderne. Au contraire, ce peut être un atout, et plusieurs chefs d'entreprises nous l'ont dit aujourd'hui, je pense en particulier au PDG d'Accor. Néanmoins, trop d'entreprises françaises, en particulier, basent leur réussite sur l'image de la France - dont la langue est une composante essentielle - mais négligent l'emploi de cette langue dans leur fonctionnement.
Je pense qu'au-delà des actions déjà engagées, il pourrait être souhaitable que l'OIF mène une réflexion sur la création d'un label venant encourager et appuyer les entreprises faisant le choix du français à l'international.
Les différentes interventions de cette journée, les nombreux points de vue partagées, les multiples sensibilités qui se sont exprimées, font ressortir les grands traits de ce que nous tous (acteurs gouvernementaux, membres de la société civile, entrepreneurs, chercheurs) voulons pour la jeunesse de nos pays : une économie du savoir performante et inclusive, où les formations sont coordonnées avec les besoins des entreprises et où l'on apprend à entreprendre. Et un espace où la mobilité est facilitée, pour favoriser les échanges et la création.
La Francophonie n'a que trop longtemps été associée, au pire, au passé ; au mieux, à la culture. Il est temps, grand temps, que la francophonie soit aussi associée à la réussite, à l'innovation, à la jeunesse ! Au dynamisme d'un espace commun !
Tout ce qui contribue à donner un visage concret, dynamique, solidaire, à l'image du forum d'aujourd'hui ou des multiples réseaux professionnels existants, va dans le bon sens. Toutes ces initiatives doivent être encouragées et la France continuera d'y prendre sa part.
Merci donc à chacun d'entre vous pour votre présence et pour votre engagement.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 octobre 2015