Texte intégral
Madame la Ministre, Chère George,
Madame la Directrice générale, Chère Anne,
Mesdames et Messieurs,
Dans l'épreuve que nous traversons depuis le 13 novembre, les témoignages de solidarité venus de l'extérieur nous ont aidés à tenir. Et je suis personnellement très attentive à marquer ma solidarité avec toutes les victimes du terrorisme, où qu'elles soient nées : que ce soit à Beyrouth, à Maroua au Cameroun, à Bamako ou à Garissa au Kenya.
C'est pourquoi je suis heureuse que nous soyons réunis si nombreux ce soir, de tous âges, de tous horizons, tous nés «quelque part», pour inaugurer cette exposition ; une exposition dont les messages de solidarité et d'empathie n'ont jamais semblé si bienvenus.
Ces messages sont au coeur de notre combat pour un monde meilleur, dix jours après les terribles attentats de Paris ; cinq jours après que le Mali, puis le Cameroun ont, à leur tour, été frappés ; et alors que tous les jours le terrorisme et la violence sèment la douleur et la désolation partout dans le monde.
Comment, dans une période si sombre, entrevoir un avenir meilleur ? Comment, alors que les menaces terroristes s'ajoutent aux menaces climatiques ou sanitaires, poser les bases d'un monde durable ?
Les réponses sont loin d'être évidentes. Le monde est complexe. Les enjeux politiques, économiques, sociaux et environnementaux sont imbriqués, difficiles à démêler.
Pourtant, il faut avancer. Et nous avançons : l'accord d'Addis Abeba sur le financement du développement était une étape importante sur la voie du développement durable.
L'accord sur l'agenda post 2015, adopté en septembre dernier à New York, a également été historique. Et dans moins d'une semaine, nous lançons la COP21, pour aboutir à un autre accord historique, celui de Paris sur le climat.
Continuons à avancer ensemble. Et pour avancer dans la bonne direction, écoutons, observons, échangeons.
Écoutons les témoignages de Manolo, Mehiata, Nana, Waito, et des autres qui sont présentés dans cette exposition.
Écoutons ceux qui sont confrontés, au quotidien, aux plus grandes difficultés, et qui s'efforcent de trouver des réponses.
Écoutons Victor, cet entrepreneur camerounais qui se bat pour préserver la forêt du bassin du Congo ;
Écoutons Méhiata, cette Polynésienne qui craint, plus que tout, la montée des eaux, pour ses tortues, pour son île, pour les atolls polynésiens et les nombreux territoires exposés.
Intéressons-nous à Bilikiss, qui lance une entreprise sociale dans les quartiers pauvres de Lagos, l'une des capitales les plus violentes du monde.
Accompagnons Nana, cette maman nigérienne qui lutte au quotidien contre les conséquences de la sécheresse, pour l'accès à l'eau potable, pour nourrir et soigner ses enfants.
Écoutons Nalin, une ouvrière cambodgienne, employée dans le secteur textile, et porte-parole de ce prolétariat que nous devons aider à travailler dans des conditions de travail plus dignes.
Suivons Manolo, ce jeune né à Medellin, à une période où la guerre entre les narcotrafiquants et les paramilitaires ensanglantait les quartiers.
Aujourd'hui, Medellin s'est transformée grâce à des politiques publiques et une implication de la société civile qui ont changé la vie des habitants, leur redonnant une fierté et une envie d'aller de l'avant. Manolo est la preuve que la vie peut changer. J'ai eu la joie d'inaugurer récemment le lycée français de Medellin, et j'ai pu voir une cité transformée et dynamique.
Écoutons tous ces témoignages, ils illustrent les défis de l'agenda du développement durable qui est notre feuille de route à tous.
En croisant toutes ces histoires de vie, je pense aussi à Aimée, à Wala, à Mory, à Flore, à Dany, à Fohla, à Olivia, à Awen.
Je pense aux Lauréats de «la France s'engage au Sud», cette initiative présidentielle que j'ai étendue au Sud, et dont la première promotion vient d'être récompensée. Ceux d'entre vous qui ont eu la chance de les croiser, la semaine dernière, partagent certainement mon sentiment : eux-aussi, ils sont nés quelque part, au hasard ; ils n'ont pas choisi de naitre à Diego Suarez ; à Yaoundé ou à Tunis. Mais ils ont choisi d'en tirer parti.
Ce sont des acteurs qui s'engagent, qui prennent leur destin en main et qui montrent qu'un «autrement» est possible.
Le témoignage de tous ces acteurs engagés est précieux. Il nous permet de ressentir ce qu'ils ressentent, de toucher du doigt leurs difficultés.
Cette exposition invite à l'empathie, au décentrement de chacun pour vivre l'espace d'un moment à la place d'un autre. Quoi de plus important aujourd'hui ? Quoi de plus important pour appréhender les besoins et concevoir des réponses adaptées ?
Notre dispositif d'aide au développement évolue ; une nouvelle AFD se dessine, une AFD qui, en se rapprochant de la CDC, saura mieux encore qu'aujourd'hui être un outil efficace au service du développement durable sur les territoires du Sud ; qui saura adapter ses outils pour répondre mieux encore à Bilikiss ou à Nahin ; une AFD qui saura, mieux encore qu'aujourd'hui favoriser la coopération régionale dans les bassins maritimes, autour de nos Outre-Mer.
Car notre politique de développement a des liens privilégiés avec nos Outre-Mer. L'AFD est l'opérateur pivot de notre politique de développement.
Elle intervient aussi dans nos Outre-Mer. L'Outre-Mer est ainsi une source d'inspiration importante de l'AFD pour ses interventions dans les États étrangers. Les exemples ne manquent pas : accompagnement des collectivités locales bien sûr, mais aussi, récemment, la thématique du logement social.
Par la pluralité de ses mandats, de ses zones d'interventions, de ses outils de financement, l'AFD enrichit ses «modes de faire» à la fois dans les Outre-Mer et dans les États étrangers. Elle crée des passerelles, elle favorise des coopérations, des échanges, y compris commerciaux.
Cette AFD renouvelée, c'est une opportunité, à la fois pour les États étrangers et nos Outre-Mer.
Avec vous, Madame la Ministre, Chère George, nous veillerons à ce que cette réforme d'ampleur prenne pleinement en compte les Outre-Mer, pour mieux répondre aux défis qui sont les leurs.
Alors merci à l'AFD pour cette formidable initiative. Écoutons, comme vous nous y invitez, ces témoignages d'acteurs engagés dans un combat quotidien pour survivre et changer le monde ; faisons le savoir autour de nous ; incitons à écouter, car l'engagement, quand il est porté par des témoignages aussi authentiques, ne peut être que contagieux.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 novembre 2015