Texte intégral
Mesdames,
Messieurs les Ministres,
C'est un plaisir pour moi d'être parmi vous ce matin et d'intervenir sur le thème de l'intégration régionale. La mondialisation fait chaque jour la preuve qu'elle ne saurait être laissée à elle-même. Il faut la maîtriser. Il faut la réguler. Comme tous les continents, l'Afrique ne saurait se soustraire à l'ardente obligation de regroupement régional. Nous sommes convaincus que c'est la condition de son développement économique et de sa sécurité.
Après un essoufflement dans les années 80, l'intégration régionale connaît un regain d'intérêt. Ce thème est au cur de la Nouvelle initiative africaine. J'y vois un signe de vitalité, une réaction positive du continent pour surmonter ses divisions, et trouver des solutions communes pour affronter l'enjeu du développement. Le projet d'Union africaine est d'ailleurs un autre signe de cette vitalité.
L'Union européenne puise dans sa propre expérience de nombreuses raisons d'encourager ses partenaires africains à l'intégration régionale.
Les disciplines que les Etats ont librement acceptées et qui sont indissociables des processus d'intégration régionale ont eu un effet d'émulation et ont été des stimulants pour assainir leurs politiques économiques et financières. Parce que cette recherche de convergences régionales s'accompagne nécessairement d'un effort accru de transparence, elle favorise également l'épanouissement de sociétés plus respectueuses de l'Etat de droit. L'intégration n'élargit pas seulement les marchés. Elle peut aussi permettre l'émergence de fonctions d'administration économique plus fortes et plus professionnelles. Elle permet aussi une meilleure représentation de vos pays dans les institutions internationales.
Les bailleurs de fonds internationaux sont nombreux à encourager ce mouvement. Mais l'Union européenne a eu un rôle pionnier dans ce domaine. La Banque mondiale suit. Le FMI prend à son tour en compte cette dimension importante.
Confirmation de cette prise de conscience partagée, le sommet "Afrique-Europe" du Caire a retenu l'intégration régionale comme thème majeur de son plan d'action. L'accord de partenariat ACP-Union européenne, signé à Cotonou en juin 2000, donne à l'intégration et à la coopération régionale une place nouvelle, tant dans le cadre de ses relations commerciales avec les pays ACP que dans le partenariat en matière de financement du développement.
Un montant de 1,3 milliard d'euros est réservé par le 9ème Fonds européen de développement à des programmes régionaux, ce qui permet de poursuivre et renforcer ceux déjà engagés avec toutes les principales organisations d'Afrique subsaharienne.
Les accords de partenariats économiques régionalisés (APER) prévoient une ouverture réciproque entre l'Union et des sous-ensembles économiquement intégrés au sein du groupe ACP. Les règles de l'OMC fournissent un cadre auquel nous devons nous conformer, mais sur la définition duquel l'Europe et l'Afrique doivent influer en unissant leurs efforts. Nous pouvons, de conserve, favoriser une meilleure prise en compte du développement dans la régulation du commerce mondial. Nous devons par exemple convaincre nos partenaires à l'OMC d'accorder sans plus tarder la dérogation nécessaire pour le bon fonctionnement du régime commercial de l'accord de Cotonou ; le temps presse.
S'agissant de l'intégration dans l'économie mondiale par le commerce, l'UE est attachée à la notion de discrimination positive, seule capable de permettre aux plus éloignés de rattraper leur retard de développement. Nous avons ainsi l'an dernier modernisé le partenariat établi entre nous à Lomé, pour en assurer la pérennité. L'initiative "tout sauf les armes" adoptée en début d'année, a de nouveau illustré l'engagement de la Communauté pour promouvoir cette approche d'un commerce asymétrique, et donc plus équitable et plus intégrateur. Quel autre partenaire de l'Afrique peut prétendre faire mieux ?
Mais les engagements que nous avons pris ensemble devraient justement nous conduire à accélérer les préparatifs des négociations, qui débuteront dans moins d'un an, des accords de partenariat économique régionaux : ces zones de libre-échange, dont il vous revient de définir les contours, permettront de préserver, d'améliorer, l'accès des produits africains au marché européen, sans risquer de contrevenir aux règles de l'OMC. La libéralisation, progressive, des échanges permettra, en favorisant une meilleure allocation des ressources, d'accroître la compétitivité de vos économies, d'arrimer vos marchés aux nôtres et, ce faisant, de promouvoir le développement des échanges de part et d'autre, y compris en matière d'investissement. Il s'agit, nous en sommes tous conscients, d'un vrai défi. Nous le relèverons ensemble.
Si la dimension Union européenne-Afrique est essentielle des deux cotés, elle n'exclut pas pour autant les appuis bilatéraux, qui restent indispensables à l'accompagnement de la mise en uvre des réformes nationales, sans lesquelles les processus d'intégration régionale sont voués à l'échec. Et le temps manque pour illustrer mon propos par des expériences d'intégration africaine que nous encourageons.
La France soutient les initiatives africaines en faveur de la convergence UEMOA-CEDEAO.
La France encourage parallèlement d'autres initiatives concourant à l'harmonisation des procédures, qu'il s'agisse des systèmes juridiques dans le cadre de l'OHADA en matière de droit des affaires, de l'élaboration de statistiques harmonisées - c'est l'objet d'Afristat.
Pour conclure : Mme Zuma nous appelait à porter un autre regard sur l'Afrique. Son vu sera d'autant mieux exaucé que les Africains sauront donner de l'Afrique un autre visage, plus conforme à sa réalité, celle d'un continent qui se rassemble au service de la paix et du développement
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 octobre 2001)
Messieurs les Ministres,
C'est un plaisir pour moi d'être parmi vous ce matin et d'intervenir sur le thème de l'intégration régionale. La mondialisation fait chaque jour la preuve qu'elle ne saurait être laissée à elle-même. Il faut la maîtriser. Il faut la réguler. Comme tous les continents, l'Afrique ne saurait se soustraire à l'ardente obligation de regroupement régional. Nous sommes convaincus que c'est la condition de son développement économique et de sa sécurité.
Après un essoufflement dans les années 80, l'intégration régionale connaît un regain d'intérêt. Ce thème est au cur de la Nouvelle initiative africaine. J'y vois un signe de vitalité, une réaction positive du continent pour surmonter ses divisions, et trouver des solutions communes pour affronter l'enjeu du développement. Le projet d'Union africaine est d'ailleurs un autre signe de cette vitalité.
L'Union européenne puise dans sa propre expérience de nombreuses raisons d'encourager ses partenaires africains à l'intégration régionale.
Les disciplines que les Etats ont librement acceptées et qui sont indissociables des processus d'intégration régionale ont eu un effet d'émulation et ont été des stimulants pour assainir leurs politiques économiques et financières. Parce que cette recherche de convergences régionales s'accompagne nécessairement d'un effort accru de transparence, elle favorise également l'épanouissement de sociétés plus respectueuses de l'Etat de droit. L'intégration n'élargit pas seulement les marchés. Elle peut aussi permettre l'émergence de fonctions d'administration économique plus fortes et plus professionnelles. Elle permet aussi une meilleure représentation de vos pays dans les institutions internationales.
Les bailleurs de fonds internationaux sont nombreux à encourager ce mouvement. Mais l'Union européenne a eu un rôle pionnier dans ce domaine. La Banque mondiale suit. Le FMI prend à son tour en compte cette dimension importante.
Confirmation de cette prise de conscience partagée, le sommet "Afrique-Europe" du Caire a retenu l'intégration régionale comme thème majeur de son plan d'action. L'accord de partenariat ACP-Union européenne, signé à Cotonou en juin 2000, donne à l'intégration et à la coopération régionale une place nouvelle, tant dans le cadre de ses relations commerciales avec les pays ACP que dans le partenariat en matière de financement du développement.
Un montant de 1,3 milliard d'euros est réservé par le 9ème Fonds européen de développement à des programmes régionaux, ce qui permet de poursuivre et renforcer ceux déjà engagés avec toutes les principales organisations d'Afrique subsaharienne.
Les accords de partenariats économiques régionalisés (APER) prévoient une ouverture réciproque entre l'Union et des sous-ensembles économiquement intégrés au sein du groupe ACP. Les règles de l'OMC fournissent un cadre auquel nous devons nous conformer, mais sur la définition duquel l'Europe et l'Afrique doivent influer en unissant leurs efforts. Nous pouvons, de conserve, favoriser une meilleure prise en compte du développement dans la régulation du commerce mondial. Nous devons par exemple convaincre nos partenaires à l'OMC d'accorder sans plus tarder la dérogation nécessaire pour le bon fonctionnement du régime commercial de l'accord de Cotonou ; le temps presse.
S'agissant de l'intégration dans l'économie mondiale par le commerce, l'UE est attachée à la notion de discrimination positive, seule capable de permettre aux plus éloignés de rattraper leur retard de développement. Nous avons ainsi l'an dernier modernisé le partenariat établi entre nous à Lomé, pour en assurer la pérennité. L'initiative "tout sauf les armes" adoptée en début d'année, a de nouveau illustré l'engagement de la Communauté pour promouvoir cette approche d'un commerce asymétrique, et donc plus équitable et plus intégrateur. Quel autre partenaire de l'Afrique peut prétendre faire mieux ?
Mais les engagements que nous avons pris ensemble devraient justement nous conduire à accélérer les préparatifs des négociations, qui débuteront dans moins d'un an, des accords de partenariat économique régionaux : ces zones de libre-échange, dont il vous revient de définir les contours, permettront de préserver, d'améliorer, l'accès des produits africains au marché européen, sans risquer de contrevenir aux règles de l'OMC. La libéralisation, progressive, des échanges permettra, en favorisant une meilleure allocation des ressources, d'accroître la compétitivité de vos économies, d'arrimer vos marchés aux nôtres et, ce faisant, de promouvoir le développement des échanges de part et d'autre, y compris en matière d'investissement. Il s'agit, nous en sommes tous conscients, d'un vrai défi. Nous le relèverons ensemble.
Si la dimension Union européenne-Afrique est essentielle des deux cotés, elle n'exclut pas pour autant les appuis bilatéraux, qui restent indispensables à l'accompagnement de la mise en uvre des réformes nationales, sans lesquelles les processus d'intégration régionale sont voués à l'échec. Et le temps manque pour illustrer mon propos par des expériences d'intégration africaine que nous encourageons.
La France soutient les initiatives africaines en faveur de la convergence UEMOA-CEDEAO.
La France encourage parallèlement d'autres initiatives concourant à l'harmonisation des procédures, qu'il s'agisse des systèmes juridiques dans le cadre de l'OHADA en matière de droit des affaires, de l'élaboration de statistiques harmonisées - c'est l'objet d'Afristat.
Pour conclure : Mme Zuma nous appelait à porter un autre regard sur l'Afrique. Son vu sera d'autant mieux exaucé que les Africains sauront donner de l'Afrique un autre visage, plus conforme à sa réalité, celle d'un continent qui se rassemble au service de la paix et du développement
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 octobre 2001)