Texte intégral
Madame la Ministre, Chère Myriam,
Monsieur l'Ambassadeur, Cher Nikolaus Meyer-Landrut,
Mesdames, Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président de la commission Europe du MEDEF,
Monsieur le Secrétaire national de la CFDT,
Messieurs les Présidents d'entreprise,
Madame la Secrétaire générale de l'Office franco-allemand de la jeunesse,
Monsieur le Directeur de l'Agence Erasmus +,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je veux vous remercier, avec Myriam El Khomri, de votre participation à cet événement de lancement du projet pilote franco-allemand d'Erasmus des apprentis.
Plus que jamais, après les attentats du 13 novembre, dont tant de jeunes ont été victimes - des jeunes Français, des jeunes Européens, des jeunes venus du monde entier -, nous avons la conviction qu'il faut que l'Europe se tourne vers sa jeunesse, et qu'elle mobilise tous ses moyens pour lui permettre de préparer son avenir, notre avenir.
Face à ces attentats, il doit y avoir une Europe qui protège, qui lutte avec détermination contre la barbarie terroriste, qui renforce sa coordination pour la sécurité des citoyens, mais il doit aussi y avoir une Europe qui se projette, vers l'avenir, avec sa jeunesse.
Et c'est pourquoi nous avons souhaité, avec Myriam El Khomri et Loïc Armand, maintenir la présentation de cette initiative de mobilité européenne des apprentis. Car ce projet est aussi une réponse : se relever, continuer à construire l'avenir et à le faire ensemble, avec les Européens.
Ce projet est né d'une conviction ancienne : il n'y aucune raison qu'Erasmus, qui est un grand succès pour les étudiants, ne puisse pas l'être également pour les jeunes en formation professionnelle et en apprentissage.
Ce sera une formidable avancée pour les apprentis : la formation effectuée dans un autre pays de l'Union européenne, au cours de leur apprentissage, sera un immense atout pour leur qualification et leur employabilité future. Or l'emploi des jeunes est notre priorité à tous en Europe.
Ce sera aussi une formidable expérience de citoyenneté européenne. L'immersion dans la société d'un autre État membre, la découverte de la culture, de la langue, les liens personnels et amicaux qui seront noués feront de ce programme une fabrique non seulement de compétences mais de aussi de citoyens européens.
Ce sera enfin une avancée de l'égalité entre tous les jeunes : les jeunes en formation professionnelle et les jeunes qui suivent des études universitaires.
Nous voulons donc créer un Erasmus des apprentis qui puisse, demain, être ouvert à tous les jeunes en apprentissage en Europe.
Cela fait longtemps que l'on en parle. Certaines initiatives ont déjà été lancées. Et je tiens à cet égard à saluer aussi la mobilisation de Jean Arthuis au sein du Parlement européen mais aussi dans sa région.
Mais malheureusement, si cette idée a convaincu beaucoup d'acteurs politiques, la plupart des jeunes en formation professionnelle ou en apprentissage dans un pays de l'Union européenne ne se voient pas proposer la possibilité de faire une partie de cet apprentissage dans un autre pays, contrairement aux étudiants.
On connaît les difficultés. Les systèmes d'apprentissage sont très différents d'un pays à l'autre, tout comme les rythmes et l'organisation de la formation, alors que, pour la mobilité universitaire, tout a été harmonisé, grâce au système LMD. Se pose également le problème de la langue, qui nécessite un traitement spécifique pour les apprentis, qui n'ont pas suivi des études aussi longues que les étudiants en la matière.
Nous avons donc voulu, à travers une expérimentation concrète, montrer comment surmonter ces difficultés. C'est l'idée qui nous a animés avec Loïc Armand et Myriam El Khomri.
Il nous a semblé aussi, compte tenu à la fois de l'amitié franco-allemande, de la place de l'apprentissage dans le système de formation allemand, de l'intrication des économies françaises et allemandes, et de la présence de nombre de nos entreprises dans les deux pays, que c'était là un bon format pour avancer ensemble. Je tiens d'ailleurs à remercier pour son soutien l'Ambassadeur d'Allemagne en France, Nikolaus Meyer-Landrut, qui a tout de suite cru en ce projet.
Nous avons donc décidé de commencer par un projet pilote franco-allemand avec 11 entreprises - Loïc Armand et moi-même avons rencontré les présidents de chacune d'entre elles en France - qui ont accepté de s'engager pour tester en grandeur nature cette nouvelle mobilité des jeunes Européens.
Chacune a donc décidé qu'une partie des jeunes devant faire un apprentissage en son sein pourrait se voir proposer de passer plusieurs mois dans l'autre pays. La plupart du temps en Allemagne, les entreprises volontaires étant souvent françaises ou des entités françaises d'un groupe allemand, mais aussi en France, trois entreprises allemandes ayant d'ores et déjà décidé d'une utilisation réciproque du dispositif.
Cela suppose un accompagnement important, au plan linguistique, mais aussi social, pour le logement, ou encore pour l'adaptation au système de formation et à l'entreprise de l'autre pays.
Je veux donc saluer les partenaires qui se sont engagés à nos côtés.
D'abord, les onze entreprises - Allianz, Michelin, Danone, Bosch, BASF, L'Oréal, Siemens, BNP Paribas, ENGIE, Airbus, Safran -, qui se sont impliquées avec beaucoup d'ardeur pour «essuyer les plâtres», avec la conviction que ce dispositif leur apporterait autant qu'aux jeunes eux-mêmes.
L'un des intérêts de ce projet est que ces entreprises appartiennent à des secteurs très différents, dans l'industrie comme dans les services. Cela va nous permettre de voir, par-delà chacune de ces expériences, ce qui reste à régler, ou ce qui marche bien d'un point de vue transversal.
L'idée est, à l'issue de l'expérimentation, de partager les résultats avec tous les pays de l'Union européenne et la Commission, de façon à pouvoir établir un mode d'emploi qui puisse s'appliquer dans toutes les entreprises, de tous les secteurs, et de toutes les tailles - même s'il était plus simple pour démarrer de mener l'expérimentation avec des grandes entreprises -, et ceci dans tous les pays de l'Union européenne.
Je veux saluer ensuite les CFA, qui sont des maillons essentiels du dispositif, mais aussi l'excellente coopération que nous avons eue avec le MEDEF et la CFDT, dont je salue les représentants ici.
Enfin, je salue les partenaires qui interviennent pour l'environnement social des jeunes.
L'Office franco-allemand pour la jeunesse, l'OFAJ, est l'organisme ayant la plus longue expérience de mobilité des jeunes entre la France et l'Allemagne. Il a servi de modèle à d'autres structures de ce type, comme l'Office franco-québécois pour la jeunesse, ou encore pour l'agence que nous voulons mettre en place dans les pays des Balkans.
L'OFAJ versera d'abord une bourse de mobilité, afin de permettre aux apprentis de faire face aux dépenses de la vie quotidienne dans un autre pays. Il s'attachera également à la préparation culturelle des jeunes choisis pour ce projet, avec une préparation linguistique, mais aussi un séminaire avant le départ des jeunes.
L'Agence Erasmus +, quant à elle, a vocation, comme elle le fait pour les étudiants, à accompagner, davantage encore qu'elle ne le fait déjà, les jeunes en apprentissage lors de leur mobilité.
Au total, une cinquantaine de jeunes français et allemands - quelques-uns sont ici, ils nous diront dans un instant pourquoi ils ont fait ce choix - vont participer à cette expérience.
Mais ce ne sont pas des cobayes, ce sont des pionniers ! Ils vont certes, eux aussi, essuyer les plâtres, ouvrir une nouvelle voie, mais nous devons nous assurer que cela sera une grande réussite pour tous, pour tous les acteurs de ce projet, pour tous les jeunes impliqués, qui sont d'ailleurs très motivés, pour les maîtres de stage. C'est une grande aventure, dont nous sommes sûrs qu'elle apportera beaucoup sur le plan de l'expérience personnelle autant que professionnelle.
Je vous propose donc d'ouvrir maintenant notre table ronde avec les acteurs de ce projet : des présidents d'entreprises, des directeurs des ressources humaines, des représentants de l'OFAJ et d'Erasmus +, l'ambassadeur d'Allemagne, et des jeunes qui s'apprêtent à partir dans cette belle aventure.
Je laisse donc la parole à Isabelle Moreau, qui a très gentiment accepté d'être la modératrice de nos échanges.
Vive l'Erasmus des apprentis !
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 décembre 2015