Texte intégral
Madame la Directrice de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives,
Monsieur le chef du Service du tourisme, du commerce, de l'artisanat et services, représentant le Directeur général des Entreprises,
Monsieur le Directeur de la Mission du Centenaire,
Messieurs les directeurs des comités régionaux du tourisme,
Monsieur le Directeur général d'Atout France,
Mesdames et messieurs les directeurs de sites de mémoire,
Mesdames et messieurs les professionnels du tourisme,
Mesdames et messieurs,
C'est avec un grand plaisir que j'ouvre ces Rencontres du Tourisme de la Mémoire, désormais devenues un rendez-vous incontournable entre les services ministériels, nos partenaires culturels et mémoriels et les professionnels du tourisme.
Je me devais d'être présent et je veux remercier toutes les personnes à l'initiative de cet événement, et toutes celles et tous ceux qui ont contribué à l'organisation de ces rencontres.
Je veux aussi remercier mon collègue du gouvernement Mathias Fekl, son équipe et les services de son ministère pour l'excellent travail que nous menons en collaboration.
J'ai souhaité être parmi vous pour deux raisons :
- D'abord parce que le succès des commémorations en 2014 et l'impact économique et touristique qu'elles ont eu sur nos territoires exigent de poursuivre la mobilisation.
En 2014, la fréquentation des lieux de mémoire situés sur le territoire français a augmenté de 42% par rapport à l'année 2013, soit un total de plus de 12 millions de visiteurs enregistrés sur 154 sites.
Certains lieux de mémoire ont d'ailleurs enregistré une hausse remarquable : le nombre de visiteurs a presque quintuplé pour le cimetière américain d'Omaha, triplé pour le cimetière allemand de la Cambe en Normandie ou encore doublé pour l'ossuaire de Douaumont à Verdun et le musée du fort de la Pompelle, deux sites ayant bénéficié de l'effet Centenaire.
Ces chiffres engagent les collectivités territoriales, les opérateurs de l'Etat et les professionnels du tourisme hôteliers, restaurateurs, commerçants à poursuivre leur engagement pour offrir le meilleur accueil aux visiteurs d'aujourd'hui et surtout de demain.
Je veux saluer une nouvelle fois les initiatives prises pour constituer, comme c'est par exemple le cas dans le Nord-Pas-de-Calais et dans la Somme des réseaux accueillants comprenant des hôteliers, des restaurateurs, des guides, etc. C'est aussi le cas dans la Meuse où j'ai participé en septembre au lancement des « messagers du Centenaire ».
Au-delà des grandes manifestations qui marquent les commémorations, l'enjeu est essentiel pour nos territoires dont le renforcement de l'attractivité économique, comme dans toutes les zones rurales de France, est une priorité gouvernementale.
C'est aussi un enjeu pour la France entière. Hier champ de bataille du monde, elle est aujourd'hui le premier pays d'accueil en matière de tourisme. Elle est aussi ce lieu de mémoire du monde, ouverte au monde.
C'est d'ailleurs tout naturellement qu'est née et s'est concrétisée l'ambition pour notre pays d'accueillir dans les meilleures conditions les descendants des combattants de 14-18 et de 39-45.
Aujourd'hui, il faut que cette ambition se poursuive et que nous nous en donnions dès à présent les moyens.
De Péronne à Amiens, de Reims à Thiepval, de Arromanches à Toulon, du Struthof à Oradour, du Mont-Valérien au fort de Douaumont, de la Somme à Verdun, les sites de mémoire deviennent un lieu de destination majeur.
Ils nous racontent l'histoire de la France mais aussi celle de l'Allemagne, de l'Angleterre, de l'Australie, de la Belgique, du Canada, de tous les anciens pays belligérants et des anciennes colonies qui ont participé à ce conflit.
Ces chemins de mémoire sont une invitation adressée aux Françaises et aux Français mais aussi à tous les visiteurs étrangers qui représentent un tiers des touristes mémoriels à venir arpenter notre sol où une page de leur histoire et de l'histoire de leur Nation s'est écrite.
- Si j'ai tenu à venir à ces Rencontres du Tourisme de la Mémoire, c'est aussi et surtout pour dire et rappeler la responsabilité qui est la mienne en matière de développement du tourisme de la mémoire.
Dès mon entrée en fonctions, j'ai mesuré l'enjeu de la valorisation des lieux où l'histoire s'est jouée, où la mémoire est née.
La transmission de la mémoire passe par le témoignage. Celui que nous délivre un monument aux morts, un mémorial, un champ de bataille quand les femmes et les hommes finissent par se taire.
La mémoire se transmet aussi par un guide-conférencier qui vous livre les clefs de compréhension d'une époque le temps d'un passage sur un site, par un restaurateur qui, en quelques anecdotes, fait revivre l'histoire. Tous les acteurs de la filière tourisme de mémoire sont à leur niveau des passeurs de mémoire. Il faut mobiliser chacun d'eux.
C'est aussi l'objectif de ces rencontres aujourd'hui.
Notre responsabilité est de veiller à ce que l'histoire de France s'inscrive définitivement dans nos paysages pour que les mémoires irriguent les nouvelles générations, appelées à visiter tous ces sites et à s'imprégner de leur force émotionnelle.
Depuis ma prise de fonction, j'ai souhaité inscrire mon action dans une politique globale, ambitieuse, respectueuse et soucieuse de préserver l'origine même du tourisme de mémoire, né dès le lendemain de la Grande Guerre. Mais l'action que je veux initier est résolument tournée vers l'avenir.
Au sein du ministère de la défense, nos services ont engagé, depuis quelques années, leur action dans la structuration de la filière tourisme de mémoire :
- en menant un travail d'observation, notamment via la plateforme de recueil de données mise en place par la DMPA, la DGE et Atout France en février dernier ;
- en adaptant la marque nationale « Qualité Tourisme lieux de visite » aux spécificités des sites mémoriels ;
- ou encore à travers la mise en uvre des contrats destination « Centenaire Grande Guerre » et « Tourisme de mémoire en Normandie » qui ont vu la collaboration de la DMPA, Atout France et la mission du centenaire et dont les objectifs sont aussi simples qu'ambitieux : accueillir, promouvoir, observer.
Depuis 2014, une enveloppe budgétaire dédiée au tourisme de mémoire est inscrite dans la loi de finances. Les moyens dédiés ont été confirmés dans le projet de budget pour 2016 que je défends actuellement au Parlement.
La promotion de nos destinations mémorielles exige aussi l'implication personnelle du ministre en charge de la mémoire. C'est sa responsabilité de le faire. Je m'y emploie avec force et conviction.
J'ai ainsi souhaité participer au lancement du guide du routard Grande Guerre 14-18 qui invite les Françaises et les Français à devenir des ambassadeurs de l'histoire de France, des ambassadeurs de nos mémoires. Ce projet témoigne de manière exemplaire de la bonne gouvernance du tourisme de mémoire qui mêle les collectivités territoriales, les services de l'Etat, la mission du centenaire, Atout France, les partenaires étrangers et les mécènes.
Ce guide du routard nous encourage à arpenter les chemins de mémoire du front ouest 14-18 que j'ai moi-même arpentés : dans l'Argonne, en juin, pour rendre hommage aux soldats garibaldiens, en Champagne, où j'ai commémoré le centenaire de la bataille de septembre 1915 ; dans la Somme et à Verdun pour préparer la saison mémorielle 2016, au Hartmannswillerkopf en septembre et où j'ai l'intention de me rendre à nouveau en décembre pour le centenaire des combats des Vosges.
Je me suis bien sûr rendu à l'étranger : à Londres et à Dublin où j'ai tenu à rencontrer les professionnels du tourisme pour promouvoir la destination Front Ouest et encourager les visiteurs à venir se réapproprier l'histoire de leur Nation sur nos champs de bataille.
En 2016, j'ai prévu de me rendre aux Etats-Unis pour préparer l'année commémorative 2017 ; je rappellerai à Berlin, en mars, où se tiendra le salon mondial du tourisme, que nous avons en partage avec les Allemands cette volonté de faire connaître les lieux où hier nos peuples se sont affrontés. Ces mêmes lieux où ils se sont réconciliés.
Enfin je me rendrai en Australie et en Nouvelle-Zélande en juillet 2016, où sera érigé le futur monument de Wellington.
Le ministre en charge de la mémoire a le devoir de parcourir ces milliers de kilomètres pour rendre, à ceux qui n'ont jamais emprunté le chemin du retour, l'hommage de notre Nation et pour inviter leurs descendants à venir en France.
Mesdames et messieurs, c'est une grande et noble ambition que de vouloir uvrer dans le domaine du tourisme de la mémoire. C'est un défi mémoriel, un enjeu de transmission mais osons aussi l'affirmer à l'occasion de ces rencontres, un enjeu économique.
Beaucoup a déjà été fait. Mais il faut savoir anticiper et comprendre les aspirations et les besoins de celles et ceux qui voudront venir chez nous pour inscrire leurs pas dans ceux qui sont tombés jadis sur les champs de bataille. Nous devons répondre à leurs attentes en leur offrant des outils pour comprendre mais aussi des outils adaptés aux publics d'aujourd'hui.
Je sais pouvoir compter sur vous, services et opérateurs de l'Etat, professionnels du tourisme et collectivités territoriales pour relever ce défi, aussi majeur qu'inédit.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 3 décembre 2015