Texte intégral
Jamais les élections présidentielles ne se sont déroulées comme annoncées. Celles de 2002 ne dérogent pas à la règle. L'élection devrait être un remake de celles de 1995 : Jospin-Chirac, un combat singulier entre le Premier ministre et le président de la République. La campagne se préparait à être terne et ennuyeuse au point que les journalistes tentaient d'introduire un peu de suspens en inventant un " troisième homme ". Et là, un événement inattendu est intervenu le 11 septembre. Il a sonné en France et dans le monde le retour du politique. Il a révélé l'état de la France. Car face à la menace du terrorisme que constatons-nous ? Depuis vingt ans, on nous berce avec une ritournelle : un Etat fort pour une France forte. Or, aujourd'hui les Français constatent avec amertume que, face aux dangers, la France est faible, l'Etat est faible. Il n'est même pas capable : - De garantir - la sécurité intérieure. La France est sans arsenal juridique approprié et l'on découvre avec stupeur qu'il existe des trafics d'armes de guerre. - La sécurité extérieure. Un sous-équipement militaire doublé d'une mauvaise coordination entre les services de sécurité intérieure et extérieure. Durant toutes ces années, par une mauvaise conscience, on s'est refusé à engager une politique de " tolérance zéro ". On s'est refusé à engager une politique de répression. Le problème de la justice était plus de savoir comment expliquer, excuser que de punir. - de réussir l'intégration - c'est l'hymne national sifflé au stade de France - ce sont des bandes qui tendent des guet-apens à des policiers ou à des sapeurs pompiers dans les zones de non droit. - d'offrir un système éducatif adapté - incapable d'intégrer, l'éducation devient une machine à exclure - c'est la montée de l'illettrisme et de l'échec scolaire. De faire naître, face aux dangers, une union nationale. Mais chacun l'a bien compris, la cohabitation, ça se programme, l'union nationale ça s'invente. C'est une question d'hommes. Les Français assistent avec tristesse à l'effacement de la France sur le plan international. Ce nouvel ordre international, c'est d'abord l'absence de la France et de l'Europe. Où est notre politique arabe ? Qu'en est-il de l'amitié avec les peuples d'Afrique ? C'est le résultat de vingt ans de mensonges politiques et de mauvaise conscience, de lâcheté et d'hypocrisie. Vingt ans qu'on a entendu que le problème de l'insécurité était un fantasme d'extrémiste. Vingt ans qu'on nous explique que la réforme de l'école facilite l'intégration - alors que la carte scolaire a organisé de vrais ghettos. Vingt ans qu'on se refuse à réduire les zones de non-droit et l'Etat d'abandonner les banlieues. Et pourtant, voilà vingt ans qu'un mot rythme la vie politique française : LE CHANGEMENT. En 1981 comme en 1986, en 1988 comme en 1993, en 1995 comme en 1997 ! Quel changement ? Les uns ont dit qu'il fallait une politique généreuse de l'immigration. Les autres ont répondu qu'il fallait au contraire la maîtriser fermement. Avez-vous vu la différence dans les banlieues ? Les uns ont dit qu'il fallait faire une relance par le déficit public. Les autres ont répondu qu'il fallait au contraire relancer l'investissement par l'allégement des prélèvements obligatoires. Avez-vous vu une différence sur votre feuille d'impôt ? Les uns ont dit qu'il fallait des structures de dialogue pour lutter contre les vraies causes de la délinquance. Les autres ont dit qu'il fallait une véritable politique de répression. Avez-vous vu une différence dans les chiffres de la délinquance ? Les Français sont aujourd'hui en droit de se poser des questions. C'est d'ailleurs la nouveauté de cette élection présidentielle. - Ils n'attendent plus de mesures. - Ils n'espèrent plus de réformes - Ils ne croient plus aux 110 propositions, à ces programmes de mandature, à des engagements solennels. Ils sont saturés de ces litanies de promesses catégorielles que l'on décline devant chaque profession. Ils attendent que les hommes politiques répondent à leurs interrogations, à leurs craintes. Ils veulent connaître les enjeux qui vont engager leur avenir. Ils veulent savoir comment seront relevés les défis. Pour eux, le président de la République doit être digne, droit et respecté. Il doit parler de la France de façon qu'être Français ait un sens. Pour eux, le président de la République, c'est le prénom et le nom de la France pendant cinq ans. C'est celui qui parle à Washington, à Alger ou à Dakar, et dont Washington, Alger et Dakar comprennent que la France a parlé. Certes, en France on aime bien le gouvernement et l'on aime bien le Président. Parce qu'ils nous ressemblent. Mais, pour eux, un chef d'Etat n'a pas besoin d'être comme son peuple. Il est là pour le défendre. Le 11 septembre est évidemment une date qui a fait pivoter le monde car il a réintroduit la peur et la violence dans le cours de l'Histoire. Il a rappelé que la première mission de tout pouvoir politique c'est d'assurer la sécurité extérieure et intérieure en affirmant sa puissance. Car le 11 septembre marque le retour du politique. Les élections présidentielles ont changé de sens : les Français ne veulent pas élire un Président, ils veulent choisir un destin. C'est un véritable référendum et c'est pourquoi les Français ne se feront pas avoir avec les recettes habituelles. Ils ont compris que la référence permanente à l'exception française était le meilleur prétexte pour ne rien changer. Ils ont compris qu'une nation, ce n'était pas un ensemble de catégories socioprofessionnelles qu'on flattait par des mesures catégorielles. Ils ont réalisé que le monde avait changé et que la France avait trois défis à relever : - Le défi de la Souveraineté car elle est éclatée : quels sont les espaces de pouvoirs et de décisions - Est-ce l'Europe, la région ou la France seule ? C'est la question de l'organisation politique de la France, et la réforme de l'Etat et de la régionalisation. - Le défi de Communauté car elle est fragilisée : comment permettre à des citoyens de religions, d'origines différentes, de vivre ensemble et de partager les mêmes droits et les mêmes devoirs ? C'est la question de la reconnaissance de la famille, du rôle de l'école et de la réforme du système éducatif. - Le défi de la Liberté car elle est encadrée : comment permettre à la personne d'assumer son propre destin sans être contraint par des prélèvements fiscaux ou des circulaires administratives. C'est la question de la réforme fiscale, du libre choix de l'école, du système de santé. Qui mieux que la Droite rebelle peut relever ces défis ? - Elle n'est pas engoncée dans une idéologie comme l'est la gauche. - Elle n'est pas bercée par la nostalgie comme Jean-Pierre Chevènement ou Charles Pasqua. - Elle n'est pas paralysée par le conformisme comme la droite institutionnelle. Elle croit en la politique. Pour elle la politique : ce n'est pas le consensus exigé ; ce n'est pas le maquillage de la réalité pour être conforme au projet des bien-pensants ; ce n'est pas les arrangements d'appareils dans le dos du peuple ; ce n'est pas la cohabitation érigée en système. Pour cette Droite rebelle, la Politique, c'est une vision partagée, ce sont des choix assumés, c'est le débat démocratique entre une majorité et une opposition. - Elle sait que, face à la crise internationale que nous traversons, la France seule, repliée sur elle-même, n'a plus la force suffisante pour peser sur l'évolution du monde et dessiner l'ordre international de demain. C'est pourquoi elle milite pour la construction d'une Europe politique qui permettra à la France de retrouver sa place et son rayonnement. - Elle sait que, devant l'exigence de liberté individuelle la France ne pourra s'enfermer dans une approche centralisée des problèmes économiques et sociaux. - Elle sait que, la France est trop riche en Personnalité, en Intelligence, en Compétence, pour se voir imposer un moule unique, un modèle unique, et qu'il est indispensable de recourir à l'expérimentation, à l'innovation, à la régionalisation. - Elle sait que la première des libertés est la sécurité mais qu'elle impose à l'Etat de se consacrer essentiellement à sa fonction régalienne. - Elle sait que le développement, économique et social, ne se discute pas, qu'il résulte de la confiance faite aux entreprises et du respect de l'individu et du contrat. - Elle sait que la démocratie ne se confisque pas, qu'il n'est pas possible de trier parmi les électeurs, que tous les Français méritent le respect et que seul le rassemblement autour d'une vision ou d'un projet permettra de changer les lignes de l'horizon politique. Oui, cette Droite rebelle est prête à s'engager auprès de l'homme qui a rompu avec les murs et les habitudes qui ont conduit à l'affaiblissement de la France, qui porte une vision d'une démocratie libérale, réformiste, personnaliste dans une France puissante, généreuse, d'une France démocrate, girondine. Un homme qui redonne aux Français la fierté d'être Français. À Lyon et en Rhônes-Alpes, elle a su dénoncer les alliances contre-nature et provoquer un rassemblement dynamique face à une coalition fragile d'appareils. Elle a su tracer le chemin qui conduit à la victoire. Aujourd'hui, cette Droite rebelle est décidée à s'engager avec toi, Alain Madelin, parce que tu as su faire preuve de conviction et de courage. De conviction : chacun a en mémoire ton combat contre tous les totalitarismes. Chacun se souvient de ton engagement en 1981-1986 pour la liberté scolaire, pour la liberté de la presse, pour la réforme de la refondation sociale. De courage : tu n'as pas hésité à aller au Cambodge pour dénoncer l 'entreprise meurtrière des Khmers rouges quand les bien-pensants saluaient cette révolution. Tu es le seul à avoir reçu le commandant Massoud quand l'intelligentsia politique imaginait des solutions avec les taliban. Tu as toujours été là quand la liberté et la dignité ont été menacées. Enfin, Alain, quand tu n'as pas été d'accord, tu as démissionné de ton poste de ministre. Comme nous, tu as su dire NON. Et, c'est parce que tu as dit non, qu'aujourd'hui, nous te disons OUI.
(source http://www.d-l-c.org, le 16 novembre 2001)
(source http://www.d-l-c.org, le 16 novembre 2001)