Interview de M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, à France Info le 7 décembre 2015, sur les consignes de vote du PS pour le deuxième tour des élections régionales en Nord-Pas-de-Calais - Picardie et Provence-Alpes - Côte d'Azur.

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Média : France Info

Texte intégral

FABIENNE SINTES
Avec le prochain invité sur France info - et toujours avec bien sûr Jean-François ACHILLI qui n'a pas quitté le studio - c'est Jean-Marie LE GUEN, bonjour...
JEAN-MARIE LE GUEN, PAR TELEPHONE
Bonjour.
FABIENNE SINTES
Secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement. Monsieur LE GUEN, on ne va pas se mentir, on attendait Pierre de SAINTIGNON sur France info à cette heure-ci - on est évidemment ravis de vous avoir, juste un mot quand même – ce que ça dit tout ça c'est aussi que c'est compliqué au Parti socialiste cette histoire de retrait, de fusion ou pas, de renoncer à avoir des élus, ce n‘est pas simple pour tout le monde ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Bien sûr, c'est évidemment compliqué quand vous avez des élus, des militants, des sympathisants qui se sont engagés depuis longtemps au service de leur Région pour leurs idées se retirer, alors que souvent on a fait un travail tout à fait remarquable, c'est effectivement très douloureux. Mais nous le faisons en conscience, en conscience j'allais dire avec nous-mêmes, parce que le moins que l'on puisse dire c'est qu'on n'est pas aidés par les Républicains - la déclaration de monsieur SARKOZY était plein de morgue, un refus de toute ouverture - parce que nous savons que la situation est grave et elle est grave dans les circonstances, elle est grave aussi au regard des enjeux, nous souhaitons tout mettre en oeuvre pour battre le Front national, en tout cas c'est de notre responsabilité.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Jean-Marie LE GUEN, très concrètement, que va-t-il se passer ? Est-ce que vous allez appeler notamment les électeurs socialistes et alliés de Nord-Pas-de-Calais - Picardie et de Provence-Alpes - Côte d'Azur a voté d'un côté pour Xavier BERTRAND et de l'autre pour Christian ESTROSI, deux candidats qui passent leur temps à taper sur le gouvernement et sur la gauche ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Vous décrivez les douleurs et les difficultés qui sont les nôtres, vous avez raison…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous allez lancer cet appel ou pas ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Bien sûr, oui. Oui ! Oui, si nous nous retirons c'est pour faire barrage au Front national, ce n'est pas pour aller bouder dans un coin, c'est pour dire que… eh bien voilà, il faut prendre ses responsabilités, parce que nous sommes nous de vrais Républicains et des vrais responsables politiques, nous ne sommes pas en train de trouver un jeu cynique, nous souhaitons vraiment et nous pensons que ce serait très mauvais pour ces Régions, pour ces habitants - surtout les plus fragiles - de voir arriver le Front national dans… et pour notre pays tout entier d'ailleurs…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et vous imaginez vos électeurs allant massivement aux urnes voter pour des personnalités qui passent leur temps à critiquer la gauche, ça me paraît difficile comme concept ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Vous dites-vous des choses qui sont exactes ! Je ne peux pas dire le contraire. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? A partir du moment où vous avez eu des déclarations comme celle de monsieur SARKOZY, en gros qui met sur le même plan la gauche et l'extrême droite, c'est vrai que c'est tout à fait une façon de décourager les électeurs de gauche, mais monsieur SARKOZY n'a en tête qu'une seule chose, c'est sa désignation à la primaire, quelque part il souhaite que l'extrême droite vienne l'aider à se faire désigner dans son propre parti- , voilà la réalité - et nous sommes victimes de ce jeu personnel. Mais nous assumons nos responsabilités, parce que ce n'est pas les jeux politiques ou politiciens qui nous occupent dans cette affaire, c'est l'avenir de ces Régions et l'image de la France et donc nous nous mobilisons en responsabilité.
FABIENNE SINTES
Jean-Marie LE GUEN, justement, dans l'une de ces Régions d'où vous partez si je puis dire – enfin dont vous partez, non pas si je puis dire, d'ailleurs d'où vous partez vraiment - Nord-Pas-de-Calais – Picardie, je voudrais qu'on parte à Hénin-Beaumont ensemble : 59,36 % des voix pour le Front national quand même, voici un reportage signé Julien LANGLET, on l'écoute et on se retrouve juste après.
(…)
FABIENNE SINTES
Voilà reportage à Hénin-Beaumont ! Une dernière question pour vous Jean-Marie LE GUEN, s'il-vous-plaît, avec Jean-François ACHILLI.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Jean-Marie LE GUEN, vous devez partir je sais, mais qu'est-ce qui va se passer en Alsace - Lorraine - Champagne Ardennes, est-ce que Jean-Pierre MASSERET va se retirer comme c'est le cas des deux candidats au nord et au sud ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez nous discutons effectivement, nous analysons la situation et je pense que dans la matinée il y aura des annonces qui seront faites, mais ce n'est pas moi qui est en charge de les faire, donc voilà. Mais simplement…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous avez…
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ?
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Non ! Allez-y, continuez, continuez, poursuivez.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non ! Je veux dire simplement que dans aucune Région en réalité le Front national n'est majoritaire, il est devant effectivement, mais c'est la division de ce que nous appelions et de ce que nous appelons encore les Républicains - c'est-à-dire tous ceux qui refusent les idées de l'extrême droite, la xénophobie - qui fait que le Front national peut l'emporter, c'est bien le sectarisme de monsieur SARKOZY ou son sens un peu cynique de ses calculs qui fait que peut-être nous aurons des Régions demain dirigées par le Front national.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous avez entendu ce qu'a dit Steeve BRIOIS à l'instant, il parle du grand fossé, il dit : « ça ne marchera pas », il était question des reports de voix…
JEAN-MARIE LE GUEN
Il l'espère bien sûr ! Il l'espère bien sûr. Et puis je crois qu'il y a beaucoup d'électeurs effectivement du Front national qui ne sont pas forcément des gens d'extrême-droite, qui simplement été marqués par les événements de ces dernières semaines et qui ont été suffisamment dramatiques, mais ce n'est pas une solution, en aucune façon le Front national n'apportera des solutions -tout au contraire – il ne fera que de rajouter de la crise à la crise et du malheur au malheur, mais malheureusement aujourd'hui il y a eu tellement de divisions dans notre pays, tellement de caricatures, que je crois que nous avons à reconquérir ces quartiers et ces mouvements populaires qui sont troublés parce que l'Europe n'est pas au rendez-vous, parce qu'une certaine forme d'économie n'est plus supportable par nos compatriotes, parce que surtout, surtout, évidemment ils ont peur de ce qu'ils voient autour d'eux et ce qu'ils voient aussi… avec ces questions de terrorisme, là-dessus l'action du gouvernement est je crois déterminée et il faut que tout simplement les résultats soient là et que nous soyons plus convaincants. En tout cas ce que je retiens c'est que ceux qui se battent aujourd'hui contre les idées d'extrême droite, eh bien c'est une gauche, une gauche ouverte, une gauche qui est prête à se rassembler, alors qu'on a en face de nous ou à côté de nous une droite sectaire, cynique et une extrême droite qui évidemment ne se limitera plus maintenant dans ses provocations.
FABIENNE SINTES
Merci beaucoup Jean-Marie LE GUEN, chargé des Relations avec le Parlement en direct sur France info.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 décembre 2015