Déclaration de Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, sur l'innovation dans le domaine de la santé et les aides de l'Etat dans le cadre de la modernisation du système de santé, Paris le 2 décembre 2015.

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En quelques années seulement, la France est devenu le fer de lance de l'innovation en santé. Cette conviction, je me la suis forgée au fil de mes rencontres avec les startupers qui choisissent la France, de mes déplacements sur le terrain, dans les entreprises, les instituts de recherche. J'y ai vu un enthousiasme profond, une effervescence réelle, un engagement sans faille à innover pour améliorer le bien-être des patients.
L'inauguration de votre fondation s'inscrit pleinement dans ce mouvement. Ce mouvement qui a vu naître la bio-imprimante 3D, la rétine artificielle, les prothèses personnalisées, la télémédecine et les objets connectés, et qui voit se développer l'immunothérapie.
I. Vous avez fait le choix d'implanter votre fondation en France. Je tiens à vous remercier chaleureusement, cher Giovanni CAFORIO, pour ce choix. Vous m'avez indiqué qu'il était guidé par votre conviction que nous avons ici tous les atouts d'une terre d'innovation en santé.
D'ailleurs, BMS réalise déjà aujourd'hui l'essentiel de ses essais cliniques en France. Pourquoi ? Parce que nous avons su créer un écosystème favorable à l'émergence de l'innovation. L'excellence de nos chercheurs au sein des centres hospitaliers universitaire (CHU) comme des centres de lutte contre le cancer (CLCC) est mondialement reconnue. L'engagement de nos professionnels de santé rayonne lui aussi à l'international. Le dynamisme de nos industries de santé a déjà permis la création de 200 000 emplois en France. Les start ups se multiplient partout en France. Je pourrais d'ailleurs parler de votre belle aventure commune, Monsieur CAFORIO, avec l'entreprise française Innate Pharma née sur le campus Luminy à Marseille.
Excellence des acteurs, donc. Excellence de nos pratiques, aussi. La France dispose d'un dispositif unique au monde de soutien à l'émergence de médicaments innovants. Vous en avez d'ailleurs fait l'expérience, puisque l'une des dernières molécules créées par BMS a bénéficié d'une autorisation temporaire d'utilisation en 3 jours à peine !
Cette réalité procède d'un choix politique : celui de tout faire pour soutenir l'innovation en santé. C'est l'une de mes grandes priorités. Le projet de loi de modernisation de notre système de santé lève des barrières administratives pour accélérer le développement des médicaments de thérapie innovante au sein des CHU. Grâce à la convention unique, nous réduisons également les délais permettant le démarrage concret d'un essai sur le médicament. Il faut aujourd'hui compter 50 jours en moyenne contre 120 en 2012.
Mon engagement pour l'innovation, il est aussi financier. Nous avons sensiblement renforcé le soutien de l'Etat en investissement à l'innovation en santé. 33 millions d'euros dans le cadre du programme d'investissement d'avenir pour la recherche hospitalo-universitaire. 6 milliards d'euros dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2016. Et puis, j'ai annoncé la création d'un fonds doté d'abord de 100 millions d'euros pour accompagner directement les jeunes pousses industrielles. Ce sont des investissements importants, historiques même. Ils sont indispensables pour accompagner et encourager le mouvement qui va révolutionner nos manières de consulter, de traiter et de soigner.
Ma conviction, c'est que cette révolution ne peut être l'affaire de spécialistes. Il ne s'agit pas d'un sujet technique, mais d'un enjeu de société. Je veux que tous les Français puissent mesurer son impact sur leur vie quotidienne. C'est la raison pour laquelle j'ai annoncé qu'une première journée nationale de l'innovation en santé se tiendrait les 23 et 24 janvier 2016 à la Cité des Sciences et de l'Industrie. Elle permettra de faire découvrir au grand public les dernières innovations, pour certaines spectaculaires. L'immunothérapie y sera très certainement présente et vous y aurez toute votre place.
II. Parce que l'ambition que vous portez est révolutionnaire. L'immuno-oncologie nous permet de franchir une nouvelle étape historique dans la lutte contre le cancer.
C'est un nouveau champ thérapeutique qui s'ouvre et c'est l'horizon des possibles qui s'étend. Vous avez été pionniers dans cette approche et votre laboratoire a été récompensé en 2012 par le prestigieux prix Galien dans la catégorie « meilleur produit de biotechnologie », pour la découverte de la première molécule immuno-oncologique. La France est aujourd'hui le pays leader dans ce domaine et je veux en profiter pour saluer les travaux d'Eric VIVER, Marc BONNEVILLE et Jean-Jacques FOURNIE.
Cette innovation marque une véritable rupture. De quoi s'agit-il concrètement ? Jusqu'à présent, le traitement du cancer passait par la destruction des cellules cancéreuses. Avec l'immuno-oncologie, il s'agit désormais de rendre les cellules de notre système immunitaire plus fortes pour les aider à se débarrasser des cellules cancéreuses.
Ce traitement a déjà montré toute son efficacité. Ses effets sur les cellules cancéreuses sont visibles sur une longue période et garantissent ainsi une espérance de survie et de qualité de vie à long terme pour des patients dont le pronostic était jusque là défavorable.
Ses effets secondaires sont moins nombreux que beaucoup d'autres traitements anticancéreux. Les patients peuvent donc plus facilement renouer avec leurs habitudes, vivre une vie aussi normale que possible, reprendre le travail.
Et puis, ce traitement agit sur un très large spectre de cancers. Les patients atteints d'un mélanome au stade avancé, d'un cancer de la prostate, d'un lymphome, d'un cancer colorectal, d'un cancer hépatique, pourront en bénéficier.
Pour les patients, pour les professionnels, pour notre système de santé, il y aura un avant et un après.
III. Le message que je veux porter à l'occasion de votre cérémonie de lancement est le suivant : vous pouvez compter sur le Gouvernement pour continuer à vous soutenir.
Votre fondation porte deux grandes ambitions qui rejoignent des chantiers que nous considérons comme majeurs.
La première, c'est de soutenir la recherche sur les cancers de l'enfant. J'y suis très attachée et je souhaite que nous progressions dans le développement de molécules innovantes pour guérir ces cancers pour lesquels nous ne disposons aujourd'hui d'aucun ou de peu de traitements spécifiques. La recherche industrielle doit être stimulée. Je défendrai à ce sujet la spécificité des traitements pour les cancers pédiatriques dans les discussions avec nos partenaires sur le règlement européen.
La seconde ambition, c'est le développement de la recherche en santé publique et en sciences sociales et humaines. Elle est en phase avec les priorités du Plan Cancer 3 lancé par le Président de la République, visant notamment à améliorer la qualité de vie après le cancer. La création d'un droit à l'oubli pour d'anciens malades, que j'ai portée au sein du projet de loi de modernisation de notre système de santé, s'inscrit complètement dans cette démarche. D'autres initiatives doivent voir le jour et le rôle de votre Fondation sera ici précieux.
Mesdames, messieurs,
2015 aura été marquée par des avancées fortes, concrètes, pour lutter contre le cancer et mieux accompagner les patients. De nouvelles étapes historiques ont été franchies : droit à l'oubli, nouvelles mesures en matière de dépistage du cancer colorectal avec l'introduction des tests immunologiques, mise en place d'une grande concertation citoyenne et scientifique pour le dépistage du cancer du sein.
Nous lançons aujourd'hui un beau partenariat public/privé, qui fera durablement progresser le quotidien des malades. Toutes les forces doivent se rejoindre pour parvenir à cet objectif, et vous pouvez compter sur ma disponibilité, ma détermination et celle de l'ensemble du Gouvernement, pour y parvenir.
Je vous remercie.
Source http://www.social-sante.gouv.fr, le 3 décembre 2015