Texte intégral
CYRIL VIGUIER
Bonjour. Bienvenue dans « La Matinale d'info » de Public Sénat et de Sud Radio, avec la participation de la presse quotidienne régionale. Aujourd'hui, notre invitée, c'est Axelle LEMAIRE. Bonjour.
AXELLE LEMAIRE
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Vous êtes secrétaire d'Etat au Numérique. Et pour vous interroger aujourd'hui, Christophe BORDET de Sud Radio. Bonjour Christophe.
CHRISTOPHE BORDET
Bonjour.
AXELLE LEMAIRE
Et Michael SZAMES, de Public Sénat. Bonjour Michael.
MICHAEL SZAMES
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Axelle LEMAIRE, par rapport à octobre, François HOLLANDE voit sa progression croître de 12 points par rapport au souhait des Français de se présenter à sa réélection. Alain JUPPE est préféré à Nicolas SARKOZY pour être candidat en 2017, 60 % d'opinions favorables. Est-ce que la présidentielle a démarré le soir du deuxième tour ? Et est-ce ça au fond le message que les Français ont voulu délivrer ?
AXELLE LEMAIRE
Non, je ne pense pas. Non, on sort d'une séquence qui a été très difficile, traumatisante, entre les attentats du 13 novembre, ces élections régionales qui ont vu le Front national, premier parti politique, après le premier tour en France, le message que veulent délivrer les Français, c'est : nous voulons un gouvernement solide, nous voulons un président qui assure une continuité de l'Etat, qui rassure les Français, qui soit au rendez-vous de la sécurité, de la justice sociale, mais je crois qu'ils sont assez éloignés des enjeux électoraux de la présidentielle. La présidentielle, c'est en mai 2017, nous sommes en décembre 2015, ce qui leur importe, c'est le chômage, c'est le retour possible de la croissance, c'est la sécurité qui doit leur être assurée. Je crois qu'ils attendent des réponses très immédiates et très concrètes, on n'est pas dans des conjonctures électorales.
CYRIL VIGUIER
Avec quand même, Christophe BORDET, un rendez-vous dans le Nord ce matin ?
CHRISTOPHE BORDET
Oui, absolument. Et un mot, un terme important, fraternisation ! On avait eu fraternité avec Ségolène ROYAL, maintenant on a fraternisation entre François HOLLANDE et le nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais Picardie, Xavier BERTRAND. Alors les deux hommes se retrouvent donc aujourd'hui à Neuville-Saint-Vaast, pour inaugurer le monument de la fraternisation, en mémoire à ces soldats français et allemands qui, en 14, le 25 décembre, ont déposé les armes quelques heures le jour de Noël. HOLLANDE avec Xavier BERTRAND, le républicain élu avec les voix de gauche, c'est un symbole, au-delà de cette commémoration, à votre avis, cette présence des deux hommes ensemble aujourd'hui ?
AXELLE LEMAIRE
C'est un symbole important, quel que soit le contexte.
CHRISTOPHE BORDET
Pourquoi ?
AXELLE LEMAIRE
Parce que, effectivement, la droite et la gauche sont réunies, après, très franchement, je pense que ça aurait eu lieu quel que soit le candidat élu, c'est-à-dire que le président de la région soit là aux côtés du président de la République
MICHAEL SZAMES
Ce n'était pas prévu pour François HOLLANDE, c'est un passage en direction de Bruxelles aujourd'hui
AXELLE LEMAIRE
D'accord, bon, enfin
MICHAEL SZAMES
C'est un petit crochet, on va dire, il tombe bien, ce crochet, non ?
AXELLE LEMAIRE
Oui, non, mais oui, puisque, en plus, Xavier BERTRAND, je crois, a su trouver les mots dimanche soir justement de rassemblement, il a remercié les électeurs de gauche, qui avaient décidé de lui faire confiance, et il a compris qu'il devait avoir un mandat qui soit rassembleur. Donc espérons que cet esprit va perdurer
MICHAEL SZAMES
Axelle LEMAIRE, il n'y a plus de clivage gauche/droite, ça y est, c'est terminé ça ?
AXELLE LEMAIRE
Mais ça n'a rien à voir, là, on parle d'un rassemblement des hommes sur un événement de commémoration historique qui prend une symbolique très importante entre deux pays, la France et l'Allemagne, voilà. Après, le clivage, les différences entre la droite et la gauche, mais elles sont très saines pour la démocratie, parce que ça veut dire que les Français doivent choisir, doivent choisir entre des idées qui s'opposent, et c'est exactement ce qui leur est demandé dans les urnes. Donc
CHRISTOPHE BORDET
Donc Axelle LEMAIRE, ça veut dire quand même que, quand je vous écoute, vous êtes un peu d'accord avec Benoît HAMON, qui dit ce matin que c'est complètement ridicule d'imaginer que, il n'y aurait plus de différences entre la droite et la gauche
CYRIL VIGUIER
N'importe quoi, il a dit !
CHRISTOPHE BORDET
N'importe quoi, il dit : c'est n'importe quoi.
AXELLE LEMAIRE
Enfin, je ne sais pas, mais pour moi, on est dans des débats théoriques, il faut regarder simplement très concrètement les différences des politiques publiques qui ont été mises en oeuvre par les différents gouvernements
MICHAEL SZAMES
Là, ce n'est pas du théorique, c'est de la stratégie, là
AXELLE LEMAIRE
Enfin, moi, je vous donne un exemple, j'ai préparé un projet de loi pour une République numérique, on verra s'il est voté par la droite, je l'espère, parce que je crois que c'est un texte qui peut être relativement consensuel, qui concerne
CYRIL VIGUIER
On va revenir sur le fond après
CHRISTOPHE BORDET
On va en parler
AXELLE LEMAIRE
Voilà, mais pour moi, ça, ça sera un test, pour moi, ça sera un test. Mais là, on est plus dans les mots, voyez, que dans le concret là-dessus.
CHRISTOPHE BORDET
Mais, bon, Axelle LEMAIRE, on parle de recomposition politique, on n'y est pas encore, là, honnêtement, alors, si on vous écoute ?
AXELLE LEMAIRE
On n'y est pas encore parce que, enfin, recomposition politique, avec qui, selon quel programme, dans quel calendrier, voilà, je veux dire, il n'y a pas de fermeture de ma part, il n'y a pas d'ouverture non plus, là, je trouve qu'on est un peu dans un débat qui se co-entretient
CHRISTOPHE BORDET
Mais cela étant dit, quand Jean-Pierre RAFFARIN, par exemple, fait une offre de service, en quelque sorte, au président HOLLANDE pour dire : oui, il faut un pacte républicain pour lutter contre le chômage, on se dit : tiens, il se passe peut-être des choses, est-ce que c'est le début de quelque chose ?
AXELLE LEMAIRE
Si ça peut être le début de la fin des postures, vous voyez ce que je veux dire, le début de la fin des petites phrases, des positionnements stratégiques qui ne servent à rien, et qui énervent les Français, alors oui, ça veut dire quelque chose. Mais pour autant, ce qu'on peut rechercher, ce sont des coalitions sur des sujets, comme en Europe du Nord par exemple, où il arrive que des partis politiques, des mouvements se rejoignent sur des thématiques, et c'est heureux parce que ça fait preuve d'une certaine sagesse et d'un consensus
CHRISTOPHE BORDET
Est-ce que c'est le fait de travailler ensemble qui permettra de faire baisser le Front national ? Si on y arrive sur le chômage, ça fera baisser le Front national ?
AXELLE LEMAIRE
Je pense que si on envoyait le signal qu'il y a un consensus politique fort à l'appui de certaines politiques publiques, l'apprentissage par exemple, eh bien, alors oui, il y aurait moins d'images de division, et donc peut-être plus d'adhésion et plus de confiance de la part des Français.
MICHAEL SZAMES
Axelle LEMAIRE, vous avez vu la polémique qui a agité la toile hier entre Marine LE PEN, qui répond à un journaliste, qui l'aurait accusée de faire le lien entre FN et Daesh. Faute morale, faute politique ?
AXELLE LEMAIRE
Les deux. Les deux. D'abord, c'est contre la loi, pendant que les autorités de police françaises luttent pour s'assurer qu'on retire les contenus illicites sur Internet, sur les réseaux sociaux, sur Twitter, dans les images, des décapitations, dans par exemple les photographies internes du Bataclan le soir des attentats, des responsables politiques qui sont arrivés en tête au premier tour de la troisième région de France publient des photos de décapitations
MICHAEL SZAMES
Irresponsable ?
AXELLE LEMAIRE
D'une victime qui est identifiée, qui est reconnue, et ce sont les membres de sa famille américaine qui doivent s'en plaindre. C'est d'une irresponsabilité absolue ! Sans compter l'effet que ça a sur les gens qui voient cette photo, et en particulier les plus jeunes.
MICHAEL SZAMES
Mais ça veut dire aussi que sur Twitter, on peut dire, tout faire ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, non, mais justement, enfin, au lendemain, quelques semaines après les attentats, avec Manuel VALLS, à Matignon, nous avons reçu les représentants de toutes les grandes plateformes du numérique, les géants de l'Internet, nous sommes dans un travail de collaboration, de coopération, qui se veut de plus en plus efficace d'ailleurs, pour que la loi française s'applique sur ces plateformes, mais pas uniquement, la loi américaine, qui a parfois tendance à se réfugier derrière le premier amendement de la Constitution, sur la liberté d'expression, pour dire : on a le droit de tout publier ou pas. Et donc nous, nous, ce que nous demandons, c'est que ça soit la loi française, et donc ce genre d'interdiction d'images, qui s'applique ; donc on est dans ce dialogue, dans ce travail. Et Marine LE PEN publie une photo comme ça, je trouve ça d'une irresponsabilité absolue.
CHRISTOPHE BORDET
Alors cela étant dit, c'est peut-être irresponsable, mais ces photos, elles existent bien, les faits, ils existent bien, est-ce que ça, ça fait peur au gouvernement, quelque part, de dire : eh bien oui, c'est une réalité, ce que vous avez vu, là, sur Twitter, c'est une réalité de Daesh ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, d'abord, cette réalité, on la connaît, toute la question quasiment philosophique, c'est : faut-il l'illustrer, faut-il la montrer ? Je ne sais pas si vous avez des enfants, mais si vous en avez, vous auriez vraiment envie qu'ils tombent sur la photo d'un homme sans tête, qui a été décapité par d'autres hommes ?
CHRISTOPHE BORDET
Et il ne faut pas montrer la réalité ?
AXELLE LEMAIRE
Non, il y a certaines images qui sont d'une violence absolument inouïe, et je crois qui ne doivent pas tourner en boucle sur les réseaux sociaux. Et d'ailleurs, ce genre d'images, elles sont normalement supprimées, simplement, avec les algorithmes, eh bien, elles reviennent rapidement, et Daesh fait son nid de ce type de propagande
MICHAEL SZAMES
Pénalement, c'est sanctionnable ce qu'a fait Marine LE PEN hier ?
AXELLE LEMAIRE
Oui, tout à fait.
MICHAEL SZAMES
Qu'est-ce qu'elle peut encourir ?
AXELLE LEMAIRE
Alors je n'ai pas regardé les sanctions dans le code pénal, mais la diffusion d'images
MICHAEL SZAMES
Ce n'est pas la première fois que ça arrive !
AXELLE LEMAIRE
Telles que celles-là
MICHAEL SZAMES
Que ce soit Marine LE PEN ou quelqu'un d'autres !
AXELLE LEMAIRE
Qu'un responsable politique de ce niveau publie une image comme cela, alors, je peux me tromper, mais je crois que c'est la première fois.
CHRISTOPHE BORDET
Gérard LONGUET, ça s'est passé chez Michael SZAMES, sur Public Sénat, et on l'a relevé, bien évidemment, Gérard LONGUET a dénoncé sur Public Sénat les Français qui ont un poil dans la main. Est-ce qu'il a eu raison ou bien est-ce qu'il a fait un raccourci énorme ? Est-ce que les Français sont des faignants ?
AXELLE LEMAIRE
Eh bien, si je me fie aux statistiques et aux taux de productivité des travailleurs français en Europe, non, puisque ces taux horaires sont plutôt bien supérieurs à la moyenne. Et notamment par rapport à nos voisins britanniques, ce qui étonne souvent. Le travail est organisé différemment, les temps de travail sont organisés différemment. C'est vrai qu'il y a plus de vacances, les journées sont plus longues, et puis, très franchement, une généralisation pareille
MICHAEL SZAMES
Ce qu'il remet en cause, c'est l'assistanat, on l'a tous compris comme ça !
CHRISTOPHE BORDET
Voilà, c'est l'assistanat !
AXELLE LEMAIRE
Eh bien, oui, eh bien, qu'il le dise, de dire que les Français ont un poil dans la et cette rhétorique de l'assistanat, elle est vieille comme le monde, franchement, mais changeons
MICHAEL SZAMES
Elle est fausse ?
AXELLE LEMAIRE
Changeons de logiciel, cette idée que les gens
MICHAEL SZAMES
Elle est fausse ?
AXELLE LEMAIRE
Cette idée que les gens qui sont au chômage n'ont pas envie de travailler, mais, est complètement à côté de la plaque, à côté de la réalité sociale
MICHAEL SZAMES
Et pourtant, il y a des milliers d'emplois qui ne sont pas pourvus aujourd'hui, parce que les gens refusent de faire ces emplois, c'est le pacte d'urgence qui va être mis en place sur l'emploi
AXELLE LEMAIRE
Tout à fait
MICHAEL SZAMES
Par Manuel VALLS et par Myriam El KHOMRI. Donc on voit encore que sur la formation, il y a des manques.
AXELLE LEMAIRE
Mais vous avez raison, il y a un problème d'adéquation entre l'offre et la demande, on a plus de six millions de chômeurs en France, il y a 400.000 emplois qui ne sont pas pourvus aujourd'hui, et alors, ici, les outils numériques peuvent être très utiles, d'ailleurs, on voit plein de plateformes de rencontres entre une offre précise et une demande précise, qui se créent, parce que, il faut que les emplois correspondent aux qualifications et inversement. Le vrai problème, il est là, eh oui, il y a un problème de formation professionnelle, moi, je le vois pour mon secteur, il y a des informaticiens qui sont au chômage
CHRISTOPHE BORDET
Enfin, être boucher, par exemple, ce n'est pas assez bien, il faut dire les choses clairement, pour beaucoup de jeunes. Non ?
AXELLE LEMAIRE
Non.
CHRISTOPHE BORDET
Vous n'avez pas ce sentiment-là, vous ?
AXELLE LEMAIRE
Non, en tout cas
CHRISTOPHE BORDET
On a dévalorisé les métiers manuels, et maintenant, quelque part, on récolte ce que l'on a semé, non ?
AXELLE LEMAIRE
Alors peut-être que dans l'imaginaire public, il y a une dévalorisation de certains métiers, c'est très dommage, parce que les métiers de l'artisanat sont des métiers du quotidien, de proximité, qui sont extraordinairement utiles pour le lien social en plus de la valeur économique qu'ils apportent. Encore une fois, je pense que c'est un problème de formation professionnelle et qu'il y a pas mal de jeunes qui se dirigeraient vers ces filières si, en réalité, ils avaient la possibilité d'y entrer.
MICHAEL SZAMES
Le 19 décembre prochain vous allez défendre au Parlement votre loi Numérique, c'est l'accès au numérique pour tous, c'est la liberté numérique. En France, il y a encore ce qu'on appelle des zones blanches, des territoires perdus, c'est là-dessus aussi que le Front national a fait son lit, parce qu'ils n'ont pas d'accès forcément au numérique, il n'y a pas d'accès ne serait-ce qu'au téléphone portable. Vous en êtes où de ces zones blanches ? Vous avez fait des promesses, on en est où ?
AXELLE LEMAIRE
Vous avez raison, je suis persuadée que l'absence d'accès à Internet, à la téléphonie mobile, renforce un sentiment d'abandon, et jamais un tel effort d'investissement public n'a été fait dans notre pays pour déployer le numérique le plus rapidement possible dans tous les territoires, rien que pour l'Etat, c'est 3,5 milliards d'euros qui sont mis. Et là, je crois qu'on est à un moment charnière parce que plus de 89 départements ont demandé des financements, ils ont des projets de déploiement du numérique, l'Etat est à leurs côtés, les opérateurs ont l'intention d'y aller, on commence à creuser les tranchées, à ouvrir les routes, on commence à former les ouvriers, les entreprises produisent de la fibre optique, les premières prises commencent à sortir de terre, mais on ne voit pas encore le résultat.
CHRISTOPHE BORDET
Oui, parce que 2.200 communes sans 3G aujourd'hui, a priori, des bourgs entiers sans aucune couverture mobile, c'est ça quand même la réalité de l'histoire. Et je vais vous donner un exemple très simple, on a fait un reportage sur Sud Radio dans le Lot-et-Garonne, un petit village, des gens qui nous disaient « oui, on a voté FN, parce que, voyez, on n'a même pas de téléphone portable, ça ne passe pas. »
AXELLE LEMAIRE
Oui. Alors, moi je vous parlais de la fibre et des réseaux fixe-téléphonie mobile, on est en train de recenser toutes les communes en zone blanche, toutes les communes qui n'ont pas la 3G, d'ici fin 2017, elles seront couvertes.
MICHAEL SZAMES
Dernière question. Vous avez fait, face aux géants d'Internet, une déclaration, vous déplorez le lobby d'une impuissance publique. En somme on ne peut rien faire contre les Amazon, Google et autres Facebook ?
AXELLE LEMAIRE
C'est quelque chose que j'entends souvent, or c'est faux. Lorsqu'il s'agit d'appliquer le droit des données personnelles, par exemple, c'est la loi française qui s'applique, le droit de la consommation, c'est la loi du domicile du consommateur, mais il y a cette idée selon laquelle on ne pourrait rien faire, qui vraiment s'est imposée dans l'esprit de nos concitoyens, c'est faux.
MICHAEL SZAMES
Et alors on ne peut rien faire ?
AXELLE LEMAIRE
Mais c'est faux.
CYRIL VIGUIER
conforter cette idée, Axelle LEMAIRE, on a reçu, il y a quelques jours, ici, le nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais, Xavier BERTRAND, qui dénonce le laxisme supposé de Google en matière de lutte contre le terrorisme et la radicalisation, il a appelle ça, et ça a bien fonctionné, « le concept d'Imam Google. » Est-ce que vous pouvez l'aider, vous, concrètement, dans cette quête d'éradiquer ça ?
AXELLE LEMAIRE
Oui, déjà l'aider en lui conseillant d'arrêter de parler de « l'Iman Google », parce que c'est franchement inutilement polémique, et parlant de l'entreprise préférée des Français, et de celle qui est la plus utilisée par les jeunes en particulier, je pense que là aussi il y a un certain décalage. Là, où il faut qu'on travaille beaucoup plus étroitement, alors d'abord c'est sur le sujet de la fiscalité, parce qu'il est absolument intolérable que ce genre d'entreprise ne paie pas ses impôts, en tout cas à juste valeur, en France, et puis sur le sujet de la lutte contre l'apologie du terrorisme, les contenus illicites
CYRIL VIGUIER
La radicalisation sur Internet.
AXELLE LEMAIRE
On en a parlé, ça se passe quand même beaucoup mieux qu'auparavant, ces entreprises elles ont compris, enfin, qu'il fallait s'adapter culturellement, et légalement
CYRIL VIGUIER
Il a été déçu de sa réunion avec les dirigeants de Google, Xavier BERTRAND, il a dit qu'il n'avait pas trouvé de réactivité de leur part là-dessus.
AXELLE LEMAIRE
Ah ben écoutez, moi ce n'est absolument pas le retour que j'ai de la réunion que nous avons eue avec le Premier ministre, qui faisait suite au déplacement de Bernard CAZENEUVE dans la Silicon Valley, où on est en train de trouver une voie de dialogue qui est beaucoup plus efficace qu'auparavant.
CYRIL VIGUIER
Merci Axelle LEMAIRE, secrétaire d'Etat au Numérique, d'avoir été notre invitée dans cette « Matinale d'info » ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 décembre 2015
Bonjour. Bienvenue dans « La Matinale d'info » de Public Sénat et de Sud Radio, avec la participation de la presse quotidienne régionale. Aujourd'hui, notre invitée, c'est Axelle LEMAIRE. Bonjour.
AXELLE LEMAIRE
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Vous êtes secrétaire d'Etat au Numérique. Et pour vous interroger aujourd'hui, Christophe BORDET de Sud Radio. Bonjour Christophe.
CHRISTOPHE BORDET
Bonjour.
AXELLE LEMAIRE
Et Michael SZAMES, de Public Sénat. Bonjour Michael.
MICHAEL SZAMES
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Axelle LEMAIRE, par rapport à octobre, François HOLLANDE voit sa progression croître de 12 points par rapport au souhait des Français de se présenter à sa réélection. Alain JUPPE est préféré à Nicolas SARKOZY pour être candidat en 2017, 60 % d'opinions favorables. Est-ce que la présidentielle a démarré le soir du deuxième tour ? Et est-ce ça au fond le message que les Français ont voulu délivrer ?
AXELLE LEMAIRE
Non, je ne pense pas. Non, on sort d'une séquence qui a été très difficile, traumatisante, entre les attentats du 13 novembre, ces élections régionales qui ont vu le Front national, premier parti politique, après le premier tour en France, le message que veulent délivrer les Français, c'est : nous voulons un gouvernement solide, nous voulons un président qui assure une continuité de l'Etat, qui rassure les Français, qui soit au rendez-vous de la sécurité, de la justice sociale, mais je crois qu'ils sont assez éloignés des enjeux électoraux de la présidentielle. La présidentielle, c'est en mai 2017, nous sommes en décembre 2015, ce qui leur importe, c'est le chômage, c'est le retour possible de la croissance, c'est la sécurité qui doit leur être assurée. Je crois qu'ils attendent des réponses très immédiates et très concrètes, on n'est pas dans des conjonctures électorales.
CYRIL VIGUIER
Avec quand même, Christophe BORDET, un rendez-vous dans le Nord ce matin ?
CHRISTOPHE BORDET
Oui, absolument. Et un mot, un terme important, fraternisation ! On avait eu fraternité avec Ségolène ROYAL, maintenant on a fraternisation entre François HOLLANDE et le nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais Picardie, Xavier BERTRAND. Alors les deux hommes se retrouvent donc aujourd'hui à Neuville-Saint-Vaast, pour inaugurer le monument de la fraternisation, en mémoire à ces soldats français et allemands qui, en 14, le 25 décembre, ont déposé les armes quelques heures le jour de Noël. HOLLANDE avec Xavier BERTRAND, le républicain élu avec les voix de gauche, c'est un symbole, au-delà de cette commémoration, à votre avis, cette présence des deux hommes ensemble aujourd'hui ?
AXELLE LEMAIRE
C'est un symbole important, quel que soit le contexte.
CHRISTOPHE BORDET
Pourquoi ?
AXELLE LEMAIRE
Parce que, effectivement, la droite et la gauche sont réunies, après, très franchement, je pense que ça aurait eu lieu quel que soit le candidat élu, c'est-à-dire que le président de la région soit là aux côtés du président de la République
MICHAEL SZAMES
Ce n'était pas prévu pour François HOLLANDE, c'est un passage en direction de Bruxelles aujourd'hui
AXELLE LEMAIRE
D'accord, bon, enfin
MICHAEL SZAMES
C'est un petit crochet, on va dire, il tombe bien, ce crochet, non ?
AXELLE LEMAIRE
Oui, non, mais oui, puisque, en plus, Xavier BERTRAND, je crois, a su trouver les mots dimanche soir justement de rassemblement, il a remercié les électeurs de gauche, qui avaient décidé de lui faire confiance, et il a compris qu'il devait avoir un mandat qui soit rassembleur. Donc espérons que cet esprit va perdurer
MICHAEL SZAMES
Axelle LEMAIRE, il n'y a plus de clivage gauche/droite, ça y est, c'est terminé ça ?
AXELLE LEMAIRE
Mais ça n'a rien à voir, là, on parle d'un rassemblement des hommes sur un événement de commémoration historique qui prend une symbolique très importante entre deux pays, la France et l'Allemagne, voilà. Après, le clivage, les différences entre la droite et la gauche, mais elles sont très saines pour la démocratie, parce que ça veut dire que les Français doivent choisir, doivent choisir entre des idées qui s'opposent, et c'est exactement ce qui leur est demandé dans les urnes. Donc
CHRISTOPHE BORDET
Donc Axelle LEMAIRE, ça veut dire quand même que, quand je vous écoute, vous êtes un peu d'accord avec Benoît HAMON, qui dit ce matin que c'est complètement ridicule d'imaginer que, il n'y aurait plus de différences entre la droite et la gauche
CYRIL VIGUIER
N'importe quoi, il a dit !
CHRISTOPHE BORDET
N'importe quoi, il dit : c'est n'importe quoi.
AXELLE LEMAIRE
Enfin, je ne sais pas, mais pour moi, on est dans des débats théoriques, il faut regarder simplement très concrètement les différences des politiques publiques qui ont été mises en oeuvre par les différents gouvernements
MICHAEL SZAMES
Là, ce n'est pas du théorique, c'est de la stratégie, là
AXELLE LEMAIRE
Enfin, moi, je vous donne un exemple, j'ai préparé un projet de loi pour une République numérique, on verra s'il est voté par la droite, je l'espère, parce que je crois que c'est un texte qui peut être relativement consensuel, qui concerne
CYRIL VIGUIER
On va revenir sur le fond après
CHRISTOPHE BORDET
On va en parler
AXELLE LEMAIRE
Voilà, mais pour moi, ça, ça sera un test, pour moi, ça sera un test. Mais là, on est plus dans les mots, voyez, que dans le concret là-dessus.
CHRISTOPHE BORDET
Mais, bon, Axelle LEMAIRE, on parle de recomposition politique, on n'y est pas encore, là, honnêtement, alors, si on vous écoute ?
AXELLE LEMAIRE
On n'y est pas encore parce que, enfin, recomposition politique, avec qui, selon quel programme, dans quel calendrier, voilà, je veux dire, il n'y a pas de fermeture de ma part, il n'y a pas d'ouverture non plus, là, je trouve qu'on est un peu dans un débat qui se co-entretient
CHRISTOPHE BORDET
Mais cela étant dit, quand Jean-Pierre RAFFARIN, par exemple, fait une offre de service, en quelque sorte, au président HOLLANDE pour dire : oui, il faut un pacte républicain pour lutter contre le chômage, on se dit : tiens, il se passe peut-être des choses, est-ce que c'est le début de quelque chose ?
AXELLE LEMAIRE
Si ça peut être le début de la fin des postures, vous voyez ce que je veux dire, le début de la fin des petites phrases, des positionnements stratégiques qui ne servent à rien, et qui énervent les Français, alors oui, ça veut dire quelque chose. Mais pour autant, ce qu'on peut rechercher, ce sont des coalitions sur des sujets, comme en Europe du Nord par exemple, où il arrive que des partis politiques, des mouvements se rejoignent sur des thématiques, et c'est heureux parce que ça fait preuve d'une certaine sagesse et d'un consensus
CHRISTOPHE BORDET
Est-ce que c'est le fait de travailler ensemble qui permettra de faire baisser le Front national ? Si on y arrive sur le chômage, ça fera baisser le Front national ?
AXELLE LEMAIRE
Je pense que si on envoyait le signal qu'il y a un consensus politique fort à l'appui de certaines politiques publiques, l'apprentissage par exemple, eh bien, alors oui, il y aurait moins d'images de division, et donc peut-être plus d'adhésion et plus de confiance de la part des Français.
MICHAEL SZAMES
Axelle LEMAIRE, vous avez vu la polémique qui a agité la toile hier entre Marine LE PEN, qui répond à un journaliste, qui l'aurait accusée de faire le lien entre FN et Daesh. Faute morale, faute politique ?
AXELLE LEMAIRE
Les deux. Les deux. D'abord, c'est contre la loi, pendant que les autorités de police françaises luttent pour s'assurer qu'on retire les contenus illicites sur Internet, sur les réseaux sociaux, sur Twitter, dans les images, des décapitations, dans par exemple les photographies internes du Bataclan le soir des attentats, des responsables politiques qui sont arrivés en tête au premier tour de la troisième région de France publient des photos de décapitations
MICHAEL SZAMES
Irresponsable ?
AXELLE LEMAIRE
D'une victime qui est identifiée, qui est reconnue, et ce sont les membres de sa famille américaine qui doivent s'en plaindre. C'est d'une irresponsabilité absolue ! Sans compter l'effet que ça a sur les gens qui voient cette photo, et en particulier les plus jeunes.
MICHAEL SZAMES
Mais ça veut dire aussi que sur Twitter, on peut dire, tout faire ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, non, mais justement, enfin, au lendemain, quelques semaines après les attentats, avec Manuel VALLS, à Matignon, nous avons reçu les représentants de toutes les grandes plateformes du numérique, les géants de l'Internet, nous sommes dans un travail de collaboration, de coopération, qui se veut de plus en plus efficace d'ailleurs, pour que la loi française s'applique sur ces plateformes, mais pas uniquement, la loi américaine, qui a parfois tendance à se réfugier derrière le premier amendement de la Constitution, sur la liberté d'expression, pour dire : on a le droit de tout publier ou pas. Et donc nous, nous, ce que nous demandons, c'est que ça soit la loi française, et donc ce genre d'interdiction d'images, qui s'applique ; donc on est dans ce dialogue, dans ce travail. Et Marine LE PEN publie une photo comme ça, je trouve ça d'une irresponsabilité absolue.
CHRISTOPHE BORDET
Alors cela étant dit, c'est peut-être irresponsable, mais ces photos, elles existent bien, les faits, ils existent bien, est-ce que ça, ça fait peur au gouvernement, quelque part, de dire : eh bien oui, c'est une réalité, ce que vous avez vu, là, sur Twitter, c'est une réalité de Daesh ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, d'abord, cette réalité, on la connaît, toute la question quasiment philosophique, c'est : faut-il l'illustrer, faut-il la montrer ? Je ne sais pas si vous avez des enfants, mais si vous en avez, vous auriez vraiment envie qu'ils tombent sur la photo d'un homme sans tête, qui a été décapité par d'autres hommes ?
CHRISTOPHE BORDET
Et il ne faut pas montrer la réalité ?
AXELLE LEMAIRE
Non, il y a certaines images qui sont d'une violence absolument inouïe, et je crois qui ne doivent pas tourner en boucle sur les réseaux sociaux. Et d'ailleurs, ce genre d'images, elles sont normalement supprimées, simplement, avec les algorithmes, eh bien, elles reviennent rapidement, et Daesh fait son nid de ce type de propagande
MICHAEL SZAMES
Pénalement, c'est sanctionnable ce qu'a fait Marine LE PEN hier ?
AXELLE LEMAIRE
Oui, tout à fait.
MICHAEL SZAMES
Qu'est-ce qu'elle peut encourir ?
AXELLE LEMAIRE
Alors je n'ai pas regardé les sanctions dans le code pénal, mais la diffusion d'images
MICHAEL SZAMES
Ce n'est pas la première fois que ça arrive !
AXELLE LEMAIRE
Telles que celles-là
MICHAEL SZAMES
Que ce soit Marine LE PEN ou quelqu'un d'autres !
AXELLE LEMAIRE
Qu'un responsable politique de ce niveau publie une image comme cela, alors, je peux me tromper, mais je crois que c'est la première fois.
CHRISTOPHE BORDET
Gérard LONGUET, ça s'est passé chez Michael SZAMES, sur Public Sénat, et on l'a relevé, bien évidemment, Gérard LONGUET a dénoncé sur Public Sénat les Français qui ont un poil dans la main. Est-ce qu'il a eu raison ou bien est-ce qu'il a fait un raccourci énorme ? Est-ce que les Français sont des faignants ?
AXELLE LEMAIRE
Eh bien, si je me fie aux statistiques et aux taux de productivité des travailleurs français en Europe, non, puisque ces taux horaires sont plutôt bien supérieurs à la moyenne. Et notamment par rapport à nos voisins britanniques, ce qui étonne souvent. Le travail est organisé différemment, les temps de travail sont organisés différemment. C'est vrai qu'il y a plus de vacances, les journées sont plus longues, et puis, très franchement, une généralisation pareille
MICHAEL SZAMES
Ce qu'il remet en cause, c'est l'assistanat, on l'a tous compris comme ça !
CHRISTOPHE BORDET
Voilà, c'est l'assistanat !
AXELLE LEMAIRE
Eh bien, oui, eh bien, qu'il le dise, de dire que les Français ont un poil dans la et cette rhétorique de l'assistanat, elle est vieille comme le monde, franchement, mais changeons
MICHAEL SZAMES
Elle est fausse ?
AXELLE LEMAIRE
Changeons de logiciel, cette idée que les gens
MICHAEL SZAMES
Elle est fausse ?
AXELLE LEMAIRE
Cette idée que les gens qui sont au chômage n'ont pas envie de travailler, mais, est complètement à côté de la plaque, à côté de la réalité sociale
MICHAEL SZAMES
Et pourtant, il y a des milliers d'emplois qui ne sont pas pourvus aujourd'hui, parce que les gens refusent de faire ces emplois, c'est le pacte d'urgence qui va être mis en place sur l'emploi
AXELLE LEMAIRE
Tout à fait
MICHAEL SZAMES
Par Manuel VALLS et par Myriam El KHOMRI. Donc on voit encore que sur la formation, il y a des manques.
AXELLE LEMAIRE
Mais vous avez raison, il y a un problème d'adéquation entre l'offre et la demande, on a plus de six millions de chômeurs en France, il y a 400.000 emplois qui ne sont pas pourvus aujourd'hui, et alors, ici, les outils numériques peuvent être très utiles, d'ailleurs, on voit plein de plateformes de rencontres entre une offre précise et une demande précise, qui se créent, parce que, il faut que les emplois correspondent aux qualifications et inversement. Le vrai problème, il est là, eh oui, il y a un problème de formation professionnelle, moi, je le vois pour mon secteur, il y a des informaticiens qui sont au chômage
CHRISTOPHE BORDET
Enfin, être boucher, par exemple, ce n'est pas assez bien, il faut dire les choses clairement, pour beaucoup de jeunes. Non ?
AXELLE LEMAIRE
Non.
CHRISTOPHE BORDET
Vous n'avez pas ce sentiment-là, vous ?
AXELLE LEMAIRE
Non, en tout cas
CHRISTOPHE BORDET
On a dévalorisé les métiers manuels, et maintenant, quelque part, on récolte ce que l'on a semé, non ?
AXELLE LEMAIRE
Alors peut-être que dans l'imaginaire public, il y a une dévalorisation de certains métiers, c'est très dommage, parce que les métiers de l'artisanat sont des métiers du quotidien, de proximité, qui sont extraordinairement utiles pour le lien social en plus de la valeur économique qu'ils apportent. Encore une fois, je pense que c'est un problème de formation professionnelle et qu'il y a pas mal de jeunes qui se dirigeraient vers ces filières si, en réalité, ils avaient la possibilité d'y entrer.
MICHAEL SZAMES
Le 19 décembre prochain vous allez défendre au Parlement votre loi Numérique, c'est l'accès au numérique pour tous, c'est la liberté numérique. En France, il y a encore ce qu'on appelle des zones blanches, des territoires perdus, c'est là-dessus aussi que le Front national a fait son lit, parce qu'ils n'ont pas d'accès forcément au numérique, il n'y a pas d'accès ne serait-ce qu'au téléphone portable. Vous en êtes où de ces zones blanches ? Vous avez fait des promesses, on en est où ?
AXELLE LEMAIRE
Vous avez raison, je suis persuadée que l'absence d'accès à Internet, à la téléphonie mobile, renforce un sentiment d'abandon, et jamais un tel effort d'investissement public n'a été fait dans notre pays pour déployer le numérique le plus rapidement possible dans tous les territoires, rien que pour l'Etat, c'est 3,5 milliards d'euros qui sont mis. Et là, je crois qu'on est à un moment charnière parce que plus de 89 départements ont demandé des financements, ils ont des projets de déploiement du numérique, l'Etat est à leurs côtés, les opérateurs ont l'intention d'y aller, on commence à creuser les tranchées, à ouvrir les routes, on commence à former les ouvriers, les entreprises produisent de la fibre optique, les premières prises commencent à sortir de terre, mais on ne voit pas encore le résultat.
CHRISTOPHE BORDET
Oui, parce que 2.200 communes sans 3G aujourd'hui, a priori, des bourgs entiers sans aucune couverture mobile, c'est ça quand même la réalité de l'histoire. Et je vais vous donner un exemple très simple, on a fait un reportage sur Sud Radio dans le Lot-et-Garonne, un petit village, des gens qui nous disaient « oui, on a voté FN, parce que, voyez, on n'a même pas de téléphone portable, ça ne passe pas. »
AXELLE LEMAIRE
Oui. Alors, moi je vous parlais de la fibre et des réseaux fixe-téléphonie mobile, on est en train de recenser toutes les communes en zone blanche, toutes les communes qui n'ont pas la 3G, d'ici fin 2017, elles seront couvertes.
MICHAEL SZAMES
Dernière question. Vous avez fait, face aux géants d'Internet, une déclaration, vous déplorez le lobby d'une impuissance publique. En somme on ne peut rien faire contre les Amazon, Google et autres Facebook ?
AXELLE LEMAIRE
C'est quelque chose que j'entends souvent, or c'est faux. Lorsqu'il s'agit d'appliquer le droit des données personnelles, par exemple, c'est la loi française qui s'applique, le droit de la consommation, c'est la loi du domicile du consommateur, mais il y a cette idée selon laquelle on ne pourrait rien faire, qui vraiment s'est imposée dans l'esprit de nos concitoyens, c'est faux.
MICHAEL SZAMES
Et alors on ne peut rien faire ?
AXELLE LEMAIRE
Mais c'est faux.
CYRIL VIGUIER
conforter cette idée, Axelle LEMAIRE, on a reçu, il y a quelques jours, ici, le nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais, Xavier BERTRAND, qui dénonce le laxisme supposé de Google en matière de lutte contre le terrorisme et la radicalisation, il a appelle ça, et ça a bien fonctionné, « le concept d'Imam Google. » Est-ce que vous pouvez l'aider, vous, concrètement, dans cette quête d'éradiquer ça ?
AXELLE LEMAIRE
Oui, déjà l'aider en lui conseillant d'arrêter de parler de « l'Iman Google », parce que c'est franchement inutilement polémique, et parlant de l'entreprise préférée des Français, et de celle qui est la plus utilisée par les jeunes en particulier, je pense que là aussi il y a un certain décalage. Là, où il faut qu'on travaille beaucoup plus étroitement, alors d'abord c'est sur le sujet de la fiscalité, parce qu'il est absolument intolérable que ce genre d'entreprise ne paie pas ses impôts, en tout cas à juste valeur, en France, et puis sur le sujet de la lutte contre l'apologie du terrorisme, les contenus illicites
CYRIL VIGUIER
La radicalisation sur Internet.
AXELLE LEMAIRE
On en a parlé, ça se passe quand même beaucoup mieux qu'auparavant, ces entreprises elles ont compris, enfin, qu'il fallait s'adapter culturellement, et légalement
CYRIL VIGUIER
Il a été déçu de sa réunion avec les dirigeants de Google, Xavier BERTRAND, il a dit qu'il n'avait pas trouvé de réactivité de leur part là-dessus.
AXELLE LEMAIRE
Ah ben écoutez, moi ce n'est absolument pas le retour que j'ai de la réunion que nous avons eue avec le Premier ministre, qui faisait suite au déplacement de Bernard CAZENEUVE dans la Silicon Valley, où on est en train de trouver une voie de dialogue qui est beaucoup plus efficace qu'auparavant.
CYRIL VIGUIER
Merci Axelle LEMAIRE, secrétaire d'Etat au Numérique, d'avoir été notre invitée dans cette « Matinale d'info » ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 décembre 2015