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Je suis heureuse de me retrouver parmi vous pour introduire ces 3èmes rencontres du Réseau Francophone des Villes Amies des Aînés. Je tenais à ce que, malgré les événements tragiques du 13 novembre dernier, le Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des femmes, accueille cet événement. Dans une actualité marquée par la menace terroriste, la violence et la haine, les initiatives comme les vôtres acquièrent une dimension particulière. La promotion du vivre-ensemble, la mobilisation de tous auprès des plus vulnérables, et l'innovation sociale qui favorise l'intégration de toutes les générations, sont nos meilleures réponses, nos plus beaux atouts et nos armes les plus puissantes.
C'est pourquoi je tiens à saluer les progrès accomplis depuis notre dernière rencontre et à vous encourager à poursuivre cette formidable dynamique. Votre réseau incarne une démarche internationale, en prolongeant dans nos territoires le protocole d'action de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Nous savons que les deux tiers des personnes âgées vivent en zone urbaine et péri-urbaine. C'est pourquoi votre Réseau est structuré autour de trois dimensions : l'Anticipation, l'Adaptation, et l'Accompagnement.
Le projet de loi d'adaptation de la société au vieillissement, qui été adopté lundi par le Parlement et qui entrera en vigueur au 1er janvier comme je m'y étais engagée, s'inscrit dans ce même esprit. Trois étapes d'une même démarche qui vise à faciliter le « vivre-ensemble » en zone urbaine, à promouvoir la bienveillance envers les personnes âgées.
L'anticipation, c'est faire le choix de prévenir plutôt que de subir la perte d'autonomie. C'est impliquer les personnes âgées dans l'aménagement du territoire. C'est être à l'écoute de leurs besoins, de leurs attentes et de leurs projets, pour élaborer des politiques publiques cohérentes et efficaces. C'est cette démarche ascendante, de participation, d'engagement, et d'investissement des aînés, initiée par le Protocole de Vancouver en 2006, que votre Réseau a développée depuis sa création.
L'anticipation, c'est refuser l'accroissement des inégalités sociales que favorise l'avancée en âge. C'est éviter le cercle infernal vieillissement-isolement-perte d'autonomie. C'est renforcer le lien entre les générations, les activités sociales, culturelles et sportives, pour que les aînés soient pleinement engagés dans la cité. Maintenir une vie sociale épanouie est le meilleur remède pour lutter contre la perte d'autonomie. Les collectivités locales portent une importante responsabilité en la matière. Elles doivent se mobiliser pour préserver la vie sociale de nos ainés. Pour cela, et les nombreuses initiatives que vous partagerez au cours de cette journée en sont la preuve, elles peuvent mettre à disposition des lieux d'expression, d'échange et de discussion, afin que les personnes âgées soient au coeur de nos réflexions sur l'aménagement du territoire. Je tiens d'ailleurs à féliciter les collectivités locales qui ont déjà pris ces initiatives, comme la Ville de Dijon avec l'Observatoire de l'âge ou la Ville de Metz avec le Conseil des Séniors. Par leur rôle consultatif, ces instances rapprochent acteurs et décideurs, pour apporter des réponses concrètes aux difficultés rencontrées par nos aînés. Les intégrer dans chaque décision est à la fois efficace et fort.
C'est adresser à toute une génération un message clair, un message d'inclusion, porteur d'un avenir écrit collectivement. Ce message est simple, et dit à nos aînés : « c'est avec vous que nous souhaitons bâtir la ville de demain ! »
Le deuxième volet de votre projet est l'adaptation. Pour renforcer l'équipement des logements. Pour promouvoir l'accessibilité des commerces et de la voirie. Pour favoriser l'intégration des personnes âgées et générer un esprit de « vivre-ensemble » qui profite à toutes les générations.
Atteindre cet objectif, supposera d'articuler de façon cohérente les initiatives, les innovations, les actions, tant aux niveaux local, que départemental et régional. La réussite du Réseau Francophone des Villes Amies des Aînés réside dans la mobilisation, la coopération et la coordination de tous les acteurs. Les collectivités locales, qui sont en première ligne, mais aussi les services de l'Etat, les associations, et sans oublier les bénévoles.
Mon expérience au Secrétariat d'Etat m'a montré combien nos concitoyens sont concernés par le défi du vieillissement. Les collectivités locales doivent s'appuyer sur ces forces vives. C'est pourquoi je valorise dans mon action quotidienne ou lors de mes déplacements, dès que la possibilité m'en est offerte, toutes les initiatives qui permettent à nos concitoyens de s'engager auprès des personnes âgées, de leur consacrer du temps et de leur apporter une présence, un soutien, cette chaleur humaine si précieuse dans les moments de solitude. Je pense notamment à cette belle semaine « Viens je t'emmène », mise en place par le magazine Notre Temps et qui a donné son nom à cette journée. Je pense aussi aux actions menées par la Mobilisation Nationale contre l'Isolement des Aînés (MONALISA).
Les collectivités territoriales constituent l'un des pivots de la lutte contre l'isolement, de l'adaptation des infrastructures, et de la mis en place de dispositifs d'accompagnement. Parce qu'elles sont au plus près de la réalité sociale. Parce qu'elles connaissent au mieux les spécificités des territoires.
Et parce qu'elles détiennent les principaux outils à mobiliser pour s'adapter en conséquence. Ces outils, ce sont notamment les commissions communales d'accessibilité, qui intègreront désormais dans leur fonctionnement les associations représentatives des personnes âgées. Ce sont également les programmes locaux de l'habitat (PLH) ou les plans de déplacements urbains. Autant d'outils à votre disposition, pour rendre accessibles les bâtiments, les transports publics et la voirie.
Assurer la mobilité et la sécurité des personnes âgées sera le grand défi des prochaines années. Toutes les activités sont liées et rendent nécessaire une approche globale et inclusive. On lutte contre l'isolement en permettant de sortir de chez soi en sécurité, en proposant des moyens de transport adaptés, et en organisant des événements qui plaisent aux personnes âgées.
La marche à pied est le mode de déplacement privilégié des aînés. Pourtant, nos aînés représentent 50% des piétons victimes d'accidents.
C'est pourquoi nous devons imaginer des solutions innovantes pour sécuriser les déplacements de proximité, comme pour aller au marché, accéder aux loisirs, ou se présenter chez un médecin. Certaines collectivités locales ont déjà mis en place des dispositifs prometteurs. Je pense à la ville de Mennecy et sa « Navette Gratuite ». Je pense aussi à la commune de Marange-Silvange et son fameux « Baladeur ».
L'information et la communication seront déterminantes pour rendre plus visibles et plus lisibles les dispositifs mis en place. Par exemple, pour favoriser le repérage en centre-ville, la Ville de Dijon a installé des cartes de quartiers, des balises proposant des itinéraires, et a instauré un dispositif de prise en charge des courses entre le marché et le domicile. Je tiens ces initiatives, et à souligner que tous ces dispositifs ont été décidés sur une proposition de l'Observatoire de l'âge. Parce qu'il y a des lieux où la démocratie participative n'est plus un mythe mais une réalité.
Et dans la même perspective, le projet de loi d'adaptation de la société au vieillissement fait bénéficier les personnes âgées des « services conseils en mobilité » mis en place par les Autorités Organisatrices des Transports (AOT), dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants.
Oeuvrer pour la mobilité des personnes âgées suppose des évènements auxquels se rendre. L'organisation d'événements par lesquels ils puissent découvrir, rencontrer et échanger avec leurs pairs mais aussi avec les plus jeunes. Faire des personnes âgées la colonne vertébrale du « vivre-ensemble », c'est promouvoir les relations entre les générations.
Cet après-midi, le jury décernera un prix du lien social et de la solidarité à une innovation numérique. En récompensant cette initiative, vous avez ouvert une perspective. Celle de la « silver-économie », porteuse d'utilité sociale et formidable source d'emplois.
Le champ de la « silver-économie » s'étend des aides techniques les plus simples jusqu'aux technologies les plus avancées de la domotique et de la robotique. Elle doit répondre à une demande en expansion permanente : dans le monde, les aînés sont aujourd'hui 900 millions. Ils seront deux milliards en 2050.
L'enjeu des prochaines années sera de rapprocher les pouvoirs publics des entrepreneurs innovants et des industriels, dans la lutte contre l'isolement et la perte d'autonomie. Développer des synergies, mutualiser les compétences, partager les expériences, pour créer un éco-système national et régional, porteur de croissance, d'emplois et d'investissements. Voilà notre grand défi !
Les outils déjà disponibles sont nombreux. Mais je suis convaincue qu'il en reste plus encore à inventer, à adapter, à améliorer. Parce que la perte d'autonomie n'est pas une fatalité. Parce que toute la société est concernée par le sort de nos aînés. Et parce que les collectivités locales sont mobilisées pour bâtir, dans les territoires, « le vivre-ensemble » de demain.
C'est la belle ambition du Réseau Francophone des Villes Amies des Aînés. Soyez assurez que je la partage et la soutiens.
Je vous remercie.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 15 janvier 2016