Texte intégral
Votre Majesté,
Madame,
Monsieur le Ministre, Cher Bert Koenders,
Monsieur le Ministre Michel Barnier,
Mesdames et Messieurs,
C'est un immense plaisir et un honneur qui me conduit à vous accueillir et à vous souhaiter la bienvenue ici aujourd'hui, Majesté, Madame, dans un lieu chargé d'histoire. Je viens de vous le rappeler, dans ce lieu qui s'appelle le salon de l'Horloge, à l'endroit même où - et cette photo nous le rappelle -, le 9 mai 1950 Robert Schuman, inspiré par Jean Monnet, lançait son fameux appel. Face au nombre et à l'ampleur des crises auxquelles notre Union européenne doit faire face, il est bon de se rappeler la voix des pères fondateurs, dont vous êtes à travers votre pays, et surtout de revenir aux sources et à l'esprit qui animent la construction de notre Europe.
Majesté,
Nous célébrons ces jours-ci l'amitié entre la France et les Pays-Bas.
Votre visite met en lumière les nombreuses coopérations entre nos deux pays, dans les domaines culturel, économique, intellectuel, technologique, mais aussi stratégique et diplomatique. Avec le ministre des affaires étrangères, Bert Koenders, nous avons pu constater, et notamment ce midi au cours d'un repas convivial et de travail, la proximité de nos analyses et de nos ambitions.
Nos deux pays ne sont pas uniquement proches géographiquement, ils le sont aussi dans le partage de valeurs telles que la liberté, les droits de l'Homme et la paix. Votre attachement à ces valeurs est désormais ancré sur votre sol qui accueille le siège de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de Justice.
Nous partageons également, en tant que pays fondateurs de l'Union, un profond attachement à l'Europe. De grands personnages néerlandais ont ainsi oeuvré étroitement avec Robert Schuman et Jean Monnet pour poser les bases de la construction européenne. Je pense à Max Kohnstamm, grand défenseur s'il en est du projet européen et proche de Jean Monnet, ou Sicco Mansholt, premier commissaire européen pour l'agriculture, à qui nous devons la politique agricole commune.
Votre visite à Paris symbolise aussi le renforcement de nos relations, dans une période de très grands défis, alors que les Pays-Bas assument la présidence du Conseil de l'Union européenne. Face aux crises qui ébranlent le projet européen, il importe de rester solidaires et de montrer notre détermination à chercher ensemble des solutions d'avenir, fidèles à nos valeurs.
C'est pourquoi je suis très heureux d'accueillir ici le séminaire sur la défense et la sécurité en Europe, organisé à l'occasion de votre visite. L'Union européenne est confrontée aujourd'hui à des menaces sans précédent depuis la fin de la guerre froide :
- l'annexion de la Crimée par la Russie et la crise russo-ukrainienne dans son ensemble, depuis le printemps 2014, ont remis en cause les règles qui fondent la sécurité européenne, et pour la première fois, mettant en cause les frontières issues de la seconde guerre mondiale. Vous en avez subi les conséquences directes en perdant 193 de vos compatriotes dans la destruction du vol MH 17 de la Malaysia Airlines. Nous ne les oublions pas et, en ce moment, nous avons une pensée pour leurs familles.
- l'irruption de Daech depuis l'été 2014 est une manifestation des convulsions qui se multiplient au Sud, des mouvements terroristes au Sahel jusqu'aux trafics de migrants. Les attentats du 13 novembre dernier - vous vous êtes rendu, Votre Majesté, Madame, ce matin, - et Bert m'a raconté ce moment particulièrement émouvant - dans un des lieux frappés par la barbarie, dans un café où, là, des hommes et des femmes de toute génération, des jeunes souvent, se retrouvent le vendredi, le samedi pour partager quelque chose ensemble et qui ont été frappés brutalement par cette terrible attaque. Vous avez tenu à vous y rendre et je vous en remercie profondément. Et ces attentats ont provoqué une prise de conscience collective car maintenant chacun est conscient qu'une menace réelle pèse sur nos concitoyens et met à l'épreuve nos valeurs et les fondements mêmes de nos sociétés. Je voudrais à cet égard saluer l'action des Pays-Bas dans les instances internationales en matière de lutte contre le terrorisme, en particulier au sein du forum global contre le terrorisme, dont vous venez de prendre la coprésidence.
La déstabilisation de notre environnement stratégique a des répercussions profondes sur notre sécurité mais aussi sur la cohésion de nos sociétés et sur l'unité même de l'Europe. Car, face à ces bouleversements, il existe une tentation que nous connaissons bien dans nos sociétés, c'est la tentation du repli sur des solutions nationales. Et cette réalité, malheureusement, est face à nous. Mais, en même temps, il est de notre responsabilité d'expliquer que c'est le contraire qu'il faut faire : nous avons besoin d'une Europe qui nous protège collectivement, parce que la sécurité de chacun dépend de celle de tous. La solidarité entre les Européens est la seule réponse qui vaille. Aussi l'Union européenne a-t-elle le devoir de se donner les moyens de se défendre, de résister aux menaces qui l'entourent et de renforcer la stabilité du continent et de son voisinage.
Après les attentats du 13 novembre à Paris, une expression concrète de cette solidarité était nécessaire. C'est la raison pour laquelle le président de la République, François Hollande, a décidé d'invoquer, pour la première fois, l'article 42.7 du Traité de l'Union européenne. Sa mise en oeuvre a été très rapide, elle est à la fois souple et efficace et elle a permis de faire face à l'urgence d'une réaction européenne. Nos partenaires européens, au premier rang desquels votre pays, le Royaume des Pays-Bas, ont répondu présent à cet appel. Au nom de la France, je vous exprime ici notre profonde gratitude.
Tout comme je tiens à souligner, nous l'avons dit ensemble avec Bert Koenders tout à l'heure mais je le redis devant vous, combien la forte implication des Pays-Bas est décisive pour la stabilisation du Mali, au sein de la MINUSMA et aussi dans l'accompagnement de la mise en oeuvre de l'accord de paix. Le travail accompli est déjà immense. Il doit se poursuivre et même s'intensifier. Je sais que nous pouvons compter sur votre soutien.
Nous avons ainsi, collectivement, démontré que la solidarité européenne pouvait s'incarner dans le domaine de la défense, avec pragmatisme et efficacité. La France a la conviction ancienne que les Européens doivent renforcer leur capacité à faire face, ensemble, aux défis et aux menaces auxquels ils sont confrontés.
Beaucoup a été fait. Beaucoup plus, en réalité, qu'on ne le croit souvent. La politique de sécurité et de défense commune constitue aujourd'hui un instrument de plus et qui est reconnu sur la scène internationale. C'est nouveau et tout cela doit être partagé et nous avons le devoir de le faire savoir. Je crois même que, depuis le début de la construction européenne, il n'y a jamais eu autant de missions et d'opérations, aujourd'hui ce sont plus de 6.000 personnes qui sont déployées sur différents théâtres. Ceci, c'est la réalité qu'il est bon de rappeler ici.
Mais, en même temps, il faut être lucide : il y a beaucoup à faire encore. Les Pays-Bas ont mis les enjeux de sécurité et de défense parmi les priorités de leur présidence. Nous vous en remercions et vous savez, Monsieur le Ministre, Cher Bert, que vous pouvez compter sur notre engagement à vos côtés.
La Haute représentante, Federica Mogherini, doit présenter en juin une stratégie globale de sécurité et de politique étrangère de l'Union européenne. Cette stratégie devra proposer une vision renouvelée pour une sécurité européenne commune. Pour être crédible, elle doit dresser un constat réaliste des menaces auxquelles l'Europe doit faire face et proposer aussi des axes de progrès concrets en matière de sécurité et de défense européennes.
En matière de défense comme dans beaucoup d'autres domaines, c'est hors de l'Union européenne que ses réalisations sont le mieux comprises et appréciées, c'est peut-être paradoxal. Mais, en tout cas, aujourd'hui, nos partenaires américains, nos partenaires africains, les Nations Unies ou même l'OTAN rendent hommage à notre action.
Cette action doit s'adapter au monde incertain qui est le nôtre. Nous connaissons les difficultés de cette nécessaire évolution. Mais, à force de volonté et de créativité, nous trouverons, j'en suis convaincu, les moyens d'avancer de manière concrète.
Je suis sûr que le séminaire qui s'est tenu ce matin - nous en aurons tout à l'heure un compte-rendu - et qui porte sur l'avenir de la politique européenne de sécurité et de défense, va nous permettre d'alimenter notre réflexion. Merci à tous ceux et à toutes celles qui y ont participé. En tout cas, je suis, pour ma part, déterminé à contribuer à cet effort d'avancée collective de défense et de sécurité, c'est une étape nouvelle dans l'histoire de l'Europe, qui était habitué à vivre en paix et en sécurité ; on ne se posait pas la question. Mais aujourd'hui la réalité s'impose à nous et nous oblige à prendre nos responsabilités.
Majesté, Madame, Monsieur le Ministre, Cher Ami, Mesdames et Messieurs, nous le ferons avec vous, avec les Pays-Bas. Merci de votre engagement, merci de votre présence.
Vive l'Union européenne ! Vive l'amitié entre la France et les Pays-Bas !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mars 2016
Madame,
Monsieur le Ministre, Cher Bert Koenders,
Monsieur le Ministre Michel Barnier,
Mesdames et Messieurs,
C'est un immense plaisir et un honneur qui me conduit à vous accueillir et à vous souhaiter la bienvenue ici aujourd'hui, Majesté, Madame, dans un lieu chargé d'histoire. Je viens de vous le rappeler, dans ce lieu qui s'appelle le salon de l'Horloge, à l'endroit même où - et cette photo nous le rappelle -, le 9 mai 1950 Robert Schuman, inspiré par Jean Monnet, lançait son fameux appel. Face au nombre et à l'ampleur des crises auxquelles notre Union européenne doit faire face, il est bon de se rappeler la voix des pères fondateurs, dont vous êtes à travers votre pays, et surtout de revenir aux sources et à l'esprit qui animent la construction de notre Europe.
Majesté,
Nous célébrons ces jours-ci l'amitié entre la France et les Pays-Bas.
Votre visite met en lumière les nombreuses coopérations entre nos deux pays, dans les domaines culturel, économique, intellectuel, technologique, mais aussi stratégique et diplomatique. Avec le ministre des affaires étrangères, Bert Koenders, nous avons pu constater, et notamment ce midi au cours d'un repas convivial et de travail, la proximité de nos analyses et de nos ambitions.
Nos deux pays ne sont pas uniquement proches géographiquement, ils le sont aussi dans le partage de valeurs telles que la liberté, les droits de l'Homme et la paix. Votre attachement à ces valeurs est désormais ancré sur votre sol qui accueille le siège de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de Justice.
Nous partageons également, en tant que pays fondateurs de l'Union, un profond attachement à l'Europe. De grands personnages néerlandais ont ainsi oeuvré étroitement avec Robert Schuman et Jean Monnet pour poser les bases de la construction européenne. Je pense à Max Kohnstamm, grand défenseur s'il en est du projet européen et proche de Jean Monnet, ou Sicco Mansholt, premier commissaire européen pour l'agriculture, à qui nous devons la politique agricole commune.
Votre visite à Paris symbolise aussi le renforcement de nos relations, dans une période de très grands défis, alors que les Pays-Bas assument la présidence du Conseil de l'Union européenne. Face aux crises qui ébranlent le projet européen, il importe de rester solidaires et de montrer notre détermination à chercher ensemble des solutions d'avenir, fidèles à nos valeurs.
C'est pourquoi je suis très heureux d'accueillir ici le séminaire sur la défense et la sécurité en Europe, organisé à l'occasion de votre visite. L'Union européenne est confrontée aujourd'hui à des menaces sans précédent depuis la fin de la guerre froide :
- l'annexion de la Crimée par la Russie et la crise russo-ukrainienne dans son ensemble, depuis le printemps 2014, ont remis en cause les règles qui fondent la sécurité européenne, et pour la première fois, mettant en cause les frontières issues de la seconde guerre mondiale. Vous en avez subi les conséquences directes en perdant 193 de vos compatriotes dans la destruction du vol MH 17 de la Malaysia Airlines. Nous ne les oublions pas et, en ce moment, nous avons une pensée pour leurs familles.
- l'irruption de Daech depuis l'été 2014 est une manifestation des convulsions qui se multiplient au Sud, des mouvements terroristes au Sahel jusqu'aux trafics de migrants. Les attentats du 13 novembre dernier - vous vous êtes rendu, Votre Majesté, Madame, ce matin, - et Bert m'a raconté ce moment particulièrement émouvant - dans un des lieux frappés par la barbarie, dans un café où, là, des hommes et des femmes de toute génération, des jeunes souvent, se retrouvent le vendredi, le samedi pour partager quelque chose ensemble et qui ont été frappés brutalement par cette terrible attaque. Vous avez tenu à vous y rendre et je vous en remercie profondément. Et ces attentats ont provoqué une prise de conscience collective car maintenant chacun est conscient qu'une menace réelle pèse sur nos concitoyens et met à l'épreuve nos valeurs et les fondements mêmes de nos sociétés. Je voudrais à cet égard saluer l'action des Pays-Bas dans les instances internationales en matière de lutte contre le terrorisme, en particulier au sein du forum global contre le terrorisme, dont vous venez de prendre la coprésidence.
La déstabilisation de notre environnement stratégique a des répercussions profondes sur notre sécurité mais aussi sur la cohésion de nos sociétés et sur l'unité même de l'Europe. Car, face à ces bouleversements, il existe une tentation que nous connaissons bien dans nos sociétés, c'est la tentation du repli sur des solutions nationales. Et cette réalité, malheureusement, est face à nous. Mais, en même temps, il est de notre responsabilité d'expliquer que c'est le contraire qu'il faut faire : nous avons besoin d'une Europe qui nous protège collectivement, parce que la sécurité de chacun dépend de celle de tous. La solidarité entre les Européens est la seule réponse qui vaille. Aussi l'Union européenne a-t-elle le devoir de se donner les moyens de se défendre, de résister aux menaces qui l'entourent et de renforcer la stabilité du continent et de son voisinage.
Après les attentats du 13 novembre à Paris, une expression concrète de cette solidarité était nécessaire. C'est la raison pour laquelle le président de la République, François Hollande, a décidé d'invoquer, pour la première fois, l'article 42.7 du Traité de l'Union européenne. Sa mise en oeuvre a été très rapide, elle est à la fois souple et efficace et elle a permis de faire face à l'urgence d'une réaction européenne. Nos partenaires européens, au premier rang desquels votre pays, le Royaume des Pays-Bas, ont répondu présent à cet appel. Au nom de la France, je vous exprime ici notre profonde gratitude.
Tout comme je tiens à souligner, nous l'avons dit ensemble avec Bert Koenders tout à l'heure mais je le redis devant vous, combien la forte implication des Pays-Bas est décisive pour la stabilisation du Mali, au sein de la MINUSMA et aussi dans l'accompagnement de la mise en oeuvre de l'accord de paix. Le travail accompli est déjà immense. Il doit se poursuivre et même s'intensifier. Je sais que nous pouvons compter sur votre soutien.
Nous avons ainsi, collectivement, démontré que la solidarité européenne pouvait s'incarner dans le domaine de la défense, avec pragmatisme et efficacité. La France a la conviction ancienne que les Européens doivent renforcer leur capacité à faire face, ensemble, aux défis et aux menaces auxquels ils sont confrontés.
Beaucoup a été fait. Beaucoup plus, en réalité, qu'on ne le croit souvent. La politique de sécurité et de défense commune constitue aujourd'hui un instrument de plus et qui est reconnu sur la scène internationale. C'est nouveau et tout cela doit être partagé et nous avons le devoir de le faire savoir. Je crois même que, depuis le début de la construction européenne, il n'y a jamais eu autant de missions et d'opérations, aujourd'hui ce sont plus de 6.000 personnes qui sont déployées sur différents théâtres. Ceci, c'est la réalité qu'il est bon de rappeler ici.
Mais, en même temps, il faut être lucide : il y a beaucoup à faire encore. Les Pays-Bas ont mis les enjeux de sécurité et de défense parmi les priorités de leur présidence. Nous vous en remercions et vous savez, Monsieur le Ministre, Cher Bert, que vous pouvez compter sur notre engagement à vos côtés.
La Haute représentante, Federica Mogherini, doit présenter en juin une stratégie globale de sécurité et de politique étrangère de l'Union européenne. Cette stratégie devra proposer une vision renouvelée pour une sécurité européenne commune. Pour être crédible, elle doit dresser un constat réaliste des menaces auxquelles l'Europe doit faire face et proposer aussi des axes de progrès concrets en matière de sécurité et de défense européennes.
En matière de défense comme dans beaucoup d'autres domaines, c'est hors de l'Union européenne que ses réalisations sont le mieux comprises et appréciées, c'est peut-être paradoxal. Mais, en tout cas, aujourd'hui, nos partenaires américains, nos partenaires africains, les Nations Unies ou même l'OTAN rendent hommage à notre action.
Cette action doit s'adapter au monde incertain qui est le nôtre. Nous connaissons les difficultés de cette nécessaire évolution. Mais, à force de volonté et de créativité, nous trouverons, j'en suis convaincu, les moyens d'avancer de manière concrète.
Je suis sûr que le séminaire qui s'est tenu ce matin - nous en aurons tout à l'heure un compte-rendu - et qui porte sur l'avenir de la politique européenne de sécurité et de défense, va nous permettre d'alimenter notre réflexion. Merci à tous ceux et à toutes celles qui y ont participé. En tout cas, je suis, pour ma part, déterminé à contribuer à cet effort d'avancée collective de défense et de sécurité, c'est une étape nouvelle dans l'histoire de l'Europe, qui était habitué à vivre en paix et en sécurité ; on ne se posait pas la question. Mais aujourd'hui la réalité s'impose à nous et nous oblige à prendre nos responsabilités.
Majesté, Madame, Monsieur le Ministre, Cher Ami, Mesdames et Messieurs, nous le ferons avec vous, avec les Pays-Bas. Merci de votre engagement, merci de votre présence.
Vive l'Union européenne ! Vive l'amitié entre la France et les Pays-Bas !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mars 2016