Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, sur l'action du ministère de la défense dans la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, à Metz le 21 mars 2016.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Allocution à l'occasion de la semaine de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, à Metz (Moselle) le 21 mars 2016

Texte intégral


Monsieur le maire,
Monsieur le chef d'établissement,
Mesdames et messieurs,
Je suis très heureux d'être aujourd'hui parmi les Pupilles de l'Enseignement Public de Moselle, nées de la Première Guerre mondiale. Dès 1917, la Grande Guerre dont nous commémorons le centenaire, avait fait des centaines de milliers de victimes. Certaines voix s'élevèrent alors pour alerter la puissance publique sur la nécessaire prise en charge par l'Etat des orphelins de guerre.
Aujourd'hui, l'association des Pupilles de l'Enseignement Public de Moselle repose son action sur deux piliers de notre République : la laïcité et la solidarité.
Elle veut permettre à chaque enfant d'accéder à l'ensemble de ses droits : droit d'éducation à l'alimentation, aux loisirs, aux soins, mais aussi au respect de la dignité.
C'est ce dernier droit qui nous réunit plus particulièrement aujourd'hui et je vous remercie beaucoup de m'avoir associé à cet événement.
La date du 21 mars a été désignée par l'ONU « Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale ». Elle inaugure une Semaine d'éducation contre le racisme et l'antisémitisme durant laquelle l'Etat, à travers la Délégation interministérielle de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, soutient de nombreuses actions, et l'ensemble du gouvernement se mobilise.
Pleinement impliquée dans cette Semaine d'action, les PEP 57 ont mis en place, en lien avec la Fédération générale, des actions dans ses structures périscolaires, via des ateliers qui aboutiront à la création d'un livret illustré sur les stéréotypes.
Le stéréotype est toujours une idée grossière, une représentation figée, un préjugé, un poncif. Il est une caricature. Il est une blessure. Certains de nos compatriotes ont cédé et cèdent encore malheureusement aux facilités du stéréotype.
Fils d'immigré italien, j'ai moi-même souffert dans ma jeunesse des préjugés contre ceux que l'on appelait les « Ritals ».
Aujourd'hui, des discriminations persistent dans notre société. A l'heure où nous assistons, partout en Europe, à l'expression de plus en plus libérée de nationalismes étroits et de replis identitaires, il est d'autant plus vital pour la Nation de lutter contre toutes les stigmatisations.
Le ministère de la défense s'engage chaque jour dans ce combat aussi déterminé que juste.
L'armée est tout d'abord ce grand brassage de Français venant de toutes les origines qui ont eu hier, qui ont aujourd'hui, à se battre côte à côte au nom de la France et pour la défense de ses valeurs.
L'engagement des soldats d'Outre-mer et des anciennes colonies dans la Grande Guerre permit par exemple d'abattre un certain nombre de préjugés au sujet de ceux que l'on appelait des « indigènes », que beaucoup de Français n'avaient jusqu'alors jamais vus. Ils obtiennent au lendemain du conflit le respect de tous et sont applaudis lors des défilés.
Plus largement, le ministère s'engage aujourd'hui dans le plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme annoncé par le président de la République le 27 janvier 2015 au mémorial de la Shoah, ce lieu qui rappelle au visiteur jusqu'à quelle extrême barbarie la négation de l'autre peut nous conduire.
Il travaille spécifiquement à la mise en réseau des lieux de mémoire bientôt présentés en une cartographie interactive disponible en ligne, invitant chacun d'entre nous, et notamment les jeunes, à se rendre sur ces sites.
Un sondage IPSOS de septembre 2014, réalisé dans 31 pays, révèle que 38 % des 16-29 ans pensent que la visite des lieux historiques et de mémoire est le meilleur moyen de transmettre l'histoire. Ces jeunes ont raison. L'enseignement délivré dans nos écoles est indispensable pour comprendre notre histoire.
Mais la visite de nos lieux de mémoire l'est tout autant. Car l'expérience même d'un champ de bataille, d'un ancien camp de concentration, d'un lieu de martyre ou de résistance reste irremplaçable.
Mesdames et messieurs, chers enfants, ces ateliers organisés aujourd'hui par les PEP de Moselle s'inscrivent parfaitement dans le cadre de cette Semaine de lutte contre toutes les discriminations. Ils participent à déconstruire des caricatures sorties des fantasmes et des imaginations. Les PEP renforcent ainsi l'unité de la Nation, qui nous a tant servi hier, qui nous sera tant précieuse demain.
Comme le disait Voltaire, « les préjugés sont la raison des torts ». Exerçons tous alors notre intelligence collective, au service de la raison, au service de la Nation et au service du « vivre-ensemble ».
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 13 avril 2016