Texte intégral
F. Laborde Nous allons revenir sur les sénatoriales qui ont eu lieu hier. L'opposition est toujours majoritaire au Sénat, avec tout de même une progression de la gauche plurielle, comme le note D. Vaillant, le ministre de l'Intérieur.
- "On a constaté aux termes des résultats que c'était la continuité dans le changement. Les rapports de force sont peu modifiés. Il y a, c'est vrai, une très légère progression de l'opposition sénatoriale. C'est la conséquence de la nouvelle loi que le Gouvernement a fait bien sûr voter sur la proportionnelle et qui avait pour but d'augmenter la représentation de ce qu'on appelle communément maintenant la gauche plurielle - encore que cette pluralité est de moins en moins évidente. Ce qui me réjouit, c'est qu'il y a davantage de femmes."
15 femmes de plus. Ce qui vous fait au total 35 femmes.
- "A ce propos, le pourcentage de femmes qui vont siéger au Sénat sera à peu près identique au pourcentage qui existe à l'Assemblée nationale. Voilà un procès qui ne pourra plus nous être fait. C'est un argument qui tombe, mais pour ma part j'avais imaginé qu'il y aurait davantage de femmes. C'est précisément le fait d'avoir lié la parité et la proportionnelle qui a fait qu'il y a eu moins de femmes. Il n'y avait qu'une seule liste à la proportionnelle qui a été conduite par une femme."
Justement, on dit que dans un certain nombre de candidatures, il y a une multiplication des listes pour éviter que des femmes soient élues parce que, chaque fois, le candidat ou la tête de listes était un homme ?
- "Cette division est aussi vraie à droite qu'à gauche. Les hommes ont souhaité être tête de listes pour assurer leur succès. C'est la raison pour laquelle le fait d'avoir lié proportionnelle et parité a certainement limité le nombre de femmes au Sénat."
En matière de parité, on avait le souvenir - vous allez me dire si je me trompe - que le Sénat n'était pas follement enthousiasmé à l'idée de voir cette loi sur la parité.
- "J'ai le regret de vous dire aimablement que vous vous trompez. Pour la raison très simple que - et vous pouvez le vérifier à la lecture du journal officiel si vous le désirez - la loi concernant cette parité, qui a été proposée par le Gouvernement, a été construite au Sénat. Il s'est même permis d'ajouter un article complémentaire, l'article 3. A l'issue des travaux du Sénat, je me suis moi-même penché vers Mme E. Guigou, garde des Sceaux, en lui disant : "maintenant que vous avez accepté tous les amendements du Sénat, il convient que ce texte en l'état aille devant le Parlement réuni en Congrès." Elle m'a dit : " je m'y engage." Donc, le texte sur la parité est issu des travaux du Sénat."
Compte tenu de ce qui s'est passé, vous avez souhaité, dès hier soir, reporter la journée parlementaire prévue à Toulouse jeudi et vendredi prochain ?
- "J'ai souhaité, après avoir pris contact avec les présidents des groupes parlementaires de l'opposition nationales, que ces manifestations n'aient pas lieu. Aujourd'hui, en raison des événements extérieurs qui ont frappé douloureusement nos amis américains, en raison de ce qui se passe à Toulouse, il ne m'est pas apparu opportun que nous nous réunissions à Brive et à Toulouse. Je dois dire que toutes les formations politiques ont accepté ces propositions."
On comprend bien effectivement que les députés et les sénateurs n'aient pas envie de faire étalage de réunions politiques, mais allez-vous marquer votre soutien et votre solidarité avec les Toulousains ? Allez-vous faire des dons ? Allez-vous participer à des cérémonies de souvenirs ?
- "C'est presque une tradition que j'essaye d'initier. Lorsqu'il y a eu dans le Sud de la France des grandes inondations, quand il y a eu ces inondations qui ont douloureusement frappé la Somme, nous avons immédiatement attribué un concours financiers à ces départements. J'ai appelé tous mes collègues à la solidarité. Nous avons d'ailleurs ouvert sur Internet un site pour que les parlementaires et sénateurs puissent s'exprimer. Comme mes collègues sont pour la plupart membres d'exécutif, soit à la tête d'une région, d'un département ou d'une commune, je leur ai demandé d'inciter leurs collectivités à apporter sa solidarité aux Toulousains."
Il y aura à la fin de la semaine une manifestation de souvenirs ?
- "J'ai eu un entretien avec le maire de Toulouse, M. Douste-Blazy, qui m'a fait savoir qu'une cérémonie religieuse aurait lieu à Toulouse. Par conséquent, pour ma part, j'irai et j'y assisterai en représentant le Sénat."
L'élection présidentielle est mis entre parenthèses, de l'aveu même de F. Bayrou et d'A. Madelin. Est-ce bon pour votre champion, J. Chirac ?
- "Les événements auxquels nous sommes confrontés démontrent, si cela était nécessaire, que le président de la République est manifestement un excellent Président et que c'est le meilleur candidat que nous pouvons avoir pour représenter la France. Aujourd'hui, qui peut contester que le président de la République, aussi bien à New-York qu'à Bruxelles, a représenté avec une très grande dignité notre pays ?"
V. Giscard d'Estaing hier soir chez nos confrères de France 3, a dit qu'il n'avait pas l'intention d'être candidat mais qu'il n'excluait pas sa candidature et qu'il se décidera en février ou mars. Croyez-vous à cette candidature de V. Giscard d'Estaing ?
- "Nous verrons. Ce n'est pas la première fois qu'il annonce des intentions et que celles-ci ne s'expriment pas. J'ai même entendu dire par certains médias qu'il avait envisagé d'être président du Sénat. Il ne vient pas, c'est son affaire, il en a le droit. J'ai constaté dans sa déclaration qu'il n'avait pas été très élégant à l'égard de certains candidats actuels."
Il dit qu'à droite, la crédibilité n'existe pas, sauf pour J. Chirac tout de même.
- "Vous confirmez ce que j'ai entendu."
Les sondages récents disent que les Français, au deuxième tour, n'ont pas envie d'un duel Chirac-Jospin ?
- "Un sondage demain peut être différent d'un sondage aujourd'hui. Par conséquent, nous sommes encore loin de l'échéance et nous aurons encore des sondages. Pour l'instant, M. Jospin n'a pas encore annoncé sa candidature."
Vous pensez qu'il pourrait ne pas l'être ?
- "Il m'arrive parfois d'imaginer qu'il pourrait ne pas l'être."
Qu'est-ce qu'il vous le fait croire ?
- "Je pense qu'à la réflexion, il doit considérer qu'un deuxième tour ne lui apporterait pas un complètement de voix suffisant. Notamment du côté des Verts."
Ce n'est pas M. Lipietz qui va l'aider ?
- "Merci de m'aider et de le confirmer. Du côté des communistes, je ne suis pas sûr que ce soit aussi le cas. Et puis, il y a la candidature de M. Chevènement qui n'est pas négligeable et qui en quelque sorte, le gêne un peu dans son flan droit. Il peut être tenté - mais la décision lui appartient, à lui seul -, c'est une éventualité qu'on ne peut pas repousser. Gouverner, c'est prévoir et, par conséquent, dans la réflexion, il faut introduire cette hypothèse."
Et si ce n'est pas Jospin, ce serait qui ?
- "Je crois que Dieu seul le sait et comme il n'est pas bavard, il ne nous le dira pas."
Revenons à la situation aux Etats-Unis : depuis plusieurs jours les Américains laissent entendre qu'ils vont opérer une frappe et une action militaire. Vous pensez que cela arrive à point nommé ?
- "C'est une situation difficile. Quand on a les responsabilités qu'ont les chefs d'Etat comme M. Bush, M. Chirac, dans de telles situations, il faut vraiment méditer. Il ne faudrait pas que l'intervention conduise à considérer qu'il y a un affrontement entre les civilisations. Cela serait terrible."
Pourtant le Président Bush parle de "croisade", dit qu'il veut Ben Laden "mort ou vif" !
- "Il faut bien cibler l'intervention et ne pas laisser apparaître qu'une civilisation s'affronte à une autre. Je souscris bien sûr à l'engagement pris par le président de la République : nous sommes aux côtés de nos amis Américains, nous ne devons pas oublier qu'ils ont été à nos côtés quand nous avons connu des épreuves particulièrement douloureuses. Mais il va de soi - c'est logique - que toute intervention dans la solidarité réclame qu'il y ait concertation, dialogue."
Et débat au Parlement ?
- "C'est une obligation. Il y avait eu des interventions sans que le Parlement ne soit consulté et cela n'a pas soulevé trop de protestations, mais le Sénat avait regretté à l'époque que l'on n'est pas consulté le Parlement pour engager la France dans une opération militaire."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 25 septembre 2001)
- "On a constaté aux termes des résultats que c'était la continuité dans le changement. Les rapports de force sont peu modifiés. Il y a, c'est vrai, une très légère progression de l'opposition sénatoriale. C'est la conséquence de la nouvelle loi que le Gouvernement a fait bien sûr voter sur la proportionnelle et qui avait pour but d'augmenter la représentation de ce qu'on appelle communément maintenant la gauche plurielle - encore que cette pluralité est de moins en moins évidente. Ce qui me réjouit, c'est qu'il y a davantage de femmes."
15 femmes de plus. Ce qui vous fait au total 35 femmes.
- "A ce propos, le pourcentage de femmes qui vont siéger au Sénat sera à peu près identique au pourcentage qui existe à l'Assemblée nationale. Voilà un procès qui ne pourra plus nous être fait. C'est un argument qui tombe, mais pour ma part j'avais imaginé qu'il y aurait davantage de femmes. C'est précisément le fait d'avoir lié la parité et la proportionnelle qui a fait qu'il y a eu moins de femmes. Il n'y avait qu'une seule liste à la proportionnelle qui a été conduite par une femme."
Justement, on dit que dans un certain nombre de candidatures, il y a une multiplication des listes pour éviter que des femmes soient élues parce que, chaque fois, le candidat ou la tête de listes était un homme ?
- "Cette division est aussi vraie à droite qu'à gauche. Les hommes ont souhaité être tête de listes pour assurer leur succès. C'est la raison pour laquelle le fait d'avoir lié proportionnelle et parité a certainement limité le nombre de femmes au Sénat."
En matière de parité, on avait le souvenir - vous allez me dire si je me trompe - que le Sénat n'était pas follement enthousiasmé à l'idée de voir cette loi sur la parité.
- "J'ai le regret de vous dire aimablement que vous vous trompez. Pour la raison très simple que - et vous pouvez le vérifier à la lecture du journal officiel si vous le désirez - la loi concernant cette parité, qui a été proposée par le Gouvernement, a été construite au Sénat. Il s'est même permis d'ajouter un article complémentaire, l'article 3. A l'issue des travaux du Sénat, je me suis moi-même penché vers Mme E. Guigou, garde des Sceaux, en lui disant : "maintenant que vous avez accepté tous les amendements du Sénat, il convient que ce texte en l'état aille devant le Parlement réuni en Congrès." Elle m'a dit : " je m'y engage." Donc, le texte sur la parité est issu des travaux du Sénat."
Compte tenu de ce qui s'est passé, vous avez souhaité, dès hier soir, reporter la journée parlementaire prévue à Toulouse jeudi et vendredi prochain ?
- "J'ai souhaité, après avoir pris contact avec les présidents des groupes parlementaires de l'opposition nationales, que ces manifestations n'aient pas lieu. Aujourd'hui, en raison des événements extérieurs qui ont frappé douloureusement nos amis américains, en raison de ce qui se passe à Toulouse, il ne m'est pas apparu opportun que nous nous réunissions à Brive et à Toulouse. Je dois dire que toutes les formations politiques ont accepté ces propositions."
On comprend bien effectivement que les députés et les sénateurs n'aient pas envie de faire étalage de réunions politiques, mais allez-vous marquer votre soutien et votre solidarité avec les Toulousains ? Allez-vous faire des dons ? Allez-vous participer à des cérémonies de souvenirs ?
- "C'est presque une tradition que j'essaye d'initier. Lorsqu'il y a eu dans le Sud de la France des grandes inondations, quand il y a eu ces inondations qui ont douloureusement frappé la Somme, nous avons immédiatement attribué un concours financiers à ces départements. J'ai appelé tous mes collègues à la solidarité. Nous avons d'ailleurs ouvert sur Internet un site pour que les parlementaires et sénateurs puissent s'exprimer. Comme mes collègues sont pour la plupart membres d'exécutif, soit à la tête d'une région, d'un département ou d'une commune, je leur ai demandé d'inciter leurs collectivités à apporter sa solidarité aux Toulousains."
Il y aura à la fin de la semaine une manifestation de souvenirs ?
- "J'ai eu un entretien avec le maire de Toulouse, M. Douste-Blazy, qui m'a fait savoir qu'une cérémonie religieuse aurait lieu à Toulouse. Par conséquent, pour ma part, j'irai et j'y assisterai en représentant le Sénat."
L'élection présidentielle est mis entre parenthèses, de l'aveu même de F. Bayrou et d'A. Madelin. Est-ce bon pour votre champion, J. Chirac ?
- "Les événements auxquels nous sommes confrontés démontrent, si cela était nécessaire, que le président de la République est manifestement un excellent Président et que c'est le meilleur candidat que nous pouvons avoir pour représenter la France. Aujourd'hui, qui peut contester que le président de la République, aussi bien à New-York qu'à Bruxelles, a représenté avec une très grande dignité notre pays ?"
V. Giscard d'Estaing hier soir chez nos confrères de France 3, a dit qu'il n'avait pas l'intention d'être candidat mais qu'il n'excluait pas sa candidature et qu'il se décidera en février ou mars. Croyez-vous à cette candidature de V. Giscard d'Estaing ?
- "Nous verrons. Ce n'est pas la première fois qu'il annonce des intentions et que celles-ci ne s'expriment pas. J'ai même entendu dire par certains médias qu'il avait envisagé d'être président du Sénat. Il ne vient pas, c'est son affaire, il en a le droit. J'ai constaté dans sa déclaration qu'il n'avait pas été très élégant à l'égard de certains candidats actuels."
Il dit qu'à droite, la crédibilité n'existe pas, sauf pour J. Chirac tout de même.
- "Vous confirmez ce que j'ai entendu."
Les sondages récents disent que les Français, au deuxième tour, n'ont pas envie d'un duel Chirac-Jospin ?
- "Un sondage demain peut être différent d'un sondage aujourd'hui. Par conséquent, nous sommes encore loin de l'échéance et nous aurons encore des sondages. Pour l'instant, M. Jospin n'a pas encore annoncé sa candidature."
Vous pensez qu'il pourrait ne pas l'être ?
- "Il m'arrive parfois d'imaginer qu'il pourrait ne pas l'être."
Qu'est-ce qu'il vous le fait croire ?
- "Je pense qu'à la réflexion, il doit considérer qu'un deuxième tour ne lui apporterait pas un complètement de voix suffisant. Notamment du côté des Verts."
Ce n'est pas M. Lipietz qui va l'aider ?
- "Merci de m'aider et de le confirmer. Du côté des communistes, je ne suis pas sûr que ce soit aussi le cas. Et puis, il y a la candidature de M. Chevènement qui n'est pas négligeable et qui en quelque sorte, le gêne un peu dans son flan droit. Il peut être tenté - mais la décision lui appartient, à lui seul -, c'est une éventualité qu'on ne peut pas repousser. Gouverner, c'est prévoir et, par conséquent, dans la réflexion, il faut introduire cette hypothèse."
Et si ce n'est pas Jospin, ce serait qui ?
- "Je crois que Dieu seul le sait et comme il n'est pas bavard, il ne nous le dira pas."
Revenons à la situation aux Etats-Unis : depuis plusieurs jours les Américains laissent entendre qu'ils vont opérer une frappe et une action militaire. Vous pensez que cela arrive à point nommé ?
- "C'est une situation difficile. Quand on a les responsabilités qu'ont les chefs d'Etat comme M. Bush, M. Chirac, dans de telles situations, il faut vraiment méditer. Il ne faudrait pas que l'intervention conduise à considérer qu'il y a un affrontement entre les civilisations. Cela serait terrible."
Pourtant le Président Bush parle de "croisade", dit qu'il veut Ben Laden "mort ou vif" !
- "Il faut bien cibler l'intervention et ne pas laisser apparaître qu'une civilisation s'affronte à une autre. Je souscris bien sûr à l'engagement pris par le président de la République : nous sommes aux côtés de nos amis Américains, nous ne devons pas oublier qu'ils ont été à nos côtés quand nous avons connu des épreuves particulièrement douloureuses. Mais il va de soi - c'est logique - que toute intervention dans la solidarité réclame qu'il y ait concertation, dialogue."
Et débat au Parlement ?
- "C'est une obligation. Il y avait eu des interventions sans que le Parlement ne soit consulté et cela n'a pas soulevé trop de protestations, mais le Sénat avait regretté à l'époque que l'on n'est pas consulté le Parlement pour engager la France dans une opération militaire."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 25 septembre 2001)