Texte intégral
ARNAUD PONTUS
Votre invité, Frédéric RIVIERE, vous recevez ce matin Hélène GEOFFROY, secrétaire d'Etat, chargée de la Ville.
FREDERIC RIVIERE
Bonjour Hélène GEOFFROY.
HELENE GEOFFROY
Bonjour.
FREDERIC RIVIERE
Le mouvement de grève a été reconduit à la SNCF hier par les syndicats SUD RAIL et Force ouvrière, malgré l'accord qui avait été proposé. Est-ce qu'on n'est pas en train d'atteindre ce que l'on appelle la convergence des luttes ? Est-ce que ça n'est pas au fond la loi El Khomri qui est visée, avant les intérêts de la SNCF dans ce combat ?
HELENE GEOFFROY
Je rappelle que le mouvement de grève est lié aux négociations qui sont en cours sur la convention qui concerne les agents de la SNCF, et que des syndicats ont signé, la CFDT et l'UNSA ont signé l'accord. Donc on n'est pas aujourd'hui en train il ne faut pas aujourd'hui se tromper de sujet, que certains syndicats revendiquent une opposition à la loi El Khomri, on le sait, aujourd'hui, le sujet est bien celui de la SNCF, et nous ne sommes pas aujourd'hui en train de fédérer ne sont pas en train de se fédérer des luttes différentes, je ne le crois pas.
FRÉDÉRIC RIVIERE
Reste que la grève va se poursuivre, qu'on est à 48h du coup d'envoi de l'Euro 2016 de football. On redoute au gouvernement les conséquences de ce mouvement sur l'organisation de l'événement ?
HÉLÈNE GEOFFROY
Je crois que le Premier ministre l'a dit et le président de la République, il faut aussi savoir arrêter à un moment une grève, et un dirigeant historique l'a dit, il y a très, très longtemps
FRÉDÉRIC RIVIERE
Oui, alors, c'est la fameuse phrase, oui, mais quand on a obtenu satisfaction ajoute
HELENE GEOFFROY
Il faut savoir il faut aussi
FREDERIC RIVIERE
Mais manifestement, certains estiment ne pas avoir obtenu satisfaction
HELENE GEOFFROY
Il faut savoir aussi il faut aussi savoir l'arrêter, on est face à un moment important pour notre pays, ce n'est pas simplement le fait qu'il y ait des matchs de foot, c'est plus large que cela, c'est aussi un moment dont on espère des points de croissance pour notre économie, il y a du travail derrière, aujourd'hui, le chômage diminue, il y a l'image de la France, qui organise une compétition internationale. Donc oui, je pense qu'il est temps aujourd'hui que l'on puisse se tourner sereinement vers l'Euro et accueillir tous ceux qui viendront dans notre pays correctement.
FRÉDÉRIC RIVIERE
Alors justement, un meeting de soutien à la loi Travail va avoir lieu ce soir, en présence de Manuel VALLS, Myriam El KHOMRI, Stéphane LE FOLL, Jean-Christophe CAMBADELIS, vous-même, vous allez y participer ?
HÉLÈNE GEOFFROY
Oui, j'y serai présente, évidemment, parce que ça va être un moment aussi supplémentaire d'explication de ce qu'est le texte, et de ce que permet, en termes de progrès, la loi Travail. Moi, je le vois en tant que secrétaire d'Etat à la Ville, il y a des dispositions importantes, notamment sur la Garantie Jeunes, que l'on va étendre, pour les quartiers populaires, cette loi Travail, c'est une vraie bouffée d'oxygène les taux de chômage sont plus élevés quand on a des jeunes de nos quartiers qui connaissent un taux de chômage de près de 40 %, il faut bousculer un certain nombre de choses, et c'est ce que cette loi Travail permet, tout en conservant des acquis, tout en mettant en place des acquis. Le compte personnel d'activité, et puis, nous allons dire à ce meeting, c'est important, ce que le Sénat est en train de détricoter dans la loi Travail
FRÉDÉRIC RIVIERE
Oui, enfin, il re-tricote en même temps, parce que, il réécrit pour une bonne part la version initiale du texte
HÉLÈNE GEOFFROY
Non, non, ça, c'est ce que veulent faire croire les sénateurs, quand ils suppriment
FREDERIC RIVIERE
Pour partie, une réalité
HELENE GEOFFROY
Non, quand ils suppriment le compte personnel d'activité et l'extension de la Garantie Jeunes, ils ne reviennent pas à une version initiale du texte, quand ils enlèvent un mandatement syndical, parce que, malgré tout, nous, ce que nous confortons, c'est les discussions avec les syndicats au niveau des entreprises
FREDERIC RIVIERE
Alors, ils rétablissent le plafonnement des indemnités prudhommales, etc., bon, enfin, ils font leur tambouille
HELENE GEOFFROY
Voilà, qui ont évolué après le dialogue avec les syndicats justement
FREDERIC RIVIERE
Oui, ce meeting, franchement, vous croyez que ça peut être utile ? Vous pensez que les syndicats qui sont aujourd'hui en grève, qui sont opposés à la loi El Khomri, peuvent se dire, demain matin : ah, c'est vrai, on n'avait pas compris, mais maintenant, c'est bon ?
HELENE GEOFFROY
Non, mais nous, notre j'aime votre sens de l'humour, mais c'est plutôt une discussion que nous avons avec les citoyens de notre pays, il faut que nous expliquions chaque fois encore mieux ce que porte ce texte de loi, et ce qu'il porte en termes de progrès social, je le rappelle, lorsqu'on est secrétaire d'Etat à la Ville, l'urgence, c'est de permettre d'arriver à l'emploi. Moi, j'aurais voté, j'étais députée, la loi Macron, je n'ai pas compris tout ce débat sur le dimanche, quand on a un certain nombre des jeunes et des moins jeunes de nos quartiers qui ne travaillent aucun jour de la semaine aujourd'hui ; donc voilà où nous en sommes. Donc oxygéner les quartiers populaires en permettant que cette loi Travail leur permette de rentrer sur le monde du travail, ça, c'est de gauche.
FREDERIC RIVIERE
Est-ce que c'est seulement un meeting de soutien à la loi Travail ou est-ce que c'est un peu plus large, est-ce que ça ne serait pas aussi un peu un meeting de soutien à François HOLLANDE, qui a bien besoin de soutien en ce moment ?
HELENE GEOFFROY
Bien sûr, enfin, il faut que nous puissions dire aussi clairement ce que nous avons fait avec le président de la République, alors, nous ne sommes pas dans des meetings de soutien dans le sens lorsque nous arrivons en campagne, mais aujourd'hui, dire : oui François HOLLANDE, notre président de la République a porté un certain nombre de réformes avec le gouvernement et le Premier ministre, il faut les redire. Moi, je crois que nous avons, pendant ces quatre ans, enfin, c'est une certitude, nous avons permis à l'économie de se redresser, nous avions retrouvé une situation catastrophique, il faut quand même rappeler où nous en sommes des indicateurs économiques qui deviennent meilleurs, et je sais que, on peut se gausser de la formule « ça va mieux », la réalité, c'est que, économiquement, nous nous sommes donné les outils pour que cela aille mieux pour les Français dans leur vie quotidienne. Et ce n'est pas si simple que cela. Nous avons réduit les déficits, le chômage, enfin, a baissé deux mois consécutifs. Il ne faut pas bouder les bonnes nouvelles, et il faut les redire, parce qu'on pourrait les oublier, alors que ça a été, finalement, sur cela que nous étions attendus depuis 2012.
FRÉDÉRIC RIVIERE
Mais si le bilan est si bon, pourquoi François HOLLANDE est-il tellement impopulaire ?
HÉLÈNE GEOFFROY
Non, parce que la vie des Français n'a pas encore assez changé, il faut le dire aussi honnêtement, tant que tout le monde ne sera pas convaincu qu'il peut trouver sa place, tant que le chômage n'aura pas baissé de façon encore plus significative, bien sûr que le doute et les questionnements seront là. Mais dans le même temps, et le débat sur la loi Travail, qui s'enclenche au Sénat, va redire les choses, nous sommes, nous nous avons préservé un modèle social français au milieu d'une crise mondiale majeure, et un modèle protection de santé, nous n'avons pas remis en cause un certain nombre de fondamentaux, nous les avons confortés, et en revanche, nous avons dit, sur la question du chômage : il faut faire encore plus pour lutter contre.
FRÉDÉRIC RIVIERE
Vous êtes secrétaire d'Etat à la Ville depuis février dernier. Quelle empreinte pensez-vous pouvoir laisser dans le court délai qui vous est donné ?
HELENE GEOFFROY
Moi, l'année, elle doit être utile, très utile, et donc elle s'articule peut-être autour de deux, trois sujets, d'abord, accélérer toute cette transformation physique de nos quartiers populaires qui est en cours avec le renouvellement urbain. S'assurer que le monde associatif retrouve des couleurs ; nous avons et je le continue cet exercice augmenté les financements aux associations. Et puis, moi, je suis très attachée à ce que nous sommes en train d'instaurer, la participation des citoyens, il y a une révolution démocratique en cours dans nos quartiers populaires, avec la création de 850 conseils citoyens. Pour la première fois, les habitants co-construisent des politiques publiques, à un moment de défiance ou de désenchantement dont vous parliez, redire que les citoyens sont au coeur de l'évolution de leur vie quotidienne, c'est important, et nous y mettons aussi les moyens. Donc voilà, si nous arrivons, si tout au long de cette année, nous arrivons à poursuivre cette transformation, faire participer les citoyens et redire que la promesse républicaine existe, et c'est l'enjeu de l'école aujourd'hui, et puis de l'accès à l'emploi de nos jeunes diplômés, pour lesquels je lance une action forte, tous les bacs + 3 aujourd'hui inscrits dans le service public de l'emploi sont invités pour faire du réseau avec les entreprises, et que la promesse républicaine s'applique.
FREDERIC RIVIERE
Merci Hélène GEOFFROY. Bonne journée.
HELENE GEOFFROY
Merci. Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 juin 2016