Déclaration de Mme Ségolène Neuville, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion, sur le rôle de l'Organisation Mondiale de la santé (OMS) et la santé publique, Genève le 23 mai 2016.

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Cette 69ème session intervient à un moment clé. Des réformes sont en cours pour permettre à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) d'assumer son rôle de leadership en matière de santé publique mondiale. D'ores et déjà ces réformes ont porté leurs fruits : l'exemplarité de la récente mobilisation de l'OMS dans la gestion de l'épidémie de Zika en atteste. Je veux saluer l'action de la Directrice générale Margaret CHAN et de ses équipes partout dans le monde.
La France soutient pleinement le renforcement de la gouvernance de l'OMS et entend contribuer davantage à ses moyens. C'est dans ce contexte particulier que la France présente la candidature de Philippe Douste-Blazy à la Direction générale de l'Organisation. Trois défis nous attendent.
I. Premier défi : la sécurité sanitaire internationale.
La crise Ebola l'a montré : le potentiel de déstabilisation des maladies infectieuses est immense. Il nous faut une architecture internationale robuste pour faire face à l'inattendu. C'est pourquoi nous devons progresser dans la préparation aux urgences sanitaires. D'abord, nous avons besoin d'une évaluation indépendante et régulière des capacités du Règlement sanitaire international dans chaque Etat. Ensuite, nous devons renforcer le soutien financier, technique et humain pour aider les Etats à respecter leurs engagements. Sur ces deux points, le rôle de l'OMS doit être central. Elle devra s'appuyer sur les bureaux régionaux, et sur les mécanismes existants d'appui à la mise en œuvre du RSI.
A ce sujet, la France soutient le nouveau programme de gestion des situations d'urgence sanitaires.
II. Deuxième défi : la lutte contre les maladies non transmissibles.
Je veux ici parler du fléau du tabagisme. Si des mesures fortes ne sont pas prises, le nombre annuel de décès dans le monde pourrait atteindre 8 millions d'ici 2030.
C'est pourquoi nous avons besoin de politiques ambitieuses indépendantes des intérêts de l'industrie du tabac. Après l'Australie, le Royaume-Uni et l'Irlande, la France a adopté le paquet neutre pour empêcher les plus jeunes de commencer à fumer. C'est une mesure qui a fait ses preuves.
Alors que les États Parties à la convention-cadre de l'OMS contre le tabagisme se réuniront cette année en Inde, nous appelons l'OMS à appuyer les efforts des pays qui souhaitent s'engager dans cette voie, en lien avec le Secrétariat de la Convention Cadre de l'OMS pour la Lutte contre le Tabac. Par ailleurs, la France appelle les Etats à ratifier le protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac.
III. Troisième défi : l'accès aux médicaments innovants
De nombreuses innovations sont aujourd'hui sources d'espoirs notamment mais suscitent aussi des craintes quant à leur financement, au Nord comme au Sud. Afin de lutter contre le prix prohibitif de certains médicaments innovants, une coordination internationale est nécessaire et doit associer l'industrie pharmaceutique, les patients et les professionnels de santé.
Au-delà du coût des médicaments innovants, la soutenabilité de l'innovation en santé est en jeu. Le Président de la République mobilisera ses partenaires du G7 à ce sujet lors du prochain sommet. L'OMS qui a une fonction normative en matière de médicaments doit jouer tout son rôle pour nous permettre d'avancer sur ces sujets.
Mesdames, messieurs,
Soyez assuré de l'engagement résolu de la France à travailler avec l'OMS et ses États membres, en partenariat avec les acteurs non étatiques, pour promouvoir nos objectifs communs. Je vous remercie.
Source http://www.franceonugeneve.org, le 31 mai 2016