Texte intégral
Les crises ont une vertu : elles ruinent les conformismes et bousculent les certitudes ; elles nous invitent à remettre en question les idées reçues et les politiques que celles-ci inspiraient. La crise internationale et les secousses qu'elle a engendrées depuis deux ans dissipent une illusion : celle de l'autonomie de la sphère économique et financière affranchie du système, politique, de l'organisation sociale et de l'Histoire même des nations.
Confondant trop souvent la fin et les moyens, le plaidoyer pour la libéralisation sans conditions des marchés qui a prévalu depuis la fin des années quatre-vingt a oublié un enseignement majeur de l'Histoire : il n'y a pas de marché sans Etat, sans institutions stables et transparentes, sans organisation sociale. II n'y a pas d'économie saine sans normes de droit appliquées par tous, sans solidarité et cohésion sociale et sans respect des peuples.
C'est pourquoi le développement est un tout et ne saurait se réduire à ses seuls aspects économiques et financiers. II n'y a pas non plus de modale universel. Une stratégie de développement doit s'inscrire dans l'histoire et la réalité sociale de chaque pays sans détruire les valeurs fondamentales qui les caractérisent, mais en favorisant leur évolution.
La reconstruction en moins d'une génération des économies européennes après la seconde guerre mondiale, le formidable développement de l'Asie du Sud Est puis de l'économie chinoise au cours des dernières décennies montrent que le niveau d'éducation d'une société et sa capacité collective à assimiler les connaissances nouvelles sont des acteurs essentiels du développement à long terme.
La qualité des politiques économiques, le rythme d'accumulation du capital, l'accès aux nouvelles technologies comme l'insertion dans l'échange international ont certes une importance décisive. Isolés, ils ne suffisent pas cependant à fonder une stratégie. Ils doivent pour cela s'inscrire dans la réalité sociale des nations et se diffuser dans toutes les sphères de la société. Une société vraiment développée ne peut être une économie duale, où des secteurs modernes coexistent avec la grande pauvreté engendrée par la déstructuration des sociétés traditionnelles.
L'aide au développement doit donc miser sur l'éducation comme facteur de croissance à long terme et être conçue de telle sorte que les autorités des pays concernés prennent en main leur développement. C'est 1a précisément le sens d u mot "coopération". Cette aide doit être attentive à la réduction des inégalités et concentrer ses efforts vers les populations les plus défavorisées, car il n'y a pas de véritable progrès économique sans progrès social. Elle doit privilégier les valeurs universelles en s'attachant au respect des Droits de l'Homme, à l'égalité des femmes et des hommes et à la construction` de l'Etat de droit. Elle doit aussi privilégier le long terme et être attentive aux générations futures en favorisant la préservation de l'environnement.
Placée par l'Histoire au coeur des échanges - humains, culturels, économiques, commerciaux - entre continents, l'Europe a aujourd'hui une responsabilité particulière. Elle est déjà le premier contributeur de l'aide publique au développement. Elle doit désormais progresser vers une vision commune des politiques de coopération. Les débats de cette première conférence européenne y contribueront.
Depuis un demi siècle l'Europe a construit - et continue de construire - une intégration économique fondée sur une union de nations respectant la diversité culturelle et sociale des peuples qui la composent. En s'appuyant sur cette expérience elle peut contribuer à l'ère de la mondialisation, à l'émergence d'une meilleure gouvernance mondiale.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 juin 1999)
Confondant trop souvent la fin et les moyens, le plaidoyer pour la libéralisation sans conditions des marchés qui a prévalu depuis la fin des années quatre-vingt a oublié un enseignement majeur de l'Histoire : il n'y a pas de marché sans Etat, sans institutions stables et transparentes, sans organisation sociale. II n'y a pas d'économie saine sans normes de droit appliquées par tous, sans solidarité et cohésion sociale et sans respect des peuples.
C'est pourquoi le développement est un tout et ne saurait se réduire à ses seuls aspects économiques et financiers. II n'y a pas non plus de modale universel. Une stratégie de développement doit s'inscrire dans l'histoire et la réalité sociale de chaque pays sans détruire les valeurs fondamentales qui les caractérisent, mais en favorisant leur évolution.
La reconstruction en moins d'une génération des économies européennes après la seconde guerre mondiale, le formidable développement de l'Asie du Sud Est puis de l'économie chinoise au cours des dernières décennies montrent que le niveau d'éducation d'une société et sa capacité collective à assimiler les connaissances nouvelles sont des acteurs essentiels du développement à long terme.
La qualité des politiques économiques, le rythme d'accumulation du capital, l'accès aux nouvelles technologies comme l'insertion dans l'échange international ont certes une importance décisive. Isolés, ils ne suffisent pas cependant à fonder une stratégie. Ils doivent pour cela s'inscrire dans la réalité sociale des nations et se diffuser dans toutes les sphères de la société. Une société vraiment développée ne peut être une économie duale, où des secteurs modernes coexistent avec la grande pauvreté engendrée par la déstructuration des sociétés traditionnelles.
L'aide au développement doit donc miser sur l'éducation comme facteur de croissance à long terme et être conçue de telle sorte que les autorités des pays concernés prennent en main leur développement. C'est 1a précisément le sens d u mot "coopération". Cette aide doit être attentive à la réduction des inégalités et concentrer ses efforts vers les populations les plus défavorisées, car il n'y a pas de véritable progrès économique sans progrès social. Elle doit privilégier les valeurs universelles en s'attachant au respect des Droits de l'Homme, à l'égalité des femmes et des hommes et à la construction` de l'Etat de droit. Elle doit aussi privilégier le long terme et être attentive aux générations futures en favorisant la préservation de l'environnement.
Placée par l'Histoire au coeur des échanges - humains, culturels, économiques, commerciaux - entre continents, l'Europe a aujourd'hui une responsabilité particulière. Elle est déjà le premier contributeur de l'aide publique au développement. Elle doit désormais progresser vers une vision commune des politiques de coopération. Les débats de cette première conférence européenne y contribueront.
Depuis un demi siècle l'Europe a construit - et continue de construire - une intégration économique fondée sur une union de nations respectant la diversité culturelle et sociale des peuples qui la composent. En s'appuyant sur cette expérience elle peut contribuer à l'ère de la mondialisation, à l'émergence d'une meilleure gouvernance mondiale.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 juin 1999)