Texte intégral
AMANDINE BEGOT
Jean-Marie LE GUEN, bonjour...
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour.
AMANDINE BEGOT
Merci d'être là. Vous avez regardé le match hier ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, bien sûr.
AMANDINE BEGOT
Heureusement ce matin, j'imagine ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui heureux, heureux d'abord évidemment du succès et puis de l'état d'esprit je trouve de cette équipe qui nous touche, ils sont à la fois très sympathiques, ils ont bien combattu de façon collective, c'était un très beau match, une belle victoire, un beau parcours... Voilà ! Je crois que ça devrait à nous tous nous redonner un petit peu de moral et puis de confiance dans ce qu'est la France en réalité. Voilà !
AMANDINE BEGOT
Etat d'esprit, collectif, ça me fait penser à une équipe gouvernementale qui en manque peut-être un peu, non ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, bien sûr. Je crois qu'il y a pas mal de leçons à recevoir, là il y a des stars mais elles savent rester dans le jeu collectif - c'est important - et puis il y a un bon esprit, ils n'étaient pas donnés gagnants dès le départ, ils se sont regroupés, ils ont vraiment beaucoup travaillé. Enfin, bref, je trouve que c''est une belle histoire...
AMANDINE BEGOT
C'est un message que vous lancez ce matin, du coup, quand même à votre camp ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, oh je ne veux pas faire de philosophie.
AMANDINE BEGOT
Non, mais sans...
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je trouve que c'est un beau message, voilà, c'est un beau message, méditons tout ce qu'il y a autour de cette équipe. Je trouve qu'elle est sympathique, elle est positive, elle gagne et elle nous fait un peu moins douter. J'ai été frappé d'ailleurs par certains sondages, les sondages sur la popularité de l'équipe avant ce match, 63 % simplement des Français la trouvaient sympathique, je trouve que ça montre que même quand il y a des choses qui sont vraiment bien les Français ont un esprit... ils se laissent aller un peu à un esprit un peu trop critique, trop dubitatif, voilà, une petite leçon quoi.
AMANDINE BEGOT
On évoquait les tensions notamment au sein du gouvernement, il y a eu cette semaine cette passe d'armes via les réseaux sociaux entre Christian ECKERT et Emmanuel MACRON, ça peut paraître anecdotique, malgré tout on en a quand même beaucoup parlé, Emmanuel MACRON il part quand d'ailleurs du gouvernement ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oh ! Ecoutez, je ne crois pas, je pense que là il y a un peu... c'est le jeu de la vie politique et parfois de la vie médiatique, c'est-à-dire que je ne crois pas qu'il partira du gouvernement, je pense qu'il est engagé. Alors, après, il s'exprime et parfois il agit de façon un peu...
AMANDINE BEGOT
Pas assez collectif ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Parfois oui, on a une interrogation autour de cela, mais en même temps il montre bien aussi qu'on a envie de tirer justement cette équipe vers le haut, donc voilà il faut que...
AMANDINE BEGOT
Tout à l'heure Christophe BARBIER dans son édito posait cette question, alors que la France ne pense qu'au foot, est-ce que ce n'est pas le moment pour François HOLLANDE justement d'écarter Emmanuel MACRON, ça passerait un peu inaperçu ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oh, mais enfin, non, non. Non, on a besoin justement d'être collectif, c'est vrai pour nous tous et c'est vrai pour lui aussi, mais non, non, je ne crois pas qu'il y ait des moments pour faire des petits coups en douce, ce n'est pas comme ça qu'on agit et puis ça n'aurait pas de sens.
AMANDINE BEGOT
Je voulais vous montrer ce dessin ce matin, qui est dans Le Parisien, un dessin de RANCON. On sait François HOLLANDE grand fan de foot, il a vu d'ailleurs tous les matches de cette équipe de France, regardez ce qu'il dit à Manuel VALLS : « ce DESCHAMPS, il a une chance incroyable, il m'inspire » ; « J'espère toujours être au second tour en 2017 » lui répond Manuel VALLS, vous y croyez-vous à 2017 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, bien sûr. Je pense que des choses... il y aura une prise de conscience si vous voulez qui se fera, à la fois sur l'action qui a été menée, elle est sans doute insuffisamment assumée, expliquée, le sens n'apparait pas évidemment, donc j'en prends ma part de responsabilité, mais l'action, le redressement est là - je sais que les Français en doutent encore mais le redressement et là et puis les enjeux fondamentaux...
AMANDINE BEGOT
Il y a encore cette courbe du chômage !
JEAN-MARIE LE GUEN
Pardon !
AMANDINE BEGOT
Il y a encore cette courbe du chômage qui est l'impératif.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Si on veut, bien sûr, d'ailleurs le président de la République a suffisamment souligné cet enjeu pour que ce soit un enjeu, donc c'est un enjeu. Mais, au-delà de tout ça, on a une France qui évite les grands problèmes, les grands désagréments et qui trace son chemin et, donc, il y aura d'une part un bilan qui sera je pense revisité par les Français et puis il y aura vraiment des choix importants, la vie politique telle qu'on l'a vécue cette semaine on voit une gauche qui se déchire, qui joue la gauche contre la gauche, mais enfin la gauche c'est 35 % des Français, ce n'est quand même pas... il faudrait peut-être que certains s'en rendent compte, qu'il y a une extrême droite qui est aux portes du pouvoir et une droite dure qui a des propositions sur...
AMANDINE BEGOT
Vous appelez les frondeurs à la responsabilité ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, enfin c'est un cri un peu du coeur et un peu presque répétitif et tardif, je me demande s'ils sont capables de comprendre dans quel état réel est l'opinion publique et qu'on ne vienne pas nous dire : « 'est parce qu'il manque 5 milliards là ou 10 milliards ici », c'est tout simplement parce que dans un pays comme le nôtre qui est soumis à des pressions aussi puissantes : migratoires, le terrorisme, etc., eh bien malheureusement les idées tout simplement de repli sur soi pour être gentil, xénophobes pour dire la vérité, ce sont des idées qui reviennent assez naturellement dans le débat politique et il y a des gens qui par peur, par refus de l'autre, se mettent dans cette situation ; et c'est un véritable défi pour notre pays, on voit ce qui s'est passé en Grande-Bretagne, c'est quand même un vote nationaliste qui a cassé la dynamique en Grande-Bretagne, on voit ce qui peut se passer aux Etats-Unis avec TRUMP. Est-ce que personne ne peut se rendre compte en vérité des enjeux de la période, qui ne sont plus les mêmes que ceux qu'on a connus il y a 5 ans, 10 ans...
AMANDINE BEGOT
Mais est-ce qu'il ne faudrait pas que ces frondeurs ils quittent le PS, au moins le problème il serait réglé ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez moi je n'ai pas de vision administrative, mais par contre ce qui est vrai c'est que je pense qu'ils devraient quand même tirer les conséquences pour eux-mêmes, ça serait bien en termes de... Je ne sais pas, quand on a des idées qui sont proches de MELENCHON, il vaut mieux aller avec MELENCHON quelque part, c'est normal.
AMANDINE BEGOT
Manuel VALLS l'a reconnu à l'Assemblée, le gouvernement n'a plus qu'une majorité relative ce sont ses mots c'est un aveu d'échec ça du Premier ministre ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, c'est une clarification, c'est la réalité, il y a une ligne réformiste. Mais le Parti socialiste depuis 10 ans avait pris l'habitude d'être dans la facilité, on pouvait tout et son contraire d'un certain point de vue et c'est d'ailleurs ce que fait aujourd'hui la droite qui ne fait pas cette politique de clarification nous, nous la faisons dans la douleur objectivement devant tout le monde, au gouvernement, et ça peut désorienter beaucoup de nos électeurs, mais il faut clarifier. Les enjeux c'est aujourd'hui la sécurité, une économie qui donne les moyens... On ne l'a pas suffisamment dit ! Pourquoi on fait la loi Travail ? Pourquoi on fait le pacte de responsabilité ? Ce n'est pas pour plaire aux patrons ! Pour avoir une économie qui est capable de créer suffisamment de richesses pour par notre modèle social, notre modèle social il est bien, personne ne va pas le payer pour nous, donc il faudrait peut-être qu'on comprenne que ce pays a besoin de créer des richesses. Voilà ! Et, donc, nous essayons de renforcer ce pays pour qu'il crée cette richesse et que nous payons un modèle social, un modèle éducatif qui doit d'ailleurs être réformé mais qui est notre identité, notre civilisation européenne et française singulièrement.
AMANDINE BEGOT
Pas assez d'explications, peut-être pas assez de collectif aussi on l'évoquait tout à l'heure écoutez ce que nous disait Christian PAUL, c'était mardi main ici sur le plateau d'I Télé.
CHRISTIAN PAUL, DEPUTE DE LA NIEVRE DOC. I TELE
C'est une stratégie pour imprimer une marque, un style, je crois que... vous savez on a beaucoup revisité ces dernières heures l'histoire de la gauche des années 70 à nos jours...
AMANDINE BEGOT
Oui, à travers le...
CHRISTIAN PAUL
Et moi ce que je retiens de l'histoire de la gauche quand elle réussit, quand elle transforme le pays, ce n'est pas en contraignant la société, c'est en mobilisant les Français, en mobilisant la société française.
AMANDINE BEGOT
Christian PAUL qui accusait Manuel VALLS un peu plus tard dans l'interview de la jouer trop perso, en gros de se construire un personnage et donc un destin, il est là aussi pour...
JEAN-MARIE LE GUEN
PAUL est depuis le début du quinquennat contre le quinquennat, sans doute il ne s'y retrouve pas à tous points de vue et, donc, voilà...
AMANDINE BEGOT
Il compte pour rien, c'est ce que...
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, lui-même ne se retrouve pas dans cette affaire, peut-être une certaine forme de déception qu'on n'ait pas choisi une autre orientation, mais cette autre orientation elle n'est pas satisfaisante et puis elle est éclairée par d'autres forces politiques en France, en Europe, qui toutes ont été dans l'échec. Parce qu'on nous a baladés la gauche de la gauche, y compris nos frondeurs nous ont baladés, regardez SYRIZA ça va être merveilleux, regardez PODEMOS ça va être merveilleux, regardez monsieur CORBIN en Grande-Bretagne ça va être merveilleux, à chaque fois c'est des échecs, on voit bien qu'il y a une gauche qui se durcit, qui devient... et puis ça va à l'échec, en général ça fait gagner la droite ou ça fait gagner un certain nombre de choses. La gauche du réel, voilà, il ne faut pas fuir le réel, il y a une certaine gauche qui est là et qui dit : « il suffit d'avoir de bons sentiments pour que les choses se passent », non, il faut bouger notre société, il faut demander un peu plus d'efforts aux Français c'est vrai qu'on demande des efforts mais pour quelque chose de supérieure : la justice, l'efficacité de notre système économique. Pourquoi l'efficacité du système économique ? Pas parce qu'on deviendrait des malades de la société de consommation mais tout simplement pour créer suffisamment de richesses pour assurer la réalité de notre système social.
AMANDINE BEGOT
La réalité ce sont les frondeurs, il y aussi ces incidents qui se multiplient sur le terrain contre des permanences du PS, vous n'avez pas l'impression aujourd'hui d'être coupés d'une partie de votre électorat ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais ça n'a jamais été notre électorat, ce sont des gens qui n'ont pas voté pour nous, ils n'ont jamais voté....
AMANDINE BEGOT
Aujourd'hui, quand on croise des gens qui ont voté François HOLLANDE...
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais ça...
AMANDINE BEGOT
Il y en a beaucoup qui nous disent : « on ne le refera jamais ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais, attendez, une chose est de dire qu'il y a une insatisfaction vis-à-vis de l'action que nous menons - je le constate mais les gens qui sont dans la violence-là effectivement, il faut le dire, vous avez raison il y a une partie de la gauche contestataire, pour dire l'extrême gauche, qui aujourd'hui devant son isolement, devant son incapacité en réalité à s'exprimer dans les urnes, à montrer un certain nombre de choses. On a eu il y a six mois des élections régionales, combien ils ont fait ? 5 % ! Les mêmes qui vitupèrent et qui nous dénoncent ne sont pas capables de se faire suivre par les Français et, donc...
AMANDINE BEGOT
5 % ça pourrait vous coûter le premier tour quand même ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais, attendez, c'est un autre sujet.
AMANDINE BEGOT
On est d'accord !
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne le crois pas, parce que ces gens-là n'ont pas vocation à voter pour nous au premier tour, c'est une illusion. La gauche, mais monsieur MELENCHON a fait un score aux élections présidentielles de 2012 qui était le sien et personne ne pense une seconde que les gens qui ont voté pour monsieur MELENCHON... enfin ils y réfléchiront deux fois d'ailleurs, parce que, s'ils ne votent pas pour le candidat de la gauche réformiste François HOLLANDE en 2017, ils voteront SARKOZY ou JUPPE au deuxième tour, donc il faudra bien qu'ils sachent ce qu'ils font en s'affirmant. Mais il y a une partie de la gauche de la gauche qui est dans la haine sociale, qui est trop tolérante vis-à-vis de la violence, qui parfois se laisse aller dans le communautarisme, mais ces gens-là ont un projet politique qui n'est pas nôtre. Alors maintenant, comme ils n'arrivent pas à l'exprimer suffisamment, et dans les mouvements sociaux malgré la radicalité des mouvements sociaux ou dans les urnes, alors on passe à la violence, mais cette violence on sait à qui ça profite au final, on a déjà connu des années où quand la violence s'exprime contre les républicains, contre la social-démocratie et quand je parle des républicains c'est historique...
AMANDINE BEGOT
Oui, ce n'est pas le parti.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ce n'est pas le parti donc on a vu où ça menait et à qui ça profite. D'ailleurs il y a à la marge de notre société, mais quand même de façon significative, des rencontres entre l'extrême droite, l'extrême gauche, certaines forces communautaristes, on l'a vu - ce n'est pas moi qui ait parlé les premiers des Rouges bruns, ça existé depuis maintenant un certain nombre d'années - on voit bien comment par exemple que, au moment de la Manif pour tous et de la Journée du retrait, certaines forces d'extrême droite ont été rejointes par un certain nombre de salafistes dans les banlieues pour... Vous voyez ! Il y a là...
AMANDINE BEGOT
Ça va être votre ligne ça « attention au Front...
JEAN-MARIE LE GUEN
Tout ça fait système, ça fait système, mais oui les...
AMANDINE BEGOT
Ça va être votre ligne « attention au Front national » et « tout sauf Nicolas SARKOZY » ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, attention à la société telle qu'elle est, l'Europe est en train de s'effriter, notre société est en très grande tension et ce n'est pas en étant dans la ouate que les choses vont s'améliorer, donc il faut faire des réformes, il faut donner confiance aux Français et l'équipe de France d'hier elle peut expliquer à des Français que si on joue ensemble on peut avancer et, donc, il faut effectivement se méfier de ceux qui ont des tentations populistes qui sont des tentations nationalistes, des tentations xénophobes qui sont puissantes dans nos sociétés occidentales aujourd'hui, attention ceci conduit à des drames.
AMANDINE BEGOT
Un mot de l'université d'été du PS annulée, vous le regrettez ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je pense que c'était une décision sage. Parce que...
AMANDINE BEGOT
Pas que pour des questions de sécurité, c'est aussi peut-être pour éviter de montrer encore une fois une image d'une famille désunie, non ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais d'abord ce n'était pas l'université d'été du PS mais l'université de la Belle alliance populaire, c'est-à-dire un rassemblement plus large...
AMANDINE BEGOT
Oui, ce n'est pas gagné pour la Belle alliance ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais ça va se faire je le crois, parce que quelque part il y a besoin d'un rassemblement autour de la gauche réformiste... Voilà ! Il y a une réalité dans ce pays si nous avons confiance en nous-mêmes, il y a une réalité pour que s'exprime une gauche réforme qui est capable de tendre la main à tous les républicains, pas quelque chose qui est repliée sur soi, qui se pose sans arrêt le problème qui suis-je ou dans quel état j'erre, etc. et qui est toujours dépassée par quelqu'un qui est plus à gauche que soi. Essayons de regarder, de parler aux Français tout simplement, en mesurant d'ailleurs les insatisfactions qui existent.
AMANDINE BEGOT
Il nous reste très peu de temps, juste un pronostic pour France Portugal dimanche.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez 3 1, une belle équipe d'attaque, je pense qu'ils seront en confiance, ils ont un très beau collectif, on ne s'attendait pas à avoir une défense aussi solide que celle d'hier il faut lui rendre hommage donc voilà 3 1 je pense que c'est un beau score et que la France doit et peut gagner la Coupe d'Europe, ce qui est très beau.
AMANDINE BEGOT
3 1 donc pour dimanche et pour l'affiche du second tour de la Présidentielle ?
JEAN-MARIE LE GUEN
J'ai peur qu'en tout état de cause madame LE PEN soit présente.
AMANDINE BEGOT
Avec François HOLLANDE face-à-face ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense et j'espère que ce sera François HOLLANDE.
AMANDINE BEGOT
Merci beaucoup Jean-Marie LE GUEN...
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 juillet 2016
Jean-Marie LE GUEN, bonjour...
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour.
AMANDINE BEGOT
Merci d'être là. Vous avez regardé le match hier ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, bien sûr.
AMANDINE BEGOT
Heureusement ce matin, j'imagine ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui heureux, heureux d'abord évidemment du succès et puis de l'état d'esprit je trouve de cette équipe qui nous touche, ils sont à la fois très sympathiques, ils ont bien combattu de façon collective, c'était un très beau match, une belle victoire, un beau parcours... Voilà ! Je crois que ça devrait à nous tous nous redonner un petit peu de moral et puis de confiance dans ce qu'est la France en réalité. Voilà !
AMANDINE BEGOT
Etat d'esprit, collectif, ça me fait penser à une équipe gouvernementale qui en manque peut-être un peu, non ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, bien sûr. Je crois qu'il y a pas mal de leçons à recevoir, là il y a des stars mais elles savent rester dans le jeu collectif - c'est important - et puis il y a un bon esprit, ils n'étaient pas donnés gagnants dès le départ, ils se sont regroupés, ils ont vraiment beaucoup travaillé. Enfin, bref, je trouve que c''est une belle histoire...
AMANDINE BEGOT
C'est un message que vous lancez ce matin, du coup, quand même à votre camp ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, oh je ne veux pas faire de philosophie.
AMANDINE BEGOT
Non, mais sans...
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je trouve que c'est un beau message, voilà, c'est un beau message, méditons tout ce qu'il y a autour de cette équipe. Je trouve qu'elle est sympathique, elle est positive, elle gagne et elle nous fait un peu moins douter. J'ai été frappé d'ailleurs par certains sondages, les sondages sur la popularité de l'équipe avant ce match, 63 % simplement des Français la trouvaient sympathique, je trouve que ça montre que même quand il y a des choses qui sont vraiment bien les Français ont un esprit... ils se laissent aller un peu à un esprit un peu trop critique, trop dubitatif, voilà, une petite leçon quoi.
AMANDINE BEGOT
On évoquait les tensions notamment au sein du gouvernement, il y a eu cette semaine cette passe d'armes via les réseaux sociaux entre Christian ECKERT et Emmanuel MACRON, ça peut paraître anecdotique, malgré tout on en a quand même beaucoup parlé, Emmanuel MACRON il part quand d'ailleurs du gouvernement ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oh ! Ecoutez, je ne crois pas, je pense que là il y a un peu... c'est le jeu de la vie politique et parfois de la vie médiatique, c'est-à-dire que je ne crois pas qu'il partira du gouvernement, je pense qu'il est engagé. Alors, après, il s'exprime et parfois il agit de façon un peu...
AMANDINE BEGOT
Pas assez collectif ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Parfois oui, on a une interrogation autour de cela, mais en même temps il montre bien aussi qu'on a envie de tirer justement cette équipe vers le haut, donc voilà il faut que...
AMANDINE BEGOT
Tout à l'heure Christophe BARBIER dans son édito posait cette question, alors que la France ne pense qu'au foot, est-ce que ce n'est pas le moment pour François HOLLANDE justement d'écarter Emmanuel MACRON, ça passerait un peu inaperçu ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oh, mais enfin, non, non. Non, on a besoin justement d'être collectif, c'est vrai pour nous tous et c'est vrai pour lui aussi, mais non, non, je ne crois pas qu'il y ait des moments pour faire des petits coups en douce, ce n'est pas comme ça qu'on agit et puis ça n'aurait pas de sens.
AMANDINE BEGOT
Je voulais vous montrer ce dessin ce matin, qui est dans Le Parisien, un dessin de RANCON. On sait François HOLLANDE grand fan de foot, il a vu d'ailleurs tous les matches de cette équipe de France, regardez ce qu'il dit à Manuel VALLS : « ce DESCHAMPS, il a une chance incroyable, il m'inspire » ; « J'espère toujours être au second tour en 2017 » lui répond Manuel VALLS, vous y croyez-vous à 2017 ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, bien sûr. Je pense que des choses... il y aura une prise de conscience si vous voulez qui se fera, à la fois sur l'action qui a été menée, elle est sans doute insuffisamment assumée, expliquée, le sens n'apparait pas évidemment, donc j'en prends ma part de responsabilité, mais l'action, le redressement est là - je sais que les Français en doutent encore mais le redressement et là et puis les enjeux fondamentaux...
AMANDINE BEGOT
Il y a encore cette courbe du chômage !
JEAN-MARIE LE GUEN
Pardon !
AMANDINE BEGOT
Il y a encore cette courbe du chômage qui est l'impératif.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui ! Si on veut, bien sûr, d'ailleurs le président de la République a suffisamment souligné cet enjeu pour que ce soit un enjeu, donc c'est un enjeu. Mais, au-delà de tout ça, on a une France qui évite les grands problèmes, les grands désagréments et qui trace son chemin et, donc, il y aura d'une part un bilan qui sera je pense revisité par les Français et puis il y aura vraiment des choix importants, la vie politique telle qu'on l'a vécue cette semaine on voit une gauche qui se déchire, qui joue la gauche contre la gauche, mais enfin la gauche c'est 35 % des Français, ce n'est quand même pas... il faudrait peut-être que certains s'en rendent compte, qu'il y a une extrême droite qui est aux portes du pouvoir et une droite dure qui a des propositions sur...
AMANDINE BEGOT
Vous appelez les frondeurs à la responsabilité ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, enfin c'est un cri un peu du coeur et un peu presque répétitif et tardif, je me demande s'ils sont capables de comprendre dans quel état réel est l'opinion publique et qu'on ne vienne pas nous dire : « 'est parce qu'il manque 5 milliards là ou 10 milliards ici », c'est tout simplement parce que dans un pays comme le nôtre qui est soumis à des pressions aussi puissantes : migratoires, le terrorisme, etc., eh bien malheureusement les idées tout simplement de repli sur soi pour être gentil, xénophobes pour dire la vérité, ce sont des idées qui reviennent assez naturellement dans le débat politique et il y a des gens qui par peur, par refus de l'autre, se mettent dans cette situation ; et c'est un véritable défi pour notre pays, on voit ce qui s'est passé en Grande-Bretagne, c'est quand même un vote nationaliste qui a cassé la dynamique en Grande-Bretagne, on voit ce qui peut se passer aux Etats-Unis avec TRUMP. Est-ce que personne ne peut se rendre compte en vérité des enjeux de la période, qui ne sont plus les mêmes que ceux qu'on a connus il y a 5 ans, 10 ans...
AMANDINE BEGOT
Mais est-ce qu'il ne faudrait pas que ces frondeurs ils quittent le PS, au moins le problème il serait réglé ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez moi je n'ai pas de vision administrative, mais par contre ce qui est vrai c'est que je pense qu'ils devraient quand même tirer les conséquences pour eux-mêmes, ça serait bien en termes de... Je ne sais pas, quand on a des idées qui sont proches de MELENCHON, il vaut mieux aller avec MELENCHON quelque part, c'est normal.
AMANDINE BEGOT
Manuel VALLS l'a reconnu à l'Assemblée, le gouvernement n'a plus qu'une majorité relative ce sont ses mots c'est un aveu d'échec ça du Premier ministre ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, c'est une clarification, c'est la réalité, il y a une ligne réformiste. Mais le Parti socialiste depuis 10 ans avait pris l'habitude d'être dans la facilité, on pouvait tout et son contraire d'un certain point de vue et c'est d'ailleurs ce que fait aujourd'hui la droite qui ne fait pas cette politique de clarification nous, nous la faisons dans la douleur objectivement devant tout le monde, au gouvernement, et ça peut désorienter beaucoup de nos électeurs, mais il faut clarifier. Les enjeux c'est aujourd'hui la sécurité, une économie qui donne les moyens... On ne l'a pas suffisamment dit ! Pourquoi on fait la loi Travail ? Pourquoi on fait le pacte de responsabilité ? Ce n'est pas pour plaire aux patrons ! Pour avoir une économie qui est capable de créer suffisamment de richesses pour par notre modèle social, notre modèle social il est bien, personne ne va pas le payer pour nous, donc il faudrait peut-être qu'on comprenne que ce pays a besoin de créer des richesses. Voilà ! Et, donc, nous essayons de renforcer ce pays pour qu'il crée cette richesse et que nous payons un modèle social, un modèle éducatif qui doit d'ailleurs être réformé mais qui est notre identité, notre civilisation européenne et française singulièrement.
AMANDINE BEGOT
Pas assez d'explications, peut-être pas assez de collectif aussi on l'évoquait tout à l'heure écoutez ce que nous disait Christian PAUL, c'était mardi main ici sur le plateau d'I Télé.
CHRISTIAN PAUL, DEPUTE DE LA NIEVRE DOC. I TELE
C'est une stratégie pour imprimer une marque, un style, je crois que... vous savez on a beaucoup revisité ces dernières heures l'histoire de la gauche des années 70 à nos jours...
AMANDINE BEGOT
Oui, à travers le...
CHRISTIAN PAUL
Et moi ce que je retiens de l'histoire de la gauche quand elle réussit, quand elle transforme le pays, ce n'est pas en contraignant la société, c'est en mobilisant les Français, en mobilisant la société française.
AMANDINE BEGOT
Christian PAUL qui accusait Manuel VALLS un peu plus tard dans l'interview de la jouer trop perso, en gros de se construire un personnage et donc un destin, il est là aussi pour...
JEAN-MARIE LE GUEN
PAUL est depuis le début du quinquennat contre le quinquennat, sans doute il ne s'y retrouve pas à tous points de vue et, donc, voilà...
AMANDINE BEGOT
Il compte pour rien, c'est ce que...
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, lui-même ne se retrouve pas dans cette affaire, peut-être une certaine forme de déception qu'on n'ait pas choisi une autre orientation, mais cette autre orientation elle n'est pas satisfaisante et puis elle est éclairée par d'autres forces politiques en France, en Europe, qui toutes ont été dans l'échec. Parce qu'on nous a baladés la gauche de la gauche, y compris nos frondeurs nous ont baladés, regardez SYRIZA ça va être merveilleux, regardez PODEMOS ça va être merveilleux, regardez monsieur CORBIN en Grande-Bretagne ça va être merveilleux, à chaque fois c'est des échecs, on voit bien qu'il y a une gauche qui se durcit, qui devient... et puis ça va à l'échec, en général ça fait gagner la droite ou ça fait gagner un certain nombre de choses. La gauche du réel, voilà, il ne faut pas fuir le réel, il y a une certaine gauche qui est là et qui dit : « il suffit d'avoir de bons sentiments pour que les choses se passent », non, il faut bouger notre société, il faut demander un peu plus d'efforts aux Français c'est vrai qu'on demande des efforts mais pour quelque chose de supérieure : la justice, l'efficacité de notre système économique. Pourquoi l'efficacité du système économique ? Pas parce qu'on deviendrait des malades de la société de consommation mais tout simplement pour créer suffisamment de richesses pour assurer la réalité de notre système social.
AMANDINE BEGOT
La réalité ce sont les frondeurs, il y aussi ces incidents qui se multiplient sur le terrain contre des permanences du PS, vous n'avez pas l'impression aujourd'hui d'être coupés d'une partie de votre électorat ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais ça n'a jamais été notre électorat, ce sont des gens qui n'ont pas voté pour nous, ils n'ont jamais voté....
AMANDINE BEGOT
Aujourd'hui, quand on croise des gens qui ont voté François HOLLANDE...
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais ça...
AMANDINE BEGOT
Il y en a beaucoup qui nous disent : « on ne le refera jamais ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais, attendez, une chose est de dire qu'il y a une insatisfaction vis-à-vis de l'action que nous menons - je le constate mais les gens qui sont dans la violence-là effectivement, il faut le dire, vous avez raison il y a une partie de la gauche contestataire, pour dire l'extrême gauche, qui aujourd'hui devant son isolement, devant son incapacité en réalité à s'exprimer dans les urnes, à montrer un certain nombre de choses. On a eu il y a six mois des élections régionales, combien ils ont fait ? 5 % ! Les mêmes qui vitupèrent et qui nous dénoncent ne sont pas capables de se faire suivre par les Français et, donc...
AMANDINE BEGOT
5 % ça pourrait vous coûter le premier tour quand même ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais, attendez, c'est un autre sujet.
AMANDINE BEGOT
On est d'accord !
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne le crois pas, parce que ces gens-là n'ont pas vocation à voter pour nous au premier tour, c'est une illusion. La gauche, mais monsieur MELENCHON a fait un score aux élections présidentielles de 2012 qui était le sien et personne ne pense une seconde que les gens qui ont voté pour monsieur MELENCHON... enfin ils y réfléchiront deux fois d'ailleurs, parce que, s'ils ne votent pas pour le candidat de la gauche réformiste François HOLLANDE en 2017, ils voteront SARKOZY ou JUPPE au deuxième tour, donc il faudra bien qu'ils sachent ce qu'ils font en s'affirmant. Mais il y a une partie de la gauche de la gauche qui est dans la haine sociale, qui est trop tolérante vis-à-vis de la violence, qui parfois se laisse aller dans le communautarisme, mais ces gens-là ont un projet politique qui n'est pas nôtre. Alors maintenant, comme ils n'arrivent pas à l'exprimer suffisamment, et dans les mouvements sociaux malgré la radicalité des mouvements sociaux ou dans les urnes, alors on passe à la violence, mais cette violence on sait à qui ça profite au final, on a déjà connu des années où quand la violence s'exprime contre les républicains, contre la social-démocratie et quand je parle des républicains c'est historique...
AMANDINE BEGOT
Oui, ce n'est pas le parti.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ce n'est pas le parti donc on a vu où ça menait et à qui ça profite. D'ailleurs il y a à la marge de notre société, mais quand même de façon significative, des rencontres entre l'extrême droite, l'extrême gauche, certaines forces communautaristes, on l'a vu - ce n'est pas moi qui ait parlé les premiers des Rouges bruns, ça existé depuis maintenant un certain nombre d'années - on voit bien comment par exemple que, au moment de la Manif pour tous et de la Journée du retrait, certaines forces d'extrême droite ont été rejointes par un certain nombre de salafistes dans les banlieues pour... Vous voyez ! Il y a là...
AMANDINE BEGOT
Ça va être votre ligne ça « attention au Front...
JEAN-MARIE LE GUEN
Tout ça fait système, ça fait système, mais oui les...
AMANDINE BEGOT
Ça va être votre ligne « attention au Front national » et « tout sauf Nicolas SARKOZY » ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, attention à la société telle qu'elle est, l'Europe est en train de s'effriter, notre société est en très grande tension et ce n'est pas en étant dans la ouate que les choses vont s'améliorer, donc il faut faire des réformes, il faut donner confiance aux Français et l'équipe de France d'hier elle peut expliquer à des Français que si on joue ensemble on peut avancer et, donc, il faut effectivement se méfier de ceux qui ont des tentations populistes qui sont des tentations nationalistes, des tentations xénophobes qui sont puissantes dans nos sociétés occidentales aujourd'hui, attention ceci conduit à des drames.
AMANDINE BEGOT
Un mot de l'université d'été du PS annulée, vous le regrettez ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je pense que c'était une décision sage. Parce que...
AMANDINE BEGOT
Pas que pour des questions de sécurité, c'est aussi peut-être pour éviter de montrer encore une fois une image d'une famille désunie, non ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais d'abord ce n'était pas l'université d'été du PS mais l'université de la Belle alliance populaire, c'est-à-dire un rassemblement plus large...
AMANDINE BEGOT
Oui, ce n'est pas gagné pour la Belle alliance ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais ça va se faire je le crois, parce que quelque part il y a besoin d'un rassemblement autour de la gauche réformiste... Voilà ! Il y a une réalité dans ce pays si nous avons confiance en nous-mêmes, il y a une réalité pour que s'exprime une gauche réforme qui est capable de tendre la main à tous les républicains, pas quelque chose qui est repliée sur soi, qui se pose sans arrêt le problème qui suis-je ou dans quel état j'erre, etc. et qui est toujours dépassée par quelqu'un qui est plus à gauche que soi. Essayons de regarder, de parler aux Français tout simplement, en mesurant d'ailleurs les insatisfactions qui existent.
AMANDINE BEGOT
Il nous reste très peu de temps, juste un pronostic pour France Portugal dimanche.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez 3 1, une belle équipe d'attaque, je pense qu'ils seront en confiance, ils ont un très beau collectif, on ne s'attendait pas à avoir une défense aussi solide que celle d'hier il faut lui rendre hommage donc voilà 3 1 je pense que c'est un beau score et que la France doit et peut gagner la Coupe d'Europe, ce qui est très beau.
AMANDINE BEGOT
3 1 donc pour dimanche et pour l'affiche du second tour de la Présidentielle ?
JEAN-MARIE LE GUEN
J'ai peur qu'en tout état de cause madame LE PEN soit présente.
AMANDINE BEGOT
Avec François HOLLANDE face-à-face ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense et j'espère que ce sera François HOLLANDE.
AMANDINE BEGOT
Merci beaucoup Jean-Marie LE GUEN...
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 juillet 2016