Texte intégral
A. Hausser Avant de parler des différents bilans, je voudrais que vous me disiez ce que vous inspire la prise de Kaboul par l'Alliance du Nord, avant qu'une solution politique ait été trouvée ?
- "Je voudrais d'abord avoir une pensée pour les journalistes qui n'ont pas vu la prise de Kaboul. Deuxièmement, je crois que rien n'est réglé et il faut rester très prudents, parce qu'il n'y a pas si longtemps, on nous annonçait que le conflit allait s'enliser. Prudents, parce que la solution militaire n'est pas "la" solution et il faut aussi qu'il y ait une solution politique. On peut souhaiter un certain nombre de choses : on peut souhaiter que les forces militaires et les frappes de ces forces soient circonscrites à l'Afghanistan."
Il faut le redire aujourd'hui ?
- "Il faut le redire."
Pourquoi ?
- "Parce qu'il faut éviter toute tentation et revenir à ce qui était à l'origine la motivation de ces forces : mettre un terme au réseau Ben Laden et au régime taliban. C'était la lutte contre le terrorisme et il ne s'agit de rien d'autre que cela. Je crois que, troisièmement, il faut que les responsables politiques de l'ensemble des pays du monde - notamment les Etats-Unis et la France - poursuivent leurs efforts, pour qu'il y ait une réconciliation en Afghanistan, afin que le régime retrouve des bases qui soient des bases de paix. Enfin, il ne faut pas oublier la nécessité de la paix et imposer aux Palestiniens et aux Israéliens de reprendre leur dialogue et de reprendre leur chemin lent et patient vers une paix durable."
C'est le sens du voyage de J. Chirac au Proche-Orient, en ce moment ?
- "C'est le sens du voyage du président de la République et c'est la mission de la France de faire en sorte d'une part, que les frappes restent circonscrites à l'Afghanistan et, d'autre part, que les images qu'on a pu voir à la télévision n'alimentent aucun ressentiment ou aucune haine et que maintenant, on construise l'avenir. L'avenir pour le monde, c'est la paix et, pour les Israéliens et les Palestiniens, c'est le dialogue vers la paix."
Est-ce que cela fait l'objet de débats entre le président de la République et G. Bush ?
- "Je ne sais pas. Ce que je dis, c'est que dans ce conflit, la France doit faire entendre sa voix. Et c'est ce que fait J. Chirac aujourd'hui, avec cette tournée dans un certain nombre de pays et avec ses visites au Président américain. Oui, la France a une voix à faire entendre. C'est la voix de la paix."
La voix de la France, ce n'est pas la voix de l'Europe ?
- "Je pense qu'en Europe, la France a une voix plus forte que d'autres nations. Pourquoi ? Parce que nous avons une tradition de regard et d'attention à l'égard de peuples de la Méditerranée et du monde arabe."
Qu'avez-vous éprouvé hier, quand vous avez vu les images du crash de l'Airbus ?
- "Une très grande tristesse. Et j'ai eu cette réflexion : vous vous rendez compte qu'aujourd'hui, on est presque soulagés que ce soit un accident. C'est dire à quel point ce monde occidental est traumatisé à la suite des attentats du 11 septembre. On est presque soulagés que ce soit un accident : c'est dire que beaucoup de choses doivent être remises à leur place. Il faut véritablement lutter contre tous les réseaux terroristes, il faut véritablement être déterminés et unis contre tous ces réseaux souterrains qui veulent déstabiliser le monde, par des bombes ou les attentats."
Vous dites qu'il faut vraiment lutter contre le terrorisme et qu'il faut être unis, mais tout cela laisse peu de place à la joute politique en réalité. Hier, on a vu le parti socialiste présenter son bilan, le RPR a présenté le "dépôt de bilan" - il démontait ce dont le parti socialiste se targuait. Au chômage qui baisse, vous opposez le chômage qui augmente, la croissance inférieure à celle des autres pays occidentaux ; aux 35 heures et aux temps de loisirs, vous dites que c'est une casse-tête pour les chefs d'entreprise et que cela ne créé pas d'emplois.
- "On a un peu de peine - en tout cas moi - à parler de ces problèmes de politique intérieure, quand on voit ce qui se passe dans le monde. Mais il faut le faire, parce que la vie politique est ainsi. Nous avons, avec nos amis UDF et DL, fait nous aussi un bilan."
Qui n'est pas le même que celui du RPR ?
- "Il est le même, mais nous posons un certain nombre de questions. Est-ce que les Français ont le sentiment, aujourd'hui, que dans le domaine de la sécurité, cela va mieux qu'il y a cinq ans ? Non. Est-ce que dans le domaine des impôts et de la fiscalité, cela va mieux ? On a créé en France, depuis quatre ans, près d'une quinzaine d'impôts supplémentaires - et aujourd'hui, à la veille des élections, on baisse la fiscalité. Mais est-ce que cela va mieux ?"
A. Juppé a fait la même chose...
- "Je parle du bilan des socialistes. Est-ce qu'aujourd'hui dans le domaine de la fiscalité, cela va mieux qu'il y a cinq ans ? Non. Est-ce que dans les cinq ans qui viennent de s'écouler, on a fait des progrès pour régler le problème des retraites ? Non. Est-ce qu'il n'y a pas un certain nombre de mesures qui ont été prises et qui ne sont pas financées ? Assurément, la CMU, qui n'est pas financée à la hauteur des 9 milliards ; l'Allocation personnalisée d'autonomie n'est pas financée à hauteur de 8 milliards ; les 35 heures ne sont pas financées à hauteur de 30 milliards. Je pourrais continuer. Alors, est-ce que les Français ont le sentiment que c'est un bilan positif ? Non. Ce n'est pas un bon bilan. Et d'ailleurs, plus les socialistes crient au "bon bilan", plus ils veulent cacher la réalité de leurs actions. La réalité de leurs actions, c'est un échec. Dans le dernier domaine - le domaine politique, puisqu'il faut en parler -, ils parlent de majorité cohérente. Avez-vous le sentiment qu'entre les chevènementistes, les communistes, les socialistes et les Verts, tout va bien ? Non, ils se chipotent et se disputent. Bref, l'image de la France est mauvaise et les Français ont le sentiment que la politique socialiste n'a pas été une politique positive."
On le verra au moment des élections...
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 22 novembre 2001)
- "Je voudrais d'abord avoir une pensée pour les journalistes qui n'ont pas vu la prise de Kaboul. Deuxièmement, je crois que rien n'est réglé et il faut rester très prudents, parce qu'il n'y a pas si longtemps, on nous annonçait que le conflit allait s'enliser. Prudents, parce que la solution militaire n'est pas "la" solution et il faut aussi qu'il y ait une solution politique. On peut souhaiter un certain nombre de choses : on peut souhaiter que les forces militaires et les frappes de ces forces soient circonscrites à l'Afghanistan."
Il faut le redire aujourd'hui ?
- "Il faut le redire."
Pourquoi ?
- "Parce qu'il faut éviter toute tentation et revenir à ce qui était à l'origine la motivation de ces forces : mettre un terme au réseau Ben Laden et au régime taliban. C'était la lutte contre le terrorisme et il ne s'agit de rien d'autre que cela. Je crois que, troisièmement, il faut que les responsables politiques de l'ensemble des pays du monde - notamment les Etats-Unis et la France - poursuivent leurs efforts, pour qu'il y ait une réconciliation en Afghanistan, afin que le régime retrouve des bases qui soient des bases de paix. Enfin, il ne faut pas oublier la nécessité de la paix et imposer aux Palestiniens et aux Israéliens de reprendre leur dialogue et de reprendre leur chemin lent et patient vers une paix durable."
C'est le sens du voyage de J. Chirac au Proche-Orient, en ce moment ?
- "C'est le sens du voyage du président de la République et c'est la mission de la France de faire en sorte d'une part, que les frappes restent circonscrites à l'Afghanistan et, d'autre part, que les images qu'on a pu voir à la télévision n'alimentent aucun ressentiment ou aucune haine et que maintenant, on construise l'avenir. L'avenir pour le monde, c'est la paix et, pour les Israéliens et les Palestiniens, c'est le dialogue vers la paix."
Est-ce que cela fait l'objet de débats entre le président de la République et G. Bush ?
- "Je ne sais pas. Ce que je dis, c'est que dans ce conflit, la France doit faire entendre sa voix. Et c'est ce que fait J. Chirac aujourd'hui, avec cette tournée dans un certain nombre de pays et avec ses visites au Président américain. Oui, la France a une voix à faire entendre. C'est la voix de la paix."
La voix de la France, ce n'est pas la voix de l'Europe ?
- "Je pense qu'en Europe, la France a une voix plus forte que d'autres nations. Pourquoi ? Parce que nous avons une tradition de regard et d'attention à l'égard de peuples de la Méditerranée et du monde arabe."
Qu'avez-vous éprouvé hier, quand vous avez vu les images du crash de l'Airbus ?
- "Une très grande tristesse. Et j'ai eu cette réflexion : vous vous rendez compte qu'aujourd'hui, on est presque soulagés que ce soit un accident. C'est dire à quel point ce monde occidental est traumatisé à la suite des attentats du 11 septembre. On est presque soulagés que ce soit un accident : c'est dire que beaucoup de choses doivent être remises à leur place. Il faut véritablement lutter contre tous les réseaux terroristes, il faut véritablement être déterminés et unis contre tous ces réseaux souterrains qui veulent déstabiliser le monde, par des bombes ou les attentats."
Vous dites qu'il faut vraiment lutter contre le terrorisme et qu'il faut être unis, mais tout cela laisse peu de place à la joute politique en réalité. Hier, on a vu le parti socialiste présenter son bilan, le RPR a présenté le "dépôt de bilan" - il démontait ce dont le parti socialiste se targuait. Au chômage qui baisse, vous opposez le chômage qui augmente, la croissance inférieure à celle des autres pays occidentaux ; aux 35 heures et aux temps de loisirs, vous dites que c'est une casse-tête pour les chefs d'entreprise et que cela ne créé pas d'emplois.
- "On a un peu de peine - en tout cas moi - à parler de ces problèmes de politique intérieure, quand on voit ce qui se passe dans le monde. Mais il faut le faire, parce que la vie politique est ainsi. Nous avons, avec nos amis UDF et DL, fait nous aussi un bilan."
Qui n'est pas le même que celui du RPR ?
- "Il est le même, mais nous posons un certain nombre de questions. Est-ce que les Français ont le sentiment, aujourd'hui, que dans le domaine de la sécurité, cela va mieux qu'il y a cinq ans ? Non. Est-ce que dans le domaine des impôts et de la fiscalité, cela va mieux ? On a créé en France, depuis quatre ans, près d'une quinzaine d'impôts supplémentaires - et aujourd'hui, à la veille des élections, on baisse la fiscalité. Mais est-ce que cela va mieux ?"
A. Juppé a fait la même chose...
- "Je parle du bilan des socialistes. Est-ce qu'aujourd'hui dans le domaine de la fiscalité, cela va mieux qu'il y a cinq ans ? Non. Est-ce que dans les cinq ans qui viennent de s'écouler, on a fait des progrès pour régler le problème des retraites ? Non. Est-ce qu'il n'y a pas un certain nombre de mesures qui ont été prises et qui ne sont pas financées ? Assurément, la CMU, qui n'est pas financée à la hauteur des 9 milliards ; l'Allocation personnalisée d'autonomie n'est pas financée à hauteur de 8 milliards ; les 35 heures ne sont pas financées à hauteur de 30 milliards. Je pourrais continuer. Alors, est-ce que les Français ont le sentiment que c'est un bilan positif ? Non. Ce n'est pas un bon bilan. Et d'ailleurs, plus les socialistes crient au "bon bilan", plus ils veulent cacher la réalité de leurs actions. La réalité de leurs actions, c'est un échec. Dans le dernier domaine - le domaine politique, puisqu'il faut en parler -, ils parlent de majorité cohérente. Avez-vous le sentiment qu'entre les chevènementistes, les communistes, les socialistes et les Verts, tout va bien ? Non, ils se chipotent et se disputent. Bref, l'image de la France est mauvaise et les Français ont le sentiment que la politique socialiste n'a pas été une politique positive."
On le verra au moment des élections...
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 22 novembre 2001)