Texte intégral
C'est avec une grande fierté que je suis ici parmi vous pour inaugurer le lancement officiel du Haut Conseil du Travail Social. Nous avons choisi de ne pas rester entre nous et de convier la presse car il nous a paru évident qu'il ne fallait plus se cacher derrière notre ombre, tant la question du travail social concerne en réalité tout un chacun, qui peut avoir besoin, à un moment donné ou à un autre de sa vie, d'un travailleur social. Nous croyons qu'il est important de faire parler du travail social et de faire savoir ce qu'est le travail social et le Haut Conseil du Travail Social.
Le travail social est un secteur majeur pour le fonctionnement de notre société, avec plus d'un million de salariés, qui interviennent chaque jour auprès de plusieurs millions de nos concitoyens (jeunes et moins jeunes), avec et aux côtés des familles, mais aussi aux côtés et avec des bénévoles, et de nombreux autres professionnels de la santé, de l'animation, de la médiation sociale
Ce secteur est à la fois extrêmement riche, extrêmement complexe, mais malgré sa richesse, il souffre depuis de nombreuses années d'un manque de visibilité et d'un manque de reconnaissance. J'ajouterais que, de manière générale, il y a des stéréotypes qui sont véhiculés sur ce qu'est le travail social, chacun de nous ici en a conscience. Par exemple, je pense aux stéréotypes véhiculés sur ce qu'est un assistant social. Je dis volontairement un assistant social parce que dans le langage courant on dit souvent une assistante sociale et bien souvent on considère qu'une assistante sociale, c'est une femme qui est à l'écoute. Ce sont bien souvent des remarques teintées de paternalisme. On oublie complètement qu'il s'agit d'abord et avant tout d'une femme qui a été formée, qui a des compétences techniques très poussées. Ceci étant dit, ce secteur est mal connu, pas assez reconnu à mon sens, et avec un certain nombre de représentations et de préjugés. C'est ce constat qui a conduit le gouvernement à lancer, dans le cadre du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale, les Etats Généraux du Travail Social. Il s'agissait avant tout de débattre avec l'ensemble des représentants du secteur et des personnes concernées (salariés, employeurs, personnes accompagnées, experts, responsables de formation ) de la façon dont nous pouvions redonner confiance et espoir aux professionnels - car il est important pour les professionnels de se sentir reconnu et d'avoir confiance, de se dire qu'on peut évoluer - mais aussi, redonner confiance et espoir aux personnes en difficulté sociale.
Car l'ensemble de la population, les personnes elles-mêmes, sont au cur de notre démarche, depuis le départ : dans le cadre des assises territoriales, des groupes de travail nationaux, dans le cadre des différentes concertations menées par Brigitte Bourguignon, auteure de 2 rapports dans le cadre des Etats Généraux, puis du plan d'action qui en est issu, et enfin, dans le cadre de cette nouvelle instance qui donne toute leur place aux personnes qui se sentent concernées.
Ce Haut Conseil du Travail Social succède donc au précédent Conseil Supérieur du Travail, qui a laissé un bel héritage au HCTS qui se nourrira de ses travaux, notamment ceux concernant le partage d'informations, ou encore sur la participation des personnes mais que j'appelle la démocratie participative, qui sont deux sujets majeurs auxquels le Haut Conseil devra rapidement s'atteler.
Mais qu'a-t-il de plus ce Haut Conseil, à part un nom plus prestigieux (ce qui est déjà quelque chose en soi) ?
Et d'abord pourquoi un « Haut Conseil » plutôt qu'un « Conseil Interministériel », tel que nous l'avions inscrit au départ dans le plan d'action ?
L'idée était de décloisonner l'action sociale, de mettre en réseau les acteurs, qu'elle soit interministérielle, car il est vrai que l'action du travail social ne concerne pas seulement le Ministère des Affaires sociales mais l'ensemble des ministères.
Ce Haut Conseil est non seulement crée par le Premier Ministre, mais intègre désormais des représentants de l'ensemble des Ministères concernés par le travail social qui peuvent le saisir à tout moment. Alors pourquoi ne s'est-il pas appelé Conseil Interministériel ?
C'est tout simplement parce qu'un Conseil Interministériel ne peut être présidé que par le Président de la République. Voilà pourquoi Haut conseil. Néanmoins celui-ci aura aussi son Président, ou plutôt sa Présidente, que nous avons voulu incontestable.
Cette personnalité, vous le savez, c'est Brigitte Bourguignon qui a réalisé un travail important, exceptionnel même, de concertation sur la question des métiers et des formations, afin de trouver un point d'équilibre qui fasse consensus entre la nécessité de préserver la spécificité des métiers tout en favorisant le rapprochement des cultures professionnelles et en facilitant la mobilité professionnelle pour ceux qui le souhaitent. C'est ce travail qui a permis d'aboutir au plan d'actions en faveur du travail social et du développement social, qui fixe un cap et une ambition pour les années à venir : celle du développement social, qui consiste à s'appuyer sur le travail social pour faire vivre et renforcer au quotidien les liens de solidarité qui nous unissent collectivement.
Pour passer de la théorie à la pratique si j'ose dire il y a eu les Assises du travail social, il y a eu les différents rapports, il y a eu le plan d'action annoncé en octobre en Conseil des Ministres mais il faut maintenant que ce plan soit mis en uvre.
Le travail a déjà commencé, comme en atteste le premier bilan que nous diffusons aujourd'hui, sous l'il exigeant de François Soulage, qui assure le suivi de la mise en uvre du plan, confié à la Direction Générale de la Cohésion Sociale, mais qui repose également sur un grand nombre de ministères (fonction publique, collectivités territoriales, enseignement supérieur et recherche, pour n'en citer que quelques-uns) mais aussi un grand nombre d'acteurs publics (collectivités, organismes de protection sociale ) et privés (associations, centres de formation ) et sur les organisations professionnelles, les syndicats, qui doivent, tous, agir et dialoguer ensemble.
Avec l'installation du Haut Conseil aujourd'hui, nous poursuivons cette mise en uvre concrète du plan d'action. Mon ambition est que les dix mois que nous avons devant nous soient dix mois de réalisations concrètes pour le travail social. Mon objectif est clairement que le plan d'action soit sur les rails, que les travaux qui seront engagés soient irréversibles parce que, bien sûr, il faudra plus de dix mois pour tout mettre en uvre, chacun en a conscience ici. Mon rôle aujourd'hui est que tous les travaux soient engagés pour que ce plan d'action devienne une réalité.
Ainsi dès demain, une journée entière de travail sera consacrée au premier accueil social inconditionnel de proximité, à l'initiative du ministère des Affaires Sociales et en partenariat avec l'ADF. Elle aura pour objectif d'élaborer un guide des bonnes pratiques sur la base d'un partage d'expériences. Le premier ministre lui-même demandera prochainement aux Préfets que les schémas d'amélioration de l'accessibilité des services au public intègrent pleinement ce « premier accueil ».
L'expérimentation des référents de parcours, dont je viens de valider le cahier des charges, sera également lancée et évaluée à partir du premier octobre prochain.
L'appel à projets de recherche en travail social qui devrait être lancé au cours de l'été.
L'axe 3 du plan d'action qui vise la reconnaissance universitaire des diplômes, est également déjà engagé par la Commission Professionnelle Consultative, qui me fera des propositions avant la fin de l'année.
Vous le voyez, la rénovation du travail social est en marche, et l'année 2016 sera de ce point de vue une année utile !
Le Haut Conseil a de ce point de vue un rôle essentiel à jouer pour s'assurer que ce plan d'action est non seulement connu de tous et porté collectivement, qu'il répond aux besoins de l'ensemble de notre société (au travers de ses missions d'observation, d'évaluation et de recherche), mais qu'il répond également à l'ambition du projet de société qui est portée par ce plan, qui est une société à la fois bien sûr solidaire mais aussi émancipatrice, grâce au développement social.
Votre mission, chère Brigitte (et je crois que vous l'acceptez), ainsi que les membres de l'instance que vous aurez l'honneur de présider, elle est donc d'être cette boussole qui permet de garder le cap en permanence, afin d'orienter et de guider les évolutions du travail social portées par ce plan, mais également celles que nous devrons continuer à porter pour s'adapter en continu aux évolutions de la société.
Cette boussole, elle consistera dans un premier temps à inscrire enfin une définition du travail social dans le Code de l'Action Sociale et des Familles. Cette définition permettra de guider l'ensemble des travaux qui seront conduits au cours des prochaines années, qu'il s'agisse de la modernisation des formations, du développement du travail en réseau ou de la participation des personnes. Ces travaux devront être constamment en phase avec la finalité du travail social, qui est de promouvoir l'autonomie des personnes et l'émancipation des citoyens, et je sais que vous y veillerez.
Pour réaliser vos travaux, vous pourrez compter sur les services de l'Etat, et notamment la Direction Générale de la Cohésion Sociale qui mettra à votre disposition des moyens humains renforcés. A ce sujet le directeur général de la cohésion sociale est absent aujourd'hui, mais je pense Madame la Président que vous accepterez son excuse puisqu'il est à Genève pour s'occuper du Droit des Femmes. Seront également mis à votre disposition des moyens budgétaires permettant de mener à bien certains chantiers tels que celui qui concerne le partage d'informations. Ces moyens seront pérennisés rapidement, sur la base du programme de travail pluriannuel que vous devrez élaborer. Vous pourrez compter également sur la participation des différents Ministères, qui contribuent déjà par ailleurs de façon très active aux travaux de la CPC.
Je sais de mon côté pouvoir compter sur l'implication pleine et entière de Brigitte Bourguignon, qui saura j'en suis certaine s'appuyer sur l'expertise et l'expérience des membres de cette assemblée, qui ont déjà pour certains participé aux précédents travaux, et qui vont désormais pouvoir s'enrichir et se prolonger dans le cadre de son élargissement. Je crois que c'est non seulement l'ensemble du secteur du travail social qui compte sur vous mais c'est en fin de compte la société toute entière, parce que le pays a besoin de travailleurs sociaux formés mais aussi valorisés, connectés les uns aux autres. J'ai bien conscience que les métiers du travail social sont très exigeants. Ce sont des métiers qui demandent à la fois des compétences techniques, mais aussi un engagement fort au service du collectif. J'ai un immense respect pour tous les travailleurs sociaux car ils font partie de celles et ceux qui font vivre la République au quotidien, justement par cet engagement au service du collectif. Donc Madame la Présidente, c'est la société toute entière qui compte sur vous. J'ai toute confiance en vous pour mener à bien et être la boussole de ce plan.
Je vous remercie.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 25 juillet 2016