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Je me suis rendu aujourd'hui dans le Val-de-Loire pour aller à la rencontre de femmes et d'hommes qui font vivre un secteur économique essentiel avec plus de 50.000 emplois dans la région, un secteur économique qui, quelles que soient ses difficultés, va de l'avant avec des solutions innovantes pour renforcer l'attractivité d'un territoire qui enregistre déjà plus de 900.000 nuitées de visiteurs internationaux chaque année. Comme vous le savez, j'avais prévu de me rendre dans la région le 26 juillet dernier. Les circonstances dramatiques m'avait obligé à suspendre mon déplacement. Mais je tenais absolument à revenir très rapidement, comme je l'avais d'ailleurs promis. Je me réjouis donc de cette opportunité.
Ce déplacement m'a déjà conduit de Montlouis-sur-Loire à Chaumont-sur-Loire et je rejoindrai ensuite Chambord. Ce déplacement me permet de saluer le travail remarquable réalisé par les partenaires locaux, dans le cadre du contrat de destination avec l'État, pour développer et promouvoir une offre diversifiée, de l'oenotourisme au cyclotourisme, en passant par le tourisme fluvial et le tourisme culturel. Cette offre répond aux attentes d'une clientèle internationale exigeante et soucieuse d'authenticité. C'est évidemment essentiel. J'aurai tout à l'heure une réunion avec les porteurs du contrat de destination Val-de-Loire.
Le domaine de Chaumont-sur-Loire comme celui de Chambord, est l'un des joyaux des châteaux de la Loire. Il reçoit chaque année plus de 400.000 visiteurs. Depuis 1992, il accueille le Festival international des Jardins et je veux saluer la réussite de ce festival qui a su associer la richesse patrimoniale et la jeune création française et internationale pour développer le tourisme dans la région et attirer de nouveaux publics. Le festival est également un modèle de coopération entre la région, propriétaire du domaine, et l'État qui soutient le projet depuis son origine.
Ce déplacement est aussi pour moi l'occasion de commenter avec vous les premiers résultats de la saison touristique estivale en France. La saison n'est bien sûr pas terminée mais nous pouvons déjà dégager les premières tendances.
Après une très bonne année 2015, l'année 2016 restera sans doute une année à part pour les professionnels du tourisme.
Plusieurs facteurs ont assombri le tableau. Les attentats expliquent en partie les tendances décevantes que nous observons. Mais, c'est, en réalité, une combinaison de facteurs qui est à l'oeuvre. La perception du risque sécuritaire a eu une influence nette sur certaines clientèles, notamment les plus aisées et/ou celles originaire d'Asie. Pour d'autres clientèles, comme en Russie ou au Brésil, c'est surtout le contexte économique local et la perte de pouvoir d'achat qui expliquent le recul de fréquentation. La mauvaise météo, avec cinquante jours de pluie supplémentaires sur le deuxième trimestre, le calendrier avec seulement deux jours fériés hors week-end contre cinq l'an dernier ou encore les grèves expliquent aussi les résultats décevants du printemps.
Cela étant, les bonnes nouvelles ne sont pas absentes de ce tableau : comme les professionnels du tourisme me l'ont rapporté lors du comité d'urgence économique pour le tourisme que j'ai réuni le 13 juillet, l'Euro de football a été synonyme de très bons résultats pour les hôteliers avec des taux de remplissage record dans les villes hôtes et des chiffres d'affaires des hôtels en nette augmentation.
Les festivals du mois de juillet ont enregistré de très bons résultats, voire meilleurs que ceux de l'an passé. Le Festival d'Avignon, par exemple, a vu sa fréquentation augmenter de 6,5% et les Francofolies de La Rochelle de 32%.
Certaines activités, comme la randonnée ou le vélo, rencontrent un franc succès. Les opérateurs des croisières fluviales anticipent eux aussi une augmentation de leur chiffre d'affaires de 10 à 15% sur l'ensemble de l'année, avec des records pour les croisières sur la Loire et le Rhône.
Les parcs d'attractions devraient progresser de plus de 2% après une année 2015 record.
Les revenus des hébergements de plein air devrait également finir la saison en croissance de 8%. C'est important car c'est le premier mode d'hébergement touristique en France.
De façon générale, les clientèles françaises et européennes se maintiennent bien, à l'exception peut-être du marché allemand. Certains marchés lointains sont mêmes en progression comme l'Inde avec des demandes de visa qui augmentent de plus de 15% ou les États-Unis et le Mexique qui montrent des signes encourageants. Au total, les arrivées depuis le début de l'année sont finalement en recul de 7% sur l'ensemble du territoire, mais les résultats en région sont globalement stables par rapport à l'an dernier, bien qu'impactés par l'attentat de Nice.
Ces résultats sont révélateurs de la force de l'attractivité de la destination France et de sa résilience. Mais ils montrent aussi la fragilité actuelle de la destination Paris où le taux d'occupation des hôtels a continué à chuter pendant l'Euro de plus de 10%.
Les grèves mais aussi des prix trop élevés ont pu jouer un rôle négatif : certains tour-opérateurs asiatiques ont d'ailleurs attiré notre attention sur leur décision de réduire leur programmation vers la capitale pour cette raison. Les arrivées des touristes étrangers reculaient encore de 15% les deux dernières semaines de juillet, de 17% sur le week-end du 15 août et de 20% sur les réservations à venir.
La campagne de relance que j'ai lancée fin mai avec Anne Hidalgo va être intensifiée, mais elle devra être accompagnée aussi d'une réflexion des professionnels sur l'offre, y compris le niveau des prix. En ce sens la réactivité des hôteliers niçois et cannois mérite d'être étudiée. Dans ces deux villes, les taux d'occupation se rapprochent de ceux de l'an dernier, à peine un mois après l'attentat du 14 juillet. C'est l'un des aspects qui pourra être étudié au cours de la deuxième réunion du comité d'urgence économique pour le tourisme que je compte organiser dans les prochains jours et qui sera consacré aux régions les plus affectées par la situation actuelle.
Ces chiffres nous rappellent que le secteur du tourisme est confronté à de nombreux défis. Le premier défi, c'est naturellement celui de la sécurité. Dans les châteaux de la Loire, comme dans tous les lieux accueillant des touristes, un dispositif rigoureux a été mis en place pour assurer une sécurité maximale aux visiteurs. J'insiste tout particulièrement sur ce point car souvent, à l'étranger, nous sommes interrogés à ce propos. J'ai d'ailleurs demandé à nos ambassadeurs et aux bureaux d'Atout France à travers le monde d'expliquer de manière factuelle, aux tour-opérateurs comme aux voyageurs individuels qui s'interrogent, ce que nous faisons pour leur sécurité, comme pour celles des citoyens français sur notre territoire.
Au-delà de la sécurité, un enjeu important est la capacité du secteur du tourisme à réagir aux crises. Des sites touristiques du Val-de-Loire ont été, par exemple, confronté cette année à une crise spectaculaire avec les inondations du mois de juin et l'État a joué son rôle pour les aider à surmonter cette crise. Aujourd'hui, les acteurs du tourisme sont inquiets pour l'attractivité de la destination France, alors que les nuages se sont accumulés. Je pense aux attentats, aux intempéries mais aussi aux conséquences possibles du Brexit sur la fréquentation des visiteurs britanniques.
Ce genre de situation appelle une véritable communication de crise dotée de moyens adaptés. J'avais annoncé, en mars, un plan de relance pour la destination France, centré sur Paris et quelques destinations associées dont le Val de Loire. Ce plan était initialement doté d'un million d'euros par l'État et bénéficiait du soutien de partenaires publics et privés. J'ai décidé de mobiliser 500.000 euros additionnels au profit de ce plan piloté par Atout France, de façon à couvrir d'autres régions affectées, notamment la Côte d'Azur. Il est naturellement indispensable de travailler étroitement avec les élus locaux des territoires concernés. Cela a été fait en Ile-de-France et cela sera fait pour la Côte d'Azur.
Mais nous aurions tort de penser que les défis du tourisme se limitent à ces enjeux de court terme, aussi importants soient-ils. La bataille de l'attractivité touristique passe aussi par le déploiement d'une stratégie ambitieuse et de long terme. C'est la stratégie que nous avons définie à l'issue des assises du tourisme et du conseil de promotion du tourisme. Ici, dans le Val-de-Loire, des efforts importants ont été déployés pour toujours mieux accueillir les visiteurs internationaux. On me dit, par exemple, que les acteurs du tourisme régional se sont fortement mobilisés en mai dernier afin d'accueillir une équipe de producteurs indiens qui s'intéressaient à la région des châteaux de la Loire pour tourner des films. Je rappelle que l'industrie cinématographique indienne est la première au monde et qu'elle peut contribuer puissamment à promouvoir l'image et l'attractivité de la France.
Voilà pourquoi j'ai voulu effectuer ce déplacement en région pour évoquer les enjeux du tourisme : oui, nous avons été durement touchés en novembre dernier et le jour de notre fête nationale. Oui, au-delà du drame personnel, de l'épreuve pour les familles et les proches des victimes, c'est une source d'inquiétude pour toute la filière du tourisme qui commençait à voir le bout du tunnel, comme je l'avais constaté le 13 juillet lors de la réunion du comité d'urgence du tourisme. Oui, il va falloir redoubler d'efforts pour surmonter cette nouvelle crise.
Mais je reste confiant pour deux raisons simples. La première, c'est que la France reste la France, c'est-à-dire le plus beau pays du monde. Un pays qui offre une infinie variété d'expériences touristiques, où la culture et la nature se disputent notre attention.
La seconde raison, c'est que depuis deux ans, méthodiquement, nous travaillons pour enrichir notre offre, la rendre plus lisible et plus accessible à l'attention de tous les publics, en France et surtout hors de France. Cette stratégie de développement de l'attractivité touristique de notre territoire, elle est partagée par tous les professionnels du secteur qui ont contribué à la dessiner et aujourd'hui participent à sa mise en oeuvre. Elle demande de la constance dans l'effort, de la persévérance et une cohésion sans faille de toutes les parties prenantes sur un même territoire.
La 2e conférence annuelle du tourisme qui aura lieu à l'automne permettra de faire le point sur ces différentes mesures avec les acteurs du tourisme et de définir des pistes d'actions nouvelles pour 2017. En attendant, nous restons mobilisés pour faire face aux évènements récents, mais nous poursuivons également le travail de fond engagé depuis deux ans en matière d'accueil, d'offre, d'investissement et de formation. Ce travail, je n'ai pas peur de dire qu'aucun gouvernement ne l'avait entamé avant nous. Il porte déjà ses fruits, je l'ai vu toute la journée. Il en portera toujours plus dans les mois et les années qui viennent.
Je ne doute pas que grâce à la mobilisation des services de l'État, des collectivités, des institutionnels et acteurs privés du tourisme, nous franchirons comme prévu la barre des 100 millions de touristes internationaux en 2020.source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 août 2016