Interview de M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, à France 2 le 22 août 2016, sur la préparation des élections présidentielles à gauche.

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Média : France 2

Texte intégral

THOMAS HERVE
La vraie vie c'est quoi ? Eh bien pour nous c'est « Les 4 vérités », présentées par Guillaume DARET, qui reçoit ce matin le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie LE GUEN. Bonjour messieurs.
GUILLAUME DARET
Bonjour à tous, bonjour Jean-Marie LE GUEN.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour Guillaume DARET.
GUILLAUME DARET
Arnaud MONTEBOURG s'est déclaré hier candidat à la présidence de la République, car il lui est – dit-il – impossible de soutenir le président actuel, François HOLLANDE.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, c'est à la fois, vous m'interrogez j'imagine sur la violence en quelque sorte, de ses propos, leur outrance, c'est un peu...
GUILLAUME DARET
Ça vous semble violent ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, je crois que lorsqu'on a été membre de ce gouvernement, de François HOLLANDE, dont un a été ministre de l'Economie pendant trois ans, lorsqu'on est un responsable, on a vocation à l'être en tout cas, de la gauche, je pense qu'on peut s'exprimer sans être dans l'outrance et dans la caricature. Alors, c'est un peu le propre, évidemment, des primaires, on le voit à gauche et on le verra et on le voit aussi à droite, et donc je pense que tout ceci peut créer un climat assez négatif, qui ne rapportera pas grand-chose à ceux qui sont dans cette outrance, mais qui peut encore une fois alimenter une certaine forme de populisme, de critique exagérée du politique, non pas qu'il n'y ait pas des critiques à faire, mais je pense qu'il faut faire attention quand même à ce que l'on dit.
GUILLAUME DARET
Selon Arnaud MONTEBOURG, le bilan de ce quinquennat n'est pas défendable.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, eh bien parce qu'il n'a pas l'intention de le défendre, ce qui est d'ailleurs problématique. Comment pourrait-il lui-même aller devant les électeurs, alors qu'il a été un des artisans, à la fois de la désignation de François HOLLANDE, de l'animation de ce gouvernement ? Je pense qu'Arnaud MONTEBOURG a sans aucun doute des choses à dire. Je constate qu'il prend toujours le chemin de la radicalisation, de l'outrance, alors que ce qu'il pourrait apporter, me semble-t-il, aurait plus de force et ce serait sans doute plus efficace s'il était capable de se mettre au service d'un combat collectif, en l'occurrence.
GUILLAUME DARET
Entre les lignes, il demande clairement à François HOLLANDE de ne pas se présenter.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, là encore on est dans le jeu politicien. Bon, c'est son attitude, elle le regarde. Je le regrette, parce que je pense encore une fois qu'Arnaud MONTEBOURG aurait pu, et a apporté des choses importantes, une sensibilité, une substance qui mériterait d'être prise en considération, si tant est qu'il voulait bien la mettre encore une fois au service d'un projet collectif. Je constate...
GUILLAUME DARET
Mais est-ce que ce n'est pas lui qui a raison, finalement ? Est-ce que François HOLLANDE ce n'est pas le candidat qui vous fait perdre à tous les coups à gauche ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, je ne vais pas rentrer dans ce débat. Je ne vois pas, dans les critiques de François HOLLANDE, quel qu'il soit, à la gauche de la gauche, aucune stratégie, aucune envie, aucun désir, aucune personnalité, aucune stratégie, aucun discours, qui soit de nature à être porté par les Français d'une façon importante. Je pense que c'est...
GUILLAUME DARET
Lui, il parle de renoncement, de reniement.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais tout ça ce sont des mots qui sont là pour blesser, qui sont faciles, et je ne crois pas que ce soit encore une fois l'intérêt de la gauche, en essayant d'être, de ce point de vue, modéré dans mes critique, que de tenir ce type de propos. Ce que je vois, c'est qu'il n'y a pas d'autre voie, pour la gauche, que de porter le combat de la République, et d'ailleurs, d'un certain point de vue, Arnaud MONTEBOURG ne se met pas de côté par rapport à ce combat, il n'est pas dans la radicalisation à gauche, il est dans un combat, simplement...
GUILLAUME DARET
Il n'y a pas d'autre candidat possible que François HOLLANDE pour vous ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, on verra bien qui est candidat, et François HOLLANDE le dira lui-même, il...
GUILLAUME DARET
Mais pour vous, c'est le candidat naturel.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais il est le candidat d'un courant dominant à gauche, qui est aujourd'hui en difficultés, bien évidemment, qui est celui du réformisme. Il n'y a pas de...
GUILLAUME DARET
Mais est-ce que c'est le candidat naturel de la gauche, François HOLLANDE ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je le crois, c'est pour ça d'ailleurs que je n'étais pas extrêmement favorable à l'idée de ces primaires, elles existent lui-même fera connaitre sa décision au mois de décembre, donc ça ne sert à rien d'essayer d'anticiper par rapport à sa décision.
GUILLAUME DARET
Il y a trois anciens ministres qui défient François HOLLANDE : Cécile DUFLOT, Benoit HAMON et Arnaud MONTEBOURG. C'est totalement inédit. Est-ce que ça ne montre pas, finalement quand même, l'échec total de François HOLLANDE ?
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est un échec de cette génération dont vous parlez. Ils n'ont pas du...
GUILLAUME DARET
Pourquoi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Eh bien je pense qu'ils n'ont pas su passer de la culture de l'opposition, des partis d'opposition, à une culture de majorité. A aucun moment, finalement, ils ont pensé, à la fois d'une façon plus collective et d'une façon plus positive, et c'est un sujet, objectivement, de préoccupation pour la gauche, de voir que des gens à qui on avait pu passer un certain nombre d'espoirs, se sont mis de côté, à chaque fois pris par un jeu où on regarde essentiellement la vie interne des formations de gauche, sans regarder l'ensemble du pays, et où aussi peut-être l'égo l'emporte sur la capacité à travailler de façon collective, malgré toutes ces déclarations, on veut des institutions plus modernes, plus démocratiques, plus républicaines, et puis à chaque fois c'est toujours la personne, soi-même, qui l'emporte, le jeu tacticien sur le fond, c'était un... c'est une difficulté que nous avons à...
GUILLAUME DARET
Cette primaire, ce n'était pas une bonne idée d'y aller, pour François HOLLANDE, ça va tourner au pugilat, au référendum, pour ou contre le chef de l'Etat.
JEAN-MARIE LE GUEN
Nous verrons, parce que d'ici là on voit quand même que ceux qui essaient de s'opposer à la ligne sociale-réformiste n'ont quand même pas grand-chose à dire et qu'ils ne sont pas portés véritablement par l'opinion publique.
GUILLAUME DARET
Quand on est président de la République, est-ce qu'on peut dire, je cite, « qu'on n'a pas eu de bol contre le chômage », des propos qui sont rapportés.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ce sont des propos privés, dégagés d'un ensemble, si j'ai bien lu ce dont il s'agissait, et il ne faut pas en voir une déclaration publique et un constat général sur la politique de l'emploi du président de la République.
GUILLAUME DARET
C'est aujourd'hui votre Conseil des ministres de rentrée, justement, qu'est-ce qu'il doit dire, François HOLLANDE, qu'est-ce qu'il doit faire dans ces quelques moi qui lui restent ? Quelle ligne il doit donner ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je crois qu'il faut continuer à gouverner ce pays qui a besoin de transformation, de réforme sociale, humaine, positive, pas simplement dans le domaine économique et social. Nous avons par exemple, il a mis à l'ordre du jour, après les évènements dramatiques de l'année dernière, je pense de l'année, de l'ensemble de l'année « scolaire », si je peux me permettre, l'idée qu'il fallait absolument que l'on construise l'islam de France. Voilà un chantier tout à fait pertinent. Il y a évidemment toujours à faire en sorte que sur la bataille de la croissance, de l'économie et de l'emploi, eh bien nous avancions. Bref, les chantiers ne manquent pas, sans parler de l'Europe, il est aujourd'hui avec madame MERKEL et monsieur RENZI, pour parler justement de l'Europe après le Brexit. Ce sont des sujets considérables, d'une gravité que nous n'avons pas connue depuis des décennies.
GUILLAUME DARET
Merci beaucoup Jean-Marie LE GUEN.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci.
GUILLAUME DARET
C'est à vous Thomas.
THOMAS HERVE
Merci beaucoup messieurs.Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 août 2016