Texte intégral
THOMAS SOTTO
Il est porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture ; Jean-Pierre ELKABBACH, vous recevez ce matin Stéphane LE FOLL. Messieurs, c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un loyal de François HOLLANDE. Bienvenu Stéphane LE FOLL, bonjour.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un seul être va peut-être manquer et tout risque d'être dépeuplé. Vous étiez hier au dîner avec tous les leaders socialistes chez François HOLLANDE. Tous les livres répètent que François HOLLANDE n'a pas d'affect, mais est-ce que cette fois il est touché, humainement touché ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense qu'il est, évidemment au-delà d'être touché, surtout déçu. Déçu parce qu'Emmanuel MACRON a été un collaborateur pendant beaucoup de temps - je me rappelle pendant la campagne des présidentielles. Un secrétaire général adjoint à l'Elysée, un ministre et aujourd'hui il décide de s'en aller. Donc déçu sûrement, mais touché sûrement pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Enfin, c'est une manière de le protéger pour nous raconter encore qu'il n'a pas d'affect.
STEPHANE LE FOLL
Si, parce que être déçu c'est avoir de l'affect quand même.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Dans le livre d'Antonin ANDRE et de Karim RISSOULI, il disait : « J'ai nommé MACRON, ce garçon gentil, simple et fidèle. Je lui fais confiance ». Ça, c'est une démission. C'est un coup dur aussi politiquement.
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas un coup dur. Au fond, qu'est-ce qui est dur en politique ? C'est vrai, il y a des moments difficiles et c'est des moments difficiles qu'un président de la République a à affronter quand il est face à l'adversité, au terrorisme. Et puis il y a des déceptions humaines qui sont le lot aussi de la vie politique. Mais ça se surmonte et François HOLLANDE en a connues, je suis bien placé pour le savoir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On va voir si vous pouvez le surmonter parce que lui, il est offensif. Et en tout cas, on peut dire que de tous ses aînés de droite et de gauche, Emmanuel MACRON a appris vite le cynisme. Mais cette hésitation, « je pars, je ne pars pas. On le vire, on le garde », c'est fini. Plus de schizophrénie. Le président de la République ne l'a pas démissionné mais c'est lui qui a claqué la porte avec une certaine audace.
STEPHANE LE FOLL
Il a claqué la porte avec une certaine audace, comme vous l'avez dit, puisqu'il a expliqué que c'était parce qu'il ne pouvait plus s'exprimer. Je rappellerai simplement qu'Emmanuel MACRON le 12 juillet, c'est-à-dire à la veille du 14 Juillet et de l'intervention du président de la République, a quand même fait un grand meeting avec deux mille personnes à la Mutualité. S'il ne pouvait pas s'exprimer, je ne comprends pas pourquoi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous dites que François HOLLANDE a été trop indulgent.
STEPHANE LE FOLL
Je pense qu'Emmanuel MACRON est parti pour convenances personnelles.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Trop indulgent.
STEPHANE LE FOLL
Convenances personnelles.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est quoi « convenances personnelles » ? l'Elysée ?
STEPHANE LE FOLL
« Convenances personnelles », c'est que je crois il l'a dit, on le sent à demi-mots qu'il veut être candidat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. D'ailleurs vous étiez prévenu, Stéphane LE FOLL, vous tous, dès le 16 mars, il y a cinq mois ici-même par Emmanuel MACRON lui-même.
- Document Europe 1 du 16 mars 2016 :
- Emmanuel MACRON, ministre de l'Economie : « Bien sûr que je souhaite que François HOLLANDE soit candidat à la présidence de la République. Vous savez, je vais être très simple avec vous. Avant août 2014, je n'étais pas dans la vie politique. Je suis là pour agir, pour faire. J'aime la chose publique et donc je continuerai à faire dans ce cadre, mais j'ai deux loyautés. L'une à mon pays, mes idées et je ne l'ai jamais lâchée, je ne la lâcherai jamais. Et donc tout ce que je peux faire de bien pour mon pays, je le ferai quel qu'en soit le cadre. Et puis, j'ai des principes personnels et je sais à qui je dois le fait d'être là et c'est François HOLLANDE. Bien sûr que c'est le candidat légitime, c'est le président qui est en place. Ce n'est pas la Comédie humaine, ce n'est pas savoir si c'est Brutus ou pas ».
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Tout le monde est en train de dire Brutus, lui-même, mais cette fois on a l'impression que César était prévenu, Brutus a peut-être raté César mais, Stéphane LE FOLL, est-ce que César aura la force, l'énergie et la volonté de tuer Brutus ?
STEPHANE LE FOLL
Ça ne va pas se poser en ces termes. La question qui est devant François HOLLANDE, c'est de savoir s'il est candidat. Il le décidera et il le dira à la fin du mois de décembre. Mais la question qui est posée à François HOLLANDE, ce n'est pas les Brutus : ils existent, il y en a. C'est de savoir ce qu'il doit faire pour la France et ce qu'il va proposer ou faire pour la France lorsqu'il sera candidat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il peut le faire encore ?
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr qu'il peut le faire. Bien sûr. C'est important ce que je vais dire : je suis un fidèle et sur ces sujets, je m'exprime très rarement. Donc je vous le dis : bien sûr qu'il va le faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il va faire quoi ?
STEPHANE LE FOLL
Mais vous avez posé la question de savoir s'il allait faire le projet, s'il allait être en capacité de surmonter ce que nous sommes en train de commenter. Je vous dis oui, il va le faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Là vous dites François HOLLANDE ?
STEPHANE LE FOLL
Je parle de François HOLLANDE.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il s'est parfois engagé, Emmanuel MACRON, à ne pas se présenter contre François HOLLANDE. Est-ce que le président lui aurait confié à un moment ou à un autre qu'il n'irait pas ou qu'il n'ira pas ?
STEPHANE LE FOLL
Je n'ai sur ce sujet-là aucune information et je n'ai jamais eu une discussion qui puisse accréditer la thèse que vous évoquez.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous croyez qu'Emmanuel MACRON et ses proches cherchent à rendre impossible la candidature HOLLANDE ?
STEPHANE LE FOLL
J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de gens et je regarde d'ailleurs aussi du côté de la gauche avec Benoît HAMON, Arnaud MONTEBOURG, Marie-Noëlle LIENEMANN, une espèce de profusion de candidatures qui n'ont qu'un seul objectif : d'empêcher François HOLLANDE. D'ailleurs Arnaud MONTEBOURG a au moins le mérite de le dire de manière très claire. Mais est-ce que c'est ça l'enjeu ? Est-ce que c'est ça la question qui est posée à la France ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il peut empêcher François HOLLANDE d'être candidat ?
STEPHANE LE FOLL
Non. Je vous ai répondu non. Ce n'est pas ça qui peut empêcher François HOLLANDE d'être candidat. Il sera candidat quand il le décidera. C'est la France qui compte et pas eux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et quand vous pensez que le président sortant se mettra lui aussi en marche ?
STEPHANE LE FOLL
Il s'expliquera sur un certain nombre de grands sujets qui sont d'actualité le 8 septembre, je vous le dis, salle Wagram.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et est-ce que vous pensez qu'on l'entend encore ? Qu'on peut l'écouter ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense qu'on peut et qu'on doit l'écouter. Parce que ce qu'il a traversé, et je l'ai dit d'ailleurs à Colomiers, depuis l'arrivée à la tête du pays au mois de juin-juillet 2012, ce sont des grandes difficultés. On sait qu'aujourd'hui il y a des choses qui vont dans le bon sens. Ce pays se redresse, l'Europe est un enjeu colossal. Il y en a qui en parlent aujourd'hui ? Sauf le président de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Demain, vous entendrez Tony BLAIR ici.
STEPHANE LE FOLL
C'est la clef de voute de la République. C'est un homme politique avec, en Europe, Angela MERKEL qui porte sur ses épaules l'enjeu du projet européen. Et puis pour le reste, le monde d'aujourd'hui lutte contre le terrorisme, il a montré qu'il était ferme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais malheureusement, on n'entend rien de ce que vous dites.
STEPHANE LE FOLL
Je suis désolé. Je ne peux pas parler plus fort sinon je vais être obligé de crier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il est déterminé, MACRON, à tout faire dit-il hier, pour transformer la France dès l'année prochaine. Vous êtes donc prévenu qu'il sera candidat en 2017. Il n'y a que les naïfs qui ont encore des doutes.
STEPHANE LE FOLL
J'ai une confidence à vous faire sur la naïveté : il y a longtemps que je l'ai perdue. Donc je ne suis pas naïf et je sais parfaitement que tout ça - je le regarde d'ailleurs de manière aujourd'hui rétrospective a été plus ou moins préparé. Ce matin, je ne suis pas naïf : je sais très bien vers quoi conduit tout ce processus que vous avez décrit ce matin et qu'a mis en oeuvre Emmanuel MACRON. Je ne suis pas naïf, je dis simplement que face à ça, on rappelle des principes. D'abord la loyauté, c'est quelque chose d'important et je crois que c'est une valeur extrêmement moderne contrairement à ce qui est dit souvent et en particulier par un certain nombre qui pensent faire de la politique autrement et qui oublient cette dimension et cette valeur. Deuxièmement, c'est la France qui compte, c'est la France. Le reste, c'est de la petite histoire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est un bon ministre de l'Economie ?
STEPHANE LE FOLL
Ç'a été un ministre de l'Economie. Il y a eu une loi qui a été votée. Après, chacun en jugera.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très vite, deux remarques. L'Elysée a annoncé la démission. « Il va se consacrer entièrement à son mouvement politique ». Est-ce que c'est à la présidence de la République de faire ainsi la promotion du mouvement qui est organisé en plus contre vous ? Et deuxième remarque : vous-même, votre commentaire sibyllin a été, je vous cite : « Il est plus facile de dire ce qu'on n'est pas mais beaucoup plus difficile de dire ce qu'on est ». Est-ce que vous pouvez traduire ce charabia ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, je vais répondre aux deux questions. Sur la partie du mouvement : ce n'est pas un mouvement, c'est un parti. Il s'appelle En Marche ! et En Marche ! les deux initiales c'est Emmanuel MACRON. Donc c'est un parti qui incarne l'ambition d'Emmanuel MACRON. Il a crée un parti, il va s'occuper d'un parti. Quand on dit qu'il faut sortir du système et qu'on crée un nouveau parti, je vous laisse ; chacun est juge. Ensuite, par rapport à ce que j'ai dit, ce qui me frappe c'est qu'Emmanuel MACRON se définit en disant : « Je ne suis ni de droite, ni de gauche. Je ne suis pas socialiste », et je reprends ces deux termes pour dire : c'est plus facile de dire ce que je ne suis pas que de dire et ça sera maintenant l'heure de vérité ce qu'il est.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Deux remarques parce que vous êtes ministre de l'Agriculture. LACTALIS : un accord est intervenu. Les dirigeants agricoles trouvent qu'il est équilibré, donc la mobilisation et la pression ont payé. L'Etat a donné une image, pardon, d'impuissance et de désarroi. C'était l'Etat-spectateur. Est-ce que vous avez obtenu le numéro de téléphone de monsieur BESNIER ?
STEPHANE LE FOLL
Je refuse, Jean-Pierre ELKABBACH, cette manière de présenter les choses. On est dans une relation commerciale, je suis désolé - où vous êtes dans une autre économie, il faudra que vous m'expliquiez laquelle mais il n'y a pas pour l'Etat à venir directement négocier dans les négociations commerciales. L'Etat a joué son rôle, pleinement son rôle, et cette histoire de numéro de téléphone de monsieur BESNIER, je vais encore le répéter ce matin : je n'ai pas le numéro de téléphone de monsieur BESNIER et ma conception de la République ce n'est pas celle des copains. Ce n'est pas par un petit coup de fil ni à Jean-Pierre ELKABBACH ni à monsieur BESNIER que je règle les problèmes. Moi, je le fais dans le cadre de négociations qui se sont passées à la préfecture de Mayenne. L'Etat était là comme médiateur et moi aussi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vendredi, vous avez invité à Chambord vingt ministres de l'Europe, vingt ministres de l'Agriculture de l'Europe, peut-être pour parler de l'aide et cætera. Est-ce que vous allez parler du traité de libre-échange entre l'Europe et les Etats-Unis ? La Maison Blanche a dit : « De toute façon, cette année ce sera signé ». Est-ce que la France a le droit de veto ?
STEPHANE LE FOLL
La France, on va être clair, un accord pourrait être trouvé s'il était global et équilibré. Aujourd'hui ce n'est pas le cas donc la France n'est pas favorable à la signature de cet accord. Il suffit qu'un pays ne le soit pas pour qu'il n'y ait pas d'accord.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup, Stéphane LE FOLL. Je peux vous donner le numéro de téléphone de Jean-Pierre ELKABBACH.
STEPHANE LE FOLL
Ça, je l'ai.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il ne m'appelle pas, il ne m'appelle pas.
STEPHANE LE FOLL
Vous direz à CANTELOUP que la seule question qui m'a été posée sur cette affaire de LACTALIS était de savoir si j'avais le numéro de téléphone de monsieur BESNIER : je ne l'ai pas et je n'en veux pas. Je le dis à CANTELOUP et je n'ai pas annoncé, cher Nicolas, ma démission ce matin.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup. Demain c'est donc Tony BLAIR qui sera votre invité, Jean-Pierre. A demain.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 septembre 2016
Il est porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture ; Jean-Pierre ELKABBACH, vous recevez ce matin Stéphane LE FOLL. Messieurs, c'est à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un loyal de François HOLLANDE. Bienvenu Stéphane LE FOLL, bonjour.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un seul être va peut-être manquer et tout risque d'être dépeuplé. Vous étiez hier au dîner avec tous les leaders socialistes chez François HOLLANDE. Tous les livres répètent que François HOLLANDE n'a pas d'affect, mais est-ce que cette fois il est touché, humainement touché ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense qu'il est, évidemment au-delà d'être touché, surtout déçu. Déçu parce qu'Emmanuel MACRON a été un collaborateur pendant beaucoup de temps - je me rappelle pendant la campagne des présidentielles. Un secrétaire général adjoint à l'Elysée, un ministre et aujourd'hui il décide de s'en aller. Donc déçu sûrement, mais touché sûrement pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Enfin, c'est une manière de le protéger pour nous raconter encore qu'il n'a pas d'affect.
STEPHANE LE FOLL
Si, parce que être déçu c'est avoir de l'affect quand même.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Dans le livre d'Antonin ANDRE et de Karim RISSOULI, il disait : « J'ai nommé MACRON, ce garçon gentil, simple et fidèle. Je lui fais confiance ». Ça, c'est une démission. C'est un coup dur aussi politiquement.
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas un coup dur. Au fond, qu'est-ce qui est dur en politique ? C'est vrai, il y a des moments difficiles et c'est des moments difficiles qu'un président de la République a à affronter quand il est face à l'adversité, au terrorisme. Et puis il y a des déceptions humaines qui sont le lot aussi de la vie politique. Mais ça se surmonte et François HOLLANDE en a connues, je suis bien placé pour le savoir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On va voir si vous pouvez le surmonter parce que lui, il est offensif. Et en tout cas, on peut dire que de tous ses aînés de droite et de gauche, Emmanuel MACRON a appris vite le cynisme. Mais cette hésitation, « je pars, je ne pars pas. On le vire, on le garde », c'est fini. Plus de schizophrénie. Le président de la République ne l'a pas démissionné mais c'est lui qui a claqué la porte avec une certaine audace.
STEPHANE LE FOLL
Il a claqué la porte avec une certaine audace, comme vous l'avez dit, puisqu'il a expliqué que c'était parce qu'il ne pouvait plus s'exprimer. Je rappellerai simplement qu'Emmanuel MACRON le 12 juillet, c'est-à-dire à la veille du 14 Juillet et de l'intervention du président de la République, a quand même fait un grand meeting avec deux mille personnes à la Mutualité. S'il ne pouvait pas s'exprimer, je ne comprends pas pourquoi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous dites que François HOLLANDE a été trop indulgent.
STEPHANE LE FOLL
Je pense qu'Emmanuel MACRON est parti pour convenances personnelles.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Trop indulgent.
STEPHANE LE FOLL
Convenances personnelles.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est quoi « convenances personnelles » ? l'Elysée ?
STEPHANE LE FOLL
« Convenances personnelles », c'est que je crois il l'a dit, on le sent à demi-mots qu'il veut être candidat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. D'ailleurs vous étiez prévenu, Stéphane LE FOLL, vous tous, dès le 16 mars, il y a cinq mois ici-même par Emmanuel MACRON lui-même.
- Document Europe 1 du 16 mars 2016 :
- Emmanuel MACRON, ministre de l'Economie : « Bien sûr que je souhaite que François HOLLANDE soit candidat à la présidence de la République. Vous savez, je vais être très simple avec vous. Avant août 2014, je n'étais pas dans la vie politique. Je suis là pour agir, pour faire. J'aime la chose publique et donc je continuerai à faire dans ce cadre, mais j'ai deux loyautés. L'une à mon pays, mes idées et je ne l'ai jamais lâchée, je ne la lâcherai jamais. Et donc tout ce que je peux faire de bien pour mon pays, je le ferai quel qu'en soit le cadre. Et puis, j'ai des principes personnels et je sais à qui je dois le fait d'être là et c'est François HOLLANDE. Bien sûr que c'est le candidat légitime, c'est le président qui est en place. Ce n'est pas la Comédie humaine, ce n'est pas savoir si c'est Brutus ou pas ».
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Tout le monde est en train de dire Brutus, lui-même, mais cette fois on a l'impression que César était prévenu, Brutus a peut-être raté César mais, Stéphane LE FOLL, est-ce que César aura la force, l'énergie et la volonté de tuer Brutus ?
STEPHANE LE FOLL
Ça ne va pas se poser en ces termes. La question qui est devant François HOLLANDE, c'est de savoir s'il est candidat. Il le décidera et il le dira à la fin du mois de décembre. Mais la question qui est posée à François HOLLANDE, ce n'est pas les Brutus : ils existent, il y en a. C'est de savoir ce qu'il doit faire pour la France et ce qu'il va proposer ou faire pour la France lorsqu'il sera candidat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il peut le faire encore ?
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr qu'il peut le faire. Bien sûr. C'est important ce que je vais dire : je suis un fidèle et sur ces sujets, je m'exprime très rarement. Donc je vous le dis : bien sûr qu'il va le faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il va faire quoi ?
STEPHANE LE FOLL
Mais vous avez posé la question de savoir s'il allait faire le projet, s'il allait être en capacité de surmonter ce que nous sommes en train de commenter. Je vous dis oui, il va le faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Là vous dites François HOLLANDE ?
STEPHANE LE FOLL
Je parle de François HOLLANDE.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il s'est parfois engagé, Emmanuel MACRON, à ne pas se présenter contre François HOLLANDE. Est-ce que le président lui aurait confié à un moment ou à un autre qu'il n'irait pas ou qu'il n'ira pas ?
STEPHANE LE FOLL
Je n'ai sur ce sujet-là aucune information et je n'ai jamais eu une discussion qui puisse accréditer la thèse que vous évoquez.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous croyez qu'Emmanuel MACRON et ses proches cherchent à rendre impossible la candidature HOLLANDE ?
STEPHANE LE FOLL
J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de gens et je regarde d'ailleurs aussi du côté de la gauche avec Benoît HAMON, Arnaud MONTEBOURG, Marie-Noëlle LIENEMANN, une espèce de profusion de candidatures qui n'ont qu'un seul objectif : d'empêcher François HOLLANDE. D'ailleurs Arnaud MONTEBOURG a au moins le mérite de le dire de manière très claire. Mais est-ce que c'est ça l'enjeu ? Est-ce que c'est ça la question qui est posée à la France ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il peut empêcher François HOLLANDE d'être candidat ?
STEPHANE LE FOLL
Non. Je vous ai répondu non. Ce n'est pas ça qui peut empêcher François HOLLANDE d'être candidat. Il sera candidat quand il le décidera. C'est la France qui compte et pas eux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et quand vous pensez que le président sortant se mettra lui aussi en marche ?
STEPHANE LE FOLL
Il s'expliquera sur un certain nombre de grands sujets qui sont d'actualité le 8 septembre, je vous le dis, salle Wagram.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et est-ce que vous pensez qu'on l'entend encore ? Qu'on peut l'écouter ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense qu'on peut et qu'on doit l'écouter. Parce que ce qu'il a traversé, et je l'ai dit d'ailleurs à Colomiers, depuis l'arrivée à la tête du pays au mois de juin-juillet 2012, ce sont des grandes difficultés. On sait qu'aujourd'hui il y a des choses qui vont dans le bon sens. Ce pays se redresse, l'Europe est un enjeu colossal. Il y en a qui en parlent aujourd'hui ? Sauf le président de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Demain, vous entendrez Tony BLAIR ici.
STEPHANE LE FOLL
C'est la clef de voute de la République. C'est un homme politique avec, en Europe, Angela MERKEL qui porte sur ses épaules l'enjeu du projet européen. Et puis pour le reste, le monde d'aujourd'hui lutte contre le terrorisme, il a montré qu'il était ferme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais malheureusement, on n'entend rien de ce que vous dites.
STEPHANE LE FOLL
Je suis désolé. Je ne peux pas parler plus fort sinon je vais être obligé de crier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il est déterminé, MACRON, à tout faire dit-il hier, pour transformer la France dès l'année prochaine. Vous êtes donc prévenu qu'il sera candidat en 2017. Il n'y a que les naïfs qui ont encore des doutes.
STEPHANE LE FOLL
J'ai une confidence à vous faire sur la naïveté : il y a longtemps que je l'ai perdue. Donc je ne suis pas naïf et je sais parfaitement que tout ça - je le regarde d'ailleurs de manière aujourd'hui rétrospective a été plus ou moins préparé. Ce matin, je ne suis pas naïf : je sais très bien vers quoi conduit tout ce processus que vous avez décrit ce matin et qu'a mis en oeuvre Emmanuel MACRON. Je ne suis pas naïf, je dis simplement que face à ça, on rappelle des principes. D'abord la loyauté, c'est quelque chose d'important et je crois que c'est une valeur extrêmement moderne contrairement à ce qui est dit souvent et en particulier par un certain nombre qui pensent faire de la politique autrement et qui oublient cette dimension et cette valeur. Deuxièmement, c'est la France qui compte, c'est la France. Le reste, c'est de la petite histoire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est un bon ministre de l'Economie ?
STEPHANE LE FOLL
Ç'a été un ministre de l'Economie. Il y a eu une loi qui a été votée. Après, chacun en jugera.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très vite, deux remarques. L'Elysée a annoncé la démission. « Il va se consacrer entièrement à son mouvement politique ». Est-ce que c'est à la présidence de la République de faire ainsi la promotion du mouvement qui est organisé en plus contre vous ? Et deuxième remarque : vous-même, votre commentaire sibyllin a été, je vous cite : « Il est plus facile de dire ce qu'on n'est pas mais beaucoup plus difficile de dire ce qu'on est ». Est-ce que vous pouvez traduire ce charabia ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, je vais répondre aux deux questions. Sur la partie du mouvement : ce n'est pas un mouvement, c'est un parti. Il s'appelle En Marche ! et En Marche ! les deux initiales c'est Emmanuel MACRON. Donc c'est un parti qui incarne l'ambition d'Emmanuel MACRON. Il a crée un parti, il va s'occuper d'un parti. Quand on dit qu'il faut sortir du système et qu'on crée un nouveau parti, je vous laisse ; chacun est juge. Ensuite, par rapport à ce que j'ai dit, ce qui me frappe c'est qu'Emmanuel MACRON se définit en disant : « Je ne suis ni de droite, ni de gauche. Je ne suis pas socialiste », et je reprends ces deux termes pour dire : c'est plus facile de dire ce que je ne suis pas que de dire et ça sera maintenant l'heure de vérité ce qu'il est.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Deux remarques parce que vous êtes ministre de l'Agriculture. LACTALIS : un accord est intervenu. Les dirigeants agricoles trouvent qu'il est équilibré, donc la mobilisation et la pression ont payé. L'Etat a donné une image, pardon, d'impuissance et de désarroi. C'était l'Etat-spectateur. Est-ce que vous avez obtenu le numéro de téléphone de monsieur BESNIER ?
STEPHANE LE FOLL
Je refuse, Jean-Pierre ELKABBACH, cette manière de présenter les choses. On est dans une relation commerciale, je suis désolé - où vous êtes dans une autre économie, il faudra que vous m'expliquiez laquelle mais il n'y a pas pour l'Etat à venir directement négocier dans les négociations commerciales. L'Etat a joué son rôle, pleinement son rôle, et cette histoire de numéro de téléphone de monsieur BESNIER, je vais encore le répéter ce matin : je n'ai pas le numéro de téléphone de monsieur BESNIER et ma conception de la République ce n'est pas celle des copains. Ce n'est pas par un petit coup de fil ni à Jean-Pierre ELKABBACH ni à monsieur BESNIER que je règle les problèmes. Moi, je le fais dans le cadre de négociations qui se sont passées à la préfecture de Mayenne. L'Etat était là comme médiateur et moi aussi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vendredi, vous avez invité à Chambord vingt ministres de l'Europe, vingt ministres de l'Agriculture de l'Europe, peut-être pour parler de l'aide et cætera. Est-ce que vous allez parler du traité de libre-échange entre l'Europe et les Etats-Unis ? La Maison Blanche a dit : « De toute façon, cette année ce sera signé ». Est-ce que la France a le droit de veto ?
STEPHANE LE FOLL
La France, on va être clair, un accord pourrait être trouvé s'il était global et équilibré. Aujourd'hui ce n'est pas le cas donc la France n'est pas favorable à la signature de cet accord. Il suffit qu'un pays ne le soit pas pour qu'il n'y ait pas d'accord.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup, Stéphane LE FOLL. Je peux vous donner le numéro de téléphone de Jean-Pierre ELKABBACH.
STEPHANE LE FOLL
Ça, je l'ai.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il ne m'appelle pas, il ne m'appelle pas.
STEPHANE LE FOLL
Vous direz à CANTELOUP que la seule question qui m'a été posée sur cette affaire de LACTALIS était de savoir si j'avais le numéro de téléphone de monsieur BESNIER : je ne l'ai pas et je n'en veux pas. Je le dis à CANTELOUP et je n'ai pas annoncé, cher Nicolas, ma démission ce matin.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup. Demain c'est donc Tony BLAIR qui sera votre invité, Jean-Pierre. A demain.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 septembre 2016