Texte intégral
Béatrice Schönberg
Alain Richard, bonsoir. Au-delà de la philosophie de ce futur accord de paix, on a beaucoup de questions concrètes à vous poser. Tout d'abord, confirmez-vous que des experts militaires de l'OTAN sont en route pour Belgrade ? Quelle sera leur tâche ?
Alain Richard
Nous savions que, dès que les conditions politiques seraient créées, et c'est le cas depuis hier, il fallait que les militaires se voient pour organiser de façon précise et vérifiable le retrait des forces serbes de toute nature. Elles représentent en effet la menace pour la sécurité des réfugiés et pour la mise en place progressive de la force internationale de sécurité. Ce travail a en fait commencé aujourd'hui par différents contacts. D'un point de vue formel, les délégations du commandement serbe, des militaires de l'Alliance et les partenaires se verront demain.
Béatrice Schönberg
Les choses pourraient apparemment aller très vite, puisque l'on parle d'un retrait dans les 48 heures de la DCA serbe, et dans les 8 jours des forces militaires serbes. Ceci vous paraît-il réalisable ?
Alain Richard
Oui. Ce territoire n'est pas très étendu, et la force serbe est de 35 à 40 000 hommes. Sans doute, certaines unités tarderont un peu à se déplacer, mais le délai de 8 jours, prévu dans le cadre politique et accepté par le pouvoir serbe, est réaliste.
Béatrice Schönberg
Question cruciale : comment allez-vous vérifier sur le terrain au jour le jour le retrait des forces serbes, compte tenu que les chars sont partiellement enfouis, les routes coupées et les ponts détruits ?
Alain Richard
Il y aura toute une série de dispositions prises par les forces de l'Alliance et les partenaires russes. Mais la première chose concerne évidemment l'engagement des militaires serbes de ne plus utiliser les moyens antiaériens et, par conséquent, la possibilité pour les avions des pays alliés de vérifier à basse altitude tout ce qui se passe.
Béatrice Schönberg
En Macédoine, il y a pour le moment 15 000 hommes. Pouvez-vous nous confirmer le nombre de soldats français qui participeront à la K-FOR, qui est la future force internationale ?
Alain Richard
6 000 hommes. Le général Kelche a aujourd'hui donné les ordres de mise en route de la deuxième partie de notre contingent. Il se présentera dans le port de Thessalonique le 15 juin. Le 17 ou 18 juin, l'ensemble des compositions de notre force sera disponible à la frontière entre la Macédoine et le Kosovo.
Béatrice Schönberg
Cela ira donc très vite ?
Alain Richard
Oui. En tout cas, les 3 000 premiers hommes feront partie des premiers éléments.
Béatrice Schönberg
Moscou a annoncé une participation de 5 000 à 10 000 soldats dans la force de paix. Comment se répartira cette force internationale de paix ? Y aura-t-il des secteurs de commandement ? Les Russes seront-ils sous commandement de l'OTAN ? Ce sont des questions primordiales.
Alain Richard
C'est en effet très important. Il ne faut pas y voir une question de fétichisme militaire, mais bien les conditions du sentiment de sécurité des réfugiés. Après la terreur des massacres qu'ils viennent de vivre, les réfugiés préféreront rester dans les sites d'accueil à l'extérieur du Kosovo, s'ils n'ont pas le sentiment qu'ils sont réellement en sécurité. Ils nous faut donc absolument une force qui crée la sécurité, sous commandement unifié, et qui puisse réagir face à toute remontée de violence éventuelle. Les Russes y ont bien entendu une part importante. Ils auront un rôle politique. Il y aura un conseil politique mandaté qui encadrera la force. Dans la hiérarchie, ils doivent également avoir leur place. S'il y a des secteurs, ils ne faut pas qu'il puisse y avoir des politiques de sécurité différentes d'un secteur à l'autre. Ce serait le partage ethnique du Kosovo, ce dont nous ne voulons pas. Il y a eu un débat dans notre pays, comme dans toutes les démocraties, pour savoir si les positions que le Président de la République et le gouvernement ont prises pour faire face à la crise, étaient les bonnes. Une majorité de Français a considéré, malgré les inconvénients et les critiques, que le choix que nous avions fait, était conforme à nos valeurs et à nos principes d'Européens démocrates. Ce qui se passe aujourd'hui, montre qu'ils n'ont pas eu tort d'avoir fait cet acte de confiance.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 9 juin 1999)
Alain Richard, bonsoir. Au-delà de la philosophie de ce futur accord de paix, on a beaucoup de questions concrètes à vous poser. Tout d'abord, confirmez-vous que des experts militaires de l'OTAN sont en route pour Belgrade ? Quelle sera leur tâche ?
Alain Richard
Nous savions que, dès que les conditions politiques seraient créées, et c'est le cas depuis hier, il fallait que les militaires se voient pour organiser de façon précise et vérifiable le retrait des forces serbes de toute nature. Elles représentent en effet la menace pour la sécurité des réfugiés et pour la mise en place progressive de la force internationale de sécurité. Ce travail a en fait commencé aujourd'hui par différents contacts. D'un point de vue formel, les délégations du commandement serbe, des militaires de l'Alliance et les partenaires se verront demain.
Béatrice Schönberg
Les choses pourraient apparemment aller très vite, puisque l'on parle d'un retrait dans les 48 heures de la DCA serbe, et dans les 8 jours des forces militaires serbes. Ceci vous paraît-il réalisable ?
Alain Richard
Oui. Ce territoire n'est pas très étendu, et la force serbe est de 35 à 40 000 hommes. Sans doute, certaines unités tarderont un peu à se déplacer, mais le délai de 8 jours, prévu dans le cadre politique et accepté par le pouvoir serbe, est réaliste.
Béatrice Schönberg
Question cruciale : comment allez-vous vérifier sur le terrain au jour le jour le retrait des forces serbes, compte tenu que les chars sont partiellement enfouis, les routes coupées et les ponts détruits ?
Alain Richard
Il y aura toute une série de dispositions prises par les forces de l'Alliance et les partenaires russes. Mais la première chose concerne évidemment l'engagement des militaires serbes de ne plus utiliser les moyens antiaériens et, par conséquent, la possibilité pour les avions des pays alliés de vérifier à basse altitude tout ce qui se passe.
Béatrice Schönberg
En Macédoine, il y a pour le moment 15 000 hommes. Pouvez-vous nous confirmer le nombre de soldats français qui participeront à la K-FOR, qui est la future force internationale ?
Alain Richard
6 000 hommes. Le général Kelche a aujourd'hui donné les ordres de mise en route de la deuxième partie de notre contingent. Il se présentera dans le port de Thessalonique le 15 juin. Le 17 ou 18 juin, l'ensemble des compositions de notre force sera disponible à la frontière entre la Macédoine et le Kosovo.
Béatrice Schönberg
Cela ira donc très vite ?
Alain Richard
Oui. En tout cas, les 3 000 premiers hommes feront partie des premiers éléments.
Béatrice Schönberg
Moscou a annoncé une participation de 5 000 à 10 000 soldats dans la force de paix. Comment se répartira cette force internationale de paix ? Y aura-t-il des secteurs de commandement ? Les Russes seront-ils sous commandement de l'OTAN ? Ce sont des questions primordiales.
Alain Richard
C'est en effet très important. Il ne faut pas y voir une question de fétichisme militaire, mais bien les conditions du sentiment de sécurité des réfugiés. Après la terreur des massacres qu'ils viennent de vivre, les réfugiés préféreront rester dans les sites d'accueil à l'extérieur du Kosovo, s'ils n'ont pas le sentiment qu'ils sont réellement en sécurité. Ils nous faut donc absolument une force qui crée la sécurité, sous commandement unifié, et qui puisse réagir face à toute remontée de violence éventuelle. Les Russes y ont bien entendu une part importante. Ils auront un rôle politique. Il y aura un conseil politique mandaté qui encadrera la force. Dans la hiérarchie, ils doivent également avoir leur place. S'il y a des secteurs, ils ne faut pas qu'il puisse y avoir des politiques de sécurité différentes d'un secteur à l'autre. Ce serait le partage ethnique du Kosovo, ce dont nous ne voulons pas. Il y a eu un débat dans notre pays, comme dans toutes les démocraties, pour savoir si les positions que le Président de la République et le gouvernement ont prises pour faire face à la crise, étaient les bonnes. Une majorité de Français a considéré, malgré les inconvénients et les critiques, que le choix que nous avions fait, était conforme à nos valeurs et à nos principes d'Européens démocrates. Ce qui se passe aujourd'hui, montre qu'ils n'ont pas eu tort d'avoir fait cet acte de confiance.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 9 juin 1999)