Texte intégral
L'emploi, et surtout l'emploi des jeunes, c'est la clé pour déverrouiller la société française, pour lui faire reprendre confiance.
Même dans une économie mondialisée, et pour une part dématérialisée, les entreprises sont ancrées dans des territoires.
Cette approche est celle de la fondation FACE, de son président Gérard MESTRALLET, de ses clubs et des milliers de chefs ou de salariés d'entreprises qui s'y impliquent.
Vous savez qu'un développement vertueux des entreprises ne peut se faire durablement dans un environnement social délabré.
Et c'est pour ça que l'emploi doit être notre préoccupation commune, parce que nous voulons la réussite de nos territoires, comme ici à Arras, de notre pays, et de nos entreprises.
Nous sommes ici au cur de l'action de la politique de la Ville. Quelques chiffres nous le rappellent :
- Les taux de chômage sont 2,5 fois plus élevés dans les quartiers, y compris chez les jeunes diplômés qui croient à la promesse républicaine de la réussite par le mérite ;
- 36 % des jeunes de moins de 30 ans ne sont ni en emploi, ni en formation ;
- A compétence égale, le nom et l'origine peuvent obliger à envoyer 4 fois plus de CV pour décrocher un entretien.
Ce n'est pas tenable, ni pour ces quartiers ni pour notre cohésion nationale.
Il y a dans ces quartiers beaucoup de jeunes qui veulent aller loin, et qui ont la volonté et le bagage pour le faire.
Ce qui leur manque, c'est ce qui paraît facile et naturel à beaucoup d'autres :
- trouver la bonne information pour choisir son orientation, sa formation,
- taper à la bonne porte pour trouver un stage ou un emploi,
- connaître les codes, avoir confiance en soi
C'est la responsabilité de la puissance publique de rétablir l'égalité républicaine pour ceux qui ont moins d'opportunités. « Etre le réseau de ceux qui n'en ont pas ».
Mais rien ne pourra se faire sans l'implication des entreprises.
La société attend que les entreprises assument leur responsabilité sociale, qui se confond le plus souvent avec leur intérêt économique : avoir des salariés à l'image de la société et accroître leur vivier de talents.
Ma volonté est que les entreprises, grandes et petites, et leurs réseaux, deviennent des partenaires naturels de la politique de la ville. Tant aux yeux des entreprises elles-mêmes, que des pouvoirs publics. Ce n'est pas encore toujours le cas.
La conviction selon laquelle existent des enjeux communs à la puissance publique et aux acteurs privés est au fondement du partenariat, ancien et solide, entre le ministère de la Ville et FACE, que nous renouvelons et renforçons aujourd'hui.
Ce partenariat a plusieurs enjeux :
- poursuivre le déploiement des actions en cours bien sûr, comme le CV vidéo ;
- déployer des actions nouvelles, comme l'accueil au sein des entreprises de stagiaires de 3e (car les discriminations commencent très tôt) ou l'accompagnement des jeunes diplômés des quartiers dans leur recherche d'emploi ;
- et développer sur encore plus de territoires la participation des entreprises aux contrats de ville comme des partenaires à part entière (et non des acteurs qu'on sollicite pour les seuls déplacements d'un ministre).
Je suis particulièrement heureux que ce partenariat national soit conclu non pas à Paris mais sur le terrain, ici à Arras.
Je veux saluer l'engagement des entreprises du club FACE Artois, dont plusieurs actions qui nous ont été présentées sont soutenues par les financements de l'Etat et des collectivités.
Cette nouvelle forme de collaboration entre collectivités publiques et entreprises montre que nous allons vers un modèle de plus en plus démocratique, ce qui est une force, car il est fondé sur l'intelligence collective.
La démocratie, ce n'est ni le « tout-Etat », ni le « tout-marché ».
Ce sont des acteurs pluriels qui se parlent, qui cherchent à se comprendre et qui agissent ensemble pour le bien commun, pour donner plus à ceux qui ont moins.
C'est le sens de nos engagements conjoints en faveur des quartiers populaires.
Je vous remercie.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 11 octobre 2016