Texte intégral
THOMAS HERVE
Tout de suite, il s'agit des « 4 vérités » et Jeff WITTENBERG reçoit ce matin, Hélène GEOFFROY, qui est secrétaire d'État chargée à la Ville. Bonjour madame et bonjour Jeff.
JEFF WITTENBERG
Bonjour à tous, et en effet, bonjour à vous Hélène GEOFFROY.
HÉLÈNE GEOFFROY
Bonjour.
JEFF WITTENBERG
Vous êtes un des nouveaux visages de l'actuel gouvernement. Vous vous occupez, Thomas le disait, de la Ville, c'est-à-dire des quartiers parfois et souvent défavorisés des banlieues. Aujourd'hui on va parler de la ville, parce qu'il y a un évènement particulier, vous allez lancer... un Forum des conseils citoyens va avoir lieu. Expliquez-nous de quoi il s'agit.
HÉLÈNE GEOFFROY
Voilà, c'est le premier Forum national des conseils citoyens. Nous allons réunir des habitant qui viennent de tous les quartiers populaires de notre pays, l'Hexagone et l'Outre-mer compris, avec la volonté que ceux qui vivent et ceux qui travaillent dans les quartiers populaires, puissent dire la réalité qui est la leur et montrer leur engagement.
JEFF WITTENBERG
Une réalité qui est difficile.
HÉLÈNE GEOFFROY
Parfois, mais aussi qui est pleine de réussite et de potentiel. Les conseillers citoyens c'est une création de notre quinquennat, c'est la loi Lamy en 2014 qui les installe, comme participant à la prise de décisions auprès des élus locaux, des services de l'Etat. Pour la première fois en France, dans nos quartiers populaires et dans notre pays en réalité, les habitants vont décider avec les élus et l'État.
JEFF WITTENBERG
Alors, c'est une initiative qui date de 2014, la politique de la ville, elle, remonte à 1990, sous François MITTERRAND, et pourtant on a l'impression, année après année, qu'elle se solde finalement par un grand échec, lorsqu'on voit que tant d'habitants de ces quartiers ne se sentent pas appartenir, aujourd'hui, même à la communauté française.
HÉLÈNE GEOFFROY
Mais bien sûr, il y a un désir d'appartenir à la Nation très puissant, en réalité, dans nos quartiers populaires. La réalité c'est qu'il faut que l'on sorte, et c'est aussi une triste réalité, d'un eux et d'un nous, entre les quartiers les plus favorisés, les quartiers les plus populaires. Il faut sortir d'un débat qui est souvent stigmatisant. C'est vrai que cela devient à peu près insupportable depuis un an et demi, que les quartiers populaires soient montrés du doigt, comme la source de tous les maux de la société française, alors que les solutions sont en train de s'élaborer. Et c'est ce que nous allons montrer pendant toute la journée, aujourd'hui.
JEFF WITTENBERG
Quelles solutions, madame GEOFFROY ? Les détracteurs de la politique de la ville disent que depuis des années on a injecté des millions pour la rénovation urbaine, on a parlé de plan Marshall dans les villes, au niveau des collectivités locales, et finalement, la situation n'a fait qu'empirer.
HÉLÈNE GEOFFROY
Mais pas du tout. Pas du tout, vous verrez des habitants, vous verrez des gens qui témoignent de la réussite, d'abord de la transformation physique de nos quartiers. Vous savez, avoir un cadre de vie qui s'améliore, quand l'habitat devient digne, c'est aussi pouvoir inviter des gens chez soi et retrouver dignité et puis c'est aussi la politique de la ville, travailler sur les questions...
JEFF WITTENBERG
Est-ce que cela a amélioré le vivre ensemble, dans ces quartiers, malgré la rénovation urbaine ?
HÉLÈNE GEOFFROY
Ça a amélioré, et nous avons à travailler aussi les questions d'emploi et d'éducation, c'est ce que nous avons fait, tout ce quinquennat, quand nous avons remis des enseignants dans les quartiers populaires, remis la sécurité au coeur des sujets, dans les quartiers populaire, travaillé sur l'accès à l'emploi.
JEFF WITTENBERG
Vous dites que ça va mieux, alors, un petit peu comme François HOLLANDE, dans certains quartiers.
HÉLÈNE GEOFFROY
Moi, ce que je dis en tout cas, c'est qu'on a remis les bases pour que dans les quartiers populaires tout le droit commun revienne. C'est-à-dire que quand une politique est faite au niveau national, on pense aux quartiers populaires. Ce n'était pas la réalité avant ce quinquennat. Et donc, ce que je dis, ce n'est pas que tout est réglé, évidemment, mais c'est que des habitants qui s'engagent, comme les conseillers citoyens qui travaillent et qui le diront aujourd'hui, qui diront les réussites, qui diront que leurs enfants sont totalement dans notre République, aient envie que la promesse républicaine s'applique aussi pour eux, comme pour tous les autres.
JEFF WITTENBERG
La promesse républicaine, comment vous luttez, par exemple, à votre niveau, contre la radicalisation, qui n'est pas du tout la promesse républicaine, qui gagne, qui gagne d'année en année, de semaine en semaine, les quartiers ? On voit de plus en plus de jeunes se radicaliser, partir faire le djihad. Comment vous luttez à votre niveau ?
HÉLÈNE GEOFFROY
D'abord, je lutte contre un préjugé qui voudrait que ce soit des quartiers populaires que naissent toutes les formes de radicalisation. Ce n'est pas vrai. Aujourd'hui, c'est un sujet de toute la société française, la question de la radicalisation, et toute la société française doit s'en sortir, s'en saisir, parce que les jeunes viennent de partout, en réalité. Mais nous avons bien sûr des plans de prévention avec le ministère de l'Intérieur, le ministère de la Ville, le ministère de l'Education nationale, le ministère des Affaires sociales...
JEFF WITTENBERG
Qui ne marche pas pour l'instant. Le phénomène.
HÉLÈNE GEOFFROY
Mais nous commençons le sujet, le plan a été lancé le 9 mai, mais nous traitons les choses en face, sur ce plan-là. Et puis ensuite, quel est le deuxième message que nous avons, nous, à dire ? C'est que dans nos quartiers populaires, nous sommes en train de produire les anticorps, nous-mêmes, les réponses à tous les tenants d'un développement séparé, à tous les extrémistes. Parce que vous savez, le vivre ensemble, nous l'éprouvons depuis longtemps, il y a toutes les histoires personnelles, dans les quartiers populaires, nous savons le faire.
JEFF WITTENBERG
Je précise qu'avant d'être ministre, secrétaire d'Etat, vous étiez maire de Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise.
HÉLÈNE GEOFFROY
Oui, et donc j'en parle en connaissance de cause, c'est-à-dire que j'ai vu ces réussites et ces visages de la République aujourd'hui, qui sont en train d'irriguer toute la société française.
JEFF WITTENBERG
Madame GEOFFROY, lorsque certains jeunes s'en prennent aux policiers, leur tendent des guet-apens, comme à Mantes-la-Jolie, c'était quelques jours seulement après l'agression criminelle de Viry-Châtillon, est-ce que vous comprenez que cela donne une image quand même assez terrible de certains quartiers, qu'après vous devez « ramer », si vous me permettez l'expression, pour changer l'image de ces quartiers-là, on pense à des zones de non-droits aujourd'hui.
HÉLÈNE GEOFFROY
C'est la responsabilité de tous. La question de la police, peut-être qu'il faut sortir d'un cliché aussi. Les habitants des quartiers populaires ils demandent la présence de la police, ils demandent la sécurité comme un droit comme pour tous les autres. Moi je regrette que...
JEFF WITTENBERG
Il y a des quartiers où les policiers ont peur d'aller aujourd'hui, c'est pour ça aussi qu'ils manifestent.
HÉLÈNE GEOFFROY
... dans le quinquennat précédent, ils aient été retirés des quartiers populaires pour être concentrés dans les quartiers plus favorisés. Les policiers, ça y est, sont nommés. Nous avons des zones de sécurité prioritaire, nous avons à lutter contre des phénomènes de trafic ou de délinquance, évidemment, mais l'essentiel et les gens et la grande majorité des habitants aujourd'hui demandent aussi la présence de la police. Après, nous avons à travailler sur l'amélioration des relations entre la police et les jeunes. C'est un travail dans lequel nous sommes tous engagés, le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Ville, vous voyez, travaillent ensemble sur ces sujets-là.
JEFF WITTENBERG
C'est François HOLLANDE qui clôturera tout à l'heure ce Forum des conseils citoyens, dont vous nous parliez. Sa parole, à François HOLLANDE, elle a encore un poids ? Alors qu'on le voit dans les sondages, il est le président le plus impopulaire que n'ait jamais connue la Vème République.
HÉLÈNE GEOFFROY
Aujourd'hui, c'est le président de la République, aussi, François HOLLANDE, qui vient parler à des habitants qui ont choisi...
JEFF WITTENBERG
Il peut encore promettre des choses ?
HÉLÈNE GEOFFROY
Oui, mais qui ont choisi plus que cela, il vient reconnaitre un engagement. Moi, c'est une révolution démocratique que je vais illustrer aujourd'hui, et puis il va dire aussi comment la politique de la ville a accompagné la transformation de nos quartiers populaires et comment elle va continuer, et comment les habitants vont incarner pour la France, un avenir.
JEFF WITTENBERG
Vous êtes une bonne élève du gouvernement, vous défendez le président, mais vous savez qu'il a été élu en 2012 aussi grâce à des voix qui viennent des quartiers populaires...
HÉLÈNE GEOFFROY
Bien sûr.
JEFF WITTENBERG
Vous pensez que ces électeurs revoteraient pour lui, alors qu'eux aussi ont été déçus pars des promesses non tenues, notamment par la non baisse effective du chômage.
HÉLÈNE GEOFFROY
Les quartiers populaires, ils sont à l'image de la France, c'est ça aussi, vous l'aurez compris, le sens de mon propos, vous le savez. Ce sont des habitants qui sont traversés par les mêmes doutes et les mêmes questionnements que le reste de la France.
JEFF WITTENBERG
Donc, est-ce qu'ils revoteront pour François HOLLANDE ?
HÉLÈNE GEOFFROY
Donc ça veut dire... Mais ce sont aussi des habitant qui ont éprouvé et qui savent ce que la gauche apporte, et qui savent que l'espoir aussi, la considération elle vient presque toujours de la gauche, la où la droite malheureusement a un regard si stigmatisant sur les quartiers populaires. Alors, mois je crois qu'au moment où nous serons au bilan, où nous redirons les enseignants, la police, nous redirons la transformation physique des quartiers populaires, les habitants choisiront en connaissance de cause. Vous l'avez dit, moi je suis députée-maire de Vaulx-en-Velin, j'ai vu... je l'étais avant de devenir secrétaire d'Etat, j'ai vu les choses concrètement évoluer. Et puis nous aurons à convaincre.
JEFF WITTENBERG
Et vous êtes aussi membre du Parti socialiste, vous faites partie aussi de ceux et celles qui lui conseillent malgré tout, à François HOLLANDE d'y aller, à ce combat présidentiel ?
HÉLÈNE GEOFFROY
Ah mais moi je lui dis d'y aller, parce que nous n'avons pas à rougir, nous n'avons pas à nous couvrir la tête de cendres, nous avons fait les choses, nous avons redressé le pays, nous avons redonné de la considération à tous les habitants de notre pays, et puis les habitants...
JEFF WITTENBERG
Et il faut y aller derrière ce candidat-là.
HÉLÈNE GEOFFROY
Et il faut y aller pour aller dire ce que nous avons fait et porter aussi un projet qui rassemble. Nous sommes aujourd'hui face à un moment où les uns et les autres auraient, où la droite en tout cas a envie de diviser les Français, les dresser les uns contre les autres. Nous, nous pouvons avoir un message de rassemblement et aujourd'hui vous verrez cet engagement.
JEFF WITTENBERG
Eh bien on vous a entendue. Merci beaucoup Hélène GEOFFROY.
HÉLÈNE GEOFFROY
Merci.
JEFF WITTENBER
C'est à vous Thomas. Très bonne journée.
THOMAS HERVE
Merci, très bonne journée à vous également.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 octobre 2016