Déclaration de Mme Pascale Boistard, secrétaire d'Etat aux personnes âgées et à l'autonomie, sur la mobilisation de la filière de la silver économie et le vieillissement de la population, Paris le 12 décembre 2016.

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C'est un plaisir de vous accueillir au ministère des affaires sociales et de la santé et de nous voir réunis aujourd'hui pour engager l'acte 2 de la Silver économie.
Dès 2012, la Silver économie a été identifiée par le gouvernement comme un enjeu stratégique majeur, à double titre.
C'est tout d'abord la mobilisation de notre économie au service de l'avancée en âge de notre société, qui connaît une transition démographique sans précédent.
Il s'agit d'apporter une réponse ambitieuse et humaine face à un défi démographique. Il s'agit de prendre ses responsabilités, face à une situation que connaissent la plupart des pays du monde.
Je veux déjà y voir une forme de reconnaissance pour l'ensemble des professionnels qui œuvrent au quotidien pour nos aînés, au sein de services d'aides à domicile, d'établissements pour personnes âgées dépendantes, de résidences autonomie ou résidences services, d'associations.
Et vous le savez, nous avons il y a un peu moins d'un an promulgué une loi ambitieuse et exhaustive dans son champ d'application : la loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement. Cette loi nous rappelle, si besoin était, qu'il nous faut adopter une approche globale du vieillissement de notre population. Nous devons surtout adapter l'ensemble des domaines de la vie quotidienne afin que chacun puisse se sentir citoyen à tous les âges de la vie.
Nous ne parlons donc plus seulement d'accompagner la dépendance ou la perte d'autonomie mais bien d'œuvrer pour le logement, les transports, l'aménagement des espaces publics, l'accès à la culture, l'accès aux loisirs, l'entretien des capacités cognitives, et tant d'autres, pour les préretraités et retraités.
C'est cela la silver économie.
Et il nous faut la développer car nos concitoyens aspirent justement à le rester le plus longtemps possible.
La deuxième raison qui en fait un enjeu stratégique majeur, c'est l'opportunité qui nous est offerte de développer notre économie.
La transition démographique nous amène naturellement de l'activité économique, dans tous les domaines que j'ai mentionnés. Charge à nous d'en favoriser le développement rapide et structuré. En mobilisant l'intelligence humaine et l'innovation technologique dont nous sommes capables.
Nos savoir-faire sont déjà reconnus à l'étranger, en Wallonie, au Québec, en Chine. C'est un très bel horizon qui s'offre à nous.
La Silver économie s'est considérablement structurée en quatre ans.
Des écosystèmes ont émergé sur les territoires, conduits par des régions, agences régionales de développement, clusters, gérontopôles. Des outils d'accompagnement et de financement également, à travers des fonds de prêts d'honneur, ou fonds d'investissement. De nombreuses entreprises se sont confortées dans le domaine et certaines en ont pris toute la mesure. Tout ceci est le terreau propice à un développement économique soutenu.
En septembre 2015, le comité stratégique de filière s'est engagé dans de nouveaux travaux, auxquels vous avez, pour certains d'entre vous, participé.
Il s'agissait de prendre acte des avancées de la silver économie, d'identifier les freins pour les lever autant que possible, et d'identifier de nouveaux leviers de développement.
Je tiens à vous remercier pour l'engagement qui a été le vôtre dans ces groupes de travail et pour les nombreuses propositions qui ont émergé.
Elles ont mis en avant la nécessité de renforcer la filière sur plusieurs axes, tels que le rapprochement de l'offre et de la demande, la commande publique pour les produits et services de la silver économie, l'adaptation du logement et du cadre de vie.
Elles mettent aussi en avant la nécessité d'ouvrir un nouveau cycle pour la silver économie. C'est ce à quoi nous avons œuvré depuis plusieurs mois.
Plusieurs temps forts ont déjà eu lieu, tels que l'installation du pôle silver économie Corsica, la remise d'une lettre de mission à France Silver Eco pour clarifier son positionnement et ses contributions - qui se poursuivra en janvier par une convention pluriannuelle d'objectifs entre le ministère des affaires sociales et France Silver Eco - ainsi que la remise d'une lettre de mission à l'union des groupements d'achat public.
Nous souhaitons aujourd'hui réaffirmer notre ambition stratégique et consolider la gouvernance de la silver économie, pour accélérer l'amélioration des politiques de l'autonomie et notre développement industriel.
Vous m'avez déjà entendu le dire, je suis convaincue que la constitution de cette industrie pourra se faire efficacement, si et seulement si les acteurs en présence partagent une même ambition : celle de mettre la personne au centre du système.
C'est la personne qui doit guider notre action. La compréhension de ses besoins, de ses envies, de ses moyens financiers. Pour lui proposer des solutions adaptées, respectant sa citoyenneté.
Cela est valable dans tous les domaines, comme je le disais précédemment.
Cela signifie aussi que nous pouvons proposer à tous les âges des produits et services, utiles bien sûr, mais aussi, beaux et accessibles, notamment financièrement.
Il est également essentiel que les responsabilités et compétences territoriales soient reconnues.
Les régions et les départements ont des rôles de premier plan à cet égard.
Les régions, en charge du développement économique, ont vocation à développer un écosystème favorable au développement des entreprises sur leur territoire, pour rayonner au niveau national et international. J'ai eu l'occasion de le rappeler le 7 décembre lors du comité des silver régions, organisé par France Silver Eco.
Les départements ont, quant à eux, été réaffirmés comme chefs de file des politiques de l'autonomie. Ils ont un important travail de structuration de l'offre à opérer sur leur propre territoire. C'est tout le sens notamment des conférences des financeurs de la perte d'autonomie qu'ils président, qui doivent permettre de mieux identifier et programmer l'offre en matière de prévention.
Il appartient aux départements d'organiser une réponse globale, en s'appuyant sur la richesse des initiatives développées par leur région ou par d'autres. Des réponses apportées aussi par le tissu économique et social de leur territoire, ou des collectivités locales qui y sont présentes et souvent très actives en la matière.
Enfin, il nous faut collectivement favoriser un développement pertinent des initiatives territoriales. De nombreux projets ont émergé depuis le lancement de la silver économie, qui ont fait l'objet de multiples financements.
Nous avons la responsabilité de mieux maîtriser le développement de ces projets, d'être exigeants bien sûr, mais aussi de prévoir, avant même leur lancement, les conditions qui leur permettront de s'inscrire dans la durée. Je parle notamment de leur modèle économique.
Cette ambition, formulée ici, nous oblige à consolider la gouvernance de la filière, afin qu'elle puisse trouver une traduction opérationnelle.
J'insisterai sur 2 points.
Le premier, c'est la mise en place d'une instance de coordination et de développement des initiatives territoriales, associant l'Etat, la Caisse des dépôts et consignations, la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie, la Caisse nationale d'assurance vieillesse.
Je souhaite que cette instance puisse associer rapidement des représentants des conseils départementaux bien sûr, mais aussi des régions, des caisses de retraite complémentaire, des institutions de prévoyance, des mutuelles et des usagers.
Il faudra également, bien sûr, que les représentants de services d'aide à domicile ou d'établissements puissent y contribuer car, étant en première ligne, ils ont une connaissance fine des publics en perte d'autonomie et de leurs besoins.
Il s'agira d'une part de mieux coordonner l'action et les soutiens, notamment financiers, de ces institutions et acteurs, sans se substituer, naturellement, à leurs propres organes de décisions. Dans une optique de structuration de l'offre.
Il s'agira d'autre part de proposer aux départements un cadre méthodologique pour accompagner la planification de leurs politiques de l'autonomie, dans une optique de structuration de la demande.
Les départements sont bien évidemment autonomes en la matière, mais beaucoup sont intéressés par le partage de bonnes pratiques ou la mise à disposition de lignes directrices pouvant guider leur action.
Le second point sur lequel je souhaiterais insister, c'est la mise en place d'un comité de pilotage pour l'adaptation des logements et du cadre de vie.
Nous avons signé le 5 juillet une convention multipartite poursuivant un objectif très simple : faire de l'habitat (logement comme cadre de vie) un véritable atout de l'autonomie.
C'est, d'une part le souhait de la très grande majorité des Français. Et d'autre part, un axe essentiel d'une politique de prévention pour le bien vieillir.
Cette convention s'inscrit parfaitement dans les travaux qui ont été menés par le comité de filière. Les conclusions seront donc reprises dans le comité de pilotage créé à cette occasion.
Nous veillerons à y associer également l'ensemble des acteurs pouvant apporter des innovations organisationnelles ou technologiques.
[D'autres instances sont également prévues, pour favoriser le développement économique et la connaissance du marché.]
Enfin, et j'en terminerai là, nous souhaitons dynamiser le pilotage de la silver économie, en modifiant la composition du "comité stratégique de filière", renommé "comité d'orientation", et en installant un comité de pilotage. Volontairement resserré, ce dernier assurera une coordination renforcée entre les différentes instances opérationnelles. Il s'assurera également que les membres du comité d'orientation sont bien associés aux travaux de ces instances opérationnelles.
Nous avons souhaité associer de nouvelles personnes en responsabilité au sein du comité d'orientation, qui comptera désormais deux vice-présidents et un secrétaire général.
Gilles SCHNEPP, président directeur général du groupe Legrand, que je veux remercier ici pour son investissement dans l'ensemble de ces travaux, poursuivra en tant que Vice-président.
Philippe WAHL, Président directeur général du groupe La Poste, sera également Vice-président.
À eux deux, ils représentent la nécessaire complémentarité entre les produits et les services au sein de la Silver économie.
Jérôme ARNAUD, président de Silver Valley sera, quant à lui, secrétaire général du comité d'orientation.
L'objectif de ces nominations est très clair : asseoir la représentation de la silver économie, tout en renforçant notre capacité à la piloter efficacement.
Je sais pouvoir compter sur votre investissement.
Soyez assurés de mon soutien plein et entier à la silver économie. La transition démographique, la conjoncture économique nous y obligent.
Nous sommes déterminés à saisir cette opportunité d'un avenir prometteur.
J'espère que cette feuille de route vous en convainc.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 16 décembre 2016