Texte intégral
YVES CALVI
Elizabeth MARTICHOUX, vous recevez le porte-parole du gouvernement Christophe CASTANER.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et merci beaucoup d'être en direct ce matin avec nous sur RTL, Christophe CASTANER de Forcalquier, la commune dont vous êtes maire. Bonjour à vous.
CHRISTOPHE CASTANER
Bonjour et merci de votre invitation.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous avez été réélu confortablement avec plus de 60 % des voix hier. C'est au-delà de ça une victoire incontestable pour la République en marche et, en même temps, les Français n'ont pas voulu donner un pouvoir hégémonique au président. Bonne nouvelle disait hier soir votre ami Benjamin GRIVEAUX. C'est quand même la première fois qu'un parti se réjouit d'avoir moins de députés que prévu Christophe CASTANER.
CHRISTOPHE CASTANER
D'abord, on se réjouit d'avoir une majorité forte pour accompagner l'action du gouvernement d'Edouard PHILIPPE sous l'autorité d'Emmanuel MACRON. Il y a un an, Emmanuel MACRON n'avait aucune chance d'être président de la République, il y a 3 mois nous n'avions aucune chance d'avoir une majorité absolue à l'Assemblée nationale
ELIZABETH MARTICHOUX
Il le disait lui-même, d'ailleurs on l'a entendu à 7 h 30.
CHRISTOPHE CASTANER
Et il y a 15 jours on nous disait : ah non, là ça va être un raz-de-marée, ça va être trop. Une chose est sûre, c'est qu'aujourd'hui il y a une majorité claire, nette que l'on veut efficace. Et donc maintenant, au boulot.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui mais c'est mieux d'avoir 350 députés que 450, c'est moins encombrant, c'est plus facile à gérer ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, vous savez les problèmes de riches quand on se plaint du trop plein, c'est quelque chose qui ne me concerne pas. Moi ce qui compte, c'est qu'on ait aujourd'hui des femmes et des hommes qui ont envie, qui incarnent ce renouvellement politique voulu par les Français, avec de vraies belles surprises. Et vous verrez qu'il y aura de vraies belles personnalités qui vont rejoindre les rangs de l'Assemblée, là est l'essentiel.
ELIZABETH MARTICHOUX
On verra. On a peut-être un peu trop laissé pensé que tout ça était joué, c'est vous qui disiez ça hier soir. Est-ce qu'Emmanuel MACRON n'aurait pas dû s'exprimer avant le second tour ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, moi je ne crois pas, je pense que le président de la République il a
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour éviter quand même cette déperdition de voix qui a eu lieu dans votre camp, manifestement !
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, il n'aurait fait que ce que nous avons fait, mais mieux vu qu'il est président, ces derniers temps. C'est-à-dire que moi pendant une semaine, j'ai passé mon temps à dire « attention, une élection ça se joue en deux tours ; et arrêtons de penser que c'est gagné dès le premier tour ». Il y a 5 députés qui ont été élus au soir du premier tour, il en restait donc 572 à élire la semaine suivante. Donc il y a peut-être eu un défaut de mobilisation dans notre camp, peut-être un sentiment de certitude. Et donc c'était une fragilité, quoi qu'il en soit aujourd'hui le résultat est quand même extrêmement positif. Moi, je ne vais pas me plaindre d'avoir fait 62 % dans ma circonscription, qui était considérée comme perdue d'avance, Emmanuel MACRON était arrivé en 3ème position. Donc regardons les choses avec bienveillance, vous savez qu'on aime bien ça et, donc, saluons aussi ce résultat. Mais de toute façon maintenant, ce résultat il nous oblige, la vraie victoire elle n'était pas hier, elle sera dans 5 ans quand on aura fait en sorte que les choses auront vraiment changé.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et que peut-être il y aura plus de monde qui iront voter, parce que c'est aussi quand même un échec retentissant de la démocratie et aussi celle quand même du président MACRON, qui n'a pas réussi à dynamiser cette démocratie !
CHRISTOPHE CASTANER
Mais vous avez raison, l'abstention est un échec collectif pour la politique. Et c'est pour ça qu'on a cette grande responsabilité aujourd'hui pour changer la France. Et je vous le dis, moi je n'ai pas crié victoire hier soir, je ne le fais pas ce matin sur RTL tout simplement parce que je sais que notre responsabilité est grande et que maintenant, il faut que nous fassions en sorte que les choses changent.
ELIZABETH MARTICHOUX
Encore un mot. Emmanuel MACRON, vous lui avez parlé peut-être hier soir, il s'est inquiété du fait de cette abstention qui gagne encore et atteint sous sa présidence des records tout à fait préoccupants ?
CHRISTOPHE CASTANER
Tout responsable politique n'est jamais satisfait
ELIZABETH MARTICHOUX
Il vous l'a dit ?
CHRISTOPHE CASTANER
Par une trop faible participation. Et je n'ai pas échangé avec lui sur ce sujet
ELIZABETH MARTICHOUX
Il vous en a parlé ?
CHRISTOPHE CASTANER
Mais on en a parlé pendant toute la semaine et nous savions que le risque était grand. Nous l'avions constaté au soir du premier tour, même si on peut noter que ce sont plutôt les électeurs de la République en marche qui ont voté pour lui à la présidentielle qui se sont déplacés, en particulier la semaine dernière. Et peut-être que ce sentiment de victoire acquise cette semaine a démobilisé une partie de notre électorat. C'est dommage mais une chose est sûre, c'est que le résultat politique
c'est que nous avons maintenant les moyens de mettre en oeuvre une politique, à charge pour nous de le faire. Il y a une opposition forte, des voix fortes qui siègeront à l'Assemblée nationale et, donc du coup, nous sommes dans un
ELIZABETH MARTICHOUX
Des voix fortes c'est qui, c'est Jean-Luc MELENCHON, c'est Marine LE PEN ?
CHRISTOPHE CASTANER
Vous en citez quelques-unes, mais il y en a d'autres qui sont moins connues mais qui seront des voix fortes aussi. La droite avec des élus comme JACOB qui auront aussi une parole forte dans l'hémicycle
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce que vous le voyez déjà président de groupe à nouveau, Christian JACOB, puisque vous le citez ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non mais
non, vous avez cité Marine LE PEN, donc je crois qu'elle ne sera pas présidente de groupe, ils n'auront pas de groupe.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, ils n'auront pas de groupe mais enfin tout à l'heure, Louis ALIOT a annoncé sur RTL qu'il tenterait d'en constituer avec ceux des
par exemple Nicolas DUPONT-AIGNAN mais d'autres députés qui, pour l'instant, siègent sur les non-inscrits, sur les bancs des non-inscrits. Ils arriveront peut-être, disent-ils, à y parvenir !
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous pensez quoi ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non mais je n'ai pas d'avis
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous croyez quoi ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je n'ai pas d'avis sur le sujet et je n'ai pas à décider qui s'organise en groupe. Le Parlement et l'Assemblée nationale est autonome et, donc, il ne m'appartient pas de dire ce qu'elle devrait faire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais vous êtes en première ligne, si vous gardez le portefeuille de ministre des Relations avec le Parlement
CHRISTOPHE CASTANER
Vous avez raison de mettre
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous allez le garder ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ce préalable mérite d'être posé, ça relève du président de la République, du Premier ministre. Le Premier ministre sera amené dans les heures qui viennent à présenter sa démission, comme le veut l'usage
ELIZABETH MARTICHOUX
Avant la fin de la matinée, vous confirmez ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, dans la journée je pense et dans les jours qui viennent, un nouveau gouvernement sera constitué, je pense, sous l'autorité d'Edouard PHILIPPE.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc ce ne sera pas aujourd'hui, la nouvelle équipe ne sera pas annoncée dès aujourd'hui. Démission du gouvernement dans les heures qui viennent, dans la journée, vous nous le confirmez ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je pense
ELIZABETH MARTICHOUX
Et annonce de la nouvelle équipe demain ou vous allez encore un peu prendre du temps ?
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, il vaut mieux que je ne vous donne pas de date parce que si nous avons une demi-heure de retard, on va penser qu'il y a un problème. Et donc du coup, je vais éviter de prendre tout risque devant vous pour ne pas me faire rappeler à l'ordre dans la foulée. Donc voilà ! Rassurez-vous, il y aura des ministres
ELIZABETH MARTICHOUX
Il vaudrait mieux que ça aille vite maintenant
CHRISTOPHE CASTANER
Il y aura de toute façon
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous l'avez dit, il faut travailler, travailler, donc il faut qu'il soit en place.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais tous les ministres seront à pied d'oeuvre dès cet après-midi pour ce qui me concerne. Et certains sont déjà dans leur bureau ce matin en train de nous écouter avec attention. Rassurez-vous, toute la semaine il y aura des ministres en responsabilité, un remaniement dont je pense qu'il ne sera pas d'ampleur, qui sera un remaniement technique
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y aura des partants ?
CHRISTOPHE CASTANER
Et une confirmation
et une confirmation, celle d'Edouard PHILIPPE en responsabilité. A mon avis mais je ne suis pas président de la République et je ne suis pas Premier ministre, il y a assez peu de chance que je sois pour l'un comme pour l'autre dans la semaine.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais en tant que porte-parole, vous avez une voix qui est très écoutée. Vous avez dit il y a quelques jours que vous verriez bien des nouveaux venus de la droite rejoindre l'équipe d'Edouard PHILIPPE, ce sera le cas ?
CHRISTOPHE CASTANER
J'ai invité une grande partie des progressistes de la droite, mais aussi de la gauche, il y aura aussi un groupe socialiste et des élus socialistes qui ont toute leur place dans notre majorité. Notre majorité, elle doit s'appuyer sur ces progressistes qui croient dans l'Europe, qui veulent agir pour une Europe plus juste, plus sociale, plus forte et qui doivent nous rejoindre. Ensuite, qu'ils soient dans la majorité à l'Assemblée nationale, que demain ils puissent aspirer à siéger au gouvernement, tout ça est légitime et logique.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous rectifiez un peu le tir, des nouveaux venus bienvenus de la droite et de la gauche, s'ils sont progressistes bien sûr.
CHRISTOPHE CASTANER
Non mais à l'excellente question qui m'était posée : est-ce que vous souhaitez un élargissement de la majorité à l'Assemblée comme au gouvernement ? J'avais répondu oui. Mais je ne suis pas maître de ce calendrier ni des nominations.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que des postes de hauts commissaires seront crées pour étoffer le travail gouvernemental sans pour autant nommer des ministres supplémentaires ? On se souvient de Martin HIRSCH qui avait ce statut, ça vous semble être une bonne idée et c'est une hypothèse
CHRISTOPHE CASTANER
Martin HIRSCH avait fait la démonstration que ça pouvait être efficace. Ce qui compte sur certaines missions, c'est d'avoir la plus grande transversalité possible. Le Premier ministre et le président échangeront dans les heures qui viennent sur ces méthodes-là.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous êtes d'une prudence de sioux mais vous avez raison, vous n'allez pas empiéter sur les prérogatives du président, c'est ça l'idée. Richard FERRAND
CHRISTOPHE CASTANER
Je vous remercie de le noter.
ELIZABETH MARTICHOUX
Qui a d'ailleurs été réélu député hier soir et François BAYROU resteront au gouvernement ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ecoutez ! Ca, ça relève de la décision du Premier ministre et du président. Mais une chose est sûre c'est que si vous faites référence au débat qui a existé ces derniers jours dans la presse les concernant, il y a une règle simple rappelée par Edouard PHILIPPE : toute personnalité politique mise en examen, tout ministre mis en examen doit quitter le gouvernement. Aucun des deux n'est mis en examen dans une quelconque affaire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc tant qu'ils ne sont pas mis en examen, ils restent, il n'y a que ça qui pourrait les obliger à partir !
CHRISTOPHE CASTANER
Si on est dans la relation avec le débat qui tourne les concernant, évidemment c'est cela. Si ensuite il y avait une évolution pour l'un comme pour l'autre, elle ne relèverait pas du commentaire de commentaires.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui. Vous allez avoir du boulot quand même Christophe CASTANER, puisque c'est vous qui ferez le lien entre le gouvernement et ce groupe important de 350 élus La République en marche, enfin un peu plus, et MoDem. D'abord vous dites quoi aux nouveaux députés, vous les connaissez (vous) pour la plupart : ne vous ruez pas à l'Assemblée nationale, attendez mardi, mercredi ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, d'abord il est inutile de se précipiter aujourd'hui, on a invité les parlementaires de la majorité à venir plutôt en fin de semaine. Nous les rassemblerons ce week-end pour commencer à travailler et à préparer le calendrier gouvernemental avec eux. Mais ce que j'ai envie de leur dire surtout, c'est qu'ils n'oublient pas d'où ils viennent, comme acteurs de la société civile, comme militants de causes associatives ; et qu'ils n'oublient pas non plus que s'ils sont élus, c'est parce qu'il y a une dynamique, celle d'Emmanuel MACRON. Sa victoire présidentielle a fait notre victoire législative. Et certains dans la mandature précédente ont pensé que les aventures individuelles, je pense aux frondeurs, était la meilleure façon de préparer leur réélection, les faits ont montré que ça n'était pas le cas. Et donc j'aurai aussi
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est un encouragement à voter les lois qu'avait annoncé Emmanuel MACRON et qu'il va essayer de mettre en oeuvre avec son gouvernement, un député En Marche efficace c'est un député qui vote les lois du gouvernement ?
CHRISTOPHE CASTANER
Un député En Marche, c'est quelqu'un qui s'est engagé sur le projet présidentiel porté par Emmanuel MACRON et qui a été élu
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça veut dire ça ?
CHRISTOPHE CASTANER
Et qui a été élu par Emmanuel MACRON. Donc effectivement, a implique de la fidélité et la fidélité en politique à ses idées, à ses engagements face aux électeurs, je pense que c'est une bonne chose, c'est peut-être aussi cela le renouvellement politique.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, donc c'est en tout cas pour ceux qui voudraient exercer leur droit de critique et peut-être d'opposition au sein du groupe
vous dites : attention, vous avez des obligations, la loyauté à l'égard d'Emmanuel MACRON ?
CHRISTOPHE CASTANER
Evidemment, le droit de critique est normal parce qu'on est dans de la construction avec le Parlement. Mais il ne faut jamais oublier d'où l'on vient parce que sinon, on fragilise un système mais on se fragilise soi-même.
ELIZABETH MARTICHOUX
Voilà ! Ce sera écrit au fronton du séminaire qui va les réunir dans quelques jours. N'oubliez pas d'où vous venez, 27 juin, première séance au cours de laquelle sera élu le président de l'Assemblée. Est-ce qu'il est envisageable que ce soit un élu Les Républicains MACRON-compatible qui s'installe au perchoir ; ou ce sera forcément quelqu'un qui émanera de votre majorité ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, j'ai le sentiment qu'il y a suffisamment de forces vives dans La République en marche pour qu'on puisse s'appuyer sur une femme ou un homme qui viendra de notre majorité, qui devra aussi animer au-delà de la majorité l'ensemble des groupes parlementaires de l'Assemblée.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc ce sera plutôt quelqu'un
même tout à fait quelqu'un qui sortira des rangs En Marche, un homme, une femme, vous avez une préférence ?
CHRISTOPHE CASTANER
Moi, je n'ai pas à avoir de préférence, surtout dans ma casquette de secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement. L'autonomie de nos chambres est quelque chose de majeur et, donc, il ne m'appartient pas de dire aux nouveaux députés qui vont venir cette semaine : tu comprends, passe ton tour parce que tu es un petit peu jeune en expérience, moi je vais dire qui est bien pour tel ou tel poste. Si je devais faire ça, je pense qu'ils le prendraient assez mal et ils auraient raison.
ELIZABETH MARTICHOUX
L'opposition c'est moi, a dit en quelque sorte Jean-Luc MELENCHON, ce sera ma dernière question, le parti Les Républicains va collaborer, moi je vais résister, il n'y a pas de légitimité à cette majorité. Vous lui dites quoi ce matin ?
CHRISTOPHE CASTANER
Qu'il arrête de faire des procès à tout le monde tout le temps. La légitimité, elle est celle des élus qui ont été élus hier, elle est celle du président de la République. Parmi les élus d'hier, il y a Jean-Luc MELENCHON et moi, je lui reconnais toute légitimité pour être le représentant d'une petite partie de Marseille.
ELIZABETH MARTICHOUX
Une petite partie de Marseille, le voilà renvoyé
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, c'est la taille de sa circonscription.
ELIZABETH MARTICHOUX
Le voilà renvoyé à la dimension de sa circonscription, il appréciera. Merci beaucoup Christophe CASTANER, merci à Etienne BAUDU qui est à vos côtés à Forcalquier et qui a permis cette liaison en direct entre Forcalquier et RTL. Bonne journée à vous, à bientôt.Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 juin 2017