Texte intégral
CAROLINE ROUX
Bonjour Florence PARLY.
FLORENCE PARLY
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Nous allons parler des questions budgétaires dans l'armée, mais d'abord l'ouragan Irma qui arrive sur les Antilles françaises, un niveau d'alerte 5 sur une échelle de 5, avec des vents de 370 km/h attendus. Est-ce que des effectifs supplémentaires sont mobilisés au niveau des armées ?
FLORENCE PARLY
C'est tout le gouvernement qui est mobilisé puisque le Premier ministre a activé la cellule de crise, le ministère de l'Intérieur est évidemment en première ligne sur ces questions, mais les armées apportent leur contribution, l'ont déjà fait pour assurer la prévention, c'est-à-dire le transport d'un certain nombre de postes de secours et de personnels qui seront utiles pour l'après. Et puis surtout nous nous tenons prêts pour intervenir ensuite lorsqu'il faudra déblayer, apporter du secours aux personnes qui auront pu être victimes de ça.
CAROLINE ROUX
Se tenir prêt ça veut dire quoi, ça veut dire mettre à disposition les matériels en attendant, et les hommes ?
FLORENCE PARLY
Ça veut dire être pré-positionné, avoir pré-positionné les hommes et le matériel pour pouvoir intervenir au bon moment.
CAROLINE ROUX
Il n'y a pas d'effectifs supplémentaires qui étaient sur place ?
FLORENCE PARLY
Nous avons pris les dispositions pour que ces effectifs soient pré-positionnés.
CAROLINE ROUX
Alors, on va parler des drones, des drones armés. Vous avez annoncé l'armement de drones français, c'est une première, est-ce que cela veut dire que la France se dote de moyens pour faire des assassinats ciblés ?
FLORENCE PARLY
Alors, les drones, nous en avons déjà, ce sont des drones de renseignement et de surveillance, qui mènent un certain nombre de missions très utiles, par exemple au Sahel, pour nous permettre d'identifier la menace chaque fois qu'elle apparaît. Alors, pourquoi avoir choisi de franchir une étape ? tout simplement parce qu'aujourd'hui, lorsque nous identifions une cible, une menace, eh bien nous devons faire appel à d'autres moyens, par exemple nos avions de chasse, ou bien des hélicoptères, pour pouvoir intervenir. Si bien qu'il y a un laps de temps, entre le moment où l'identification de la menace est faite, et le moment où nous pouvons intervenir. Donc nous avons décidé de raccourcir ce temps pour pouvoir être plus efficace, pour mieux protéger aussi nos troupes lorsqu'elles interviennent au sol, et donc pouvoir faire feu lorsque l'identification de la menace est réalisée.
CAROLINE ROUX
De la menace ou de la cible ? Ce n'est pas exactement pareil. Est-ce que ça veut dire que ces drones armés, dont on n'avait pas jusqu'à présent la possession, en tout cas en France, va servir à des assassinats ciblés, c'est-à-dire à cibler des terroristes présumés ?
FLORENCE PARLY
Ces drones sont destinés, aujourd'hui comme demain, à identifier des personnes, des actions
CAROLINE ROUX
Ça on sait le faire déjà.
FLORENCE PARLY
Des actions, qui mettent en cause nos forces, ou des forces alliées. Donc, lorsque nous sommes sur un territoire de guerre, il s'agit de maîtriser cette menace, donc il faut intervenir. Alors, ce qui est très important c'est que ces drones ils sont pilotés, ils sont pilotés par des humains, ce ne sont pas des automates, ce sont, comme les avions, comme les hélicoptères
CAROLINE ROUX
Comme les drones armés aux Etats-Unis.
FLORENCE PARLY
Ils sont pilotés par des personnes, qui ne sont pas du tout pilotées depuis Paris, mais qui sont pilotées au plus près des théâtres d'opérations. Donc ce ne sont en rien des robots et ils interviendront exactement selon les mêmes règles que celles que nous utilisons pour nos avions de combat, pour nos hélicoptères, il n'y aura pas de différence.
CAROLINE ROUX
Le nouveau chef d'Etat-major des Armées, le Général LECOINTRE, que vous connaissez bien, vous a fait la leçon hier, il a repris le même combat que son prédécesseur sur la question budgétaire et il vous met en garde, dit-il, contre les décisions budgétaires sauvages. Est-ce qu'il va être remercié lui aussi ?
FLORENCE PARLY
Je suis un peu désolée qu'on revienne sans cesse sur un passé qui est révolu
CAROLINE ROUX
Ça c'était hier !
FLORENCE PARLY
Sur un passé qui est révolu, puisque les coupes budgétaires, auxquelles vous faites allusion, ce sont des coupes budgétaires qui ont été annoncées et mises en oeuvre il y a déjà plusieurs semaines. Ce qui compte pour moi, c'est l'avenir. Et l'avenir, c'est quoi ? C'est un budget 2018 qui progresse de façon historique, et ça c'est la volonté du président de la République d'assurer un tournant, historique lui aussi, par rapport à ce qui s'est passé les années précédentes. Et puis, au-delà du budget de l'année 2018, c'est aussi un engagement de faire progresser, dans la durée, ce budget, puisque sur toute la durée du quinquennat le budget des armées progressera. Alors, pour ce qui concerne le chef d'Etat-major des Armées, je vous rassure, nous travaillons en pleine confiance, et pour une raison très simple, c'est que c'est le président de la République, et moi-même, qui l'avons choisi et qui l'avons nommé.
CAROLINE ROUX
Mais c'est pour ça que c'est curieux Florence PARLY, c'est pour ça que c'est curieux, que lui il ait envie de revenir dans le passé comme vous dites. Est-ce que, par exemple, c'est son sujet, est-ce que les 850 millions d'euros par an d'opérations extérieures resteront à la seule charge du ministère des Armées, alors qu'auparavant, on le savait bien, il y avait une histoire de solidarité de l'ensemble des ministères. Est-ce que ça, ça va changer, est-ce que vous pouvez le rassurer là-dessus ?
FLORENCE PARLY
Je me suis engagée à une première chose, c'est que ces 850 millions d'euros d'annulation, ne portent, en aucun cas, sur le fonctionnement des armées et la condition de nos soldats au quotidien, ça c'est le premier point. Deuxième point, c'est que ces opérations extérieures n'étaient que partiellement financées, et donc la décision qui a été prise, parmi d'autres, puisque la Cour des comptes a aussi mis en lumière un certain nombre d'impasses budgétaires dans bien des domaines, donc la décision qui a été prise c'est d'assurer le financement de ces opérations extérieures. Donc, il n'y a pas de sujet, il n'y a pas de débat. Et, en revanche, il y a deux points d'accord majeurs, le premier c'est que, à court terme, nous avons besoin de répondre au problème de l'usure de nos équipements, de nos forces, de nos matériels, et de nos personnels, qui est liée à l'intensité d'utilisation de nos forces, puisque nous intervenons sur un nombre de théâtres extérieurs extrêmement important, et nous avons l'opération Sentinelle. Et puis, à moyen et long terme, notre défi c'est de définir ce que sera l'armée de demain, celle de la prochaine décennie, et de donner les moyens aux forces armées de répondre à cet objectif.
CAROLINE ROUX
La crise avec le Général de VILLIERS, vous dites c'est du passé. On a eu le sentiment qu'Emmanuel MACRON enfonçait le clou, puisqu'il a dit, en gros, que c'était une tempête dans un verre d'eau. Pour faire simple, est-ce que vous diriez, sincèrement, aujourd'hui, que ça a laissé une blessure au sein des armées, ou est-ce que vous diriez que, vraiment, la page est tournée ?
FLORENCE PARLY
Moi je ne suis pas là pour rallumer sans cesse les polémiques, ce qui m'intéresse c'est l'avenir, le futur, je suis très déterminée pour mettre en oeuvre les objectifs du président de la République.
CAROLINE ROUX
Alors le futur, il est parfois rude le futur. Vous avez évoqué hier, à propos de la Corée du Nord, un risque de conflit majeur. Est-ce à dire que notre Etat-major travaille sur une hypothèse d'un conflit majeur dans cette partie du monde ?
FLORENCE PARLY
La Corée du Nord a procédé à un tir de missile balistique il y a quelques jours, ensuite a fait un essai de tête nucléaire, qui évidemment déstabilise profondément la paix dans la région, et la paix internationale. C'est une violation manifeste du droit international, donc il nous faut nous tenir prêts. La première intervention c'est celle qui consiste à faire preuve de fermeté dans nos déclarations, fermeté que nous avons sollicitée auprès de l'ONU, et puis solidarité auprès de nos alliés, donc c'est dans ce cadre que nous discutons.
CAROLINE ROUX
Merci beaucoup Florence PARLY.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 septembre 2017