Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Bonjour Brune POIRSON, ravi de vous recevoir, vous êtes secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et comme évidemment j'ai révisé ce qui est tout à fait normal - vous avez fait donc des études de sciences politiques à Aix-en-Provence, vous avez été à London School of Economics, vous avez même fait la Harvard Kennedy School. Vous avez beaucoup travaillé en Angleterre, un peu en Inde aussi, et donc vous êtes à côté de Nicolas HULOT. Alors d'abord la question est globale : mais comment avez-vous trouvé le président de la République hier soir ? Convaincant, allez-vous me dire.
BRUNE POIRSON
Hier soir, je l'ai trouvé tout à fait convaincant, absolument. Je crois que surtout on était face à un président qui a fait preuve d'une grande cohérence ; moi j'ai fait campagne pour faire élire le président, le candidat à l'époque Emmanuel MACRON. Ce qu'il a dit dans son programme il l'a fait au cours des 5 derniers mois, il en a parlé, et puis il a annoncé ce qu'il fera. Donc cette vision, cette cohérence je crois qu'on l'a retrouvée hier.
GUILLAUME DURAND
Mais c'est de la lucidité ou c'est une forme de - comment dirais-je - d'impuissance de considérer qu'il n'y aura aucun résultat avant un an et demi ou 2 ans ? Parce que transformer la France c'est une chose, mais avoir des résultats c'est quand même l'objectif de la transformation !
BRUNE POIRSON
Il y aura des résultats, il l'a dit, on en voit déjà beaucoup. Vous avez vu beaucoup de présidents qui ont mené autant de réformes aussi rapidement en quelques mois !!
GUILLAUME DURAND
Quand je parle des résultats, c'est sur le chômage, sur le commerce extérieur, c'est sur la dette.
BRUNE POIRSON
Mais Guillaume DURAND vous savez comme moi que les choses dans une société parfois elles mettent un peu de temps à se mettre en place ; on vit dans une société parfois complexe, aussi mondialisée ; il ne s'agit pas de claquer du doigt et ensuite les changements se font. Non, ça prend un peu de temps.
GUILLAUME DURAND
Donc c'est une certaine forme de lucidité de repousser à un an et demi ou 2 ans les résultats ?
BRUNO POIRSON
Il n'y a absolument pas il n'a absolument pas été question de repousser
GUILLAUME DURAND
D'attendre ces résultats.
BRUNO POIRSON
Les résultats ils vont se faire sentir peu à peu et pleinement peut-être dans un an et demi 2 ans.
GUILLAUME DURAND
La question qui concerne ou qui vous concerne directement, vous travaillez notamment sur les perturbateurs endocriniens, et puis il y a aussi beaucoup d'interrogations sur le cas de votre voisin de bureau qui est Nicolas HULOT. Certains considèrent que l'affaire de Notre-Dame-des-Landes pourrait lui pousser à prendre la porte au mois de décembre. Il y a eu un dîner dont on a beaucoup parlé à l'Elysée qui a duré 3h ; donc ce matin on ne sait plus très bien ; HULOT est encore avec vous dans le bureau d'à côté ou est-ce que HULOT a des états d'âme considérables et que si jamais on construisait Notre-Dame-des-Landes il y a eu une manifestation samedi de ceux qui y sont favorables il pourrait tout simplement retourner en Bretagne faire du kitesurf.
BRUNO POIRSON
(rires). Moi je vais utiliser l'expression qu'il utilise lui-même, il s'agit, quand on parle de ses états d'âme et éventuellement certains sont même allés dire qu'il avait pensé à démissionner, c'est une véritable légende urbaine ; moi vous savez je travaille avec Nicolas HULOT, je le vois au quotidien, je peux vous dire que c'est quelqu'un qui a énormément de convictions, une vraie vision pour l'environnement en France, et qui est au travail avec un vrai sens des responsabilités. Quant à son diner avec le président, je vous rassure, le président de la République dine régulièrement avec ses ministres et c'est plutôt une bonne chose, ça veut dire que le pays est entre de bonnes mains, et qu'il y a une équipe qui est au travail.
GUILLAUME DURAND
Donc pas d'état d'âme, pas de départ.
BRUNO POIRSON
Pas d'état d'âme pas de départ.
GUILLAUME DURAND
Sur justement l'affaire des perturbateurs endocriniens, c'est sur ce domaine que vous travaillez particulièrement donc au gouvernement, à quoi faut-il s'attendre ? Parce que là aussi c'est en débat dans la presse on ne sait pas très bien exactement ce qui va se passer ?
BRUNO POIRSON
Je ne peux pas vous dire précisément ce qui va se passer parce que ce ne sont pas des décisions qui dépendant uniquement de la France. Moi ce que je peux vous dire c'est qu'avec Nicolas HULOT nous avons écrit à la Commission européenne pour la sommer de prendre des mesures plus franches sur cette question-là. Très récemment Nicolas HULOT, vendredi même, était au Conseil environnement de l'Union européenne ; nous avons mis à l'ordre du jour de ce Conseil là les questions liées aux substances chimiques et aux perturbateurs endocriniens ; j'ai moi-même eu beaucoup de conversations avez mes homologues européens sur cette question-là de façon à ce que nous préparions une stratégie globale sur les perturbateurs endocriniens. Et puis il y a une série de mesures que nous sommes déjà en train de mettre en place et que nous mettrons en place en France comme par exemple l'étiquetage, une meilleure information ; et nous engagerons le dialogue avec des industriels, pas uniquement dans le secteur de l'agriculture, mais aussi dans les cosmétiques, les jouets par exemple.
GUILLAUME DURAND
Il est important donc de traiter ces sujets. On a quand même l'impression qu'il ait assez peu parlé de son gouvernement hier le président de la République, voire même de son Premier ministre. Au début c'était le maire du Havre
BRUNO POIRSON
Il n'était pas là pour faire des petits commentaires sur telle et telle personne
GUILLAUME DURAND
Ce n'est pas un petit commentaire de mener une équipe !!
BRUNO POIRSON
Mais il mène cette équipe-là. Il est là totalement dans l'esprit de la Vème République, le président est là pour fixer un ca, pour fixer une vision, en cohérence avec le projet du candidat, et c'est ce qu'il a fait hier !
GUILLAUME DURAND
Beaucoup de gens aussi considéraient qu'il aurait pu donner un certain nombre de gages à gauche, et la métaphore de la cordée est une métaphore qui fondamentalement est celle des alpinistes, des premiers de cordée, de ceux qui triomphent. Est-ce que c'était une bonne chose de prendre justement, de rappeler ces mots comme étant des mots fondamentaux de l'organisation d'une société ?
BRUNO POIRSON
Oui je crois que c'est les mots fondamentaux de l'organisation d'une société ; ceux qui réussissent le mieux doivent contribuer à la société, le plus possible. Et c'est d'ailleurs tout l'esprit de cette réforme de l'ISF. Il faut que ceux qui gagnent de l'argent réinvestissent dans la société, il faut ensuite créer des emplois, et dynamiser la société. Et c'est le rôle de ceux qui justement sont les premiers de cordée.
GUILLAUME DURAND
Mais quand il dit qu'il déteste qu'on leur jette des pierres, et en même temps il dit qu'il déteste le cynisme de ceux qui ne font rien, qu'est-ce qui fait aujourd'hui par exemple qu'on pourrait forcer les gens qui auront - dans le domaine de l'ISF - au fond des chèques-retour, qu'est-ce qu'on peut faire pour les forcer, que souhaitez-vous faire, le gouvernement, pour les forcer justement à investir dans l'économie ?
BRUNO POIRSON
Il ne s'agit pas de les forcer à investir dans l'économie, il s'agit de mettre en place toute une série de mesures qui vont les encourager justement à rediriger leur argent, leur capital dans des entreprises, dans ce qui est productif, qui bénéficie à la société.
GUILLAUME DURAND
Le glyphosate, c'est un des sujets qui est aussi important ; est-ce qu'une décision va intervenir ?
BRUNO POIRSON
C'est une décision qui interviendra au niveau européen ; nous au sein du gouvernement on en discute beaucoup. Il s'agit là encore de gérer des questions de court terme et de plus long terme et c'est ça qui est très difficile. Si vous regardez la santé des Français, oui à court terme il faudrait tout de suite interdire le glyphosate.
GUILLAUME DURAND
C'est compliqué pour les agriculteurs ?
BRUNO POIRSON
Exactement, c'est compliqué pour les agriculteurs. Et donc c'est à ça que nous travaillons en équipe à trouver des substituts et des alternatives.
GUILLAUME DURAND
Merci beaucoup Bruno POIRSON d'être venue ce matin donc sur l'antenne de Radio Classique. Vous revenez quand vous le souhaitez.
BRUNO POIRSON
Merci à vous Guillaume DURAND.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 octobre 2017