Déclaration de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur la notion de développement social au niveau international dans le cadre du développement économique mondial, Paris le 25 mai 1994.

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Circonstance : Installation du comité national de préparation du sommet mondial pour le développement social, à Paris le 25 mai 1994

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
L'année à venir sera marquée pour l'Organisation des Nations Unies, qui célébrera son 50ème anniversaire, par de nombreux rendez-vous importants auxquels la France entend participer de manière active. Après la Conférence sur la population qui se tiendra au Caire en septembre 1994, avant la Conférence mondiale sur les femmes prévues à Pékin en septembre 1995, les chefs d'Etat et de gouvernement se retrouveront à Copenhague pour le Sommet mondial sur le développement social.
La crise économique que connaît une partie du monde a placé au premier plan les problèmes sociaux et fait ressortir la nécessité d'y apporter une réponse globale.
Le concept de développement humain, qui a pris corps depuis la fin des années quatre-vingt dans plusieurs instances internationales a déjà permis de tenir compte des indicateurs sociaux dans l'évaluation du développement économique. Le Sommet mondial pour le développement social peut être l'occasion d'aller plus loin dans la réflexion et dans les actions menées par la communauté internationale, et plus particulièrement l'Organisation des Nations Unies, de telle manière que le développement social soit intimement lié à un développement économique harmonieux.
L'exercice est délicat, pourquoi le cacher ? Il a pour objectif principal d'élaborer une déclaration de politique générale et un plan d'action permettant de promouvoir des solutions que nous souhaitons concrètes. Comment, compte-tenu de la diversité des cultures, des sociétés, des niveaux de développement, peut-on imaginer des réponses uniformes aux questions qui se posent ? La difficulté est réelle. Elle ne doit pas nous arrêter.
La première difficulté tient à la définition du concept de développement social. Il doit s'entendre au sens d'une évolution débouchant sur le relèvement des niveaux de vie, l'égalité des chances et la satisfaction des besoins fondamentaux de l'homme. Il peut également s'entendre d'un processus indissociable du développement économique et destiné à permettre à chacun d'exercer pleinement ses droits et responsabilités individuels et collectifs. S'il n'y a pas de modèle unique, le développement social concerne toutes les sociétés qui, quel que soit le niveau de développement atteint, cherchent à atteindre ces objectifs.
Les trois thèmes du sommet de Copenhague ne me paraissent pas non plus pouvoir être dissociés du contexte économique : renforcement de l'intégration sociale, atténuation et réduction de la pauvreté, développement des emplois productifs.
Tous les pays et toutes les régions du monde souffrent à des degrés divers de l'absence d'intégration sociale, de la pauvreté et du chômage. Les préparatifs du Sommet mondial et le sommet lui-même devraient offrir l'occasion de mieux comprendre ces problèmes et de définir aux échelons national et international les mesures susceptibles d'y porter remède.
Un mot, sur un des aspects à mes yeux essentiels de la préparation du Sommet mondial : la participation des O.N.G. aux préparatifs et, sous une forme qui reste encore à définir, au sommet. Le sommet sera certes un sommet réunissant les chefs d'Etat ou de gouvernement. Il n'empêche qu'il aurait moins d'impact s'il n'était pas relayé par l'ensemble de la société civile et ce dès la phase de préparation. Les O.N.G. se préparent d'ailleurs activement et seront présentes à Copenhague.
Pour conclure, je rappellerai que la France a un rôle particulier à jouer dans la préparation de ce sommet mondial. L'organisation d'un sommet sur le thème du développement social a été très tôt encouragée et soutenue par notre pays. La France devra se montrer à l'écoute des pays du sud, en particulier francophones, pour s'assurer que leur voix est bien entendue. Il nous faudra également oeuvrer pour qu'émergent des idées nouvelles, en particulier au sein de l'Union Européenne.
Le rendez-vous de Copenhague doit être pour nous l'occasion d'affirmer des idées françaises, en utilisant à cette fin, au mieux de nos intérêts, les diverses instances où s'exerce notre influence. Au premier rang de ces priorités figure la promotion d'un code de règles minimales en matière sociale, qui devrait régir dans le futur les échanges économiques internationaux. Cette cause est conforme à la tradition de générosité de la France. Sa traduction progressive dans les faits est également la garantie d'un développement cohérent des échanges économiques internationaux, contrepartie inséparable de leur ouverture car le développement doit avoir comme finalité de permettre le progrès social.Telle est la tâche que ce Comité a devant lui, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs : permettre à la France d'apporter une contribution essentielle au Sommet mondial de Copenhague et faire en sorte qu'une fois de plus notre pays constitue sinon un modèle, du moins un exemple.